Archives des Éditorial - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/editorial/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 02 Apr 2025 21:22:11 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Un son n’est pas un mot https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/un-son-nest-pas-un-mot/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58050 S’il y a bien un terme à la mode ces dernières années, c’est « polarisation ». Il fait son apparition dans les articles de journaux, au sein de l’Assemblée nationale, sur nos campus universitaires et parfois même autour de la table familiale. Son utilisation est loin d’être déraisonnable : en effet, les tensions qui habitent… Lire la suite »Un son n’est pas un mot

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S’il y a bien un terme à la mode ces dernières années, c’est « polarisation ». Il fait son apparition dans les articles de journaux, au sein de l’Assemblée nationale, sur nos campus universitaires et parfois même autour de la table familiale. Son utilisation est loin d’être déraisonnable : en effet, les tensions qui habitent les débats dans l’espace public sont telles qu’il semble parfois impossible d’éviter d’être poussé vers un pôle ou l’autre. Il est devenu aberrant et incongru de ne pas avoir de parti pris. Être désolé pour la guerre, où qu’elle soit, n’est plus suffisant : il faut absolument choisir son camp et le défendre farouchement. « Et toi, pour qui es-tu dans la guerre? » Être en désaccord avec une politique, quoi qu’elle vise, ne peut pas se conjuguer sans une attaque personnelle au parti qui en fait la promotion. « Si le gouvernement coupe l’immigration, c’est parce qu’il est xénophobe. »

Le phénomène de polarisation n’est pas entièrement méprisable ou sordide pour autant. Lorsque les dirigeants nous inspirent davantage la méfiance que la confiance, qu’on entend des déclarations qui s’attaquent à notre identité, ou qu’on est les témoins quotidiens d’images atroces de crimes de guerre, comment ne pas réagir viscéralement? Se lever, dénoncer ces injustices, faire connaître à ceux qui souffrent mon soutien : lever ma voix… n’est-ce pas la seule réaction à avoir?

Inconditionnellement, rester silencieux dans une telle situation, c’est laisser l’autre s’exprimer au détriment de mes idées. Pourtant, si lutter contre les injustices n’est pas controversé, mais bien souhaitable, il demeure essentiel d’en définir la méthode : « parler fort », ce n’est pas « dire vrai ». La polarisation oublie ce précepte. Certains associent, à tort, la force de leur voix à la pertinence de leurs propos. Être polarisé, c’est vouloir faire entendre ses hurlements idéologiques pour enterrer la raison du débat en collectivité. Trop souvent, on oublie que parler trop fort nous empêche d’écouter.

La polarisation est tout le contraire du dialogue. Elle ordonne : « Écoute-moi! », plutôt que d’accueillir, « Je t’écoute ». Elle renferme, « Tu es ceci », plutôt que de s’ouvrir, « Qui es-tu? ». Elle tente de convaincre, « Tu devrais », plutôt que de comprendre, « Que devrais-je? ». Si la polarisation est si attrayante, et le dialogue si difficile, c’est bien pour l’humilité que ce dernier demande. Il demande de reconnaître que je ne suis pas le seul à souffrir d’injustices, que je peux moi aussi être un oppresseur pour autrui, et que ceux à qui je m’adresse ont droit à la même dignité humaine que moi, peu importe leurs idées. Le dialogue est pourtant peut-être le seul moyen de lutter contre cette polarisation.

Parlons ici d’un vrai dialogue, et non pas d’une querelle ou d’une dispute. D’un dialogue où j’accepte d’être silencieux, de laisser l’autre s’exprimer en retenant mes rétorques, pour l’écouter dans l’espoir que lui soit silencieux et m’écoute à son tour. D’un dialogue où l’écoute ne se fait non pas en ruminant mes idées dans l’attente de mon tour de parler, mais bien dans une tentative authentique de compréhension de ce qui m’est communiqué. Non, écouter un argument opposé, ce n’est pas trahir ses idées. Et oui, participer honnêtement au dialogue est difficile. Intérieurement, un grand effort est nécessaire alors que toutes sortes d’émotions sont suscitées et ne demandent qu’à nous voir agir en leur nom. Si ces émotions sont bien souvent justifiées et ne doivent pas être négligées, agir impulsivement en raison de ce bouillonnement interne est souvent une entrave au dialogue.

Parlons ici aussi d’un dialogue avec notre interlocuteur dans sa personne, et non pas celui qu’on vit par le biais des commentateurs politiques. Ne substituons pas celui devant nous avec l’image qui nous est faite de lui par ce que nous consommons dans les médias. Au contraire, écoutons-le malgré ces images et substituons-les par celle de notre interlocuteur.

Dans ce climat de polarisation croissante, l’éducation supérieure peut être une solution. Elle peut nous fournir une manière d’avancer, et de se constituer avec humilité une opinion consciente sur les enjeux de société. Elle nous apprend à raisonner en nous basant sur des faits, à nuancer nos propos, et à défier les prémisses et principes mêmes de nos champs d’études. Elle nous pousse à creuser en profondeur les sources de problèmes, qui sont souvent bien plus complexes qu’elles n’en ont l’air. Elle nous expose à des théories et des idées parfois différentes des nôtres. Combien sommes-nous à avoir commencé McGill avec une certaine conception de notre champ d’études, pour en sortir avec une conception radicalement différente? L’université est, et se doit de rester un espace où les idées peuvent circuler et entrer en dialogue. Si nous-mêmes, membres de l’université, sommes polarisés au sein de cet espace, comment pouvons-nous espérer trouver autre chose ailleurs?

La polarisation est parmi nous. Elle nous affecte tous. Maintenant, face à ce constat : que devons-nous faire? Que pouvons-nous faire? Une première étape dans le processus de guérison social semble s’imposer à nous : avoir l’humilité de se poser les question « Suis-je de ceux qui contribuent à cette polarisation? » et « Qu’ai-je à perdre d’être plus à l’écoute? ».

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Francophones sans frontières https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/francophones-sans-frontieres/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57743 Au cours de son histoire, Le Délit a effectué des changements à sa structure, à ses manières d’opérer, ou encore dans le contenu qu’il produisait. Si une chose n’a jamais changé au Délit depuis sa fondation en 1977, c’est son amour irréductible pour la langue française. En tant qu’unique journal francophone de l’Université McGill, Le… Lire la suite »Francophones sans frontières

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Au cours de son histoire, Le Délit a effectué des changements à sa structure, à ses manières d’opérer, ou encore dans le contenu qu’il produisait. Si une chose n’a jamais changé au Délit depuis sa fondation en 1977, c’est son amour irréductible pour la langue française. En tant qu’unique journal francophone de l’Université McGill, Le Délit exerce chaque semaine un mandat clair : donner une voix à la communauté francophone de l’Université McGill et faire rayonner la langue française sur le campus. Ce jeudi 20 mars, nous fêterons la Journée internationale de la Francophonie, afin non seulement de souligner la richesse de la plus belle langue du monde, mais aussi de célébrer la culture québécoise, fondamentalement francophone. Cette journée nous donne l’occasion de mettre en avant les interrogations et les enjeux qui habitent la communauté francophone de McGill, notamment en matière de politique linguistique, d’enseignement et d’immigration.

L’enseignement supérieur a été au cœur de la politique linguistique du Québec dans la dernière décennie, et de manière encore plus probante au courant des deux dernières années. Afin de préserver la langue française, le gouvernement a mis en place un plan d’action visant à réguler le flux d’étudiants étrangers. À ce sujet, la province mène le combat sur deux fronts : une incitation aux étudiants francophones à venir étudier au Québec, et un découragement à ceux qui ne le sont pas. Du côté de la carotte, Québec a signé des ententes de mobilité étudiante avec la France en 2015 et la Belgique en 2018, permettant aux étudiants de ces pays de venir étudier au Québec avec des traitements préférentiels, notamment pour des frais de scolarité bien moins élevés que les autres étudiants internationaux. Le bâton, lui, est venu l’année passée, lorsque le gouvernement de François Legault a pris des mesures strictes contre les universités anglophones du Québec en augmentant considérablement les frais de scolarité des étudiants canadiens anglophones provenant d’autres provinces. Cette décision a déjà des conséquences importantes sur notre université, qui a annoncé devoir faire des coupes budgétaires majeures le 10 février dernier.

D’une certaine manière, la politique du gouvernement a fonctionné : si les universités anglophones du Québec ont d’abord exprimé leur mécontentement, elles se sont finalement pliées aux demandes du gouvernement. Dès 2025–2026, 80% des étudiants non québécois devront atteindre un niveau intermédiaire de français oral au terme de leurs études, et McGill commence déjà à ajuster le tir pour que ses étudiants répondent à ces exigences.

La francophonie : plus que ça!

Vouloir préserver la francophonie en augmentant le nombre d’étudiants francophones dans les universités québécoises est une politique qui doit être mise de l’avant. Cependant, nous sommes de l’avis qu’elle ne va pas assez loin. Si cette mesure a bénéficié à de nombreux étudiants français et belges (dont plusieurs éditeurs du Délit et moi-même font partie), elle exclut une grande partie de la francophonie. Oui, la francophonie ne se limite pas à la Belgique et la France, qui représentent à eux deux bien moins de 100 millions de locuteurs. La francophonie, c’est 321 millions de locuteurs sur cinq continents différents, et près de 60 % de ces derniers vivent en Afrique et au Proche-Orient. Si l’objectif premier de la politique linguistique du Québec pour l’enseignement supérieur est d’encourager la venue d’étudiants francophones, les mesures actuelles ne le reflètent pas de manière complètement intègre.

Pour réellement inciter sans discrimination la venue d’étudiants francophone, une mesure optimale accorderait des tarifs préférentiels à tout détenteur d’un diplôme d’étude secondaire de langue française, comme le baccalauréat français (qui n’est pas passé qu’en France), l’examen national du Sénégal ou encore le baccalauréat algérien. Cela diminuerait l’importance de la diplomatie ou de la nationalité, et refocaliserait la politique de préservation linguistique québécoise sur son essence : la langue française.

Le 16 mars dernier, à la suite d’un entretien avec le nouveau premier ministre Mark Carney, François Legault a considéré dans une publication sur Instagram que la « réduction du nombre d’immigrants temporaires au Québec » était un « enjeu vital » pour la province, et une mesure nécessaire pour « protéger l’avenir du français ». Ces commentaires de la part du premier ministre québécois méritent d’être adressés en deux temps. Premièrement, l’immigration temporaire n’est néfaste au français que dans la mesure où c’est une majorité anglophone qui la constitue. Deuxièmement, l’immigration temporaire francophone, au contraire, serait bénéfique pour l’avenir de la langue officielle. Soyons clair, l’enjeu ici n’est pas celui de l’immigration, mais bien celui de la langue. Bien que les deux soient reliés, il convient de savoir mettre de l’ordre dans ses priorités. La politique linguistique est ce qui doit influencer la politique migratoire, et non l’inverse.

La question de la préservation de la langue française est complexe et notre éditorial ne vise pas à lui donner une solution. En revanche, il est indéniable que l’immigration peut être une avenue de préservation pour la langue française au Québec. Il faut pour cela ouvrir les yeux sur la réelle diversité que représente la francophonie, qui fait la richesse de bien d’autres nations que le Québec, la France ou la Belgique. La survie de la francophonie québécoise est un combat pour lequel le Québec ne peut se permettre de renier de précieux alliés sur la seule base de leur origine! Le thème du dernier sommet de la francophonie était : « Créer, innover et entreprendre en Français ». Le gouvernement québécois devrait utiliser cet esprit d’innovation et repenser ses politiques d’enseignement supérieur et d’immigration, afin de réellement s’ouvrir aux richesses de la francophonie.

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Nouvel élan : lancement de la section Bien-être https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/nouvel-elan-lancement-de-la-section-bien-etre/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56995 Aborder des sujets qui touchent à la vie quotidienne des étudiant·e·s mcgillois·e·s.

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Fin octobre, l’équipe du Délit a eu l’occasion de traiter la question du choix dans une édition spéciale dédiée au sujet. Nous avions conclu dans notre éditorial que les choix individuels, au-delà de simples décisions, sont des moments précis, des changements de direction, où chacun réaffirme ses préférences, ses ambitions, et par conséquent, son identité.

Le début d’une année marque souvent une période de remise en question, où chacun·e fait des choix décisifs afin d’ajuster sa propre trajectoire. Ces changements de direction peuvent s’exprimer par l’adoption de nouvelles habitudes, d’une nouvelle discipline sportive, par un changement de fréquentations amicales, amoureuses, ou bien encore par une réorientation académique. Ces choix de vie ne sont pas à regretter, puisqu’ils constituent ce que nous deviendrons in fine. Le Délit n’a pas été épargné par cette remise en question en ce début d’année. L’équipe s’est elle aussi posée des questions sur ses ambitions, sa manière de couvrir l’actualité, et sur sa pratique du journalisme en général.

