Alexia Leclerc - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/alexia-leclerc/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 06 Jan 2023 16:03:29 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 «Guérir pour transformer, transformer pour guérir» https://www.delitfrancais.com/2022/11/30/guerir-pour-transformer-transformer-pour-guerir/ Wed, 30 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50233 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes.

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Du 25 novembre au 6 décembre 2022 aura lieu la campagne annuelle 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes. La campagne est organisée par une coalition d’une quinzaine d’organisations féministes qui bénéficie du soutien du Secrétariat à la condition féminine du gouvernement du Québec et de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) qui joue également un rôle de coordination de la campagne. Il s’agit d’une campagne internationale instaurée par l’Organisation des Nations unies (ONU), lancée en 1991 sous le nom de 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles. La campagne commence le 25 novembre pour souligner la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette journée a été choisie en hommage aux sœurs Mirabal, des militantes politiques assassinées par le régime du dictateur Rafael Trujillo en République dominicaine. Cette campagne dure 16 jours et se conclut le 10 décembre à la Journée internationale des droits humains de l’ONU. Au Québec, toutefois, la campagne se termine le 6 décembre pour insister sur la commémoration du féminicide de masse de Polytechnique en 1989.

Contexte

L’objectif de cette initiative est de réfléchir collectivement aux différentes formes de violences faites aux femmes, de proposer des solutions concrètes, de sensibiliser la population ainsi que de formuler des demandes aux gouvernements pour aborder le problème systémique des violences faites aux femmes. Selon Taïna Mueth, chargée de projets à la FFQ, cette campagne est absolument nécessaire dans le contexte politique et social actuel, car on retrouve encore beaucoup de banalisation, de stigmatisation et d’invisibilisation des formes de violences faites aux femmes et des structures qui les sous-tendent. Taïna Mueth note à cet effet la hausse des violences faites aux femmes depuis 2019. La pandémie aurait par ailleurs eu un effet catalyseur sur ces violences et les aurait exacerbées. L’année 2021 est celle qui a vu la plus grande hausse annuelle de féminicides au Québec. Selon Taïna Mueth, cette statistique révèle que la société est mal équipée pour traiter des problèmes de violences systémiques faites aux femmes.

Thématique

La campagne québécoise a cette année pour thème «Guérir pour transformer, transformer pour guérir: Déracinons la violence». Elle a pour but principal de «mettre en lumière la banalisation et la récurrence des discriminations genrées et de déraciner leurs origines en redonnant aux femmes discriminées le pouvoir de s’exprimer», peut-on lire sur le site web de la campagne. Pour Taïna Mueth, déraciner les violences nécessite d’entamer un cycle de guérison et de transformation, et ce en remontant à la source des structures d’oppression: «Cette année, on veut réfléchir à la violence genrée non pas comme un problème individuel mais plutôt comme un problème politique», souligne-t-elle.

Événements

La campagne débutera le 25 novembre avec un événement de lancement qui prendra la forme d’une soirée artistique. Au cours des 12 jours qui suivront, plusieurs événements auront lieu, organisés par toute organisation qui souhaite soumettre une activité au calendrier de la campagne. «On veut que les personnes s’approprient le thème de la manière qui leur fait écho. Le thème peut être adapté à plusieurs réalités», explique Taïna Mueth. Par exemple, il y aura des projections de documentaires féministes, un atelier avec l’organisation Collage féministes, ainsi qu’une vigile à la plaque de commémoration des événements du 6 décembre 1989. Finalement, il y aura également une rencontre avec la ministre responsable des affaires féministes pour déposer des recommandations en matière de violences faites aux femmes.

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COP27: atténuation et réparations https://www.delitfrancais.com/2022/11/23/cop27-attenuation-et-reparations/ Wed, 23 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50033 Négociations concernant l’objectif climatique et les mécanismes de financement pour pertes et préjudices.

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La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) s’est tenue du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte. Cette conférence rassemble les pays signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui a été établie lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Elle est un lieu de discussions où les pays tentent de s’entendre sur les grands principes de la lutte contre les changements climatiques, ainsi que de créer des mécanismes et prendre des engagements concrets à cet effet, explique le Dr Sébastien Jodoin, professeur agrégé à la Faculté de droit de l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les droits humains, la santé et l’environnement.

Principaux enjeux

Selon le Dr Jodoin, deux thèmes principaux sont ressortis de cette COP: «Le premier thème consiste à déterminer comment être plus ambitieux dans la lutte contre les changements climatiques, et le deuxième thème est le débat sur les dommages et pertes causés par les changements climatiques», résume-t-il.

Le premier thème s’inscrit dans l’objectif d’atténuation des changements climatiques, c’est-à-dire dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cet objectif avait déjà été établi lors de l’Accord de Paris en 2015. Il avait été déterminé durant ce dernier que les pays devraient prendre des mesures plus ambitieuses pour atteindre leurs cibles de réduction de production de GES, afin de limiter le réchauffement climatique planétaire à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Cependant, il n’y pas eu de nouvelle cible établie depuis la dernière COP à Glasgow en 2021.

Il a toutefois été question d’abandonner certaines sources d’énergie comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel et même d’établir une date pour arrêter leur exploitation et leur production. À cet effet, Tuvalu, nation insulaire du Pacifique Sud, a appelé à adopter le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles qui est soutenu par plus de 70 villes, 100 lauréat·e·s du prix Nobel, 3 000 scientifiques et 1 800 organisations de la société civile, le Vatican, l’Organisation mondiale de la santé, la Nouvelle-Zélande et le Timor-Oriental. Le Parlement européen avait aussi voté une résolution appelant à la mise en place de ce traité en octobre dernier. Ce mécanisme international vise à mettre fin à toute nouvelle exploration et production de combustibles fossiles et à éliminer progressivement la production existante pour atteindre la cible climatique mondiale de 1,5 °C. Cependant, la COP27 s’est conclue sans engagments pour éliminer progressivement les combustibles fossiles.

Le deuxième thème est celui des réparations, qui consiste à déterminer la mise en place d’un mécanisme de financement des pays industrialisés pour les pays en voie de développement, afin de réparer les pertes et dommages causés par les changements climatiques. La question d’adopter ou non une telle mesure est un débat qui perdure depuis des décennies, explique Dr Jodoin. Par exemple, la proposition selon laquelle les mécanismes de financement pour compenser les pertes des changements climatiques devraient être liés à des mesures de réduction de GES plus strictes est controversée. La COP27 s’est conclue avec l’adoption d’une résolution sur la compensation des dégâts causés par les changements climatiques subis par les pays les plus pauvres. L’entente consiste entre autres à débloquer un fond «pertes et préjudices» pour les pays les plus touchés par les changements climatiques.

Le Canada

En ce qui concerne les engagements du Canada par rapport à l’atténuation des changements climatiques, le gouvernement n’a pas révisé sa cible de réduction des émissions de GES en vue de la COP27. En effet, le cabinet du ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, a fait savoir que la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, qui se situe entre 40 % et 45 %, rehaussée en avril 2021, restera la même. Pour le Dr Jodoin, ces cibles sont insuffisantes: «C’est décevant qu’il n’y ait pas plus ambition». En revanche, «ce qu’on voit aussi surtout au niveau du Canada, c’est que plusieurs fois, on s’est donné des cibles qui n’étaient pas réalistes et qu’on n’avait pas les plans pour les atteindre», ajoute-t-il. Donc, selon le Dr Jodoin, le Canada a opté pour des cibles plus modestes, mais qui sont soutenues par des plans plus réalisables que par le passé. «Évidemment, le mieux, ce serait des cibles ambitieuses et des plans pour les atteindre, et c’est possible», conclut-il. Greenpeace McGill partage également ce constat dans un commentaire transmis au Délit: «Pour une action réellement bénéfique pour le monde, il est indispensable de débarasser le monde de sa dépendance aux combustibles fossiles».

«Le premier thème consiste à déterminer comment être plus ambitieux dans la lutte contre les changements climatiques, et le deuxième thème est le débat sur les dommages et pertes causés par les changements climatiques»

Dr Sébastien Jodoin

Dans le cadre de la COP27, le Canada, avec les États-Unis, s’est cependant engagé à éliminer 75% des émissions nationales de méthane produites par les secteurs des combustibles fossiles comparé aux niveaux
de 2005 d’ici 2030. Toutefois, le Canada a refusé de soutenir l’appel à la non-prolifération des combustibles fossiles. «Que le Canada ne veuille pas s’engager à ça, ça n’a aucun sens. Peut-être que ça reflète l’influence des lobbys du pétrole», affirme Dr Jodoin. Par ailleurs, la COP27 a vu une augmentation du nombre de lobbyistes pétroliers présents, selon des chiffres compilés par l’ONG Global Witness. Le pavillon du Canada, une première pour le pays dans le cadre de la COP, a organisé à cet effet trois événements impliquant des représentants de l’industrie des énergies fossiles. Plusieurs intervenant·e·s et organisations, dont Environmental Defence, Climate Action Network Canada et Indigenous Climate Action, ont demandé que le Canada annule les événements et ceux subséquents. Greenpeace McGill se dit par ailleurs insatisfait des engagements du Canada: «Le Canada s’est incliné devant les entreprises de combustibles fossiles malgré les tentatives de se présenter comme l’un des leaders de la transition verte.»

Une pièce du casse-tête

«Les COP rappellent chaque année que le changement climatique est un fardeau pour nous tous·tes et que les responsabilités doivent être assumées par tous les pays dans une dynamique de coopération», rappelle Greenpeace McGill. Dr Jodoin rappelle également que la COP27 n’est qu’une partie des pistes de solutions. Étant donné que les décisions et les engagements pris par les pays lors de ces négociations ne sont pas contraignant, il faut relativiser son importance dans la lutte contre les changements climatiques. «La plus grande différence apportée par la COP, c’est que les pays comme la Chine et les États-Unis ont des plans climatiques beaucoup plus ambitieux qu’il y a 10 ans», explique Dr Jodoin. Il note que la plupart des décisions importantes se font au niveau des provinces, des capitales nationales, ainsi que des villes, qui peuvent mettre en place les transformations nécessaires.

Capacitisme environnemental

Dr Jodoin a d’ailleurs publié un rapport qui analyse les politiques climatiques canadiennes, (on en compte environ 85 aux niveaux fédéral, provincial et municipal). Son équipe de recherche a démontré que la très grande majorité de ces politiques n’incluent pas de mesures concrètes pour consulter les personnes en situation de handicap, ni ne proposent de solutions en terme de réduction de GES ou de mesures pour assurer la résilience climatique, c’est-à-dire la capacité des populations à s’adapter aux changements climatiques. Dr Jodoin explique qu’aujourd’hui, au Canada, les trois quart des personnes qui meurent d’événements climatiques extrêmes (comme les canicules), sont en situation de handicap. Cela démontre que ces personnes sont plus vulnérables aux changements climatiques. Ainsi, Dr Jodoin explique que le développement de solutions pour réduire les GES qui ne prennent pas en compte les besoins différenciés des personnes handicapées renforcent les barrières qu’elles vivent.

