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Mauves : la nouvelle pop québécoise

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Le Délit : Racontez-moi l’histoire de Mauves.
Alex : Le groupe s’est formé durant l’été 2008. Je faisais de la musique avec Jean-Christophe, le batteur. Puis Julien s’est greffé à nous après un spectacle un peu trash où on a cassé un orgue… On brasse les instruments à tous les spectacles, sauf qu’habituellement, ça ne casse pas ! Ce soir-là, on avait eu un contrat pour un spectacle. Entre-temps, notre bassiste est parti, alors Jean-Christophe et moi allions faire un duo guitare-batterie… jusqu’à ce qu’on trouve un orgue dans la rue qui pourrait palier au manque de qualité de notre musique. Sauf que pendant le spectacle, Alexandre a balancé sa guitare dedans…

Jean-Christophe : Je cruisais déjà la blonde de Julien à l’époque, mais c’est après ce spectacle qu’il a voulu faire de la musique avec nous. Il voulait faire quelque chose de moins trash et d’un peu plus amoureux.

Julien : Il faut dire qu’on se connaissait déjà : on est tous des gars de Limoilou, on a joué au soccer ensemble, Alexandre est le frère de Cédric…

Gracieuseté de Julien Déry

LD : Comment décririez-vous le son de Mauves ?
Julien : Mauves est vraiment né lorsqu’on a découvert l’album Jaune de Jean-Pierre Ferland. Au départ, on composait bilingue et on jouait du rock plus brut. Après Jaune, on a commencé à écouter les vieux vinyles de nos parents, et on s’est rendu compte qu’il y avait des compositions géniales dans la musique québécoise. Alors c’est devenu un défi stimulant d’éprouver l’écriture francophone sur notre musique à sonorité anglo-saxonne.

Alex : On s’inspire de l’approche des Beatles, qui étaient vraiment libres lorsqu’ils composaient. À part les constantes harmonies vocales de Lennon-McCartney, le reste changeait tout le temps. C’est ce qu’on veut faire : pousser nos idées à fond, sans poser de barrière à notre imagination. La pop est le style idéal pour cela : elle enveloppe le jazzy, le rock, et même le metal ; la palette est variée.

Jean-Christophe : Fondamentalement, on n’est pas des musiciens : on a appris à jouer en composant. Au début, nos chansons sont nues, elles n’ont qu’une mélodie ; c’est elle qui dicte le nombre et la tonalité des vers. On a donc un rapport particulier avec la chanson : la musique est la base de l’écriture.

LD : Lorsqu’on écoute Cinéma Plymouth, on entend presque les fantômes de John Lennon et de Brian Wilson. Comment votre musique innove-t-elle par rapport au son des années 60 et par rapport à la musique d’aujourd’hui ?
Alex : Je pense qu’on ne révolutionne rien. Ce style qu’on essaie de saisir, la belle époque des Beatles et des Beach Boys, n’a duré que quelques années. Tout ce que cette « pop libre » promettait s’est terminé avec l’apparition de nouveaux styles comme le hard rock et le folk rock. Notre idée n’est pas révolutionnaire, mais n’a pas été assez poussée.

LD : Quel espace musical comptez-vous remplir sur la scène québécoise actuelle ?
Julien : Dans la pop québécoise, l’influence musicale dominante vient d’artistes comme Radiohead et Patrick Watson. Notre influence vient plutôt de la vieille pop britannique et américaine : les Zombies, les Kings, les Monkeys et autres groupes obscurs. Le rétro n’est pas très présent au Québec, et c’est là que Mauves embarque.

LD : Pourquoi avez-vous choisi le nom Mauves ?

Alex : C’est en référence à l’album Jaune. On voulait un nom d’un seul mot et qui évoquait quelque chose de fort.

Julien : C’est un hasard que la mauve [la fleur, NDLR] guérisse les maux de gorges, ça n’a pas de rapport avec les harmonies vocales. La couleur mauve reflète la pop, c’est pétillant, c’est vivant.

LD : Quels sont vos projets dans un avenir proche ?
Julien : On va préparer un prochain disque, c’est sûr, mais on va le faire différemment. Cinéma Plymouth a été enregistré sur trois ans. Le style a eu le temps d’évoluer, et on avait peur que l’album sonne comme une compilation. Au final, on a réussit à créer un tout par l’ordre des chansons et par la thématique de l’album, mais pour le prochain disque, on va s’enfermer en studio pendant deux semaines, en jouant de huit à huit, pour toujours être dans le bain.

LD : Si je vous comprends bien, vous croyez à l’élan artistique ?
Alex : Oui, plutôt. Quand on commence à composer, il y a un enivrement, il faut terminer la chanson à tout prix, et il n’y a rien de pire que de quitter le studio en plein milieu.

J‑C : Mais il ne faut pas non plus croire au mythe du dieu qui descend pour nous donner la toune sur un plateau d’argent. On travaille nos suites d’accords, nos harmonies vocales, nos mélodies, et une fois que tout cela est placé, alors on peut se laisser aller dans l’exploration de sonorités diverses.

LD : Tirerez-vous une leçon de l’histoire de Misteur Valaire pour pouvoir vivre de votre musique ?
Alex : Misteur Valaire, c’est un spectacle énorme où le disque n’est que la carte de visite. Ils vivent des revenus de leurs shows. Nous, on est des tripeux de studios, on aime gosser sur nos compositions, mais ce n’est pas ca qui est payant. La réalité d’aujourd’hui, c’est qu’il vaut mieux faire deux semaines d’enregistrement foireuses avec huit mois de tournée. On vise un compromis entre les deux.

LD : Que se passe-t-il avec Mauves dans les prochaines semaines ?
Cédric : D’abord, on lance notre album le 25 octobre au Quai des brumes, à Montréal. Après le lancement, on fera quelques shows à Québec. Ce qu’on voudrait vraiment, c’est de faire des grosses premières parties, comme celles de Malajube, de Karkwa, de Jimmy Hunt, ou même de Robert Charlebois.


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