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Exploration artistique : au-delà du monde visible

Exposition Outre de SMITH au Centre VOX.

Dominika Grand'Maison

L’exposition Outre de l’artiste SMITH se révèle être une exploration audacieuse et immersive au-delà des conventions artistiques, invitant le public à remettre en question la binarité du genre et à sonder son univers à
travers différents médiums, tels que la photographie, la danse, la vidéo, et même la sculpture. La singularité de cette exposition réside dans le refus délibéré d’attribuer des descriptions à chaque œuvre – les détails tels que les dates, les lieux et les noms – forçant les visiteurs à s’éloigner de l’histoire personnelle de l’artiste et à explorer une réalité alternative, plus vaste. Cette absence crée une sensation de flottement, renforcée par de nombreuses photos floues, comme de la fumée, évoquant une vision de l’art en tant que flux continu et non défini. SMITH cherche à déstabiliser nos modes de pensée et pousser notre imagination à aller au-delà, bouleversant toutes notions intériorisées.

L’exposition s’ouvre sur une salle obscure dans laquelle une vidéo est projetée. Celle-ci explique la démarche de l’artiste et soulève des questions identitaires ainsi que la volonté de comprendre l’inintelligible. SMITH ne souhaite pas être un artiste qui se conforme à nos réalités binaires. Il se décrit comme « outre » : il existe entre
deux opposés, entre l’humain et le non-humain, le visible et l’invisible, le masculin et le féminin. Il dit n’appartenir à aucun côté, et vivre à la frontière. C’est ainsi que ces questions d’identité se retranscrivent dans chacune des œuvres, avec des modèles androgynes.

Au cœur de cette exposition : l’utilisation innovante de caméras thermiques. Les photographies sont dominées par des tons de jaune, orange, rose, rouge, et bleu. Ces caméras permettent de rendre visible l’invisible, mettant en lumière l’énergie thermique, persistante malgré le temps qui passe. Cette traversée lumineuse est symbole de
prise de conscience, révélant des aspects de notre monde qui échappent généralement à notre perception.

La salle principale expose de nombreuses photographies de tailles variées, comme des vignettes d’un quotidien. SMITH photographie ses proches, des lieux anonymes, des animaux, et même un bureau mal rangé, afin de transmettre sa vision du monde au public, son environnement à travers la lentille de la caméra.

Il y a également une réelle concentration sur le corps humain. En plus des photographies qui présentent des corps non-genrés, on peut retrouver des petites sculptures disposées au milieu de la pièce, qui sont également
celles de corps. Certaines se tiennent seules, d’autres sont à deux et ont l’air de s’enlacer. La matière transparente utilisée, ainsi que la lumière qui provient du socle donne l’impression que ces sculptures sont faites en glace et évoquent cette idée de fusion et d’absence de frontière.

Cette idée se poursuit dans une seconde vidéo, dans laquelle un groupe de danseurs semble se fondre les uns dans les autres, dans une chorégraphie libre en flux constant. On y observe aussi un médecin qui injecte une puce
électronique dans la peau de l’artiste. Une opération qui permet à sa conscience d’accéder à un autre univers. Une question s’impose : qu’est ce que notre réalité ? SMITH s’intéresse aussi aux états de corps secondaires que permettent les avancées technologiques. Que ce soit les traitements hormonaux utilisés pour la transition de genre
ou même les vols paraboliques. En effet, il a été inspiré par ces avions qui recréent l’état d’apesanteur, qui permettent au corps de flotter, de ne plus rien ressentir, comme si nous n’étions plus soumis à la réalité.

L’exposition Outre de SMITH offre une expérience artistique immersive qui transcende les normes, invitant les visiteurs à explorer de nouveaux imaginaires et à remettre en question notre perception du monde. L’artiste offre une vision audacieuse du monde, qui déstabilise nos modes de pensées, incitant chacun à embrasser la
non-conformité.

L’exposition Outre est accessible gratuitement au Centre VOX jusqu’au 3 février.


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