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Débat municipal : comment améliorer la vie démocratique à Montréal ?

La saison des débats pour la mairie s’est ouverte le 16 septembre.

Valentin Pelouzet | Le Délit

Trois candidats : Luc Rabouin (Projet Montréal – le parti de Valérie Plante, l’actuelle mairesse), Soraya Martinez Ferrada (Ensemble Montréal – l’opposition principale) et Craig Sauvé (Transition Montréal – le parti naissant). Un chiffre : 39 %, c’est la proportion de Montréalais ayant voté lors des élections municipales de 2021. C’est à partir de ce constat inquiétant que les représentants de l’Institut du Nouveau Monde et de Transition en commun, organisateurs de ce débat dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque, ont présenté le thème de la rencontre : la démocratie municipale. Une heure durant, les trois prétendants au poste ont défendu leur bilan et leurs propositions pour améliorer la participation citoyenne à Montréal en répondant à une question chacun. Un format sans échange qui a permis aux Montréalais présents d’en apprendre plus sur les ambitions de leur futur maire ou future mairesse.

Un rappel des bilans

Peu de propositions claires ont été articulées lors du débat ; les candidats ont plutôt pris soin de rappeler leur expérience et attachement à la cause démocratique. Martinez Ferrada, par exemple, a évoqué son travail de fond en tant que conseillère municipale dans l’arrondissement Saint-Michel, notamment son effort d’implication des citoyens dans les négociations avec les investisseurs et dans la construction d’une agora dans le quartier : « Il faut s’assurer que la démocratie ne consiste pas à voter qu’une fois, et que les points de vue des citoyens soient intégrés dans chaque projet par des processus de consultation. » En lien avec le thème, la candidate s’est également décrite comme une « victime » du « dialogue démocratique extrêmement polarisé » au conseil municipal, particulièrement sur la question des pistes cyclables : « On ne peut pas avoir une conversation sur le sujet sans être traité d’anti-vélo. On ne peut pas juste être pro-mobilité inclusive et fluide ? »

Rabouin a contesté cette prise de position en mêlée de presse : « Le premier engagement de Martinez Ferrada a été de dire qu’il faudrait défaire des pistes cyclables, en affirmant que Projet Montréal ne s’occupait pas des infrastructures, et mettait l’argent dans les pistes cyclables. Qui polarise alors ? ». L’héritier de Valérie Plante a lui-même rappelé son attachement à la démocratie en insistant sur son opposition aux « idées populistes de droite radicale », son implication passée dans l’organisation de sommets citoyens, ainsi que la publication de son livre Démocratiser la ville en 2009.

Un nouveau mode de scrutin

Sauvé, quant à lui, a expliqué que « Transition Montréal existe justement pour renforcer la démocratie à Montréal » en tentant de mettre fin au bipartisme du Conseil municipal, qui mènerait aujourd’hui à des « débats stériles ». En lien avec cette critique, Sauvé a pu évoquer l’une de ses propositions principales : une « réelle réforme démocratique » vers un scrutin proportionnel. Selon lui, l’abstention croissante aux élections s’explique d’abord par un sentiment de non-représentation : « Beaucoup d’électeurs se disent qu’il ne sert à rien de voter, car l’autre candidat gagne toujours leur arrondissement […] la proportionnelle force les élus à la collaboration et permet une meilleure représentation. »

Comment impliquer les jeunes ?

L’abstention des jeunes est particulièrement frappante à Montréal : 75% des 18–35 ans n’ont pas voté en 2021. Un diagnostic partagé par Dominique, tout juste diplômée de McGill et présente au débat : « Je trouve que les jeunes ne s’intéressent pas assez à la politique, particulièrement la politique municipale. »

Le Délit a pu demander aux candidats leur diagnostic et leurs solutions à cet enjeu démocratique. D’après Rabouin, « pour intéresser les gens, il faut aller vers eux. Dans le conseil d’arrondissement du Plateau Mont-Royal, dont je suis maire, on tient une fois par année une séance à l’école secondaire Jeanne-Mance avec les étudiants. Plus que de simplement leur laisser la parole, il faut écouter les besoins des jeunes ». Selon Sauvé, « le projet de réforme électoral aiderait à attirer l’intérêt des jeunes en multipliant les voix et les points de vue ». Le candidat s’est également dit « vraiment ouvert à l’idée d’un vote à 16 ans ». Nous n’avons pas pu interroger Martinez Ferrada sur la question.

Qu’ont pensé les quelques jeunes présents au débat ? Juan, de son côté, en est sorti sceptique : « J’ai eu du mal à dégager les idées uniques des candidats, mis à part l’idée de réforme de Craig Sauvé. Pour autant, je ne suis pas sûr que ce sera l’initiative qui décidera mon vote ».


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