Pour Dr Jodoin, c’est la seconde édition de la COP ou les organisations de personnes handicapées sont présentes en grand nombre, mais beaucoup de travail reste à faire pour que les négociations soient inclusives pour les personnes en situation de handicap et que les décisions intègrent réellement leurs besoins: «les mêmes défis qu’on retrouve au Canada, on les retrouvent aussi au niveau de la COP».

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Loi 21: Une perspective féministe intersectionnelle à la Cour d’appel https://www.delitfrancais.com/2022/11/16/loi-21-une-perspective-feministe-intersectionnelle-a-la-cour-dappel/ Wed, 16 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49907 Deux organisations féministes conjuguent leurs forces pour prouver l’invalidité de la Loi 21.

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Le mardi 8 novembre dernier, les représentant·e·s de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et du Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes (FAEJ) ont été entendu·e·s à la Cour d’appel dans le cadre de l’affaire Hak c. Procureur général du Québec (Hak). L’objectif de leur démarche est de faire reconnaître que la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21) est inconstitutionnelle, puisqu’elle «porte atteinte au droit fondamental d’égalité des genres prévu à l’article 28 de la Charte canadienne des droits et libertés», peut-on lire dans le communiqué transmis au Délit par le FAEJ et la FFQ.

Le contexte de la contestation

La Loi 21, adoptée en 2019, empêche les personnes qui portent des signes religieux visibles d’exercer certaines fonctions publiques. La Loi fait appel notamment à la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés (Charte canadienne), qui permet aux gouvernements de déroger à certains droits et libertés, comme la liberté de religion ou le droit à l’égalité, pour une durée renouvelable maximale de cinq ans.

Même si la loi vise théoriquement tous les signes religieux, Mme Nathalie Léger, membre du FAEJ et porte-parole de la démarche conjointe, précise que, concrètement, elle affecte surtout les femmes musulmanes qui portent le voile et qui veulent être enseignantes. La Loi a été contestée en 2019 par plusieurs parties, dont Mme Ichrak Nourel Hak, une étudiante en enseignement qui porte le hijab. En 2021, le juge Marc-André Blanchard de la Cour supérieure a conclu au terme du procès que la Loi 21 violait les articles 3 et 23 de la Charte canadienne, qui protègent respectivement le droit à l’éligibilité aux élections législatives provinciales et les droits des minorités linguistiques. En vertu de ce jugement de première instance, la Loi 21 ne s’appliquerait donc pas aux candidat·e·s aux élections ni aux enseignant·e·s dans les commissions scolaires anglophones. Concernant l’argument fondé sur l’article 28 de la Charte canadienne, qui prévoit que les droits et libertés de cette Charte sont garantis également aux personnes des deux sexes (indépendamment des autres dispositions) le juge Blanchard a conclu que cet article ne peut servir à invalider des dispositions législatives, ayant seulement une portée interprétative, contrairement à l’article 15 qui prévoit le droit à l’égalité. La décision du juge Blanchard a été portée en appel.

Une alliance féministe intersectionnelle

Nathalie Léger explique au Délit que le FAEJ et la FFQ ont décidé de collaborer pour combiner leurs expertises respectives en vue de déposer un mémoire à la Cour d’appel dans le cadre de la contestation de la Loi 21. D’une part, le FAEJ détient une expertise juridique féministe pancanadienne, tandis que la FFQ détient une expertise de terrain en contexte québécois, lui permettant ainsi d’avoir une connaissance fine des enjeux en question dans le cadre de cette action légale. «On trouvait que c’était une alliance qui était porteuse pour les deux [organisations]», affirme-t-elle.

«Si l’on confère à cet article la portée défendue par la FFQ et le FAEJ, cela mènerait logiquement à la conclusion que la Loi 21 est inconstitutionnelle»

Le mandat commun de la FFQ et du FAEJ est de faire valoir le droit des femmes à l’égalité au Québec et au Canada. Ainsi, leur implication à titre d’intervenant ou «ami de la Cour», plutôt qu’en soutien à une partie a pour objectif d’éclairer la Cour sur une question précise, soit l’interprétation de l’article 28. Si l’on confère à cet article la portée défendue par la FFQ et le FAEJ, cela mènerait logiquement à la conclusion que la Loi 21 est inconstitutionnelle. Précisément, leur but est de fournir un cadre d’analyse dont la Cour pourrait s’inspirer et même adopter pour faire valoir le droit des femmes à l’égalité. «La Loi couvre beaucoup plus large que le droit des femmes à l’égalité, mais nous, ce qui nous intéresse, ce n’est pas la question de la laïcité en tant que telle. En intervenant de manière amicale, on rappelle que notre objectif central est le droit des femmes à l’égalité», affirme Nathalie Léger.

Le FAEJ et la FFQ ont choisi d’intervenir pour s’assurer que la Cour ait accès à une vision différente de celle qui est présentée par d’autres groupes féministes. En effet, l’intervention du FAEJ et de la FFQ a mis de l’avant une perspective féministe intersectionnelle à travers laquelle l’agentivité des femmes est reconnue. Leur vision s’oppose ainsi à des argumentaires tels que ceux présentés par d’autres groupes impliqués dans la contestation judiciaire, comme l’organisation Pour les droits des femmes du Québec, qui défend la Loi 21 en argumentant que ce sont les religions plutôt que la Loi qui portent atteinte à l’égalité.

L’article 28 pour invalider la Loi 21

Le mémoire de la FFQ et du FAEJ, soumis au tribunal le 25 mars dernier, se fonde ainsi sur l’article 28. Le mémoire argumente que l’article 28 a une portée interprétative, mais aussi normative, en ce qu’il permettrait de déclarer une loi inconstitutionnelle. Nathalie Léger explique qu’une des raisons pour lesquelles on doit donner cette portée normative à l’article 28 est que cette disposition représente un rempart pour ne pas mettre de côté le droit à l’égalité des genres, même lorsque la clause dérogatoire est utilisée, comme c’est le cas pour la Loi 21. «Ce serait une première que l’article 28 [soit] utilisé pour invalider une loi», précise-t-elle.

«La loi couvre beaucoup plus large que le droit des femmes à l’égalité, mais nous, ce qui nous intéresse, ce n’est pas la question de la laïcité en tant que telle. En intervenant de manière amicale, on rappelle que notre objectif central est le droit des femmes à l’égalité»

Nathalie Léger

La FFQ et le FAEJ mettent également en avant une approche intersectionnelle dans l’interprétation de l’article 28. L’intersectionnalité dans le contexte juridique est définie par Nathalie Léger comme étant la reconnaissance que les motifs de discrimination (comme le fait d’être une femme et de porter le voile) sont interreliés. L’intersection des motifs produit une discrimination unique, qui ne peut se résumer à leur addition. Nathalie Léger souligne que «les femmes voilées musulmanes [ressentent] un impact plus grand [de la Loi 21] que juste des femmes ou des musulmans». Leur mémoire précise que l’approche intersectionnelle doit guider l’analyse de l’article 28. Autrement, «l’on risquerait de mettre en œuvre une protection qui n’est pas inclusive et donc incomplète, en ce qu’elle autoriserait un législateur à adopter une loi dont l’effet réel est de compromettre les droits et libertés de groupes minoritaires d’un sexe», peut-on lire dans le mémoire.

À la question de savoir si la Cour est outillée et ouverte pour incorporer l’intersectionnalité à son analyse, Nathalie Léger répond que l’approche intersectionnelle est difficile à intégrer dans les mœurs juridiques. Les tribunaux sont prêts à reconnaître que c’est une notion importante, mais il est rare qu’ils l’appliquent substantiellement. Elle espère que dans ce cas-ci, la Cour adoptera une telle approche, mais elle mentionne que changer le droit se fait souvent à petits pas.

Les audiences à la Cour d’appel ont eu lieu du 7 au 18 novembre. Selon Nathalie Léger, le dossier se rendra certainement en Cour suprême étant donné les nombreuses contestations croisées et l’importance du dossier.

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Marqueur de genre « X » à McGill https://www.delitfrancais.com/2022/11/09/marqueur-de-genre-x-a-mcgill/ Wed, 09 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49759 Les étudiant·e·s peuvent indiquer le marqueur de genre légal « X » dans leurs dossiers.

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Le 13 octobre dernier, le McGill Reporter annonçait l’introduction d’un marqueur de genre «X» dans les documents de l’Université McGill. Les étudiant·e·s et les candidat·e·s aux études universitaires de McGill peuvent maintenant indiquer leur marqueur de genre légal comme «X» dans leurs dossiers institutionnels pour que ceux-ci puissent correspondre à leurs documents juridiques. Cette nouveauté a été mise en place à la suite de l’adoption du projet de loi 2, soit la Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits de la personnalité et d’état civil. «Il s’agit d’une mise à jour importante de nos systèmes qui permet aux étudiants et aux candidats de sentir que leur identité réelle et leur identité légale sont reconnues et prises en compte à McGill», affirme au Délit l’agente des relations avec les médias de l’Université McGill, Frédérique Mazerolle.

Une procédure administrative

Les étudiant·e·s et candidat·e·s de McGill doivent entamer des démarches administratives qui consistent à soumettre le formulaire de modification des données personnelles et fournir une copie d’un document légal (tel qu’un certificat de naissance ou un permis d’immigration) dans lequel le marqueur de genre est identique à celui indiqué dans le formulaire. Il faut donc que la personne qui souhaite changer son marqueur de genre au niveau institutionnel ait préalablement fait ce type de démarche au niveau gouvernemental.

«Il s’agit d’une mise à jour importante de nos systèmes qui permet aux étudiants et aux candidats de sentir que leur identité réelle et leur identité légale sont reconnues et prises en compte à McGill»

Frédérique Mazerolle

Cette procédure s’ajoute à celle du «prénom privilégié» qui permet aux étudiant·e·s d’utiliser un prénom différent de leur prénom légal. Ces deux processus demeurent distincts étant donné qu’ils sont associés à des exigences juridiques différentes vis-à-vis du gouvernement provincial. Frédérique Mazerolle indique à cet effet que le genre légal doit correspondre aux documents légaux soumis par les étudiant·e·s et candidat·e·s, tandis que le prénom privilégié n’est pas soumis à ce type de réglementation. Elle ajoute que l’Université étudie «la possibilité d’actualiser la terminologie du “prénom privilégié” au “prénom usuel” conformément aux recommandations du sous-comité sur les personnes LGBTQ+ du Comité mixte du Sénat et du Conseil des gouverneur·e·s chargé des questions d’équité».