Au Délit, la section tournante a pour but premier de laisser au journal la capacité de se renouveler, de changer de direction, et de répondre aux besoins changeants des étudiant·e·s de McGill. Elle a pour but d’être un espace de créativité journalistique libre pour les étudiant·e·s et éditeur·rice·s qui souhaitent mettre en lumière une nouvelle facette de la francophonie, de la vie étudiante montréalaise, et de la société québécoise dans son ensemble. Au cours des dernières années, Le Délit a eu le plaisir d’abriter différentes sections tournantes, dont Philosophie, Vie Nocturne, Au Féminin, et dernièrement Environnement.

Après une année riche en articles autant captivants que diversifiés, la section Environnement, menée avec brio par Juliette et Adèle, tire aujourd’hui sa révérence pour faire place à une nouvelle rubrique : Bien-être. Si cette édition marque la fin d’un chapitre mémorable du Délit, elle ouvre simultanément la voie vers une nouvelle étape de l’évolution du journal, et une manière innovante de produire du contenu pour notre lectorat ; pour vous, les étudiant·e·s de McGill.

Déjà au cours de la dernière année, Le Délit s’est intéressé au sujet du Bien-être. Nous avons traité de multiples enjeux, comme l’insécurité alimentaire, l’anxiété académique, le stress subi par les étudiants-athlètes de McGill, ainsi que le mal-être que vivent les étudiantes noires dans le système scolaire. Et nous ne nous sommes pas arrêté·e·s là. L’équipe a aussi travaillé dur pour mettre en avant quelques astuces que les étudiant·e·s peuvent appliquer pour améliorer leur qualité de vie. Nous vous avons notamment partagé des recettes de cuisine, des réflexions sur le but réel des études, ou encore, la semaine passée, une vision positive de la dépression hivernale. Vous l’aurez compris, ce n’est pas la première fois que Le Délit aborde le thème du bien-être, mais nous avons jugé qu’il était désormais temps de traiter ce sujet, qui concerne chacun et chacune d’entre nous au quotidien, plus explicitement, et plus profondément.

Dès aujourd’hui, Adèle et Layla vous livreront chaque semaine de nouveaux récits et des retours d’expérience sur le bien-être, la santé mentale et la santé physique. Loin d’avoir la prétention ni la capacité de vous fournir des « conseils santé », Le Délit souhaite à travers cette nouvelle section laisser la place et la parole aux ressentis des étudiant·e·s, et profiter des spécialistes présent·e·s à l’Université pour aborder des sujets qui touchent à la vie quotidienne des étudiant·e·s mcgillois·e·s. Des sujets qui nous concernent toutes et tous, mais qui restent pourtant peu abordés, voire même tabous : questions d’anxiété, de sommeil, d’alimentation, ou encore de sexualité.

Cette édition marque donc le début d’un nouveau chapitre au Délit, à travers lequel le journal souhaite se rapprocher de son lectorat en couvrant des questions qui interpellent plus directement les étudiant·e·s mcgillois·e·s. Des articles écrits par des étudiant·e·s, à propos des étudiant·e·s, et pour les étudiant·e·s. Le Délit vous dit donc à très bientôt, et bonne lecture.

Tous les articles mentionnés dans cet éditorial sont à retrouver sur notre site internet!

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Pourquoi : Chez nous https://www.delitfrancais.com/2024/11/27/pourquoi-chez-nous/ Wed, 27 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56690 Le semestre touche à sa fin et pour nombreux d’entre nous à McGill, il est enfin temps de retrouver nos amis proches, notre famille et notre foyer. En tant qu’étudiants qui se sentent parfois coincés entre deux villes, deux provinces ou même deux continents, nous nous demandons souvent : qu’est-ce qu’être à la maison? Où… Lire la suite »Pourquoi : Chez nous

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Le semestre touche à sa fin et pour nombreux d’entre nous à McGill, il est enfin temps de retrouver nos amis proches, notre famille et notre foyer. En tant qu’étudiants qui se sentent parfois coincés entre deux villes, deux provinces ou même deux continents, nous nous demandons souvent : qu’est-ce qu’être à la maison? Où nous sentons-nous chez nous? S’agit-il de souvenirs de famille ou d’enfance? Est-ce un lieu ou une communauté? Pour notre dernière édition de l’année, The Daily et Le Délit vous proposent donc une édition commune sur le thème Chez nous, ou Home en anglais.

Traduire le mot « Home » en français sans perdre son caractère réconfortant et chaleureux n’a pas été une mince affaire. « Home » est un terme complexe qui a de multiples significations et qualités aux yeux de chaque individu ; cela en fait un thème riche à explorer dans le cadre de ce numéro spécial.

En français, nous avons pris la décision de traduire « Home » en « Chez nous » plutôt que « Chez soi ». Afin de rejeter une connotation d’individualité, nous avons volontairement remplacé le pronom « soi » par « nous », car nous pensons qu’un « chez-nous », aussi personnel soit-il, est quelque chose de partagé, qui se construit en communauté. Le « chez nous », souvent considéré comme un lieu physique, peut également être une communauté à laquelle on s’identifie, un groupe de personnes dont les valeurs nous correspondent, ou même un passe-temps qui nous rend profondément heureux. Peu importe ce que l’on considère comme un « chez-nous » ; tangible ou non, il s’agit d’un espace de confort, où chacun peut se retrouver. Ce « safe place » (espace sûr, tdlr), dans lequel vous pouvez être pleinement qui vous êtes, peut également être considéré à une échelle plus large. La société à laquelle nous appartenons, aussi imparfaite soit-elle, est, d’une certaine manière, notre « maison », notre « chez nous ». À travers ces 24 pages, nous nous interrogeons donc sur la signification du mot « home » et tentons de répondre à la question « qu’est ce que le chez-nous? »

Bien que tout le monde mérite un chez-soi sûr, nous reconnaissons que c’est aujourd’hui loin d’être le cas. Dans le monde, 120 millions de personnes sont forcées de quitter leur foyer en raison de conflits, de violences, de génocides et de catastrophes climatiques. Parallèlement, le sentiment anti-immigration grandit partout en Europe et en Amérique du Nord. Avec l’élection récente de Donald Trump, de nombreuses personnes qui se considèrent chez eux aux États-Unis depuis des années sont désormais confrontées à une menace accrue d’être expulsées vers un endroit totalement inconnu. Au Canada, le premier ministre Justin Trudeau a récemment annoncé une réduction du nombre d’immigrants entrant au pays. Le Québec a également suspendu deux voies majeures vers la résidence permanente. Ces mesures empêcheront d’innombrables personnes de trouver un logement et de poursuivre une vie meilleure au Canada.

Il est essentiel de reconnaître que le Canada, où beaucoup d’entre nous ont trouvé un foyer, est construit sur le génocide et le déplacement des peuples autochtones par les colonisateurs européens et l’État canadien. L’Université McGill est également complice. Pas plus tard que la semaine dernière, un groupe de femmes Kanien’kehà:ka se sont rassemblées pour planter un pin blanc, symbole de paix pour le peuple Haudenosaunee, sur le lower field de McGill, situé sur des terres Kanien’kehà:ka non cédées. Les organisateurs voulaient partager les enseignements Kanien’kehà:ka sur la paix avec les peuples autochtones et non-autochtones vivant sur cette terre. La plaque de bois à côté du jeune arbre indiquait que « cet arbre de la paix est un symbole de la solidarité du peuple Kanien’kehá:ka entre les étudiants de McGill et de Concordia qui ont établi un campement pacifique ici en 2024 au nom de la justice pour la Palestine et tous les peuples de notre planète (tldr) ». Le lendemain matin, McGill a confirmé au Daily que l’Université avait retiré l’arbre.

Du Petit Portugal au Quartier chinois en passant par le Village, Montréal est une plaque tournante pour diverses communautés, diasporas et cultures. À notre époque, se retrouver en communauté est plus important que jamais. En tant qu’étudiants, nous impliquer ainsi nous permet de jouer un rôle majeur dans l’évolution de notre chez-nous vers le monde dans lequel nous voulons vivre. En même temps, nous devons faire preuve de solidarité avec les personnes du monde entier qui se voient refuser leurs droits et lutter pour l’avenir de nos semblables et de notre planète. C’est notre « home », notre « chez-nous », et nous n’en aurons pas d’autre.

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Pourquoi « Le Choix »? https://www.delitfrancais.com/2024/10/30/pourquoi-le-choix/ Wed, 30 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56314 Cette année, 4,1 milliards de personnes ont été appelées à voter (à travers des élections locales, législatives ou présidentielles) dans 68 pays, dont le Brésil, la France, le Pakistan, la Russie, le Sénégal, l’Indonésie et l’Inde, sans oublier les États membres de l’Union Européenne. Dans moins de dix jours, les États-Unis s’ajouteront à cette liste.… Lire la suite »Pourquoi « Le Choix »?

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Cette année, 4,1 milliards de personnes ont été appelées à voter (à travers des élections locales, législatives ou présidentielles) dans 68 pays, dont le Brésil, la France, le Pakistan, la Russie, le Sénégal, l’Indonésie et l’Inde, sans oublier les États membres de l’Union Européenne. Dans moins de dix jours, les États-Unis s’ajouteront à cette liste. Ces élections américaines nous invitent à redéfinir la notion du choix, non plus simplement comme un droit établi, mais comme un privilège : une liberté de disposer de notre propre corps, de définir notre identité, et de tracer notre avenir.

Au Canada, la démocratie est perçue comme un acquis depuis plusieurs décennies, et la possibilité de choisir – dans tous les domaines – peut nous sembler banale, ou apparaître comme une évidence. C’est un privilège que nous avons souvent tendance à sous-estimer. Dans les pages de cette édition spéciale, Le Délit a choisi d’explorer la question du choix, sous toutes ses facettes : Qu’est-ce que le choix? Sommes-nous réellement libres de choisir? Ces choix importent-ils?

Le choix et sa réalité

Si le choix est un pilier de la démocratie, il ne garantit pas pour autant que nos décisions en matière de gouvernance aient un impact réel. Dans nombre des pays évoqués plus haut, les élections ne servent souvent qu’à donner une illusion de liberté, le choix étant parfois manipulé afin de légitimer des régimes profondément totalitaires. C’est le cas en Russie, où nous avons pu observer une fois de plus cette année la traditionnelle mise en scène électorale qui prend place tous les six ans.

En revanche, nul besoin d’aller jusqu’en Russie pour comprendre que le choix n’est pas immuable. Même dans les sociétés dites démocratiques et libérales comme le Canada ou la France, le choix est parfois bafoué. En effet, si le droit de vote symbolise la liberté de choix dans une démocratie, il ne garantit pas pour autant que les décisions prises par les citoyens en matière de droits fondamentaux sont respectées. La question du consentement apparaît ici en filigrane, car pour qu’une démocratie soit légitime, elle doit non seulement respecter la volonté des citoyens dans l’urne, mais aussi dans les choix personnels et intimes qu’ils consentent à faire dans leur vie. L’autonomie corporelle, en particulier le droit à l’avortement, est au cœur de cet enjeux. Elle repose sur le principe que chaque individu doit pouvoir consentir librement en ce qui concerne son corps. Or, dans un contexte politique où certains élus tentent de restreindre ce droit, le choix démocratique devient un instrument de contrôle social ; les individus n’ont plus la liberté d’exercer un consentement réel, mais sont soumis à des décisions politiques qui empiètent sur leur liberté personnelle. Ainsi, le choix, censé être un pilier de la démocratie, devient alors une arme qui peut être utilisée pour contrôler des populations, et l’autonomie corporelle, un champ de bataille où se joue la liberté individuelle des citoyens.

Le choix et l’identité

Faire des choix correspond à questionner les plus profondes racines de notre identité : chaque choix que nous faisons, redéfinit un peu plus qui nous sommes, les valeurs que nous portons dans nos cœurs et les personnes que nous sommes amenés à devenir. C’est en quelque sorte une rencontre avec nous-même, une manière de s’apprendre, de se découvrir. Cette définition de l’identité par les choix que nous faisons s’applique aussi au Délit. Chaque semaine, l’identité du journal est remise en question lorsque nous décidons des thématiques, et de la manière dont nous allons les aborder. Nos pages témoignent donc de notre identité.

En tant qu’étudiant·e·s, les petits et gros choix que nous faisons au quotidien influencent parfois directement qui nous serons dans un, trois, ou cinq ans. Cela crée une anxiété qui est sans doute familière pour beaucoup d’entre nous à McGill.

Il est néanmoins important de ne pas oublier que quel que soit les choix que nous ayons faits (dans notre parcours académique, nos relations amicales ou encore amoureuses), qu’ils aient été bons ou mauvais, tous ont contribué à forger notre identité, et les personnes que nous sommes devenues aujourd’hui.

