Aller au contenu

Les perles animées des RIDM

Des mérites du recours à l’animation pour l’écriture documentaire. 

Mahaut Engérant | Le Délit

Pour leur 19e édition, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal se sont penchées sur les opportunités que le cinéma d’animation offre au genre documentaire. Outre l’organisation de plusieurs discussions sur ce thème en compagnie de cinéastes utilisant l’animation dans leurs réalisations, les RIDM ont également organisé la projection de court-métrages animés, rivalisant de créativité et de poésie. La Cinémathèque québécoise accueillait le 17 novembre la projection de cinq de ces réalisations, dont la beauté et l’inventivité laissent présager de beaux jours au documentaire animé.

Manque de preuves, d’Hayoun Kwon, a ouvert la danse avec panache. Ce court-métrage revient sur la confrontation entre un demandeur d’asile nigérian et la bureaucratie française. Le recours à l’animation permet d’illustrer son témoignage avec virtuosité. Visuellement brillant, ce documentaire questionne avec talent la réduction des drames humains à des numéros de dossier.

Tussilago, de Jonas Odell, mélange témoignages, images d’archives et animation pour revenir sur l’histoire d’amour houleuse d’une jeune suédoise avec Norber Kröcher, leader d’un groupe ayant organisé l’enlèvement de la femme politique suédoise Anna-Greta Leijon dans les années 70. Odell parvient à se réapproprier cette histoire avec talent et originalité. Son recours à l’animation dépoussière les codes rangés du documentaire historique.

Never like the first time, du même réalisateur, illustre les premières fois de quatre protagonistes décrivant leurs expériences en voix-off. Les styles d’animation utilisés s’adaptent avec souplesse aux diversités des histoires racontées. Entre humour et violence, les illustrations de ces quatre témoignages nous immergent sans voyeurisme dans l’intimité d’inconnus.

I met the Walrus, de Josh Raskin, revient sur la rencontre d’un adolescent avec John Lennon dans sa chambre d’hôtel en 1969. La voix d’outre-tombe du chanteur des Beatles devient l’instrument de l’imagination facétieuse du réalisateur. Josh Raskin transforme cette rencontre inattendue en déambulation psychédélique et espiègle dans l’esprit de John Lennon.

Dernier court-métrage présenté, Ryan revient sur la carrière de Ryan Larkin, maître canadien de l’animation devenu mendiant. Cet hommage animé, primé aux Oscars, nous plonge dans l’univers « psychoréaliste » du réalisateur Chris Landreth, empreint d’un surréalisme aux accents savoureusement torturés.

Avec ces cinq court-métrages, les RIDM réussissent haut la main leur défi de donner voix à des écritures documentaires innovantes et audacieuses. Le recours à l’animation promet un renouvellement poétique du genre documentaire, pour le plus grand bonheur des amoureux de ces deux écritures cinématographiques.


Articles en lien