Une reconnaissance ou un changement structurel?

Contacté·e par Le Délit, Brooklyn Frizzle, coordonnateur·ice administratif·ve de Queer McGill, salue cette étape nécessaire à la reconnaissance des identités des personnes queer sur le campus. Cependant, iel questionne pourquoi McGill a attendu l’adoption de ce projet de loi provincial pour implémenter un système de marqueur de genre «X» à l’interne. De plus, iel met en lumière certaines inquiétudes concernant les mesures concrètes prises par l’Université pour que l’ajout du marqueur de genre X puisse être une pratique connue et respectée qui assure la sécurité des personnes trans et non-binaires.

«Quelles mesures seront prises pour que les autres élèves et le personnel respectent les noms et les pronoms des élèves trans et non-binaires?»

Brooklyn Frizzle

«Quelles mesures seront prises pour que les autres élèves et le personnel respectent les noms et les pronoms des élèves trans et non-binaires?», questionne Brooklyn Frizzle. D’ailleurs, iel insiste sur la nécessité d’apporter le changement plutôt que d’y réagir: «Le leadership de McGill doit être prêt à prendre des mesures novatrices, voire controversées, pour protéger leurs étudiant·e·s et leur personnel trans et non-binaires».

Frédérique Mazerolle assure à ce sujet que la Gestion de l’effectif étudiant a averti les équipes de communication et celles et ceux qui sont en contact direct avec les étudiant·e·s pour les informer des meilleures pratiques à adopter concernant les sujets liés au genre. De plus, elle rapporte que la Gestion de l’effectif étudiant envisage actuellement l’implantation de l’utilisation des pronoms plutôt que du genre dans les rapports où le genre n’est pas légalement requis. 

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« Le silence, c’est la violence » https://www.delitfrancais.com/2022/11/09/le-silence-cest-la-violence/ Wed, 09 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49764 Les manifestations en soutien aux femmes iraniennes continuent.

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Le samedi 29 octobre dernier avait lieu à Montréal une nouvelle manifestation en soutien aux femmes iraniennes, qui continuent leur lutte contre le régime théocratique autoritaire en Iran. Depuis le décès de la jeune Iranienne Mahsa Amini, survenu le 16 septembre dernier à Téhéran, les Iranien·ne·s ont pris la rue pour demander la fin de ce régime, et leurs manifestations ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre. La lutte des femmes iraniennes a trouvé un fort écho à l’international. Au Canada, des manifestations de soutien ont lieu depuis plusieurs semaines. La semaine dernière, l’une d’entre elles a même été rejointe par le premier ministre du Canada Justin Trudeau. La manifestation montréalaise de samedi dernier, qui comptait près de 500 personnes, avait lieu devant l’Université McGill et s’étendait le long de la rue Sherbrooke. Le Délit s’est rendu sur place.

Anouchka Debionne | Le Délit

Des manifestant·e·s sont vêtu·e·s de toges blanches tachées de rouge, symbolisant les victimes de violences du gouvernement iranien. Il·elle·s portent au centre la photo de Mahsa Amini et lèvent leurs mains en signe de protestation et de soutien.

Anouchka Debionne | Le Délit

Les manifestant·e·s brandissent une affiche portant le slogan «Femme, vie, liberté (Women, Life, Freedom)». Un peu plus loin, sur le long de la clôture qui ceinture l’enceinte du campus de l’Université McGill, les manifestant·e·s tiennent une longue affiche sur laquelle on peut lire «Non à la République islamique (No to the Islamic Republic)».

Anouchka Debionne | Le Délit

Le slogan des manifestations «Femme, Vie, Liberté» en Iran faisait écho ici à Montréal. L’organisation était remarquable: les manifestant·e·s laissaient la place aux piéton·ne·s sur le trottoir pour les interpeller avec leurs panneaux, sur lesquels on pouvait lire «Il·elle·s tuent des enfants (They kill children)», «Le silence, c’est la violence (Silence is violence)» et «Cessez de serrer leurs mains ensanglantées (Stop shaking their bloody hands)». Les manifestant·e·s invitaient également les passant·e·s à se renseigner et à signer des pétitions d’Amnistie internationale.

Anouchka Debionne | Le Délit

Une ligne de manifestant·e·s s’était formée le long de la rue Sherbrooke. Chacun·e brandissait un panneau, un drapeau iranien ou une affiche montrant le visage et le témoignage d’individus ayant observé la violence infligée par le gouvernement iranien. La plupart des personnes ainsi représentées étaient des jeunes de 16 à 18 ans, tué·e·s ou emprisonné·e·s pour avoir «manqué de pudeur» selon le gouvernement iranien.

→ Voir aussi: « Femme, vie, liberté ! »

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Exposition sur l’histoire de l’activisme LGBTQIA2S+ à McGill https://www.delitfrancais.com/2022/11/02/exposition-sur-lhistoire-de-lactivisme-lgbtqia2s-a-mcgill/ Wed, 02 Nov 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49602 Une collection d’archives relate l’histoire de l’activisme queer à McGill.

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Le 27 octobre dernier, dans une salle pratiquement comble de la section Livres rares et collections spéciales (ROAAr) de la bibliothèque McLennan, a eu lieu le vernissage de l’exposition sur l’activisme de la communauté LGBTQIA2S+ à l’Université McGill, du milieu du 20siècle jusqu’à aujourd’hui. Cette exposition met en scène une panoplie d’archives qui relate l’histoire de l’activisme LGBTQIA2S+ sur le campus. En plus d’être exposée au premier étage de la bibliothèque McLennan, l’exposition est accessible en ligne sur la plateforme airtable pour une durée de dix ans au moins.

Les portes des Livres rares et Archives ouvertes

L’instigatrice du projet, Dre Alexandra Ketchum, chargée de cours à l’Institut sur le genre, la sexualité et les études féministes de McGill (Institute for Gender, Sexuality, and Feminist Studies ou IGSF, ndlr) et son assistant de recherche et étudiant au premier cycle à l’Institut, Jacob Williams, en compagnie de ses co-commissaires, incluant entre autres les Archives lesbiennes du Québec, Queer McGill, les Archives gaies du Québec et la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), ont organisé un vernissage pour aller à la rencontre de la communauté et lui présenter le projet. «L’objectif de cette exposition est non seulement de mettre en valeur les collections d’archives, mais aussi de les rendre plus accessibles et de briser les barrières entre la communauté et cet espace de la bibliothèque. Le quatrième étage [de la bibliothèque] étant fermé, ce vernissage est une façon d’ouvrir les portes et de le rendre moins effrayant», a débuté Dre Ketchum lors de sa présentation du projet au public. «Je souhaite que les chercheur·se·s et les étudiant·e·s puissent connaître les ressources qui sont à leur disposition et que ça puisse les inciter à en profiter», a‑t-elle ajouté.

Mettre en valeur la force et la résilience

En entrevue avec Le Délit, Dre Ketchum a expliqué sa démarche de création du projet. Son émergence est motivée par deux raisons principales. D’abord, la pandémie a étiolé les liens existants entre les étudiant·e·s, les organisations, le personnel, et le corps enseignant sur le campus. D’ailleurs, les nouveaux·lles étudiant·e·s avaient moins de ressources pour apprendre à connaître les organisations, les ressources et les services sur le campus durant cette période. Ensuite, la professeure souhaitait mettre en valeur la force et la résilience des activistes tout en célébrant la joie queer (queer joy) sur le campus. À ces deux raisons s’ajoute la frustration exprimée par Dre Ketchum face au manque de ressources concernant l’histoire queer à McGill. Le mandat des Archives de McGill se limite à l’histoire institutionnelle, laissant ainsi de côté les archives étudiantes, fait ressortir Dre Ketchum. D’ailleurs, les discours institutionnels de diversité, d’équité et d’inclusion tendent à laisser de côté les expériences queers sur le campus, ajoute-elle.

«C’est très important de garder une trace et de colliger du matériel sur l’activisme queer pour l’histoire institutionnelle et plus encore»

Dre Alexandra Ketchum

Cumulant plus de 400 heures de travail, la mise sur pied de l’exposition a consisté à collecter le matériel d’archives, à l’examiner, à le catégoriser et finalement à le numériser. Le contenu de l’exposition est séparé en cinq thèmes: programmes académiques; contre-coups (backlash); joie queer; événements, organisations et clubs LGBTQIA2S+ ; VIH/Sida et santé. Pour Dre Ketchum, le plus difficile de la recherche résidait dans l’identification des sources d’information. Plusieurs organisations étudiantes ne disposaient pas d’informations à jour, poussant donc son équipe et elle à passer par des connexions personnelles pour accéder aux archives des organisations. Bien que ce travail de recherche ait demandé énormément de travail émotionnel, confrontant parfois les commissaires à des moments douloureux de l’histoire LGBTQIA2S+, il a offert des moments de joie à l’équipe en révélant les efforts, les luttes, le courage et la joie des étudiant·e·s. En plus de collecter les archives, il était important pour Dre Ketchum de rendre l’accès à l’information facile. Ainsi, l’exposition contient des tutoriels pour les chercheur·se·s et enseignant·e·s qui voudraient utiliser le matériel pour leurs cours, ainsi que des questions de recherche pour guider les étudiant·e·s qui seraient intéressé·e·s à mobiliser ces ressources.

Kit, candidat·e au doctorat en communications à McGill, partage son impression de ce projet: «L’exposition en ligne est géniale, car elle nous fait réfléchir aux manières possibles de faire vivre ces ressources au-delà de l’exposition physique. J’aime aussi beaucoup l’onglet “choix des commissaires”, car il aide à naviguer à travers la grande quantité et variété des ressources».

Reconstituer l’histoire par le travail d’archives

Après le discours de Dre Ketchum lors du vernissage, Jacob Williams, assistant de recherche qui a contribué au projet, a enchaîné sur son expérience de numérisation des archives collectées: «Ce fut une belle expérience de parcourir en profondeur cette histoire dont personne ne se souvient et de la faire vivre à nouveau». «C’est très important de garder une trace et de colliger du matériel sur l’activisme queer pour l’histoire institutionnelle et plus encore», renchérit Dre Ketchum. Lors de la présentation de sa contribution au projet, Adria Seccareccia, archiviste et bibliothécaire de liaison aux Livres rares et collections spéciales de l’Université McGill, a brièvement détaillé comment ce type de travail d’archives arrive à raconter une version différente de l’histoire: «Le travail d’archivage consiste à tomber sur des histoires documentées de façon non intentionnelle. Dans ce cas-ci, nous ne pouvions pas entrer directement dans l’histoire queer, car elle n’avait pas été écrite. Quelques collections en sont démonstratives, comme les journaux étudiants qui constituent une bonne source pour retracer des versions alternatives de l’histoire de l’Université McGill », a‑t-elle expliqué.