Choisir de ne pas choisir

Depuis quelques années, de nombreux sujets de politique internationale ou nationale ont marqué, clivé et polarisé les sociétés. Cela est en partie dû aux nouveaux moyens de communication et aux réseaux sociaux qui, en proposant un accès instantané (mais pas forcément qualitatif, ni factuel) à l’information, appellent simultanément à la prise de position. Ce besoin constant de se prononcer peut en submerger certain·e·s. D’un autre côté, refuser de prendre position peut sembler être une solution facile, surtout quand une position claire pourrait provoquer des conflits ou des critiques. Cependant, ne pas prendre position peut aussi être vu comme une forme de soutien indirect ; en ne s’opposant pas activement, on laisse à d’autres le soin de faire avancer la cause.

Il est louable, et même essentiel pour la vitalité de la démocratie, que chacun puisse se positionner et agir pour faire entendre son opinion. Mais il est tout aussi légitime de ne pas se sentir obligé de prendre position sur chaque thématique. Il est naturel de reconnaître que certains sujets nous échappent ou ne nous concernent pas directement. Si les individus jouissent de cette liberté, il en va autrement pour les États et les gouvernements. Lorsque l’humanité et l’avenir de la planète sont en jeu, ces derniers ne peuvent pas rester passifs, et choisir de ne pas choisir.

Préserver la liberté de choisir

Les prochaines élections américaines sont cruciales, car leurs répercussions politiques, sociales et humanitaires dépasseront largement les frontières des États-Unis. Si nous refusons de prendre parti dans ces élections parce que nous tenons à notre relative « neutralité », la rédaction du Délit rappelle néanmoins à ses lecteurs et lectrices de réfléchir à la préservation des valeurs fondamentales de liberté, d’égalité, et de respect d’autrui. Le Délit est attaché à la liberté de chacun·e de décider de son avenir et de son corps, et il est essentiel de faire des choix qui protègent cette précieuse liberté sur le long terme.

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Le regard du Délit https://www.delitfrancais.com/2024/08/28/le-regard-du-delit/ Wed, 28 Aug 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55478 Comme chaque année depuis plus de 40 ans, la rentrée des classes est synonyme de la parution d’une nouvelle édition du Délit. Pour certains, ce sont les retrouvailles d’une publication qui les tient au courant de l’actualité du campus, pour d’autres c’est la découverte d’une vie étudiante francophone à McGill. Pour les membres du conseil éditorial, c’est… Lire la suite »Le regard du Délit

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Comme chaque année depuis plus de 40 ans, la rentrée des classes est synonyme de la parution d’une nouvelle édition du Délit. Pour certains, ce sont les retrouvailles d’une publication qui les tient au courant de l’actualité du campus, pour d’autres c’est la découverte d’une vie étudiante francophone à McGill. Pour les membres du conseil éditorial, c’est surtout le retour des cogitations sur le prochain article, des entrevues avec les professeurs, des échanges avec nos contributeurs et des heures passées à réécrire la même phrase. Si l’équipe donne autant de soi dans chaque étape de la rédaction, ce n’est certainement pas pour le salaire exorbitant que reçoivent les éditeurs. Non, l’enthousiasme de l’équipe puise ses sources en d’autres courants, et le premier tient de la responsabilité qu’ils ont à l’égard de ce qu’ont construit les éditeurs précédents. Ces personnes, qui, tout comme nous, y ont investi des heures et versé tout leur cœur. Le deuxième, elle tient de la responsabilité de contribuer à la mémoire collective mcgilloise, en fournissant une documentation vivante de ce qu’est l’Université, et son évolution.

L’équipe du Délit n’est pas simplement liée par le fait de produire ensemble chaque semaine, mais aussi par le fait de partager des habitudes, un quotidien, des idées, ainsi qu’une curiosité pour le monde qui nous entoure. Chaque éditeur et éditrice se révèle peu à peu être un organe indispensable au bon fonctionnement de l’organisme qu’est Le Délit. En revanche, cet organe ne limite pas l’éditeur simplement à son rôle dans la chaîne de production. Le Délit se veut plutôt être le médium de l’épanouissement intellectuel et culturel de chacun : si un éditeur souhaite s’informer et pousser davantage sur un sujet donné, il est libre de s’y plonger, de choisir ses articles, ainsi que les défis qui les accompagnent. C’est d’ailleurs au nom de cette idée que Le Délit détient une « section tournante », qui peut être modelée chaque semestre par les volontés et ambitions du conseil éditorial. Elle a d’ailleurs traité le sujet de l’environnement le semestre dernier.

On ne peut comprendre ce qu’est Le Délit qu’en le lisant dans un premier temps, et en y contribuant dans un deuxième. Toutefois, il convient peut-être de l’introduire en explicitant ce qu’est son mandat ; ce pour quoi il existe. Certes, comme tout journal, Le Délit est un média d’information et de partage. Et en tant que journal étudiant, il est au service de la population de McGill et se concentre sur les enjeux du campus. Mais avant tout, ce pour quoi Le Délit existe est la langue française et tout ce qui s’y cache. Rappelons le premier éditorial de notre journal : « Une édition francophone ne peut avoir qu’un effet positif car elle permettra l’expression des sentiments d’une minorité culturelle en Amérique, qui est majoritaire au Québec. Ainsi, les anglophones seront à même de mieux comprendre certaines aspirations de leurs voisins. » Sur le campus, nous sommes la voix de ce qui est vécu en français, et nous avons le devoir de le partager avec autrui. Notre première responsabilité est d’être le contrepoids des pouvoirs déjà en place. Ainsi, nous abordons les enjeux qui touchent notre communauté à l’intersection de notre identité de francophone et d’étudiant : le but étant de poser un regard qui se distingue de la bulle anglophone lorsque l’administration de McGill prend une décision, et d’avoir une approche nuancée lors qu’il en vient à celles de l’Assemblée Nationale.

Si la présentation de l’information objective n’existe pas, Le Délit tente de naviguer à travers les événements du quotidien en laissant de côté les interprétations faussées et politisées que connaît notre monde. Les événements graves, lourds de sens et lourds de peines exacerbent chaque jour un peu plus les ressentiments et perceptions individuelles ; agir en tant que journal étudiant au sein de la communauté mcgilloise et de la société québécoise correspond donc à un exercice complexe et sensible, mais qui est également enrichissant et instructif sur l’état de notre monde pour nos aspirants journalistes. 

Agir en tant que journal étudiant, c’est aussi décider ouvertement de couvrir les sujets qui nous tiennent à cœur, de porter des valeurs en lesquelles nous croyons et des opinions que nous défendons. La première est avant tout la défense du « dialogue et de l’expression de points de vue différents dans un contexte de respect et de reconnaissance des droits individuels et collectifs et de non-discrimination fondée notamment sur le genre, l’orientation sexuelle, l’origine raciale, les aptitudes physiques et les croyances religieuses. » Cette année, l’équipe éditoriale se donne le devoir de soutenir ces valeurs, et vous invite tous et toutes à participer et contribuer à cette mission si vous sentez qu’elle résonne en vous

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Votez « OUI » pour la presse libre! https://www.delitfrancais.com/2024/02/21/votez-oui-pourla-presse-libre/ Wed, 21 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54915 Maintenant plus que jamais, le journalisme étudiant a besoin de votre soutien pour rester en vie. Alors que Meta bloque les médias canadiens sur Facebook et Instagram depuis août dernier et que les coûts de production montent en flèche, nos journaux doivent déployer des efforts considérables pour poursuivre leurs activités de manière indépendante et libre.… Lire la suite »Votez « OUI » pour la presse libre!

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Maintenant plus que jamais, le journalisme étudiant a besoin de votre soutien pour rester en vie. Alors que Meta bloque les médias canadiens sur Facebook et Instagram depuis août dernier et que les coûts de production montent en flèche, nos journaux doivent déployer des efforts considérables pour poursuivre leurs activités de manière indépendante et libre. Contrairement aux grands journaux à but lucratif, les revenus des publications
étudiantes indépendantes telles que les nôtres sont très limités, d’autant plus que nos journaux sont disponibles partout sur le campus gratuitement. Il serait alors impossible d’assurer la publication du Délit et du Daily sans les collaborateur·rice·s passioné·e·s, le personnel administratif dévoué et le soutien financier du corps étudiant. Le journalisme étudiant à but non-lucratif et indépendant doit survivre pour une raison : le droit à l’information. Une information qui n’est pas corrompue par les intérêts de différentes institutions financières dont nous pourrions dépendre. Notre responsabilité est envers vous, les étudiant·e·s. Afin de pouvoir poursuivre notre
travail, nous demandons au corps étudiant de McGill de voter « OUI » au référendum de l’hiver 2024. Notre survie en dépend, car l’étau financier se resserre autour de nos cous. Irréversiblement.

Du 19 au 26 février, les étudiant·e·s du campus du centre-ville de McGill auront l’occasion de voter une proposition d’augmentation des frais de la Société des publications du Daily (SPD). La SPD est un organisme indépendant à but non-lucratif, géré par les étudiant·e·s, qui supervise la publication du McGill Daily et du Délit. Un vote majoritaire entraînerait une augmentation de 1,50$ par session pour les étudiant·e·s de premier cycle, de 6,00$ à 7,50$. Pour les étudiant·e·s de deuxième cycle il s’agirait d’une augmentation et de 1,00$ ou de 0,50$
par session, dépendamment de leur statut.

La SPD n’a pas connu d’augmentation de ses revenus depuis 2010, bien que l’inflation au Canada soit d’environ 39,72% depuis cette date. Pour mettre ce chiffre en perspective, couvrir des frais de 6,00$, ce qui correspond à ce que les étudiant·e·s de McGill payent depuis 2010, nécessiterait en réalité 8,39$ en 2023. N’ayant pas reçu d’augmentation des frais tenant compte de l’inflation, les équipes éditoriales ont dû redoubler d’efforts et faire des sacrifices. Ce semestre, nous avons dû supprimer, pour la première fois, plusieurs éditions en raison du manque de moyens. L’inflation ne régressant pas, et les coûts de production augmentant peu à peu, l’augmentation des cotisations est vitale pour assurer la pérennité des deux journaux.

Le journalisme étudiant est essentiel au maintien d’une culture démocratique sur le campus, étant donné qu’il permet un accès libre à l’information depuis plus de 50 ans et permet à tous·tes de nourrir les débats. Le Délit, seul journal rédigé entièrement en français de McGill, fait partie de l’héritage de l’Université depuis 1977. Il a reçu de nombreux prix dans le domaine du journalisme étudiant de langue française, dont le Prix du Devoir de la presse étudiante en 2016. The McGill Daily, quant à lui, fait partie de l’héritage de McGill depuis plus de la moitié de l’existence de l’Université, ornant ses kiosques à journaux depuis 1911. Il compte parmi ses anciens éditeurs Léonard Cohen et Irving Layton, qui ont mené des carrières littéraires florissantes. Le travail des générations passées et présentes de collaborateur·rice·s du Délit et du Daily a abouti à la constitution d’archives inestimables sur les réalisations des étudiant·e·s, et il est impératif que nous donnions aux générations futures la possibilité de poursuivre ce travail.

L’augmentation des cotisations proposée entrerait en vigueur au début du semestre d’automne 2024, et elle resterait en place jusqu’à l’hiver 2028. Son succès ouvrirait de nombreuses portes pour le journalisme étudiant à McGill, et serait déterminant dans la lutte contre de nombreux défis, notamment ceux posés par le projet de
loi C‑18. Également connu sous le nom de Loi sur les nouvelles en ligne, le projet de loi C‑18 a conduit des entreprises telles que Google et Meta à refuser d’afficher des liens vers des nouvelles canadiennes sur leurs plateformes.

Le journalisme étudiant perpétue l’héritage de notre talentueux corps étudiant, et il est essentiel que nous honorions leurs réalisations en assurant l’avenir de la presse étudiante de McGill. Si vous croyez en l’importance du journalisme indépendant et libre, et souhaitez voir perdurer une plateforme qui permet à tous·tes les étudiant·e·s de faire entendre leur voix, de partager leur perspective sur l’actualité et de diffuser leurs réalisations artistiques, mais aussi si vous croyez en l’importance d’un accès libre à l’information pour tous·tes les étudiant·e·s, alors soutenez-nous. Votez « OUI » au référendum de la SPD qui se tient depuis le 19 février et se terminera le 26 février. Nous travaillons chaque semaine, sur des enquêtes, des articles d’actualité et nous vous faisons découvrir la scène culturelle montréalaise, pour que nous puissions tous·tes avoir la possibilité de comprendre notre campus et la vie montréalaise, ainsi que les enjeux qui touchent le corps étudiant.

Le Délit porte en son cœur une rigueur et une passion qui se transmettent depuis 1977. Sans un résultat positif au référendum, notre travail sera de plus en plus difficile à exercer, et la pérennité de ce journal à l’importance capitale pour la représentation étudiante sur la scène médiatique montréalaise, sera peu à peu remise en cause. Au nom de la liberté de la presse, votez « OUI ».

