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Le fantastique renouvelé

Le Prince des Dragons se démarque par sa beauté et ses personnages.

Wonderstorm/Netflix

La saison trois du Prince des Dragons est sortie en novembre 2019 sur la plateforme de vidéos à la demande Netflix. Le dessin animé, dont la première saison a été mise en ligne en septembre 2018, est créé par Aaron Ehasz et Justin Richmond. Le premier a d’ailleurs participé à l’écriture et la production du dessin animé Avatar, le dernier maître de l’air, ce qui se ressent clairement dans l’animation du Prince des Dragons. Un jeu vidéo s’inspirant de l’univers de la série serait également en cours de développement.

Un récit fantastique 

Les spectateur·rice·s suivent l’évolution des princes Ezran et son demi-frère Callum dans l’univers fantastique de Xadia, entre les royaumes humains et les terres magiques. Les humains n’ont pas accès naturellement à la magie, mais ont réussi à détourner une autre source de pouvoir : la magie noire, qui tire sa puissance de l’essence vitale d’êtres vivants. Suite à cette découverte, les elfes et les dragons ont divisé le continent en deux, isolant les humains. La frontière entre les deux parties du continent est gardée par le roi des dragons Avizandum. Ce dernier est alors tué par le père des deux protagonistes et son conseiller Viren. L’œuf du roi des dragons est également déclaré détruit. Ainsi, une mission de vengeance est lancée par les elfes pour assassiner le roi Harrow et son fils Ezran. Cependant, au cours de cette mission, l’une des elfes envoyées pour venger Avizandum, Rayla, ainsi que les deux princes, découvrent que l’œuf de dragon n’a pas été détruit, mais plutôt volé par Viren, le conseiller du roi. Ils et elle décident alors de ramener cet œuf à sa mère, la reine des dragons, afin de restaurer la paix sur le continent. 

Si l’intrigue regroupe de nombreux éléments classiques du genre fantastique, le Prince des Dragons se démarque tout de même sur plusieurs aspects, tout d’abord du point de vue des images et de la réalisation. Les paysages et les personnages sont remarquablement réalisés et la série présente une véritable cohérence esthétique. La série utilise une animation tridimensionnelle pour les personnages, ainsi qu’un mélange entre de la modélisation 3D et de la peinture. Si l’animation paraît quelque peu hachée dans la première saison à cause d’une fréquence d’image faible, cela est ensuite corrigé dans les saisons suivantes. 

Représentations

Un autre aspect remarquable du Prince des Dragons est la diversité des personnages. C’est d’ailleurs l’un des objectifs principaux de la série selon Aaron Ehasz : « créer un monde fantastique qui paraît plus divers et représentatif que les autres mondes fantastiques et les histoires vues dans le passé », le but étant de permettre à « plus de personnes de se voir représentées à l’écran et s’identifier aux personnages. » Le dessin animé présente ainsi des personnages racisés, LGBTQ+ ainsi qu’une personne sourde, parlant le langage des signes. Ces personnages occupent d’ailleurs des rôles importants dans la narration et ne sont pas relégués à des occupations hiérarchiques inférieures ou des rôles stéréotypés. Au contraire, ces personnages sont des reines, des rois, des commandant·e·s.

Dans de nombreux cas, les humains montrés dans les univers fantastiques sont des personnes blanches, cisgenres, hétérosexuelles. Ces personnes représentent alors de manière universelle les « humains », en opposition aux personnages et créatures fantastiques. Ces derniers témoignent d’ailleurs souvent des caractéristiques associées à des groupes minoritaires, utilisées afin de faire ressortir les traits négatifs ou « étrangers » de ces personnages non-humains. Le Prince des Dragons, au contraire, présente une réflexion sur la place et la nature des humains, vus comme intrinsèquement mauvais par les autres personnages, en raison de leur usage de la magie noire et des conséquences de cette dernière. Le rapport de force traditionnellement observé dans ce genre de récit est ainsi remis en cause, la « norme » humaine n’étant pas considérée comme naturellement bonne, à l’opposé de ceux qui n’y correspondent pas. 

L’idée de représentation dans un dessin animé est importante de par la portée qu’il peut avoir : le Prince des Dragons reste accessible et destiné à un public jeune. Les épisodes courts de vingt-cinq minutes apportent de la clarté à l’histoire, mais cette dernière reste tout de même assez complète pour s’adresser également à une audience plus adulte.


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