L’exposition à la bibliothèque McLennan est en cours jusqu’au 22 décembre 2022 ainsi qu’en ligne pour au moins 10 ans sur airtable.

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Modifications à la Politique contre la violence sexuelle https://www.delitfrancais.com/2022/10/26/modifications-a-la-politique-contre-la-violence-sexuelle/ Wed, 26 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49480 Le Conseil des gouverneurs a approuvé les changements le 6 octobre dernier.

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Le 6 octobre dernier, le Conseil des gouverneurs a accepté des modifications apportées à la Politique contre la violence sexuelle de l’Université McGill (ci-après «la Politique»). Dans un courriel envoyé le 14 octobre dernier à la communauté mcgilloise, Christopher Manfredi, le principal intérimaire, et Maryse Bertrand, présidente du Conseil des gouverneurs de l’Université McGill, indiquaient que ces modifications répondent à trois changements majeurs, survenus depuis la dernière révision en 2019 : la création du Bureau de la médiation et du signalement au sein de l’institution ainsi que des modifications au processus d’enquête et dans la législation québécoise.

Contactée par Le Délit, Frédérique Mazerolle, l’agente des relations avec les médias de l’Université McGill, nous a informé que la Politique contre la violence sexuelle de McGill, initialement approuvée en 2016, est révisée tous les trois ans par un groupe de travail dont la composition est définie par la Politique et qui a le mandat de revoir la Politique et d’y proposer des modifications. Les recommandations de cette année ont été approuvées par le Sénat de McGill le 21 septembre dernier, puis par le Conseil des gouverneurs le 6 octobre dernier. «Les révisions importantes de la Politique comprennent des modifications qui reflètent les nouvelles ressources internes (par exemple, le Bureau de la médiation et du signalement) ainsi que les observations des membres du groupe de travail qui renforceront les efforts d’éducation et rendront les processus d’enquête plus efficaces», détaille Frédérique Mazerolle.

Bureau de la médiation et du signalement

Le Bureau de la médiation et du signalement fait partie de l’équipe chargée des questions d’équité, située dans le bureau du doyen et vice-principal académique. Il est chargé de recevoir et de répondre aux rapports officiels de violence sexuelle, de discrimination et de harcèlement. Le Bureau de la médiation et du signalement est défini comme le «service de l’Université qui reçoit les signalements de violence sexuelle» dans la nouvelle Politique contre la violence sexuelle. Tous·tes les membres de la «communauté universitaire» mcgilloise, incluant les employé·e·s, étudiant·e·s et enseignant·e·s, sont couvert·e·s par la Politique et peuvent donc porter plainte à cet organe institutionnel. Toujours en vertu de la Politique, les signalements de violence sexuelle doivent être déposés auprès du Bureau de la médiation et du signalement, qui procédera à un examen initial conformément à la procédure en place. Kerry Yang, vice-président aux affaires universitaires de l’Association des étudiant·e·s de McGill (AÉUM), accueille positivement l’intégration du Bureau de la médiation et du signalement dans la Politique : «La nouvelle politique est beaucoup plus claire quant au fonctionnement de la structure de signalement et à qui les gens doivent s’adresser, soit au Bureau de la médiation et du signalement, et comment le processus fonctionne», affirme-t-il.

«Les établissements d’enseignement supérieur sont dans l’obligation de divulguer les résultats disciplinaires aux survivant·e·s qui en font la demande si l’enquête a mené à un constat de violence sexuelle»

Récents changements législatifs

La Politique répond également à la nouvelle Loi 25, soit la loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels, qui est entré progressivement en vigueur le 22 septembre dernier. Cette dernière modifie l’article 4 de la loi visant à prévenir et à combattre la violence sexuelle dans les établissements d’enseignement supérieur, nous a fait savoir Frédérique Mazerolle. Elle explique qu’en vertu de cette nouvelle loi, les établissements d’enseignement supérieur sont dans l’obligation de divulguer les résultats disciplinaires aux survivant·e·s qui en font la demande si l’enquête a mené à un constat de violence sexuelle.

Comment ce processus prend-il forme à McGill? Frédérique Mazerolle explique qu’à la suite d’une enquête et d’un rapport disciplinaire, les survivant·e·s peuvent désormais demander au Bureau de la médiation et du signalement des renseignements sur les mesures prises par l’Université à l’égard de l’intimé·e, c’est-à-dire le membre de la communauté universitaire qui aurait, selon le signalement, commis un acte de violence sexuelle tel que défini dans la Politique, qui a été nommé dans leur rapport à la suite d’une enquête et d’un rapport disciplinaire. Le Bureau de la médiation et du signalement pourra alors transmettre l’information confidentielle à le·a victime. L’information transmise inclut les mesures disciplinaires et/ou administratives qui ont été imposées à l’intimé·e et, si tel est le cas, leur nature.

«L’AÉUM est ravie que les personnes survivantes puissent maintenant recevoir les résultats d’une enquête, ce qu’elles ne pouvaient pas obtenir auparavant»

Kerry Yang

Pour Kerry Yang, l’accès aux résultats de l’enquête a été un enjeu pour lequel la communauté étudiante s’était grandement mobilisée en 2017. Cependant, en raison des lois québécoises sur la protection de la vie privée, cette demande n’avait pas pu être intégrée dans la révision précédente de la Politique. Les récents changements législatifs, coïncidant avec la révision de la Politique, ont donc pu être reflétés dans sa nouvelle version. «L’AÉUM est ravie que les personnes survivantes puissent maintenant recevoir les résultats d’une enquête, ce qu’elles ne pouvaient pas obtenir auparavant», affirme Kerry Yang.

McGill «profondément engagée à lutter contre les violences sexuelles»

Frédérique Mazerolle affirme que la lutte contre les violences sexuelles est un engagement important pour l’Université McGill : «[L’Université] reste profondément engagée à soutenir les survivant·e·s et à oeuvrer en faveur d’un environnement exempt de violence sexuelle.» Elle ajoute qu’il y a des ressources disponibles tel que le Bureau d’intervention, de soutien et d’éducation en matière de violence sexuelle (OSVRSE) qui offre diverses formes d’accompagenement telles que des conseils pour porter officiellement plainte, un service d’intervention en cas de crise et du soutien basé sur la prise en compte des traumatismes. Cependant, Kerry Yang aimerait voir davantage de collaboration avec l’administration en ce qui concerne la violence sexiste et sexuelle qui touche la communauté étudiante. Néanmoins, «pour ce qui est de la politique elle-même, c’est un bon pas en avant» conclut-il.

→ Voir aussi : https://www.delitfrancais.com/2021/11/16/nouvelle-ressource-pour-les-victimes-de-harcelement-de-discrimination-et-violences-sexuelles/

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Deuxième édition du congé d’automne à McGill https://www.delitfrancais.com/2022/10/19/deuxieme-edition-du-conge-dautomne-a-mcgill/ Wed, 19 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49292 Résultat de plusieurs années de négociations.

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Tandis que les étudiant·e·s de l’Université Concordia étaient en grève pour réclamer une semaine de relâche en automne, les mcgillois·e·s ont pu profiter pour une deuxième année d’un congé d’automne tenu les 11 et 12 octobre derniers. Cependant, contrairement à la majorité des universités du Québec, la communauté mcgilloise ne bénéficie toujours pas d’une semaine entière de lecture, en plus des congés nationaux comme l’Action de grâce.

Comme les étudiant·e·s de l’Université Concordia à l’heure actuelle, la communauté étudiante mcgilloise a dû se mobiliser pendant plusieurs années pour finalement trouver un terrain d’entente avec l’administration de McGill pour implanter un congé d’automne. En effet, il faut remonter aussi loin qu’en 2015 pour trouver la première proposition d’une semaine de lecture qui a été discutée lors d’un conseil de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), suite à un sondage envoyé aux étudiant·e·s par la Gestion de l’effectif étudiant (Enrolment Services) qui avait reçu plus de 5 000 réponses.

À cette étape initiale de la proposition, un compromis avait été établi, de sorte que le modèle à adopter serait d’ajouter deux jours de congé suivant l’Action de grâce. C’est en 2018, cependant, que les discussions se sont accélérées pour la mise en place de la semaine de lecture. Lors d’un référendum organisé par l’AÉUM, 96,6 % des répondant·e·s étudiant·e·s de premier cycle ont voté en faveur de la proposition. S’est ensuivie la formation d’un comité ad hoc comprenant des représentant·e·s de la Gestion de l’effectif étudiant, du Registraire de l’Université, des Facultés de médecine, d’ingénierie et de sciences, l’AÉUM, de l’Association des étudiants en deuxième cycle (Post-Graduate Students’ Society, PGSS) et de l’Association des étudiants du campus de Macdonald (AÉCM). Ce comité avait pour mandat d’examiner les diverses propositions et scénarios ainsi que les compromis à faire pour mener à l’implantation de la semaine de lecture.

Un consensus

Il a été établi au terme de ce processus consultatif que le trimestre d’automne devrait commencer le plus tôt possible, soit avant la fête du Travail, tout en évitant de déplacer la fin de semaine de déménagement une semaine plus tôt. «La principale raison invoquée par les étudiants pour justifier cette préférence est qu’ils ont besoin de temps pendant l’été pour travailler. Les instructeurs nous ont fait part de préoccupations similaires concernant la participation à des conférences et le travail de recherche critique à la fin du mois d’août», nous informe Frédérique Mazerolle, l’agente de relation avec les médias de l’Université McGill.

«La durée de la semaine de lecture d’automne varie d’une année à l’autre»

Frédérique Mazerolle

Questionnée par Le Délit pour savoir pourquoi le congé d’automne ne dure pas une semaine complète indépendamment des congés de fêtes nationales, Frédérique Mazerolle nous informe qu’il est question de respecter le calendrier de l’Université. Conformément aux exigences établies par le guide d’établissement des dates importantes du Sénat, il faut préserver les 130 jours d’enseignement pendant les sessions d’automne et d’hiver réunies, et donc 13 semaines d’enseignement par session pour pouvoir avoir une semaine de congé. «La durée de la semaine de lecture d’automne varie d’une année à l’autre, en fonction de la date de la fête du Travail en septembre (de trois jours, y compris le lundi de l’Action de grâce, à cinq jours, y compris le lundi de l’Action de grâce) », nous informe Frédérique Mazerolle.