Pour voter, rendez-vous au lien suivant: https://ssmu.simplyvoting.com/vote.phpmode=getBallot&election=224520

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Merci Le Délit https://www.delitfrancais.com/2024/02/14/merci-le-delit/ Wed, 14 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54733 Le Délit est considéré comme l’école de journalisme francophone de l’Université McGill, étant donné qu’il s’est donné pour mission d’offrir aux étudiant·e·s une formation en journalisme dans une université qui ne propose pas un tel programme. La formation acquise au sein du Délit est alors bien particulière, car les étudiants sont les seul·e·s professeur·es, et… Lire la suite »Merci Le Délit

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Le Délit est considéré comme l’école de journalisme francophone de l’Université McGill, étant donné qu’il s’est donné pour mission d’offrir aux étudiant·e·s une formation en journalisme dans une université qui ne propose pas un tel programme. La formation acquise au sein du Délit est alors bien particulière, car les étudiants sont les seul·e·s professeur·es, et chacun·e apprend des autres, mais on apprend surtout de l’institution elle-même. À travers Le Délit se transmettent des connaissances, des règles et des principes, dont tous ceux·celles qui intègrent ses rangs peuvent bénéficier. Les réponses à nos questions se trouvent dans les archives de nos journaux, dans les documents rédigés par les rédacteur·rice·s en chef du passé et de l’expérience de nos pairs qui sont là depuis plus longtemps. Le Délit est une institution qui fait perdurer un savoir et une passion du journalisme, depuis 1977.

Alors, en cette journée de Saint-Valentin, notre déclaration d’amour s’adresse à ce journal, façonné par l’équipe et les contributeur·rice·s, pour vous les lecteur·rice·s. Pour que vous puissiez bénéficier d’une source d’information indépendante, libre, étudiante et francophone. Une presse libre et indépendante est un élément indispensable d’un campus démocratique. Conscient de son influence, Le Délit permet de faire contrepoids aux systèmes en place. Il fait circuler l’information, avec ses engagements et sa déontologie toujours en tête. Le journal se nourrit aussi de la diversité immense des contributions qui habillent ses pages chaque semaine. Il offre à tous·tes les étudiant·e·s qui le souhaitent une plateforme pour partager leurs articles et leurs créations. Nos pages revendiquent le droit à l’information libre, à l’information qui décortique et refuse les raccourcis, et à l’information qui questionne les structures de pouvoir. Et surtout, le droit à une information qui comprend et transmet les enjeux étudiants, et qui s’engage pour leurs causes. Le Délit appartient à tous·tes.

Au-delà de son importance dans le contexte universitaire, Le Délit est une institution au sein de laquelle il est merveilleux de grandir et d’apprendre. Le conseil de rédaction réunit des rôles d’une grande diversité, de la photographie à la production en passant par l’édition et la correction, grâce auxquels il est possible d’acquérir des compétences techniques et créatives. Et cela, au sein d’une équipe de passionné·e·s, qui ont pour seul moteur, une croyance amoureuse et indéfectible en ce projet. Un projet ambitieux, qui vit depuis presque 50 ans de la volonté obstinée d’étudiant·e·s rêveur·euse·s à travers les générations. Au sein de notre conseil de rédaction de l’hiver 2024, on aime Le Délit particulièrement pour le travail d’équipe, l’amour du débat, l’esprit créatif, le respect pour chacun·e et le dévouement de tous·tes ses membres et de tous·tes ses contributeur·rice·s.

Ce journal est précieux, et nous lutterons ensemble pour sa pérennité. Merci au Délit.

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Le Mois de l’histoire des Noir·e·s https://www.delitfrancais.com/2024/02/11/le-mois-de-lhistoire-des-noir%c2%b7e%c2%b7s/ Sun, 11 Feb 2024 21:06:55 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54624 Le 1er février 2024 a marqué le lancement du Mois de l’histoire des Noir·e·s, et bien que celui-ci existe depuis 1978, il n’est célébré à McGill que depuis 2017. Cette année, Le Délit a décidé de lui dédier son édition spéciale, ainsi qu’à tous·tes les étudiant·e·s noir·e·s du campus. Le journalisme s’intègre indéniablement dans la… Lire la suite »Le Mois de l’histoire des Noir·e·s

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Le 1er février 2024 a marqué le lancement du Mois de l’histoire des Noir·e·s, et bien que celui-ci existe depuis 1978, il n’est célébré à McGill que depuis 2017. Cette année, Le Délit a décidé de lui dédier son édition spéciale, ainsi qu’à tous·tes les étudiant·e·s noir·e·s du campus. Le journalisme s’intègre indéniablement dans la structure raciale de la société québécoise, ayant une part d’influence sur la hiérarchisation raciale et les inégalités. Nous rapportons les histoires des autres, nous sommes engagé·e·s pour l’équité et déterminé·e·s à lutter contre les oppressions, mais nos identités ne peuvent pas, pour autant, disparaître de nos mots. Le manque de diversité dans le milieu du journalisme doit donc être questionné, car il participe à la perpétuation des inégalités sociales et structurelles de la société canadienne.
Selon une enquête menée par l’Association canadienne des journalistes (ACJ) en 2022 et rapportée par Radio-Canada, 78% des journalistes canadien·ne·s sont blanc·he·s. De surcroît, parmi dix salles de rédactions interrogées, huit ne comptaient aucun·e journaliste noir·e ou autochtone. De telles proportions dans le milieu du journalisme impacte nécessairement le type de nouvelles et de discours mis de l’avant, en plus de limiter la compréhension et l’interprétation de certaines dynamiques raciales dans la société canadienne.

« Tout est une question de race », car les institutions canadiennes ont été bâties sur les ruines du génocide culturel et des massacres des peuples autochtones, puis l’esclavage et l’exploitation des personnes noir·e·s. Si nous voulons comprendre les fonctionnements politique, culturel, institutionnel et économique de la société canadienne dans le but de partager avec exactitude toutes les nouvelles que nous traitons, nous ne pouvons pas nous abstenir de prendre en compte ces éléments dans les dynamiques de pouvoir. Si les structures ne changent pas, alors il est de notre devoir de promouvoir l’inclusion des journalistes noir·e·s, de questionner notre fonctionnement, notre structure, et de mettre en place des démarches actives pour faire de nos journaux des espaces qui ne reproduisent pas des schémas d’oppression, et qui osent aller à contre-courant pour apporter un peu de changement à l’ordre de notre société. Lutter pour la diversité et l’inclusion des journalistes noir·e·s est absolument nécessaire, car tous les discours se nourrissent en partie des mots diffusés par les médias. Enfin, nous croyons en la création et la valorisation de nouvelles plateformes qui favorisent la diffusion des expériences et pensées des étudiant·e·s noir·e·s, afin de proposer des alternatives qui soient des sources de pouvoir et d’émancipation.

Pour cette édition spéciale, nous avons ainsi eu la chance de collaborer avec le Réseau des
étudiant·e·s Noir·e·s de McGill (Black Students Network), une association étudiante dont l’existence est vitale au sein d’une université comptant seulement 4,6% d’étudiant·e·s noir·e·s dans sa population. Cette collaboration permet notamment au Délit d’accueillir la participation d’étudiant·e·s noir·e·s qui ont partagé avec nous leur talent et leur perspective unique. Nos pages arborent notamment des contributions artistiques tout aussi magnifiques que pertinentes. Notre couverture est l’œuvre de la talentueuse Océane Nzeyimana, étudiante en
première année, qui réalise des collages que vous pouvez retrouver sur son compte Instagram @ohciseaux. La dernière page accueille quant à elle les photographies et le texte de Harantxa Jean, qui propose des interprétations de peintures ou de photographies connues afin de questionner les représentations de la beauté féminine et de s’en réapproprier les codes.Avec ces collaborations, notre journal bénéficie de regards qui méritent d’être mis de l’avant bien au-delà des limites du mois de février. Nous dédions alors cette édition à tous·tes les étudiant·es noir·e·s de l’Université McGill. Le Mois de l’histoire des Noir·e·s est une occasion de célébrer les accomplissements, mais aussi de se rappeler des inégalités profondes et structurelles auxquelles les personnes noires font face dans leur quotidien. Néanmoins, ce mois est aussi loin d’être une fin en soi. La lutte contre le racisme systémique est un combat constant, qui dépasse largement les pages de notre journal.

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Aborder les fêtes différemment https://www.delitfrancais.com/2024/01/10/aborder-les-fetes-differemment/ Wed, 10 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54105 Chaque année, le même manège nous rappelle l’état de notre vie familiale, l’état de notre vie quand le temps ralentit un peu. Les fêtes de fin d’année ancrent le mois de décembre dans ces mêmes traditions que nous répétons chaque année. Pour tous·tes, le monde se calme un peu et nous nous retrouvons dans les… Lire la suite »Aborder les fêtes différemment

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Chaque année, le même manège nous rappelle l’état de notre vie familiale, l’état de notre vie quand le temps ralentit un peu. Les fêtes de fin d’année ancrent le mois de décembre dans ces mêmes traditions que nous répétons chaque année. Pour tous·tes, le monde se calme un peu et nous nous retrouvons dans les lieux de notre enfance, face aux éléments et aux personnes qui constituent ce moment que nous vivons chaque mois de décembre, matérialisant la répétition infinie des années. Le monde qui fête s’accorde sur le calme et la lenteur, nous arrêtons de travailler et retrouvons ceux et celles que nous ne voyons pas forcément pendant le reste de l’année, et qui peuvent aussi attester de notre évolution. Quelle période étrange! Elle nous oblige souvent à faire face à l’état de notre vie après tous les mois écoulés. Les traditions font du mois de décembre ce chapitre qui se répète et nous met face à notre propre évolution. Est-ce le monde qui nous entoure qui a tant changé? Ou bien, est-ce nous? Les fêtes sont souvent associées à un sentiment de mélancolie. Nous savons à quoi elles ressemblent ou à quoi elles devraient ressembler, et pourtant elles semblent intrinsèquement appartenir à une forme de passé.

Est-ce un hasard que les fêtes inscrivent ainsi la fin de l’année dans ce calme frénétique, comme un rite de passage parfois sacré, parfois forcé? Il s’agit pour nous d’une occasion de faire le point. Pour Le Délit, l’année 2023 a été marquée par le mandat de rédacteur en chef de Léonard Smith, par la section Au Féminin, par une équipe complète et soudée, par une édition spéciale sur la sexualité, qui a remué notre conseil éditorial. Notre équipe a travaillé dur pour faire vivre le journalisme étudiant, et a lutté pour porter les voix de demain avec autant de rigueur que de passion. À la fin de l’année, nous nous sommes aussi arrêté·e·s pour échanger des présents, remercier les membres qui nous ont quittés, et faire le point sur l’année écoulée. Puis chacun·e a retrouvé son univers intime pour fêter, ou non, la fin de l’année. Durant décembre, pendant un mois, nous avons tous·tes été plongé·e·s dans le fantasme de Noël, que nous le fêtions ou non, dans une effusion de bonheur lumineux et coloré. Le sentiment de joie nous est presque imposé par les décorations et musiques traditionnelles. Tout cela résonne comme une grande fête de fin, comme si après tout cela, il était possible de laisser derrière soi l’année merveilleuse ou difficile passée. Comme si, pour tous·tes, les retrouvailles avec le foyer et les proches de notre enfance devaient résonner avec bonheur. Comme si nous devions rentrer dans ce moule, que la société s’obstine à former pendant un mois, pour accéder à la joie. Le mois de décembre devrait avant tout être l’occasion de se questionner sur ce que l’on veut pour nous, ou que l’on ne veut plus. Cette séparation superficielle entre les années peut être un moyen d’éviter de laisser le temps échapper complètement à notre contrôle, un moyen de regarder en arrière, de faire le bilan, pour entamer demain plus consciemment.

