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Le Théâtre de l’Esquisse

Montréal regorge de petits lieux de diffusion où il est possible de découvrir de vraies perles culturelles. Toutefois, la recherche peut s’avérer être une réelle chasse au trésor. C’est alors qu’on se surprend à fréquenter les maisons de la culture et à aimer, par exemple, le Théâtre de l’Esquisse.

Fondé en 1982, le Théâtre de l’Esquisse était un espace dédié aux différentes formes artistiques selon les cultures. Son mandat premier était de favoriser les échanges interculturels (dans un Québec submergé par la morosité post-référendaire), surtout avec l’Orient, et la diffusion de textes peu connus.

Avec les années, l’Esquisse a évolué de pair avec la communauté du Plateau et a développé un important volet jeune public, en collaboration avec Sylvie Belleau, directrice artistique du Théâtre de la Source. Depuis 1991, le conte est un genre privilégié du Théâtre de l’Esquisse qui offre chaque semaine, Abraconte, un spectacle pour les petits et les grands. La salle, qui peut accueillir tout au plus une centaine de spectateurs, permet la création d’un monde intime et unique propice au genre.

Mis à part cette vocation, le Théâtre de l’Esquisse est également un lieu idéal pour découvrir de jeunes compagnies de théâtre. La salle louée, l’espace permet aux artistes émergents de présenter leurs premières créations tout en conservant leurs inspirations (il faut noter aussi que les lieux qui proposent des coproductions avec les compagnies demandent souvent un dépôt de projet, ce qui retarde parfois le processus créatif). De surcroît, les spectateurs profitent bien de cette proximité avec les acteurs.

Par exemple, jusqu’au 8 novembre, le Théâtre de la Marine Britannique présente sa première production, Délire à deux. Yves-Antoine Rivest, co-fondateur de la compagnie et comédien, explique que cette pièce d’Eugène Ionesco s’est un peu imposée d’elle-même. Aux côtés d’Anne-Hélène Prévost, une amie qu’il a perdue de vue ‑elle a fréquenté le cégep de St-Hyacinthe alors qu’il était au Conservatoire d’art dramatique- puis retrouvé dans le milieu, la pièce semble être un choix, du moins, cohérent : un couple est enfermé depuis dix-sept ans, alors qu’à l’extérieur les bruits d’une guerre inconnue se fait entendre. Leurs échanges se limitent à une dispute autour de la question : Est-ce que le colimaçon et la tortue sont le même animal ? « Ils sont pris ensemble, ils s’aiment dans cette chicane », explique Yves-Antoine Rivest. La pièce exprime la difficulté de communication et le mélange entre les disputes internes et externes. La façon dont Gilbert Turp, le metteur en scène, et les membres de la compagnie traitent du sujet est bien plus intéressante. Déjà, s’attaquer à ce grand auteur est un défi qui mérite d’être souligné, mais ils ont surtout décidé de jouer l’histoire sur deux époques : la jeunesse et le début de la guerre. Aussi les comédiens portent-ils des masques qui marquent le passage du temps. Ils explorent ainsi l’évolution du couple, tentent de retrouver l’énergie des débuts pour accéder aux termes de l’âge mur.

Yves-Antoine Rivest avance qu’un des plaisirs d’un théâtre émergent est de pouvoir monter des coups de cœur, de pouvoir faire des expérimentations ‑ce qui retombe bien dans les débuts du Théâtre de l’Esquisse. Bien sûr, ils n’ont pas toujours « les moyens de [leurs] ambitions », mais les feux du début sont bien là et le public est au rendez-vous et généreux, affirme-t-il. Ce qui est certain, c’est que Le Délit y sera, mardi, pour assister à ce Délire à deux. Une critique que vous pourrez retrouver en exclusif web cette semaine sur delitfrancais​.com


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