On peut donc comprendre pourquoi le nombre de jours de congé d’automne varie chaque année et les journées «manquées» sont rattrapées en occasionnant des changements d’horaire. En effet, en 2021, le congé comportait trois jours en plus de celui de l’Action de grâce; en 2024, il y aura quatre jours de congé en plus de la journée de l’Action de grâce; en 2026, les journées de congé seront du 9 au 14 octobre, incluant la fin de semaine et l’Action de grâce, ce qui donne en réalité trois jours de congé d’automne.

Cette instabilité occasionne des inquiétudes chez certain·e·s étudiant·e·s: «C’est un peu mélangeant le changement d’horaire qu’occasionne le congé. Il est également un peu court, et c’est dommage, car les étudiant·e·s n’ont pas beaucoup de temps pour se relaxer et se préparer pour leurs examens de mi-session» nous partage Alexandrine, une étudiante en droit à McGill.

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Panel journalistique sur les élections https://www.delitfrancais.com/2022/10/05/panel-journalistique-sur-les-elections/ Wed, 05 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49160 Des journalistes passent en revue les thèmes marquants de la campagne électorale.

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À la veille du scrutin, des journalistes ont passé en revue les thèmes et les moments marquants de la campagne électorale. Le 30 septembre dernier a eu lieu le panel «Les élections provinciales québécoises de 2022: un examen critique (tdlr) » mettant en conversation Holly Cabrera, journaliste numérique pour CBC News, Allison Hanes, chroniqueuse pour la Montreal Gazette et Jonathan Montpetit, ancien journaliste d’enquête pour CBC News. L’événement était animé par Pr Daniel Béland, professeur au Département de science politique de l’Université McGill et directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill, et modéré par Mohammad Mansoor, étudiant de premier cycle en études québécoises. L’événement était organisé par le Programme d’études québécoises de l’Université McGill en collaboration avec l’Association des étudiants et étudiantes en études québécoises, l’Institution McGill pour l’étude du Canada et le Centre de recherche interdisciplinaire sur Montréal.

Une campagne électorale polarisée

Mohammad Mansoor a lancé la discussion en demandant si la campagne électorale provinciale 2022 a été réellement ennuyante comme certain·e·s l’avaient affirmé en début de campagne. «Plusieurs enjeux importants ont été soulevés», s’est lancé monsieur Montpetit. «Il y a eu beaucoup plus que la question de qui sera la prochaine opposition officielle à la CAQ», a ajouté Holly Cabrera. «Il s’agit d’une élection à cinq courses. L’électorat a un large éventail de choix et il reste à savoir sur quoi il faut faire pression : les changements climatiques? Les thèmes de la diversité et de l’inclusion? », a renchéri Allison Hanes.

Les panélistes s’entendaient également sur les enjeux les plus marquants de la campagne, soit les changements climatiques et l’immigration. Questionné·e·s si les partis n’ont pas saisi l’urgence de la situation, Jonathan Montpetit a répondu: «Certains partis considèrent les changements climatiques comme une opportunité économique. Cela masque le fait que des décisions très difficiles doivent être prises dès maintenant. Pour moi, ce moment a souligné à quel point le thème de l’environnement est traité de manière conflictuelle par les partis». Holly Cabrera a ajouté que, malgré le fait que Québec solidaire soit le parti qui parle le plus de la lutte contre la crise climatique, certain·e·s trouvent qu’il ne va pas assez loin, ce qui démontre la complexité de la polarisation autour de la question environnementale.

«Il y a une grande polarisation autour de la question environnementale»

Holly Cabrera

Le thème de la santé n’a pas été mis de l’avant autant que prévu lors de la campagne électorale. De plus, les enjeux autochtones ont eu une faible présence dans les débats. Tous·tes s’entendaient pour dire que ce manque d’attention est symptomatique d’un phénomène structurel où les Québécois·e·s font encore preuve de beaucoup de déni quant à la responsabilité du gouvernement provincial par rapport aux situations vécues par les communautés autochtones, au racisme systémique, et à l’histoire coloniale du Québec. Mohammad Mansoor leur a par ailleurs demandé d’expliquer l’absence d’un enjeu central autour duquel se serait orientée la campagne. Pour les panélistes, contrairement aux prédictions de plusieurs analystes, cette élection ne confirmera pas totalement le changement de polarisation autour de l’axe souverainiste et fédéraliste vers l’axe gauche et droite.

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Une élection qui confirme le réalignement des forces partisanes? https://www.delitfrancais.com/2022/09/28/une-election-qui-confirme-le-realignement-des-forces-partisanes/ Wed, 28 Sep 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49014 Pr Bélanger partage son analyse des élections provinciales.

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Éric Bélanger, professeur titulaire au Département de science politique à l’Université McGill, présente son analyse du contexte électoral qui sous-tend les élections provinciales de 2022. Pour ce faire, il s’appuie sur l’analyse étayée de son dernier livre co-rédigé avec Jean-François Daoust, Valérie-Anne Mahéo et Richard Nadeau, Le nouvel électeur québécois (2022), publié aux presses de l’Université de Montréal. La discussion s’est structurée autour des déterminants du vote, en utilisant l’outil de l’entonnoir de causalité. Ce dernier permet de comprendre le comportement électoral en étudiant quatre facteurs allant du plus éloigné au plus proche de l’exercice du vote: les données sociodémographiques, les orientations idéologiques, les enjeux de campagne, et la manière dont sont perçu·e·s les chef·fe·s des partis politiques. Nous avons centré notre discussion principalement sur les trois derniers facteurs.

Le Délit (LD): Les orientations idéologiques, soit les valeurs et orientations de l’électorat, font partie des déterminants du vote qui se mesurent et s’établissent sur le long-terme. Vous notez des transformations qui auraient pour incidence de contribuer à, et je cite votre livre : « redéfinir l’espace partisan au Québec ». D’abord, quels sont ces clivages et quels changements observez-vous?

Éric Bélanger (EB): Il y a trois grands clivages qui sont au centre du système partisan québécois. Le premier clivage est d’ordre constitutionnel et suit l’axe du oui ou du non: est-ce qu’on veut un projet de souveraineté? Ce clivage n’est plus saillant, en ce qu’il ne détermine plus la dynamique électorale aujourd’hui. Ensuite, il y a le clivage entre la gauche et la droite économiques: est-ce qu’on veut plus ou moins d’intervention de l’État? À cet effet, on voit le Parti conservateur du Québec (PCQ) qui veut couper la place de l’État dans la société et dans la vie des citoyens, tandis que Québec solidaire (QS) souhaite renforcer ce type interventionniste. C’est un clivage qui a souvent été présent au Québec, particulièrement depuis la Révolution tranquille. Le troisième clivage oppose la gauche à la droite culturelles, qui tourne davantage autour de nouveaux enjeux.

LD: Ce nouveau clivage, vous l’appelez dans votre livre le clivage libéral/autoritaire. Qu’est-ce qui vous a mené à cette appellation?

EB: Dans la littérature actuelle, il n’y a pas de consensus sur la nomenclature de ce nouveau clivage, même au sein de notre équipe de quatre auteurs! Toutefois, on avance dans le livre l’argument qu’il y a un nouvel axe qui englobe les questions liées aux changements du début du 21siècle. Cet axe libéral/autoritaire chapeaute les questions sur l’immigration et sur l’environnement, car elles ont la même source, soit les transformations du capitalisme. Depuis quelques décennies, l’immigration augmente au Québec parce qu’on a besoin de main‑d’œuvre. L’essentiel, donc, c’est de se questionner à savoir si on impose un certain nombre de règles d’intégration aux nouveaux arrivants, ou est-ce qu’on les laisse entièrement libres de vivre avec leurs différences. La position plus autoritaire de la CAQ, c’est de dire: «on va quand même imposer un certain nombre de manières de faire à cette population immigrante-là parce qu’on veut qu’elle s’intègre à la majorité francophone». Donc, on va imposer la loi 96 et la loi 21, par exemple.

LDOù se retrouvent les changements climatiques dans ce clivage?

EB: La colle entre les deux enjeux, c’est que les changements climatiques sont également amenés par les transformations du modèle capitaliste, notamment par un accroissement de la production et de la consommation, ce qui amène davantage de pollution et une accélération des changements climatiques. Je vois cet enjeu davantage en termes de préoccupations, car tous les partis vont se dire en faveur de la protection de l’environnement. Dans la littérature sur les comportements électoraux, on parle d’un enjeu de valence, c’est-à-dire que tout le monde est d’accord sur l’objectif, mais là où les partis et les électeurs vont se différencier, c’est par la manière d’atteindre l’objectif, en termes de moyens et d’efforts. Par exemple, QS montre que c’est sa priorité, tandis que la CAQ affirme que c’est important, mais qu’elle a d’autres priorités.

LDPour poursuivre dans l’analyse de l’entonnoir de causalité, les enjeux de campagne sont d’autres déterminants du vote. Quels seraient les principaux enjeux pour cette campagne-ci?

EB: À nouveau, l’immigration et les changements climatiques sont les enjeux de campagne principaux, et à ceux-ci s’ajoute la langue. La CAQ a adopté la loi 96, mais le PCQ a le beau jeu de dire que ça ne va pas assez loin. Parmi les partis en place actuellement, c’est eux qui proposent d’aller le plus loin. Donc, ça leur permet de rallier les nationalistes et les indépendantistes. L’autre raison pour laquelle la langue est un enjeu de campagne, c’est que juste avant le début de la campagne, les données du nouveau recensement ont été dévoilées. Il montre que le déclin du français continue. C’est une érosion qui est lente mais qui ne s’arrête pas.

«L’immigration et les changements climatiques sont les enjeux de campagne principaux, et à ceux-ci s’ajoute la langue»

Éric Bélanger

LDEt puis, le dernier déterminant du vote est celui de l’influence des chef·fe·s des principaux partis. De quelle manière ce facteur semble-t-il influencer cette campagne-ci?

EB: D’abord, monsieur St-Pierre-Plamondon s’est bien fait connaître, ce qui a le potentiel d’aider son parti. À l’inverse, madame Anglade a une difficulté à s’imposer. Je pense qu’elle est une bonne cheffe avec des bonnes idées, mais on dirait que ça ne colle pas aussi bien qu’on aurait voulu. Pour monsieur Legault, on a vu qu’il n’est pas vraiment un bon «campaigner». Je pense qu’il était très aimé en 2018, mais ce n’était pas non plus la campagne du siècle en 2018, et ça paraît plus encore cette année. On sent qu’il n’est pas si à l’aise que ça dans les débats et que son bilan est difficile à défendre. J’ai trouvé Gabriel Nadeau-Dubois franchement bon durant la campagne. C’était un peu un pari de le mettre à l’avant-plan étant donné qu’il est jeune, mais c’est un pari assez réussi.

