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Cuivres cubains et guitares islandaises

Philémon chante et For a Minor Reflection au Quai des brumes

Webmestre, Le Délit | Le Délit

La sixième édition de M pour Montréal est une vitrine montrant les showcases de 40 artistes émergeants en quatre jours afin de les faire connaître à des représentants de l’industrie de la musique provenant d’une quinzaine de pays.

Gracieuseté de Philémon chante
Philémon chante
Philémon chante, le nom de scène de Philémon Bergeron-Langlois, avait lancé de façon indépendante en 2010 un joli album enregistré au vieux studio l’Egrem à la Havane, rempli de douce nostalgie et de sonorités folk et cuivrées. Le disque intitulé Les Sessions cubaines avait été enregistré en deux jours sur une machine à ruban, grâce à des musiciens cubains trouvés à l’improviste. Si Philémon chante s’était fait discret l’année dernière, il a multiplié les concerts depuis l’été 2011. Au Quai des brumes, Philémon a offert une belle performance, lui-même au chant et à la guitare, avec deux comparses apportant de la chaleur avec leurs instruments, l’un à la contrebasse et l’autre à la trompette, reprenant ensemble des ballades comme « Vaincre l’Automne » et « Dors Poupée dors ». Alors que les pièces sont des quasi-berceuses sur disque, le chanteur réussit à les rendre entraînantes sur scène. Il a aussi chanté deux nouvelles pièces qui laissent présager la sortie d’une nouvelle œuvre. Son expressivité faciale appuyée, l’homme n’ayant pas peur de dévoiler ses émotions montre une implication totale envers ses textes sensibles, et on croit même entendre un pleur par là. Philémon donne dans les arrangements à fleur de peau et a une voix un peu brouillonne qu’on peut trouver charmante… ou pas.

Gracieuseté de M pour Montréal
For a Minor Reflection
For a Minor Reflection est un groupe encore méconnu de post-rock instrumental formé de quatre Islandais dans la jeune vingtaine : deux guitaristes-pianistes, un bassiste et un batteur. À leurs débuts en 2006, ils jouaient du hard rock dans un garage, puis après quelques égarements se sont vite tournés vers le post-rock, puisque personne parmi eux ne savait chanter. Ils ont lancé un EP, tourné en Europe avec leurs concitoyens de Sigur Rós, puis ont enregistré l’album Höldum í átt að óreiðu (En allant vers le Chaos) et ont récemment joué au festival South by Southwest à Austin. Leur biographie mentionne que Sigur Rós considère le potentiel de For a Minor Reflection comme étant « supérieur à celui de Mogwai ». L’anecdote est amusante ; chauvins les Sigur Rós ? Peut-être pas ! La prestation du groupe de Reykjavik au Quai des brumes, dans le cadre de leur 5e participation au Iceland Airwaves Festival, est un vrai coup de cœur. Voir les quatre musiciens prendre autant de plaisir à jouer, concentrés sur la petite scène, comme une boule d’énergie et de fureur, amène un vent de fraîcheur dans le monde du post-rock. On ne s’ennuie pas une seconde, le sentiment d’urgence découlant des mélodies nous tenant toujours en haleine. Le piano à quatre mains en jette tout simplement. Les montées en puissance des motifs musicaux, timbres et textures font de For a Minor Reflection le digne successeur des Explosions in the Sky et Red Sparowes de ce monde. For a Minor Reflection a averti le public au début de son concert : « We play very loud music ». Ils nous en ont mis plein les tympans et nos cils auditifs en redemandent !

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