La dernière étape des fêtes de fin d’année est bien sûr la fête du Nouvel An, comme marqueur de commencement. Un commencement noyé dans les rires, la musique forte et l’alcool, selon les conventions. Un commencement qui, peu importe combien il peut être effrayant, se doit d’être joyeux. Un commencement ancré dans le temps ; même si nous ne sommes pas tout à fait prêt·e·s, il n’est minuit le 1er janvier qu’une seule fois, il ne faut pas l’oublier, ni oublier de s’embrasser à ce moment-là. Fêter ce renouveau peut autant créer un soulagement qu’un néant effrayant. Ce marqueur nous donne l’impression qu’il est possible de faire table rase du passé, qu’il est possible d’oublier nos problèmes et nos tares, une impression merveilleuse… et illusoire? Si on a le droit de refuser toutes les impositions de la nouvelle année, les bonnes résolutions, les pressions sociales, les effusions de bonheur criant, il est possible d’envisager la première journée de l’année avec plus de sérénité. Le mois de janvier a souvent le goût des balbutiements. On peut chercher, en tâtonnant, de nouvelles façons de réclamer sa vie. En tant que nouvelle rédactrice en chef du Délit, j’entreprends moi aussi une nouvelle aventure. Janvier est un nouveau départ pour le journal et pour l’équipe. Nous avançons avec les renouveaux, mais rien ne sert de le faire avec pression. Ce marqueur temporel auquel nous sommes tous·tes confronté·e·s ne doit pas nécessairement nous obliger à nous réinventer, nous forcer à oublier le passé ou à devenir la personne que nous avons toujours rêvé d’être, et ce, en quelques mois. Il peut aussi s’agir, avec plus d’humilité, d’une opportunité de constater que notre existence n’est pas confinée à notre passé, et que nous avons le droit d’espérer et de demander plus du futur. Alors au nom de toute l’équipe, j’aimerais souhaiter à notre lectorat une très belle année 2024, en espérant qu’elle sera l’occasion pour chacun·e de poursuivre son chemin, avec les ajustements qu’il·elle juge nécessaire, tout en n’oubliant pas, que les renouveaux peuvent être réclamés à n’importe quel moment de l’année.

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Des kiosques aux archives https://www.delitfrancais.com/2023/11/29/des-kiosques-aux-archives/ Wed, 29 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53831 Le McGill Daily et Le Délit ont servi la communauté mcgilloise bien avant que nous soyons étudiant·e·s et continueront à favoriser l’échange d’informations et d’idées bien après l’obtention de notre diplôme. Le McGill Daily a été fondé en 1911 en tant que journal sportif quotidien. C’est le plus ancien journal étudiant du campus qui existe… Lire la suite »Des kiosques aux archives

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Le McGill Daily et Le Délit ont servi la communauté mcgilloise bien avant que nous soyons étudiant·e·s et continueront à favoriser l’échange d’informations et d’idées bien après l’obtention de notre diplôme.

Le McGill Daily a été fondé en 1911 en tant que journal sportif quotidien. C’est le plus ancien journal étudiant du campus qui existe encore à ce jour et l’un des plus anciens au Canada. Maintenant publié « hebdomadairement » au lieu de « quotidiennement », le Daily a élargi sa ligne éditoriale pour couvrir les nouvelles de dernière heure, publier des commentaires importants, célébrer les arts et la culture et explorer les derniers développements en sciences et en technologie. Nous avons également adopté un mandat anti-oppression et nous nous sommes engagé·e·s à « dépeindre et analyser les relations de pouvoir aussi précisément que possible dans notre couverture (tdlr) ». Ce mandat a guidé nos efforts pour exiger des options alimentaires abordables sur le campus, pour condamner la violence à l’encontre des femmes autochtones, pour protester contre la législation discriminatoire du gouvernement québécois et pour mettre en lumière des histoires et des voix négligées par les médias traditionnels.

Dès le départ, Le Délit avait pour but de représenter la voix des étudiant·e·s francophones du campus, qui n’avaient jusqu’alors pas leur propre journal. Le Délit se distingue par son journalisme d’investigation sur nombre d’enjeux liés au campus. Une enquête récente sur la dépendance aux jeux vidéo a permis au Délit de révéler l’ampleur du phénomène grâce aux témoignages d’un expert, d’un concepteur de jeux à succès international et d’un étudiant de McGill. Dans la section Actualités, notre dossier sur les Mères Mohawk a permis de fournir les derniers développements sur la fouille des tombes anonymes d’enfants autochtones, qui auraient été victimes des expériences MK-Ultra à McGill. Parallèlement, Le Délit a eu l’occasion de passer en entrevue l’une des rares survivantes de ces expériences. La section tournante du journal, destinée à se renouveler, permet également de jeter un regard différent sur l’actualité. Cette année, la rubrique Au Féminin aborde des enjeux politiques et sociaux sous un angle féministe, notamment le leadership et l’entrepreneuriat, la santé, la sexualité, le militantisme, l’intersectionnalité et la philosophie.

Le monde évolue rapidement, et tout comme les vêtements peuvent se démoder aussi vite qu’ils sont devenus à la mode, les nouvelles de dernière minute sont rapidement considérées comme de l’information ancienne. Mais les exemplaires non réclamés du Daily et du Délit qui se retrouvent chaque semaine dans les bacs de recyclage sont bien plus que de « vieilles actualités ». Chaque article, photographie et illustration que nous publions fait partie des archives de nos journaux. Ces archives sont constituées de plusieurs dizaines de gros volumes reliés en cuir conservés dans nos bureaux ainsi que dans les collections imprimées et numériques de la bibliothèque de McGill. Les chercheurs intéressés peuvent également accéder à tous les numéros du Daily et du Délit publiés avant 2001 sur Internet Archive et à tous les numéros publiés depuis 2009 sur les pages du site Issuu du Daily et du Délit. La numérisation de plus de 9 000 numéros publiés entre 1911 et 2001 a été rendue possible grâce aux efforts inlassables de l’équipe de numérisation de la bibliothèque de McGill.

En tant que membres du Daily et du Délit, nous nous retrouvons fréquemment à plonger dans les archives de nos journaux. Il est crucial de le faire afin de rappeler les succès et les échecs des mouvements étudiants passés, de suivre les changements dans les politiques de l’administration de McGill et de notre gouvernement étudiant, et de réfléchir aux événements importants qui ont façonné notre corps étudiant tout en continuant de le faire.

En rédigeant son dernier éditorial, sur la politique de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) contre le génocide en Palestine, le Daily a souligné le succès des manifestants étudiants qui ont convaincu l’administration de McGill de se désinvestir de ses avoirs en Afrique du Sud lors de l’apartheid en 1985. La couverture du Daily de cette même année a fourni une preuve importante de la résistance étudiante, et, nous l’espérons, un encouragement pour les étudiants actuels qui se battent pour que McGill désinvestisse.

Lors du référendum de l’année dernière sur le renouvellement des frais facturés par la Société des publications du Daily aux étudiant·e·s de McGill, un éditorial du Délit citait une lettre intitulée « French, with tears » publiée la veille de la parution du premier exemplaire du Délit en 1977, et signée par « an Irate Mother ». Cette lettre affirmait que l’édition hebdomadaire en français était une « sottise », une « action scandaleuse » qui allait « détruire » l’Université et « miner l’unité canadienne ». Malgré les objections, 46 ans plus tard, Le Délit a prouvé son importance en tant que source principale d’informations en français sur le campus.

Comment choisir judicieusement ses mots, et s’ils parviendront à atteindre notre public sont des questions qui préoccupent tous⋅te⋅s aspirant·e·s journalistes au Daily et au Délit. En variant les angles de reportages plus neutres aux articles d’opinion, nous pouvons offrir un large espace d’expression dans nos pages. Malgré les différences dans la manière dont nous couvrons certains événements, nos deux journaux partagent la responsabilité de décrire les réalités difficiles des étudiant·e·s et des autres personnes sur le campus. Une attention particulière aux faits et aux détails est nécessaire si nous voulons traduire et communiquer ces histoires. En ce sens, nos journaux doivent continuer à ouvrir leurs portes aux personnes qui souhaitent découvrir des écoles de journalisme alternatives sans pareil à McGill.

En effet, bien que McGill n’offre pas de programme de journalisme, le Daily et Le Délit offrent depuis des décennies une formation inestimable aux aspirants journalistes. Les rédacteur·rice·s en chef des deux journaux ont ensuite travaillé pour des publications aussi renommées que CBC/Radio-Canada, le Montreal Gazette, le National Post, Slate, La Presse, Le Journal de Montréal, Le Droit et TF1. Tout en honorant le travail de ceux qui nous ont précédés, nous nous réjouissons d’accueillir la prochaine génération de rédacteur·rice·s, de collaborateur·rice·s et de lecteur·rice·s du Daily et du Délit. Nous vous remercions de votre soutien continu et nous vous invitons à explorer les vastes archives de nos journaux et à collaborer dans notre projet d’enregistrement, de commémoration et de célébration de la vie étudiante à McGill.

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Le voyage a‑t-il un avenir? https://www.delitfrancais.com/2023/11/22/le-voyage-a-t-il-un-avenir/ Wed, 22 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53492 Le voyage est souvent vu comme une opportunité de tisser un lien fort avec la destination d’accueil, que ce soit par la création d’amitiés ou de souvenirs durables. Cet impact positif du voyage sur l’individu tend parfois à nous faire oublier ses répercussions sur l’ensemble de la société. Là où voyager a une empreinte culturelle… Lire la suite »Le voyage a‑t-il un avenir?

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Le voyage est souvent vu comme une opportunité de tisser un lien fort avec la destination d’accueil, que ce soit par la création d’amitiés ou de souvenirs durables. Cet impact positif du voyage sur l’individu tend parfois à nous faire oublier ses répercussions sur l’ensemble de la société. Là où voyager a une empreinte culturelle positive, il comporte aussi une empreinte environnementale non négligeable qui pèse sur le climat. Selon une étude réalisée auprès de 160 pays et publiée en 2018 dans la revue scientifique Nature Climate Change, le tourisme représente environ 8 % de l’ensemble des émissions de carbone produites dans le monde.

Voyager différemment

Le voyage atteste finalement de notre rapport individualiste à l’environnement : nous savons que prendre l’avion est très polluant, mais comme il nous accommode dans nos déplacements, nous abandonnons rapidement l’idée de revoir nos modes de transport. Le voyage peut-il devenir plus écologique à long terme? À quel point sommes-nous aptes à faire des sacrifices pour l’environnement? Telles sont les questions d’éthique contemporaines qu’implique le voyage.

L’augmentation de phénomènes météorologiques violents comme les ouragans, les feux de forêt ou encore les inondations auront un impact sur la désirabilité de certaines destinations. On peut estimer que les choix de voyage de plus en plus limités dans les années à venir contribueront à accroître le phénomène de tourisme de masse. Plus on continue de voyager sans égard à notre empreinte environnementale, plus certaines destinations pourraient devenir inaccessibles. C’était le cas l’été dernier en Grèce, où les épisodes de forte canicule ont limité le tourisme, notamment l’accès à l’acropole, qui avait dû fermer ses portes pendant plusieurs heures de la journée.

Mais cet impact sur le voyage demeure mineur face à la dégradation des conditions de vie de certaines régions du globe. Alors que les touristes peuvent faire le choix ou non de s’envoler vers certaines destinations, celles-ci sont un lieu de vie pour les populations locales, qui doivent vivre avec les conséquences directes du réchauffement climatique au quotidien.

Et les études à l’étranger?

En plus de leur coût économique, les études à l’étranger contribuent à la dégradation de l’environnement, car elles amènent les étudiants à prendre l’avion à plusieurs reprises dans l’année sur de plus ou moins longues distances. Cela, pour retourner voir leurs familles au moment des fêtes ou simplement rentrer pendant les vacances. Dans un monde où il va falloir redéfinir nos moyens de transports, les études internationales peuvent- elles être conciliées avec la lutte contre la dégradation de l’environnement?

McGill possède une communauté étudiante internationale qui vient des quatre coins du monde. À l’automne 2023, ce sont 11 987 étudiants qui proviennent de près de 150 pays. Si l’on considère que chaque étudiant international fait un aller-retour chaque année, cela représente environ 22 000 trajets d’avions. Alors que nous tentons de revoir nos modes de consommation, favoriser les études dans sa propres région semble être le choix écologiquement responsable. Pourtant, selon le principal de McGill Deep Saini, la récente décision du premier ministre François Legault de rehausser les frais de scolarité ne contribuerait pas à diminuer le nombre d’étudiants internationaux à McGill.

Dans sa forme actuelle, le voyage doit être amené à se réinventer. Si nous voulons conserver des conditions de vie de qualité, peut-être nous faut-il renoncer au confort de voyager quand l’on veut, et où l’on veut. Les étudiants à l’étranger ont eux aussi un rôle à jouer dans la protection de l’environnement. Là où faire des études à l’étranger est encore aujourd’hui acceptable et valorisé, qu’en sera-t-il dans quelques décennies? Traverser l’Atlantique pour étudier sera-t-il devenu un choix irresponsable?