LDUn nouvel élément s’est ajouté dans le paysage électoral québécois à l’élection actuelle, soit la montée du Parti conservateur du Québec. Quelle serait votre analyse quant à sa présence actuelle sur la scène politique?

EB: Le Parti conservateur canalise le mécontentement chez la frange de la population qui n’a vraiment pas apprécié la place de l’État durant la pandémie. On parle d’un pôle libertarien que Maxime Bernier a essayé de canaliser en se présentant au fédéral. Peut-être que le chef va aider: Éric Duhaime a l’air plus articulé, mieux posé, plus sérieux. La plupart des mesures sanitaires lors de la pandémie ont aussi été adoptées par les gouvernements provinciaux. Ça peut être une force d’attraction qui mènera les partisans de monsieur Duhaime à aller voter lors de cette élection provinciale.

LDPour conclure, dans votre livre, vous affirmez que l’élection de 2018 est une élection de réalignement. Selon vos prédictions, comment catégoriseriez-vous l’élection de 2022?

EB: Ça a le potentiel d’être une élection de confirmation qui pourrait venir affermir ce nouvel alignement des forces partisanes. Je dirais que la question de l’identité de la véritable opposition à la CAQ demeure. Il y a des éléments qui pointent vers QS, mais en même temps, on n’a pas l’impression que QS va émerger si fortement que ça encore.

L’élection de 2022 serait donc une élection qui confirme la tendance vers une transformation des comportements électoraux autour de nouveaux clivages idéologiques, délaissant l’axe souverainisme/fédéralisme pour des enjeux tels que l’immigration et l’environnement. Cependant, il ne s’agit pas tout à fait encore d’une élection qui cristallisera ces nouvelles forces partisanes.

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Mêmes discours, nouveaux formats https://www.delitfrancais.com/2022/09/28/memes-discours-nouveaux-formats/ Wed, 28 Sep 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49031 La cyberviolence misogyne vue par Je vous salue salope.

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Il y a de ces données qui deviennent incalculables pour l’esprit humain, par lourdeur de la tâche ou l’inscrutabilité des nombres. C’est l’évidence à laquelle s’est rendue Marion Séclin, youtubeuse française, qui a cessé de compter après avoir été la cible de plus de 40 000 insultes, menaces de mort et menaces de viol.

Marion est l’une des quatre protagonistes du documentaire Je vous salue salope: la misogynie au temps du numérique, qui expose la peur, la honte et la souffrance vécues par les femmes victimes de cyberviolences. Réalisé par Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist, le film démontre de manière crue comment les institutions échouent à contrer ces attaques et comment, si souvent, «les femmes sont contraintes de mener seules leurs combats». Le documentaire tâche de répondre de front à ces attaques: les harceleurs tentant de faire taire les femmes, le documentaire leur rend la parole.

Quatre expériences de la misogynie

Je vous salue salope suit et donne la parole à quatre femmes:

  • Laura Boldrini, députée et ex-présidente de la Camera dei deputati italienne;
  • Laurence Caron, étudiante maintenant diplômée au programme d’éducation préscolaire et d’enseignement primaire de l’Université de Montréal ;
  • Kiah Morris, ex-représentante de la Chambre des représentant·e·s de l’État du Vermont; et
  • Marion Séclin, comédienne et créatrice de contenu française.

Malgré leurs parcours fort distincts et leurs degrés de notoriété publique variés, ces quatre femmes ont toutes subi une déferlante de haine et de harcèlement en ligne de virulence similaire. La place qu’elles occupent en tant que femmes est constamment remise en question et dénigrée par des hommes. Qu’elles prononcent un discours d’ouverture de séance parlementaire ou qu’elles lèvent la main pour poser une question en classe, le message demeure le même: «Ferme ta gueule, sale pute.»

Cependant, malgré l’effet amplificateur du recoupement de ces témoignages, le documentaire n’explique pas le phénomène du cyberharcèlement au-delà de la catégorie d’analyse du genre. En effet, dans le cas de Kiah Morris, une femme noire, à la haine misogyne dont elle est victime s’ajoute la haine raciste. La misogynoir endurée par l’ex-représentante, soit la misogynie raciste anti-noire que subissent les femmes noires, n’a pas été abordée de front par le documentaire. En ce sens, le cadre interprétatif de la cyberviolence est sous-tendu uniquement par un féminisme libéral blanc, où la catégorie du genre peut être séparée des autres facteurs d’oppression, occultant de ce fait la complexité des matrices de domination et d’oppression.

«Les crimes d’une nouvelle ère moderne»

Les témoignages des protagonistes comme ceux d’expert·e·s en cyberviolence permettent de faire comprendre à l’auditoire que les cyberviolences peuvent être aussi néfastes, voire pires, que le harcèlement de rue. En effet, comme le souligne la doctorante et conférencière spécialisée en réseaux sociaux et cybercultures Nadia Seraiocco, les injures et sifflements d’un harceleur de rue, quoique pénibles à endurer, sont de nature ponctuelle. Or, le harcèlement en ligne est vécu à coups assommants et incessants de notifications sur ces appareils mobiles qui nous suivent tous·tes partout en cette ère ultra-connectée.

«Est-ce véritablement une victoire, un geste libérateur ou émancipateur, que de continuer à lutter alors que l’on craint pour notre sécurité physique?»

Le danger concret du cyberharcèlement relève également du fait que la frontière entre les mondes virtuel et réel est loin d’être aussi étanche que l’on croit. Au-delà des enjeux de santé mentale causés par la violence des messages reçus, les menaces des harceleurs peuvent se transformer en gestes, en attaques: des entrées par effraction chez la victime au milieu de la nuit ou encore des balles de fusil reçues par la poste ne sont que deux exemples de situations vécues par Kiah Morris et Laura Boldrini. Ces sentiments de peur paralysante et de danger imminent qui accompagnent les quatre protagonistes au quotidien sont d’ailleurs communiqués à l’auditoire au moyen de la trame sonore: un mélange de bruits de notifications de plus en plus agressifs, d’instruments à cordes tantôt bas, lents et menaçants, tantôt hauts, rapides et sinistres, et de coups de feu.

Au-delà de ces cas particuliers percutants, il aurait été pertinent d’analyser de manière plus approfondie le phénomène du cyberharcèlement. En l’étudiant à travers un prisme exclusivement individuel, illustré par quelques exemples, le documentaire peine à communiquer les dimensions structurelle et systémique qui sous-tendent les cyberviolences. L’auditoire reste sur sa faim concernant certains mécanismes représentés, mais peu ou pas expliqués: l’anonymat, la radicalisation, le rôle et la responsabilité des plateformes, la manosphère, etc.

Un système cruellement mal adapté

Je vous salue salope souligne de manière choquante combien les victimes de cyberharcèlement sont laissées à elles-mêmes. Presque sans exception, les ressources qui entendent leurs plaintes ou leur détresse – direction universitaire, forces policières, système de justice – leur offrent une aide inexistante ou largement insuffisante. Que cette inaction soit engendrée faute de volonté, de compréhension ou de mécanismes pour contrer ces nouvelles formes de violence, le résultat est le même: le système ne répond pas à leurs appels à l’aide. Le documentaire expose ainsi la cruelle réalité à laquelle sont confrontées les femmes victimes de cyberharcèlement: si elles continuent d’occuper leur place dans la sphère publique, elles le font à leurs propres risques et périls; si elles se retirent de cet espace, leur sécurité s’achète au prix de leur silence.

Et ici réside l’argument des réalisatrices: bien qu’il soit compréhensible de prendre un pas de recul face à cette déferlante, la solution véritable réside tout de même en la prise de parole et la résistance dans cet espace public où la présence des femmes dérange. Laura Boldrini, qui continue son travail de députée malgré la pluie de menaces de mort, est présentée comme héroïque et victorieuse en raison de son refus de baisser les bras. Or, est-ce véritablement une victoire, un geste libérateur ou émancipateur, que de continuer à lutter alors que l’on craint pour notre sécurité physique? Il semble mal avisé d’encourager les femmes à être actives dans cet espace public construit par et pour les hommes, qui continue à leur faire du mal. Plutôt que de simplement inciter plus de femmes à se joindre à ce système, le documentaire aurait eu avantage à inviter à une réflexion sur les mécanismes de notre société qui oppriment de manière systémique les femmes.

Le documentaire réussit à faire résonner la violence du cyberharcèlement dans l’auditoire. Les témoignages sont percutants et touchants. Cependant, certains angles morts des documentaristes occultent les complexités du phénomène. La cyberviolence se décuple à travers une multitude d’expériences, portant à réfléchir sur des exemples proches de nous. Est-ce si étonnant que cette année, le nombre de femmes qui ont choisi de ne pas se représenter aux élections provinciales du 3 octobre 2022 dépasse de façon disproportionnée le nombre d’hommes qui ont fait un tel choix?

Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique est présentement à l’affiche au Cinéma Beaubien et à la Cinémathèque québécoise à Montréal.

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David Touchette pour Québec solidaire https://www.delitfrancais.com/2022/09/21/david-touchette-pour-quebec-solidaire/ Wed, 21 Sep 2022 11:15:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=48859 Portrait d’un candidat.

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Dans le cadre de son dossier sur les élections provinciales 2022, Le Délit s’est entretenu avec les candidat·e·s de la circonscription Westmount–St-Louis, où se situe l’Université McGill. La série d’entrevues présente les profils des candidat·e·s, leurs priorités pour la circonscription ainsi que leurs engagements concernant les différents enjeux phares de la campagne.

David Touchette a évolué dans le domaine de la mode et de la politique jeunesse. Il s’implique depuis plusieurs années auprès du parti politique Québec solidaire. La cause environnementale étant primordiale pour lui, il a décidé de se présenter comme candidat dans la circonscription Westmount–St-Louis où il réside depuis 10 ans. David Touchette évoque ses priorités à travers la notion de sécurité.

Le Délit (LD): Pouvez-vous nous décrire votre parcours?

David Touchette (DT): J’ai commencé ma carrière dans l’industrie de la mode, d’abord comme propriétaire d’une agence de mannequins, puis comme animateur et producteur pour mettre en valeur le milieu de la mode. En parallèle, j’ai toujours eu cette fascination pour la politique. Je me suis donc beaucoup impliqué dans les organisations jeunesse, par exemple, dans l’Institut du Nouveau Monde, dans des simulations parlementaires au sein du Conseil jeunesse de Montréal, dans Forces jeunesses, et plus encore. Finalement, j’ai travaillé comme agent de développement à la Corporation Communautaire de Rivière-des-Prairies (CDC RDP). J’étais responsable du travail de concertation entre les organismes de la Table des aînés et de la Table Jeunesse. Cette expérience m’a permis d’approfondir mes connaissances des enjeux et des réalités vécues par les organismes et la population.