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France-Québec : regards croisés sur l’actualité https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/france-quebec-regards-croises-sur-lactualite/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53293 Dans un communiqué diffusé le 2 novembre dernier, le Principal et vice-chancelier de McGill Deep Saini a expliqué que la hausse des frais de scolarité pour les étudiants canadiens hors province incite l’Université « à élargir [sa] clientèle provenant du Québec et d’autres pays du monde pour combler le manque à gagner ». Un tel… Lire la suite »France-Québec : regards croisés sur l’actualité

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Dans un communiqué diffusé le 2 novembre dernier, le Principal et vice-chancelier de McGill Deep Saini a expliqué que la hausse des frais de scolarité pour les étudiants canadiens hors province incite l’Université « à élargir [sa] clientèle provenant du Québec et d’autres pays du monde pour combler le manque à gagner ». Un tel objectif de la part de McGill d’accroître sa clientèle internationale, quelle que soit sa langue parlée, semble s’écarter des efforts déployés par la Coalition Avenir Québec (CAQ) pour franciser Montréal. La décision gouvernementale de ne pas augmenter les frais de scolarité pour les étudiants français, annoncée le 14 octobre dernier, semble s’inscrire dans la même lignée que l’objectif du gouvernement Legault d’atteindre une immigration 100% francophone au Québec d’ici 2026. La proportion importante de Français à Montréal ainsi que la possible augmentation de leur immigration d’ici les prochaines années soulève parfois des interrogations concernant la pérennité de la culture québécoise.

Et au Délit?

La division sur la question de la langue permet d’interroger la place diversifiée du français au sein de McGill, mais également au sein de l’équipe du Délit. Si les étudiants français venaient à devenir plus importants à McGill, est-ce que cela créerait un enjeu de représentativité au sein de l’équipe éditoriale? Comment les biais des étudiants français influencent-ils la couverture de l’actualité québécoise?

Dans une université où la présence québécoise demeure majoritaire, dix des éditeurs au Délit sont français alors que seulement huit sont québécois. Ce déséquilibre peut être justifié du point de vue de la répartition linguistique, puisqu’une bonne part des étudiants québécois à McGill sont anglophones unilingues.

Cette explication est sans doute à elle seule insuffisante pour rendre compte d’une autre réalité socio-économique à McGill, qui concerne les francophones d’ici et d’outre-mer. Les frais de scolarité en France demeurent extrêmement bas en comparaison de ceux déboursés à McGill. La majorité de ces étudiants font donc le choix de payer plus cher pour poursuivre des études supérieures à l’étranger. Cette tranche d’étudiants, dont les moyens financiers sont plus élevés, peut donc davantage se consacrer à des engagements parascolaires. Les étudiants québécois, contrairement aux étudiants français, préfèrent souvent un emploi mieux rémunéré à une implication étudiante qui, bien que stimulante, s’avère chronophage.

Les journaux étudiants comme le nôtre sont également limités dans leur capacité de diffusion. La présence d’organisations étudiantes s’étend rarement en dehors de la bulle restreinte des universités, et lorsqu’elles font la une des grands médias, c’est souvent pour réaffirmer leur statut précaire. Pour Le Délit, ce défi de diffusion se double d’une mission ardue de recruter de nouveaux membres au sein des quelque 8 000 étudiants dont la langue maternelle est le français à McGill. Et au sein de cette population, 2 100 étudiants sont d’origine française et représentent un peu plus que le quart de la population totale francophone de l’Université.

Il n’est peut-être donc pas étonnant de dénombrer 4 315 visiteurs français contre 4 078 visiteurs canadiens sur le site web du Délit, selon les chiffres du mois d’octobre 2023. Mais comment expliquer une telle disparité? Est-ce seulement parce que les étudiants d’origine canadienne sont plus portés à lire la presse étudiante anglophone, comme The Daily ou The Tribune? Ou est-ce que les angles de couverture du Délit rejoignent davantage les préoccupations françaises?

Il semble hâtif de trancher pour l’un ou pour l’autre. Quoi qu’il en soit, à leur arrivée au Délit, les Français semblent davantage portés vers une couverture internationale et moins intéressés par l’actualité québécoise. Cela soulève la question des choix de sujets, qui devraient être orientés vers une couverture locale. Les Français ont-ils le pouvoir d’effacer leurs biais vis-à-vis de l’actualité québécoise?

Nous sommes d’avis que oui, mais cela demande un effort de conscientisation de ces biais. L’intérêt de faire partie du Délit pour un étudiant international, comme pour toute autre organisation étudiante, c’est de s’ouvrir aux événements et aux problématiques qui font la spécificité de la culture québécoise. Sans nécessairement s’y identifier, on peut faire le travail d’essayer de comprendre la culture de l’autre, afin d’amorcer un dialogue avec sa propre culture d’appartenance. Plutôt que de considérer l’origine française des membres du Délit comme un frein à la représentativité québécoise, nous valorisons la diversité des points de vue qui font la ligne éditoriale du Délit. Il nous importe de continuer dans cette voie en rendant compte de manière juste des différentes réalités qui constellent le contexte mcgillois.

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La hausse des frais de scolarité est-elle discriminatoire? https://www.delitfrancais.com/2023/11/01/engagement-etudiant-montreal/ Wed, 01 Nov 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53130 Le 25 octobre dernier, une assemblée générale organisée par le regroupement blue fall protest et les affaires externes de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) avait pour but de former un front commun contre la récente hausse des frais de scolarité pour les étudiants hors province. « Payer pour l’éducation supérieure est déjà un problème,… Lire la suite »La hausse des frais de scolarité est-elle discriminatoire?

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Le 25 octobre dernier, une assemblée générale organisée par le regroupement blue fall protest et les affaires externes de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) avait pour but de former un front commun contre la récente hausse des frais de scolarité pour les étudiants hors province. « Payer pour l’éducation supérieure est déjà un problème, et la récente décision du gouvernement aggrave ce problème, empêchant les classes plus défavorisées d’accéder à l’éducation (tdlr) », s’est ainsi exprimé un étudiant lors de l’assemblée. Une telle mesure diminuera-t-elle l’attrait de McGill pour les étudiants venus d’ailleurs? Le parti politique Coalition Avenir Québec (CAQ) s’y prend-il de la bonne manière pour rééquilibrer le réseau universitaire francophone?

Les frais de scolarité des étudiants internationaux, qui varient entre 20 000$ et 65 000$ par an à McGill, sont extrêmement déréglementés en comparaison à ceux déboursés par les étudiants québécois, tournant plutôt autour de 3 000$ par année. Une forme de statu quo se maintient donc pour les étudiants internationaux, alors que le tarif minimal qui leur est imposé, établi à 20 000$ par la CAQ, est plus bas que les tarifs déjà demandés dans une vaste majorité de programmes.

Or, les étudiants du reste du Canada payaient jusqu’à maintenant un peu moins de 9 000$ par an pour étudier dans l’une des trois universités anglophones du Québec – McGill, Concordia et Bishop’s. Ils devront désormais débourser 17 000$ par an. Ce sont donc ces étudiants qui seront principalement impactés par cette hausse des frais de scolarité dès l’automne 2024, s’ils souhaitent entamer leurs études dans une université anglophone du Québec.

L’enjeu pour la CAQ, c’est que la plupart de ces étudiants ne restent pas dans la province après leurs études. Ils bénéficient de frais de scolarité avantageux à McGill sans pour autant contribuer sur le long terme à la société québécoise. 20 598 des étudiants internationaux au Québec étaient inscrits en 2022 dans l’une des trois universités anglophones, contre 33 723 dans les 16 universités francophones. Pour beaucoup de ces étudiants canadiens, leur passage au Québec se limite à une bulle anglophone, un mode de vie unilingue qui ne nécessite pas d’effort de francisation pour s’intégrer dans une métropole bilingue.

Si le gouvernement veut réellement protéger la langue française, ses efforts devraient surtout être orientés vers la rétention et la francisation des étudiants canadiens plutôt que de rendre les universités anglophones moins attrayantes d’un point de vue financier. L’impact de la demi-mesure employée par la CAQ pour protéger le français aura surtout pour effet de décourager les étudiants du reste du Canada de faire l’expérience du mode de vie montréalais et bien souvent d’apprendre le français.

On peut s’inquiéter de l’impact d’une telle mesure – non modulée en fonction de chaque université – sur la qualité de l’enseignement de Concordia ou Bishop’s, qui ne disposent pas des mêmes moyens financiers et du rayonnement international de McGill. À titre d’exemple, Bishop’s est une petite université anglophone d’un peu moins de 2 800 étudiants, au sein desquels près de 30% des étudiants proviennent des autres provinces canadiennes. La mesure du gouvernement pourrait donc diminuer significativement la qualité de l’enseignement et des recherches qui y sont proposées dans les prochaines années, alors que les répercussions pourraient être plus facilement absorbées par la réputation internationale et les ressources financières dont jouit déjà McGill.

Le débat sur les frais de scolarité, loin de se réduire aux financements accordés aux universités anglophones et francophones, remet à l’avant-plan la question de l’identité culturelle québécoise. Veut-on prêcher en faveur d’un protectionnisme linguistique ou d’une ouverture à la culture anglophone? La situation sociolinguistique diversifiée pourrait souffrir de ne plus recevoir assez d’étudiants d’ailleurs.

Veut-on restreindre l’usage de l’anglais ou plutôt favoriser un profil linguistique montréalais qui favorise la cohabitation de réalités culturelles et la curiosité pour la langue d’autrui? C’est peut-être là que résident toute la complexité et l’attrait de notre métropole québécoise.

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Peut-on être objectif en temps de guerre? https://www.delitfrancais.com/2023/10/25/peut-on-etre-objectif-en-temps-de-guerre/ Wed, 25 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52952 Rarement avons-nous été inondé·e·s d’autant d’informations, et rarement a‑t-il été aussi difficile de s’informer que dans le contexte actuel. Les médias, pièces maîtresses du fonctionnement des démocraties modernes, n’ont peut-être jamais été autant impliqués que depuis la récente escalade du conflit israélo-palestinien. À travers des événements aussi complexes, le sociologue Dominique Wolton avance que le… Lire la suite »Peut-on être objectif en temps de guerre?

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Rarement avons-nous été inondé·e·s d’autant d’informations, et rarement a‑t-il été aussi difficile de s’informer que dans le contexte actuel. Les médias, pièces maîtresses du fonctionnement des démocraties modernes, n’ont peut-être jamais été autant impliqués que depuis la récente escalade du conflit israélo-palestinien. À travers des événements aussi complexes, le sociologue Dominique Wolton avance que le public peut avoir l’impression frappante de ne rien savoir malgré sa consommation abondante d’informations.

Alors que la communauté montréalaise et internationale semble divisée par les événements des dernières semaines, l’équipe du Délit fait face une question de déontologie journalistique : comment doit-on s’y prendre pour rapporter l’information le plus justement possible à la population étudiante? Comment assurer une couverture équilibrée dans le contexte de conflits aussi polarisants?

Dans le monde du journalisme, l’objectivité est placée au rang de valeur idéale : tous·tes les journalistes espèrent s’en approcher. Afin de mieux cerner les enjeux du quotidien, nous pouvons considérer que le journalisme mise sur une approche qui vise soit la neutralité, soit la pluralité d’opinions. Quoi que nous fassions, se libérer entièrement des biais individuels est loin d’être simple, et malgré nos efforts, nous craignons que ce soit impossible.

Au même titre que le·a journaliste, l’historien·ne s’abstient de juger ; la discipline historique autonome est largement marquée par le positivisme : « expliquer les choses comme elles se sont passées. » Toutefois, cette objectivité se perd dès qu’un fait historique est amené par un·e témoin, à un moment et à un endroit donné. Depuis près de trente ans, ces observateur·rice·s se multiplient avec l’accroissement des télécommunications : la prolifération des chaînes de télévision, l’essor d’Internet, l’omniprésence des téléphones portables et toutes les autres avancées technologiques ont profondément remodelé nos canaux de communication. Les outils de communication de masse demandent une réponse rapide, un besoin de se faire une opinion à tout prix et d’en aviser les autres, alors même que les informations sur la situation ne sont parfois pas complètes, ni vérifiées. La multitude de sources d’information « rapides » relèguent progressivement, de par leur nature éphémère, le journalisme traditionnel au second plan.

Cette constante circulation de nouvelles et d’opinions pousse à la polarisation. Comme le suggère Hannah Arendt – politologue et philosophe américaine – dans La condition de l’homme moderne, la politique est un domaine dans lequel la vérité est inévitablement étirée, déformée et relativisée, plutôt que délibérément exprimée. Alors, comment éviter de colporter les visions d’acteur·rice·s politiques – ou médiatiques – intéressé·e·s à créer des divisions encore plus marquées?

Ces visions, dans le contexte de guerre, font naître la notion fondamentale d’altérité. Ce concept évoque la reconnaissance de l’autre, de la différence, dans le contexte de relations interpersonnelles, culturelles, éthniques ou sociales. Les guerres et conflits mettent souvent en évidence ces différences, au risque d’être exagérées et instrumentalisées pour justifier la violence. En temps de guerre, la propagande peut être également utilisée pour déshumaniser l’ennemi en le représentant comme une menace abstraite, enracinée dans la peur de l’autre. Il est donc plus facile pour les parties en conflit de mobiliser leur population en les encourageant à percevoir l’autre comme radicalement différent·e, dangereux·se, voire inférieur·e. Le professeur Cornett – avec lequel Le Délit s’est entretenu dans le cadre du conflit israélo-palestinien – souligne que « celui qui est un patriote aux yeux de l’un est un terroriste aux yeux de l’autre ».

En tant que journal étudiant, nul besoin de rappeler que nos moyens sont limités. Malgré nos efforts constants visant à fournir un contenu qualitatif, il demeure que nos moyens sont loins d’égaler ceux d’Agence France-Presse ou encore Reuters. Alors que ces dernières ont les pieds au cœur de l’action, nous sommes forcé·e·s de consommer ce qu’ils voient en temps réel, à travers leurs productions journalistiques.

Bien que nous ne puissions rivaliser avec ces presses internationales, qui mettent la main sur un événement à la seconde où il se produit, nous avons un engagement envers la population étudiante mcgilloise, et souhaitons continuer de produire du contenu de qualité, malgré les défis qui s’imposent. Nous tenons à ce que notre population étudiante soit informée, et Le Délit tient à cœur son rôle de véhicule d’information recherchée. En tant que journal étudiant, nous ne sommes pas une entité politique. Dans le contexte actuel, nous pensons donc que prendre position n’est pas l’approche à privilégier. Nous souhaitons continuer à écrire sur la beauté qui nous entoure, sur les petites joies de la vie, sur le théâtre, sur les avancées étudiantes, sur la danse, ou encore sur l’Halloween. Nous estimons que les étudiant·e·s pourraient en avoir besoin ces temps-ci.

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Entre minimisation et diabolisation de la dépendance https://www.delitfrancais.com/2023/09/27/entre-minimisation-et-diabolisation-de-la-dependance/ Wed, 27 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52440 Cette semaine, Le Délit vous propose une édition spéciale sur les dépendances, les addictions et les obsessions. Le concept d’addiction entretient un sens très proche avec celui de dépendance, « le premier étant généralement défini par le second » selon la Banque de dépannage linguistique. Le phénomène d’obsession doit cependant en être distinct, même s’il… Lire la suite »Entre minimisation et diabolisation de la dépendance

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Cette semaine, Le Délit vous propose une édition spéciale sur les dépendances, les addictions et les obsessions. Le concept d’addiction entretient un sens très proche avec celui de dépendance, « le premier étant généralement défini par le second » selon la Banque de dépannage linguistique. Le phénomène d’obsession doit cependant en être distinct, même s’il peut être corrélé avec certaines formes de dépendance. Comment rendre compte des spécificités de chacune de ces conditions, sans pour autant les réduire à des catégories médicales ou sous-estimer la souffrance des personnes qui les vivent? Voici un petit guide non exhaustif pour mieux s’y retrouver à travers les notions de troubles addictifs ou obsessionnels.

L’obsession n’est pas une addiction

L’obsession consiste en des idées ou des images, notamment sous forme d’angoisses et de peurs irrationnelles, qui se manifestent à l’esprit de manière persistante. Il faut encore la distinguer du trouble obsessionnel compulsif (TOC), qui amène les personnes atteintes à concrétiser leurs obsessions à travers des actes (lavage des mains excessif par peur de contamination, par exemple).

Les comportements compulsifs peuvent s’apparenter à des addictions par leur difficulté à être contrôlés ou à leur mettre fin. Or, ces deux notions sont foncièrement différentes, et il peut très bien avoir présence de l’une en l’absence de l’autre. Les compulsions peuvent être neutres ou déplaisantes, alors que « la dépendance implique des substances ou des comportements qui offrent une récompense. Ils peuvent procurer du plaisir, de l’excitation ou de l’évasion. Bien qu’ils puissent être nocifs dans l’ensemble, l’activité elle-même reste agréable, même si ce n’est que temporairement », comme nous l’explique un article scientifique paru dans MedicalNewsToday.

La dépendance se manifeste donc le plus souvent à travers le besoin irrépressible de consommer une substance (alcool, tabac, drogue). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) la décrit comme « un état psychique et parfois physique, résultant de l’interaction entre un organisme vivant et un produit, caractérisé par des réponses comportementales ou autres qui comportent toujours une compulsion à prendre le produit de façon régulière ou périodique pour ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l’inconfort de son absence ».

Et si la dépendance pouvait être positive?

La définition de l’OMS a peut-être pour seul défaut d’omettre que la dépendance peut se manifester aussi à travers l’accomplissement d’une activité.

Il est donc possible d’envisager cette notion non plus seulement en fonction du degré de nocivité des substances ingérées. Le phénomène des « addictions positives », rendu populaire par le psychiatre américain William Glasser en 1976, s’intéresse à la course à pied et à la méditation comme des pratiques dont le potentiel « addictogène » contribue à créer une dépendance bénéfique pour le corps et l’esprit.

Or, même les activités physiques peuvent se révéler mauvaises lorsqu’elles sont pratiquées à l’excès. Le sport pratiqué outre mesure ne cache-t-il pas lui aussi son lot de comportements et d’habitudes malsaines qui méritent d’être élucidés? On pourrait penser à l’apparition de troubles alimentaires liés à la poursuite obsessive du corps parfait, ou même à la tentation de consommer des stéroïdes anabolisants à usage récréatif chez les jeunes adeptes de salle de musculation.

Sur la question des activités, certaines pourraient être plus insidieuses que la dépendance aux substances. L’addiction aux jeux vidéo, dans la mesure où ses effets néfastes ne sont pas directement observables sur la santé physique du joueur, impactent plutôt sa santé mentale, sa vie sociale ou académique, et l’empêchent d’accomplir d’autres activités. C’est lorsqu’il y a un empiètement disproportionné de la sphère virtuelle sur la sphère réelle que l’usage des jeux vidéo devient problématique, selon le psychiatre et docteur en neurosciences Olivier Phan.

Demander de l’aide nécessite du courage

Il n’y a nulle prétention ici de porter un regard clinique sur les dépendances et les obsessions, qui sont des phénomènes complexes en interaction avec une foule de facteurs sociaux, mentaux, environnementaux et génétiques. Leur consacrer une édition spéciale peut toutefois sensibiliser à ces troubles qui sont parfois mal compris et mènent à l’isolement des personnes touchées.

L’identification d’une addiction et la progression à travers les étapes du sevrage sont des processus qui demandent du courage. L’accompagnement d’une personne touchée par l’un de ses troubles, du diagnostic jusqu’à son traitement, peut s’avérer crucial. Voici quelques ressources en libre accès qui peuvent être utiles :

Tel-jeunes (Région de Montréal) : 514 288‑2266

Le site gouvernemental Alcochoix+ propose différentes formules d’accompagnement pour les gens touchés par une dépendance à l’alcool.

Le Centre universitaire de santé de McGill offre également des services de traitement de la dépendance aux substances : 514–934-8311

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Meta éclipse les nouvelles canadiennes : enjeux et solutions https://www.delitfrancais.com/2023/08/30/meta-eclipse-les-nouvelles-canadiennes-enjeux-et-solutions/ Wed, 30 Aug 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51779 En cette rentrée du congé estival, Le Délit fait face à un nouvel enjeu de taille, en plus de celui du recrutement de nouveaux membres au sein de son équipe éditoriale : rétablir le lien de manière efficace auprès de ses lecteur·rice·s après le blocage des nouvelles canadiennes. Alors que Le Délit continue d’être distribué… Lire la suite »Meta éclipse les nouvelles canadiennes : enjeux et solutions

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En cette rentrée du congé estival, Le Délit fait face à un nouvel enjeu de taille, en plus de celui du recrutement de nouveaux membres au sein de son équipe éditoriale : rétablir le lien de manière efficace auprès de ses lecteur·rice·s après le blocage des nouvelles canadiennes. Alors que Le Délit continue d’être distribué sous sa forme papier à travers les présentoirs du campus, sa portée sur les plateformes en ligne, n’affichant plus les dernières parutions hebdomadaires du journal, s’en trouve considérablement réduite.

Pour rappel, en réponse au projet de loi fédéral C‑18, qui exige aux géants numériques Meta et Google de compenser financièrement les médias canadiens pour le contenu diffusé sur leurs plateformes, l’entreprise Meta a mis fin le 1er août dernier à l’accès aux nouvelles sur Facebook et Instagram, et ce, dans l’ensemble du Canada. Nous sommes donc loin d’être le seul média touché par cette mesure de l’entreprise américaine, qui filtre, selon ses propres intérêts économiques, le contenu diffusé sur Instagram et Facebook.

Les médias canadiens sont devenus malgré eux les sujets d’une décision unidirectionnelle de la part de Meta, qui utilise sa position hégémonique dans le domaine numérique pour exercer un lobbyisme sans prendre en considération les besoins en information de ses utilisateur·rice·s. Le public se retrouve ainsi coupé d’actualités qui pourraient leur être cruciales, comme c’est le cas en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest, où l’état d’urgence a été déclaré en raison des feux de forêts qui y sévissent. Les mesures prises par Meta empêchent les communautés d’être tenues au fait des dernières directives d’évacuation émises par les autorités.

Cette situation coercitive révèle la place essentielle que doivent continuer d’occuper les médias au sein de l’espace public. Le blocage des nouvelles se fait au détriment de l’intérêt des citoyen·ne·s voulant demeurer avisé·e·s des plus récentes actualités, et plus largement, du droit fondamental à l’information.

Voici quelques suggestions pour minimiser l’impact d’un tel blocage sur notre journal :

1. Porter une attention particulière à notre infolettre distribuée via votre adresse courriel McGill, pour rester avisé·e de toutes les nouvelles sorties d’articles ;

2. Nous suivre sur TikTok, où sont publiées certaines informations importantes concernant l’emplacement du journal sur le campus, nos activités à l’interne, ainsi que des formats condensés des articles parus dans nos pages ;

3. Récupérer Le Délit sous sa forme papier, disponible dans les présentoirs à l’entrée des bâtiments de l’Université.

Le virage numérique aura mis à l’épreuve les médias dans leur capacité à renouveler leurs moyens de diffusion. Il nous revient une fois de plus de faire preuve de créativité, mais cette fois-ci, en nous serrant les coudes pour trouver des moyens de pression efficaces contre les géants du web. Si les médias sociaux ont trop longtemps été pris pour des espaces publics ouverts, on a sans doute oublié que ce sont des multinationales qui dictent les règles du jeu en matière de contenu diffusé sur leurs propres plateformes.

Alors que cette situation met en lumière notre besoin crucial de cultiver notre indépendance médiatique, elle doit être saisie comme une opportunité d’examiner notre rapport collectif à la consommation des nouvelles. Le droit à l’information est intrinsèquement lié à la liberté de diffusion des médias, qui, comme en atteste la décision du blocage sur Meta, n’est pas encore acquise.

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La sexualité chez les jeunes : entre ouverture et abstinence https://www.delitfrancais.com/2023/04/05/la-sexualite-chez-les-jeunes-entre-ouverture-et-abstinence/ Wed, 05 Apr 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51583 Cette semaine au Délit, nous mettons la sexualité à l’honneur en lui dédiant une édition entière. Part importante de la vie humaine et animale, la sexualité ne se limite pas à la reproduction. En réalité, le terme est vaste et englobe une multitude d’aspects de notre vie comme notre identité, notre orientation sexuelle, nos fantasmes… Lire la suite »La sexualité chez les jeunes : entre ouverture et abstinence

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Cette semaine au Délit, nous mettons la sexualité à l’honneur en lui dédiant une édition entière. Part importante de la vie humaine et animale, la sexualité ne se limite pas à la reproduction. En réalité, le terme est vaste et englobe une multitude d’aspects de notre vie comme notre identité, notre orientation sexuelle, nos fantasmes ou nos croyances. La dimension socioculturelle de la sexualité a autant d’importance, voire plus, que son aspect biologique, en particulier à notre époque. Il semble que les nouvelles générations se soient émancipées de l’impératif de la reproduction et des croyances concernant les rapports intimes : elles se sont ouvertes à d’autres fantasmes, désirs et orientations sexuelles, en bref, au plaisir intime tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Il est important de souligner que nous parlons ici des nouvelles générations dont la sexualité serait moins influencée par des facteurs comme la religion ou la politique. Nous ne devons pas oublier que notre vision de la sexualité n’est pas forcément celle des autres, et dépend d’une foule de facteurs individuels et collectifs influencés par l’environnement dans lequel nous avons grandi. Établir une nette distinction entre la dimension socioculturelle de la sexualité et son aspect biologique, notamment lié à la reproduction, nous empêcherait de rendre compte du phénomène de l’influence réciproque qui unit les besoins sexuels innés de l’humain et ses fantasmes, qui sont en partie construits socialement.