«David Touchette évoque ses priorités à travers la notion de sécurité»

LD: Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux élections provinciales de l’automne 2022 sous la bannière de Québec solidaire?

DT: C’est naturel pour moi de vouloir m’impliquer dans la vie politique au sein de Québec solidaire. À mes débuts dans le parti, j’ai d’abord été bénévole. Je me suis ensuite présenté comme candidat en 2018 dans la circonscription de Lafontaine dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. J’ai aimé rencontrer des gens, connaître leurs besoins sur le terrain et chercher comment Québec solidaire peut y répondre avec ses propositions. Entre 2018 et 2022, j’ai été membre du Comité de coordination de la région de Montréal en tant que porte-parole. Pour les élections de 2022, j’ai envie de continuer mon implication en me présentant comme candidat dans ma circonscription, Westmount–St-Louis.

LD: Quels enjeux souhaitez-vous mettre en avant pour cette campagne en tant que candidat?

DT: Le mot qui me vient toujours en tête lorsque je pense à mes priorités pour la campagne est: sécurité. En utilisant le mot «sécurité», j’englobe trois aspects. Premièrement, quand on parle de sécurité, on pense d’abord à se sentir bien avec soi-même. Ainsi, tout ce qui touche les questions de santé et de santé mentale est une priorité pour moi. Je veux être certain que si quelqu’un ne va pas bien, il ait accès à une ligne directe ou à un rendez-vous avec un psychologue ou un médecin. Québec solidaire s’engage à augmenter l’accès à un psychologue en transférant les psychologues du secteur privé vers le secteur public, ainsi qu’à décloisonner les métiers du système de santé.

Deuxièmement, quand on parle de sécurité, on parle aussi d’un environnement de vie. La question du loyer est dès lors un enjeu primordial pour les gens de Westmount–St-Louis, car ils habitent l’un des centres-villes les plus denses en Amérique du Nord. Il faut s’attaquer à la pénurie de logements abordables et sociaux, mais également s’assurer que les logements sur le marché locatif soient convenables et salubres. Je défendrai la limitation des hausses de loyer et les évictions au moyen de plusieurs modifications législatives proposées par Québec Solidaire: renforcer le contrôle des loyers à travers un registre québécois des baux; faire un moratoire sur les évictions dont le motif est l’agrandissement ou la subdivision d’un logement tant que le taux d’inoccupation est sous la barre de 3% ; renforcer la protection des locataires face aux rénovations et aux reprises de logement non fondées; et finalement, retirer la section F du bail qui donne cinq ans aux propriétaires d’immeuble pour hausser les loyers sans restriction.

«Je veux préserver le dynamisme de Westmount–Saint-Louis, dont la grande richesse est sa diversité sociale. On a besoin d’avoir un milieu de vie qui soit confortable pour tous»

David Touchette

J’ajoute à la question générale du logement celle de l’itinérance. J’ai rencontré des organismes communautaires qui m’ont informé que le problème du logement pour les personnes en situation d’itinérance n’est pas la pénurie d’endroits pour aller dormir le soir, mais plutôt que les offres actuelles ne correspondent pas à leurs besoins. Je veux donc cerner comment le centre-ville est formé, de qui il est formé, qui a besoin de s’y loger et de quelle manière ce besoin se traduit en termes d’infrastructures et de mesures.

Troisièmement, la notion de sécurité évoque pour moi la crise climatique. Westmount–Saint-Louis sera une circonscription très affectée par les changements climatiques, particulièrement à cause de l’accroissement des îlots de chaleur. On a besoin de parcs aménagés avec des zones de fraîcheur et des modes de transport écologiques pour nous aider à nous défaire de notre dépendance à la voiture. Je veux préserver le dynamisme de Westmount–Saint-Louis, dont la grande richesse est sa diversité sociale. On a besoin d’avoir un milieu de vie qui soit confortable pour tous.

LD: Quel est votre mot de la fin?

DT: Je pense que les étudiants de l’Université McGill doivent prendre conscience de leur privilège, mais également de l’importance de transmettre leur vision à travers le Québec et à travers le monde. En appuyant des mesures comme celles de Québec solidaire, ils peuvent envoyer un message fort, soit que l’une des meilleures universités d’un pays du G7 veut des changements concrets pour la crise climatique et pour la justice sociale.

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Un don de 29M controversé https://www.delitfrancais.com/2022/09/14/un-don-de-29m-controverse/ Wed, 14 Sep 2022 11:15:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=48723 Le lancement de l’Institut Sylvan Adams interrompu et dénoncé par des voix pro-palestiniennes.

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Dans un communiqué publié le 31 août dernier, l’Université McGill a annoncé le lancement d’un nouveau centre de recherche en sciences du sport grâce à un don de 29 millions de dollars de la part de l’entrepreneur et philanthrope israélo-canadien Sylvan Adams. Il s’agirait du plus grand don jamais fait à une faculté d’éducation canadienne. Des voix s’élèvent toutefois pour critiquer l’annonce de ce don par l’administration mcgilloise, ainsi que sa réponse à l’activisme pro-palestinien de certains regroupements étudiants.

La recherche sur les sports d’élite à l’avant-plan

L’Institut de recherche Sylvan Adams soutiendra la recherche en sciences du sport tout en ayant une approche centrée sur l’étude des athlètes d’élite. Son objectif à long terme sera de mettre à profit la recherche en sciences du sport pour améliorer les performances des athlètes de haut niveau, tout en promouvant la santé de manière générale, peut-on lire sur le site internet de l’Institut. «Le don de M. Adams favorise aussi l’adoption d’une nouvelle optique pour la recherche en matière de santé – qui privilégie l’apprentissage à partir de l’étude de la santé optimale, plutôt que de la maladie», nous informe l’agente des relations avec les médias de l’Université McGill, Frédérique Mazerolle. La part du lion du don – 24,4 millions de dollars – sera consacrée à l’infrastructure et à l’équipement du nouvel institut, comprenant notamment des laboratoires d’essai «de fine pointe», des bureaux de recherche et des salles de formation et de réunion. La somme restante – 4,6 millions de dollars – financera diverses activités de recherche. Frédérique Mazerolle souligne que le don servira à la création de bourses de recherche, de bourses étudiantes, d’échanges internationaux et de conférences scientifiques. L’Institut établira également un partenariat avec l’Institut de sport Sylvan Adams (Sylvan Adams Sports Institute) de l’Université de Tel-Aviv, fondé en 2018.

Un projet contesté

L’annonce du don de Sylvan Adams a été vertement critiquée par le groupe Étudiant·e·s de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (Students for Palestinian Human Rights, SPHR). Dans des publications récentes sur Facebook, Twitter et Instagram, le groupe a qualifié Sylvan Adams de «milliardaire anti-palestinen notoire qui a dépensé des dizaines de millions de dollars avec l’intention de blanchir les crimes de l’État colonial israélien». Dans un communiqué acheminé au Délit, SPHR a allégué que les propos de Sylvan Adams au sujet d’Israël, qu’il a notamment décrit comme un «pays pacifique», constituaient une «déclaration insultante […] emplie[e] de déni, d’incrédulité et d’agressivité». Le groupe a dénoncé ce qu’il qualifiait d’« abstraction totale» de la part de Sylvan Adams quant à la situation du peuple palestinien, citant à l’appui les condamnations émises par Amnistie Internationale et l’organisation Human Rights Watch à l’égard du gouvernement israélien. Selon SPHR, l’entrepreneur et philantrope serait «connu pour avoir déboursé des dizaines de millions de dollars dans le but précis de sportswash [blanchir par le sport] les crimes de l’État colonial israélien». Le dictionnaire Oxford décrit le sportswashing comme «l’utilisation du sport […] pour promouvoir une image positive comme manière de détourner l’attention d’autres activités considérées controversées, immorales ou illégales [tdlr]».

« Sylvan Adams, un milliardaire anti-Palestine [est] connu pour avoir déboursé des dizaines de millions de dollars dans le but précis de sportswash [blanchir par le sport] les crimes de l’État colonial israélien »

SPHR, dans un communiqué acheminé au Délit

L’annonce du don a également été l’occasion pour l’activiste et auteur Yves Engler d’intervenir vis-à-vis de l’administration mcgilloise. Une vidéo qu’il a publiée sur Twitter montre son interruption du discours de Suzanne Fortier, ex-principale de l’Université McGill, lors de la conférence de presse tenue le 31 août dernier. «Madame, est-ce que les étudiants de McGill ont le droit de s’opposer aux meurtres d’enfants palestiniens, de s’opposer à l’État colonial israélien? » [tdlr], l’entend-on s’exclamer sur la vidéo. Sur son site personnel, Yves Engler explique qu’il souhaitait demander à Suzanne Fortier d’expliquer son manque de solidarité avec la Palestine. «Les accords avec les universités israéliennes légitiment le colonialisme israélien. Les investissements de McGill dans des sociétés permettant l’occupation israélienne rendent l’Université complice de la dépossession palestinienne» [tdlr], a‑t-il souligné au Délit. Dans sa réponse au Délit, SPHR a également dénoncé la célébration de ce don par l’Université. Selon le regroupement, McGill répondrait ainsi à l’activisme pro-palestinien sur son campus en se «moqu[ant] ouvertement de la volonté de ses étudiant·e·s». SPHR a ajouté que cette initiative de l’Université ne resterait pas sans réponse.

Le Délit a contacté McGill pour un commentaire en lien avec les propos de SPHR. Fréderique Mazerolle a répondu en mettant de l’avant que «l’engagement mcgillois à l’égard de l’excellence universitaire» exigerait la préservation d’un environnement ouvert au débat «dans le respect mutuel […] de multiples perspectives et idées». L’agente des relations avec les médias a souligné que les priorités de l’Université demeurent le «bien-être» de sa communauté et le maintien d’« un dialogue et [d’]un engagement pacifiques et constructifs» sur le campus, spécifiant toutefois que «le respect et l’inclusion sont les préalables incontournables de ces échanges».

Un contexte de tensions

Lors du référendum étudiant en mars dernier, la Politique de solidarité avec la Palestine, qui aurait engagé l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) à reconnaître «le système colonial israélien contre la Palestine», a été approuvée par le corps étudiant de McGill avec 71,1% des voix pour un taux de participation de 16,5%. Proposée par le groupe SPHR, la Politique s’inscrivait dans le cadre de la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) qui promeut le boycott contre Israël et des entreprises qui contribuent à l’économie de cet État.