Est-ce que les fantasmes se sont vraiment émancipé? Selon une étude, la génération Z, incluant toute personne née entre 1996 et 2012 environ, serait plus ouverte et inclusive que les générations précédentes en ce qui concerne l’identité individuelle. Elle serait davantage respectueuse et compréhensive des membres de la communauté LGBTQIA+, ce qui transparaît par exemple dans l’émergence de mouvements de lutte pour les droits de cette communauté, ayant notamment permis de réduire au nombre de 67 les pays dans lesquels les relations homosexuelles sont criminalisées. D’après une enquête de 2021 menée par l’entreprise française de sondages Ipsos, la génération Z serait un pourcentage plus important ayant une orientation sexuelle autre qu’hétérosexuelle comparativement aux générations précédentes. Mais si la génération Z est véritablement plus ouverte dans ses valeurs, ses pratiques et son plaisir intime, comment expliquer qu’elle soit plus abstinente que les générations précédentes? Pourquoi le pourcentage d’adolescents ne pratiquant pas d’activité sexuelle est passé de 28.8% à 44.2% pour les hommes et de 49.5% à 74% pour les femmes entre 2009 et 2018?

Parmi les causes principales de cette abstinence, le visionnage de pornographie pourrait être cité comme inhibiteur. Cette dernière s’est largement transformée et développée depuis l’avènement d’Internet dans les années 2000, au point d’occuper une part non négligeable du net. Les recherches de contenu pornographique constituent une recherche sur huit sur ordinateur et une recherche sur cinq sur mobile, et l’un des plus gros sites pour adultes, Pornhub, aurait d’ailleurs fait l’objet de 42 milliards de visites en 2019. Dans son sondage effectué sur les étudiant·e·s du campus en 2015, le journal étudiant en ligne The Bull and Bear avait estimé que 38% des étudiant·e·s regardaient du porno plusieurs fois par semaine à une fois par jour.

La pornographie joue un rôle majeur dans la découverte des fantasmes et désirs, et donc dans la construction de l’identité sexuelle. Son visionnement n’est pas sans conséquences, d’autant plus qu’il se fait maintenant de plus en plus jeune. En 2018, 62% des adultes affirmaient avoir vu des images pornographiques pour la première fois avant l’âge de 15 ans. L’accès à ces sites est extrêmement aisé car il n’existe pas de véritable vérification de l’âge des utilisateur·rice·s; les jeunes peuvent donc y accéder dès qu’ils ont accès à Internet, souvent très jeunes. On pourrait se demander si la banalisation des pratiques présentées dans ces vidéos peut avoir un impact sur les taux d’abstinence. Au lieu de laisser libre cours à la découverte de sa sexualité individuelle, ces vidéos ne nous inciteraient-elles pas à adhérer à des schèmes fantasmés collectivement? On peut notamment citer des performances éloignées de la réalité, l’image de la femme soumise, les acteurs·rices intégralement épilé·e·s ou encore les hommes aux sexes surdimensionnés, qui impactent grandement la sexualité des jeunes, potentiellement incapables de séparer les films X de la réalité.

La pornographie n’est évidemment pas la seule raison justifiant une abstinence plus importante dans la génération Z. La société contemporaine est marquée par la hustle culture (culture de surperformance, tdlr), donc des emplois du temps très chargés, ainsi que l’usage accru des réseaux sociaux et autres applications – comme les plateformes de films sur demande qui priment parfois sur les relations intimes. Ainsi, depuis quelques années, les jeunes font face à une intensification du discours entourant la sexualité, cette dernière étant impactée autant positivement – par une plus grande importance accordée au consentement, une diversification de l’orientation sexuelle et une déconstruction des tabous – que plus négativement – avec le visionnement des vidéos pornographiques.

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Le français en sursis à McGill? https://www.delitfrancais.com/2023/03/22/le-francais-en-sursis-a-mcgill/ Wed, 22 Mar 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51335 À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, une libre opinion signée par le Groupe d’action pour l’avenir de la langue française (GAALF) dans Le Devoir soulignait la nécessité de « prendre tous les moyens nécessaires pour ralentir, arrêter, puis inverser le déclin de la langue française au Québec ». Le GAALF, notamment composé… Lire la suite »Le français en sursis à McGill?

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À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, une libre opinion signée par le Groupe d’action pour l’avenir de la langue française (GAALF) dans Le Devoir soulignait la nécessité de « prendre tous les moyens nécessaires pour ralentir, arrêter, puis inverser le déclin de la langue française au Québec ». Le GAALF, notamment composé des ministres caquistes Martine Biron et Jean-François Roberge, affirme que les efforts pour la préservation du français doivent être particulièrement orientés vers les jeunes, qui sont davantage exposés à l’anglais dans la vie de tous les jours. En tant qu’étudiant·e d’une université anglophone, on peut légitimement se demander quels obstacles se présentent aux initiatives à McGill pour valoriser le français et assurer son accessibilité sur le campus.

Parmi la liste non exhaustive d’initiatives étudiantes qui donnent une plateforme d’expression au français à McGill, on peut citer l’équipe éditoriale du Délit, le Collectif de poésie francophone de McGill, le club de débat francophone de McGill ou encore l’Association générale des étudiant(e)s de langue et littérature françaises qui se renouvellent constamment et doivent trouver une relève au sein de 20% de la communauté mcgilloise, soit l’équivalent de sa population francophone. Être une minorité francophone sur le campus n’est d’ailleurs jamais bien éloigné de la perspective d’une fin des activités pour ces groupes. C’est d’ailleurs le sort réservé à la seule troupe francophone de théâtre de l’Université McGill, Franc-Jeu, qui a dû fermer ses portes à l’automne dernier en raison d’un « manque d’effectif ».

Selon Ana Popa, commissaire aux Affaires francophones de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), la curiosité pour les initiatives francophones de la part des étudiant·e·s est cruciale pour revendiquer une amélioration des services qui leur sont offerts, voire pour leur pérennité. L’existence des groupes francophones peut se révéler elle-même un enjeu de taille dans le cadre des référendums de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Par exemple, la demande de création de frais d’accessibilité en français de 0,25$, l’une des plus basses contributions demandées lors d’un référendum étudiant à l’AÉUM, a été refusée à l’hiver 2022. En ce qui a trait au bien-fondé de la présence des groupes francophones sur le campus, « on voit encore des préjugés envers la communauté francophone », souligne Ana Popa.

Il persiste également une méconnaissance des ressources francophones disponibles. Assurant la cohésion et le partage de ressources entre différentes organisations francophones de McGill, la Commission aux Affaires francophones (CAF) a d’abord pour mandat la défense des droits étudiants. Un questionnaire mené auprès de 100 étudiant·e·s par la CAF cherchait à sonder la population étudiante sur leurs connaissances des droits étudiants. Une bonne partie des réponses révélaient une « hésitation » de se prévaloir de certains droits, notamment celui « de soumettre en français ou en anglais tout travail écrit devant être noté », indiqué à l’article 15 de la Charte des droits de l’étudiant. La crainte « d’être évalué injustement » ou que « les professeurs et chargés de cours saisissent mal le propos en raison d’une mauvaise maîtrise du français » sont des motifs mentionnés de manière récurrente.

Il existe donc bel et bien un écart entre les droits francophones et la capacité des étudiant·e·s à s’en prévaloir. Les ressources censées faciliter l’accès au français à McGill demeurent souvent trop peu partagées, voire inaccessibles pour bon nombre de francophones sur le campus. Sur cet enjeu, la CAF et l’AÉUM travaillent à traduire les pages d’organisations étudiantes, de clubs et de services pour lesquelles il n’existe actuellement aucune description en français.

Cette accessibilité au français ne se limite toutefois pas à la traduction et devrait faire l’objet d’un effort soutenu de la part de l’Université. Si les services en anglais sont naturellement priorisés pour permettre à une majorité d’étudiant·e·s d’en profiter, tout le monde n’a pas une même aisance avec cette langue. Ana Popa mentionne à ce titre que le niveau d’anglais requis dans les cours n’est pas le même que celui nécessaire pour bénéficier de conseils en santé mentale ou pour se défendre devant le comité d’intégrité universitaire. En ce sens, l’implication des étudiant·e·s ne peut seulement servir de vecteur de la langue française; elle doit permettre une meilleure compréhension des enjeux communautaires qui atteignent directement la vie des francophones.

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Repenser le mythe de l’objectivité https://www.delitfrancais.com/2023/02/22/repenser-le-mythe-de-lobjectivite/ Wed, 22 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50981 Le milieu journalistique, assujetti aux contraintes financières, ne peut faire abstraction de la demande du public quant à la manière de traiter l’information. La tour d’ivoire journalistique n’est en fait qu’un grand bâtiment commercial. La politologue Anne-Marie Gingras tient une position similaire dans son ouvrage Médias et démocratie : «[L]es médias sont coincés entre la nécessaire rentabilité… Lire la suite »Repenser le mythe de l’objectivité

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Le milieu journalistique, assujetti aux contraintes financières, ne peut faire abstraction de la demande du public quant à la manière de traiter l’information. La tour d’ivoire journalistique n’est en fait qu’un grand bâtiment commercial. La politologue Anne-Marie Gingras tient une position similaire dans son ouvrage Médias et démocratie : «[L]es médias sont coincés entre la nécessaire rentabilité et une mission d’information politique, deux objectifs étrangers l’un à l’autre. » Ces dernières années, la prolifération des verrous d’accès payants (paywalls) a permis la monétisation des nouvelles journalistiques, face à une hausse de la consommation des contenus en ligne, limitant grandement l’accessibilité de l’information au grand public. Philippe Marcotte, chercheur au Centre d’étude sur les médias (CEM) de l’Université Laval, note que « les auditoires – et donc les revenus [des médias] – se fragmentent devant l’explosion de l’offre ».

En quoi cette fragmentation affecte-t-elle le contenu? Confronté à des plateformes médiatiques plus attractives, le journalisme factuel semble aujourd’hui insuffisant à lui seul pour capter l’attention du public. La hausse des prises de parole sous la forme de textes d’opinion, d’éditoriaux ou de chroniques permet-elle de fidéliser davantage les lecteurs·rices, en leur proposant un contenu qui idéologise l’information?

Dans une enquête publiée en 2020 par Simon Langlois, Serge Proulx et Florian Sauvageau, près d’un tiers des répondant·e·s révélaient une préférence pour un journalisme d’opinion plutôt qu’un journalisme factuel. Si ces chiffres nous invitent à questionner le rôle que doivent jouer les partis pris idéologiques dans la sphère journalistique, ils ne spécifient pas précisément quelles sont les conditions d’une « bonne » opinion.

Parmi les 121 professionnels de l’information québécois interrogés en 2016 dans l’enquête « Bouleversements médiatiques et qualité de l’information », une majorité d’entre eux·lles ont déclaré que le critère le plus important de l’« excellence journalistique » réside dans la qualité de la recherche. Celle-ci peut être définie comme une approche d’investigation méthodique et rigoureuse sur un sujet donné, en prenant toujours soin de mettre en contexte les lecteurs·rices. L’opinion doit-elle s’en tenir au même critère?

Lorsqu’ils sont maîtrisés, les textes d’opinion permettent de conférer un nouvel éclairage sur les faits, de
se faire le témoignage de points de vue et d’amener à interroger ses propres a priori sur l’actualité. Or, il est important que la présence d’opinion dans le paysage médiatique ne prenne pas la place de l’information factuelle, qui doit servir de base commune au dialogue démocratique éclairé. Sans les faits, l’opinion risque de se construire sur des a priori et sur le ouï-dire, ce qui mène potentiellement à une argumentation circulaire ou péremptoire. Pour qu’une opinion soit bien écrite, elle doit alors se fonder sur une recherche aussi rigoureuse que le journalisme factuel.

Le journalisme est toujours une médiation, et non une diffusion des faits eux-mêmes. La nature de cette médiation oscille selon le genre pratiqué : alors que les textes d’opinion incitent à adhérer ou non à de la prise de position développée, le journalisme factuel requiert une forme d’effacement, d’impartialité de la part du journaliste vis-à-vis de l’information transmise. La distinction entre ces pratiques journalistiques n’est toutefois pas toujours aussi nette. Dans le cadre d’une étude menée par Philippe Marcotte au CEM, un journaliste constate d’ailleurs que le « commentaire » a de plus en plus tendance à se substituer à l’information. « Il y a de plus en plus de chevauchements entre les deux types de pratique », explique-t-il.

Il apparaît donc primordial de délimiter les sphères respectives de l’opinion et du journalisme factuel. Les médias d’information doivent se faire un devoir de fournir les balises nécessaires pour permettre au public de classifier les différents types d’information auxquels il est confronté. Alors qu’Internet se fragmente en « espaces publics mosaïques », les lecteurs·rices devraient pouvoir reconnaître facilement si une information journalistique relève de l’opinion ou du fait. Si l’on considère qu’une nouvelle est d’« intérêt public », la transparence quant à l’angle éditorial adopté pour la couvrir l’est tout autant.

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