À la suite de l’adoption de la Politique, l’AÉUM avait reçu un avis de défaut du v.-p. exécutif adjoint (études et vie étudiante) Fabrice Labeau qui signalait que cette politique allait à l’encontre «d’une condition présente dans le protocole d’entente» et qu’elle serait «inconstitutionnelle et discriminatoire». L’administration avait menacé de mettre fin au protocole d’entente et ainsi au financement reçu par l’AÉUM. En avril, le conseil d’administration de l’AÉUM avait élu de ne pas ratifier la Politique.

→ Voir aussi: Manifestation pro-palestinienne

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La saison des élections https://www.delitfrancais.com/2022/09/14/la-saison-des-elections/ Wed, 14 Sep 2022 11:15:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=48738 Le Délit lance un dossier spécial qui couvrira la campagne électorale.

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Cette semaine, Le Délit lance son dossier spécial sur les élections provinciales de l’automne 2022. Les sections Actualités et Société du journal collaborent pour trois éditions consécutives afin d’offrir à la population mcgilloise une couverture des élections qui cible les enjeux reliés aux réalités étudiantes.

Retour aux urnes

Comme tous·tes auront pu le constater, l’automne a ramené les pancartes électorales dans la province. Après quatre années de gouvernement caquiste, dont les deux dernières marquées par le rythme des vagues de la pandémie, les Québécois·es s’apprêtent à retourner aux urnes le 3 octobre prochain pour les élections provinciales. Cette année, cinq principaux partis s’affronteront pour des sièges à l’Assemblée nationale: la Coalition avenir Québec, le Parti libéral du Québec, le Parti conservateur du Québec, le Parti québécois et Québec Solidaire.

S’informer pour mieux voter

À travers ce dossier, nous espérons offrir au lectorat du Délit un portrait général de la campagne électorale provinciale de l’automne 2022. En tant que journal étudiant, Le Délit a pour objectif de couvrir les enjeux de la campagne électorale à travers le prisme de la réalité étudiante. L’objectif de ce dossier est de fournir à la communauté mcgilloise des outils pour naviguer l’information présentée par les divers médias et ainsi permettre d’offrir l’information nécessaire à l’exercice de vote. À cette fin, Le Délit vous propose cette semaine de vulgariser le fonctionnement électoral, en rappel ou pour les premier·ère·s votant·e·s. Ensuite, nous proposons un calendrier électoral qui cible les moments-clés de la campagne. Le Délit offrira également dans les deux prochaines semaines des articles qui exploreront plus en profondeur certains enjeux de la campagne tels que la crise du logement, la crise climatique, la santé, l’éducation et l’identité. Finalement, notre dossier proposera des entrevues avec les candidat·e·s dans la circonscription Westmount – Saint-Louis, où l’Université McGill se situe.

→ Voir aussi : Comment fonctionnent les élections?

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La crise du logement étudiant au lancement des élections https://www.delitfrancais.com/2022/08/31/la-crise-du-logement-etudiant-au-lancement-des-elections/ Wed, 31 Aug 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=48597 Comment la crise du logement affecte-t-elle les étudiant·e·s de McGill?

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Le 16 août dernier, La Presse publiait un article exposant la crise du logement étudiant qui sévit actuellement partout au Québec. On y rapportait notamment l’insuffisance de l’offre des résidences étudiantes, dont les listes d’attente qui s’éternisent, les faibles taux d’inoccupation à travers le Québec, ainsi que la hausse des loyers qui forcent les étudiant·e·s à s’excentrer ou bien à dépasser significativement leur budget. 

Les chiffres mentionnés dans l’article de La Presse proviennent de l’enquête pancanadienne PHARE 2021 menée par l’organisme UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant). Cette dernière a révélé que 77% des étudiant·e·s universitaires sont locataires, dont 69% sur le marché privé, comparé à 8% en résidences universitaires. 

À Montréal en particulier, 86% des étudiant·e·s sont locataires. Selon le rapport de l’enquête, les étudiant·e·s sont une population vulnérable sur le marché locatif, en raison des réalités qui sont particulières à leur statut, notamment le manque d’expérience de location et les déménagements fréquents. En outre, 62% des étudiant·e·s universitaires locataires ont un revenu de moins de 20 000$ par année, les plaçant sous le seuil de pauvreté ; et plus de 60% des étudiant·e·s consacrent plus de 30% de leurs revenus à leur loyer, vivant ainsi de la précarité financière. 

Une situation stable aux résidences de McGill ?

Selon le Pr Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint, la situation actuelle semble stable aux résidences de McGill. «On a à peu près le même niveau de demandes qu’avant la COVID, mais c’est aussi lié au fait que notre clientèle cible pour les résidences est composée des étudiants de première année qui viennent principalement de l’international ou du reste du Canada. Les étudiants du Québec ne sont typiquement pas intéressés par notre offre et vont généralement se trouver un appartement par eux-mêmes», affirme-il. En réponse aux questions du Délit, l’agente des relations avec les médias Frédérique Mazerolle nous informe que l’Université garantit une place en résidence à tous·tes les étudiant·e·s de premier cycle, âgé·e·s de 22 ans ou moins en date du 1er septembre et qui débuteront leur première année d’études. De plus, tous·tes les boursier·ère·s qui commencent également leurs études en septembre pourront obtenir l’un de leurs deux premiers choix de résidence si leur demande a été faite avant la date limite.

Par contre, pour Val Masny, vice-président·e aux affaires externes de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), ce n’est pas parce que la demande aux résidences étudiantes demeure stable que les étudiant·e·s de McGill ne souffrent pas de la crise actuelle. En effet, selon iel, le faible nombre de demandes de résidences de la part des étudiant·e·s québécois·es peut être dû au fait que les résidences demeurent dispendieuses. «Les résidences demeurent un actif qui permet de dégager du profit. Leur [l’administration mcgilloise, ndlr] objectif n’est pas d’arriver à coûts nuls», ajoute-t-iel. Ce constat s’inscrit dans les positions officielles que l’AÉUM a voté en 2019 qui affirment que le logement est un droit (article 2 du cahier de positions), et que l’AÉUM s’engage à travailler pour la décommodification du marché. «Le marché locatif ne doit pas suivre les lois du marché, mais doit répondre aux besoins de logement» renchérit-iel.

Des initiatives pour venir en aide aux étudiant·e·s

Cette réalité est connue depuis plusieurs années par des organisations étudiantes mcgilloises. En 2020, l’AÉUM s’est penchée sur le besoin grandissant d’accès à des infrastructures de logement afin de répondre à la réalité précaire des étudiant·e·s. Ainsi, le Plan de logement abordable (Affordable Student Housing Plan), adopté par le conseil législatif en février 2020, comprend un projet de logements locatifs étudiants abordables. Avec plusieurs partenaires, incluant l’UTILE, ce projet répond à cette demande en ayant pour objectif de construire 200 unités de logement abordables spécifiquement destinés à la communauté étudiante de McGill. 

Val Masny explique la nécessité de la mise en place de ce projet : «Les recommandations [sur la conciliation travail-études, ndlr] disent de ne pas travailler plus qu’un certain nombre d’heures par semaine pour faire ses études. Mais la tâche de payer son loyer est rendue difficile en travaillant seulement quelques heures par semaine.» Malgré leur situation documentée de précarité, les étudiant·e·s ne sont pas admissibles au logement social, ce qui les oblige à se tourner principalement vers le marché locatif privé. À Montréal, c’est le cas de 80% des étudiant·e·s locataires. Ces données indiquent que les étudiant·e·s sont particulièrement à risque des impacts que la crise du logement peut avoir sur les locataires.  

« 77% des étudiant·e·s universitaires sont locataires »

L’enquête PHARE

À l’heure actuelle, un terrain a été acheté au coin des rues St-Laurent et Ontario, et des démarches avec les partenaires locaux sont en cours pour mettre en place des moyens d’atténuer les effets qu’auront la construction de ces logements sur la population locale. En particulier, ces échanges ont lieu avec le Centre d’Amitié Autochtone de Montréal Inc. (CAAM) dans le but de ne pas nuire à la population autochtone sans logement du quartier. 

Du côté de l’administration de l’Université McGill, Mme Mazerolle informe que McGill a établi un partenariat avec Places4Students, le principal service d’annonces d’appartements pour étudiant·e·s pour ceux et celles qui cherchent un logement hors campus.

La crise du logement adressée par les partis politiques

À l’aube des élections générales provinciales du 3 octobre 2022, les partis se positionnent face à cette crise. À l’heure actuelle, aucune mesure spécifique concernant le logement étudiant n’a été annoncée. 

Les partis de Québec Solidaire (QS) et de la Coalition Avenir Québec (CAQ) ont énoncé des promesses électorales pour pallier la situation. Le premier ministre François Legault, soulignant la «pénurie de logements» sans toutefois référer à la crise du logement, comme l’ont critiqué les partis d’opposition, a annoncé que son parti souhaitait faire construire un peu moins de 12 000 logements abordables s’il était réélu pour un prochain mandat. 

Commentant cette annonce, Val Masny met en garde en ce qui concerne l’emploi du terme «logements abordables» qui, rappelle-t-iel, n’est pas synonyme de «logements sociaux». «Le logement abordable, malgré que ce soit bien, suit la logique du marché, tandis que le logement social permet de prendre en compte les véritables besoins des gens en termes de ce qu’iels peuvent payer.»

La CAQ a justifié ce chiffre en disant que les promesses faites par d’autres partis étaient irréalistes, notamment à cause de la pénurie de main‑d’œuvre et de la hausse des coûts de la construction. En réponse à cette annonce, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), un regroupement national pour le droit du logement, a réagi en déplorant le fait que le gouvernement caquiste n’ait pas tenu ses promesses relatives au logement lors des quatre dernières années, puisqu’il n’a pas livré les 15 000 logements sociaux prévus dans le programme AccèsLogis. Entre son élection en 2018 et le 28 février 2022, seulement 4 328 logements sociaux sont sortis de terre. Et malgré des besoins croissants, en quatre ans, l’équipe de François Legault n’aura lancé qu’une maigre programmation de 500 nouveaux logements sociaux pour tout le Québec, peut-on lire dans le document pré-électoral de l’organisme. Le FRAPRU demande alors aux partis de s’engager à compléter la construction de toutes les unités de logements sociaux programmées dans AccèsLogis et d’en construire au nombre de 50 000.

Les partis d’opposition ont également proposé des promesses électorales qui concernent la crise du logement. De son côté, Québec Solidaire a indiqué viser la construction de 50 000 logements sociaux au Québec et contrôler l’augmentation des loyers en instaurant un registre national des baux si le parti était élu. Le Parti libéral du Québec a promis 50 000 nouveaux logements sociaux sur 10 ans. Le Parti québécois, quant à lui, entend construire les 10 000 logements sociaux, programmés par AccèsLogis.

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