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Rassemblement contre l’antisémitisme

La communauté juive mcgilloise se mobilise pour dénoncer la montée de l’antisémitisme.

Hugo Vitrac | Le Délit

Le 2 novembre dernier, de 12h à 13h, plusieurs membres de la communauté juive mcgilloise ont organisé un rassemblement contre l’antisémitisme sur l’artère piétonne principale de l’Université. Plus d’une centaine de personnes ont répondu à leur appel. Réunis autour d’une table où étaient affichées les photos des otages pris par le Hamas, et d’une pancarte « Ensemble contre l’antisémitisme (tdlr)», les participants ont écouté des discours et chanté des slogans. De nombreux participants étaient drapés ou brandissaient des drapeaux israéliens. D’autres portaient des pancartes réclamant le retour des 240 otages enlevés par le Hamas lors des attaques du 7 octobre dernier.

Le même jour, à 17h, Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) a organisé une vigile et une minute de silence en l’honneur aux 10 000 victimes palestiniennes tuées par l’armée israélienne depuis le début du conflit. Leurs noms ont été projetés sur la façade du bâtiment des Arts, et un drapeau palestinien a été étendu sur les marches. Éclairés par des bougies, des étudiants et des professeurs se sont succédé pour lire des poèmes, des témoignages et faire des discours. 

« Ensemble contre l’antisémitisme »

Alors que les participants criaient « Ramenez-les à la maison », en référence aux otages israéliens, un homme d’une quarantaine d’années s’est introduit dans le cercle et a crié plusieurs fois tout en filmant avec son téléphone : « J’ai un autre chant pour vous. Tuez plus d’enfants palestiniens. » Toutes les personnes présentes lors du rassemblement se sont alors écriées en hébreu, puis en anglais pour couvrir ses exhortations : « Paix et prospérité pour Israël et la Palestine !» L’homme a par la suite été écarté du rassemblement par la sécurité de McGill. 

Nicole Nashen, étudiante en droit et organisatrice de l’évènement, a pris le micro pour dénoncer la montée de l’antisémitisme dans le monde et sur le campus. Elle a répété plusieurs fois un chiffre, depuis l’attaque du Hamas : l’antisémitisme a augmenté de 400% aux États-Unis, illustrant son propos par des attaques parfois mortelles contre des personnes juives aux États-Unis, en Australie et en France. Mais selon elle, l’antisémitisme se fait aussi ressentir à McGill : « Nous avons été témoins de ces événements sur nos campus ici à Montréal, alors que nous nous rendions en classe et que nous passions devant des pancartes appelant à une autre Intifada, un soulèvement violent pour assassiner des juifs et des Israéliens. Lorsque nous nous rendons à la bibliothèque, que nous entendons des manifestations glorifiant l’attaque du Hamas, ou en ouvrant Instagram, nous avons peur. Nous nous sentons seuls.»

« L’objectif du rassemblement était de faire en sorte que les étudiants juifs n’aient pas peur. Nos messages portaient sur la paix. »

Nicole Nashen a clos son discours par un appel à la paix : « Nous prions pour un monde dans lequel aucune de nos communautés ne verra les bombes tomber comme des gouttes de pluie. Nous prions pour un monde dans lequel nos deux communautés pourront élever leurs enfants dans la paix. Nous prions pour la paix, l’humanité, la dignité et la prospérité des Israéliens et des Palestiniens.»

Interrogée par Le Délit sur les motivations de ce rassemblement, Nicole Nashen a affirmé : « Le simple fait de pouvoir se réunir, d’être solidaires les uns envers les autres, de parler de notre douleur commune, et de nous rassembler en tant que communauté est tellement important. Parce que beaucoup d’entre nous ont peur en ce moment, beaucoup d’étudiants juifs choisissent de mettre un bonnet sur leur kippa, de cacher leurs étoiles de David sous leur chemise.»

Le Délit s’est entretenu avec un autre étudiant juif présent lors de la manifestation, Matthew*, qui a préféré rester anonyme. Il a dénoncé la confusion dans les prises de position et les discours depuis le début du conflit entre antisionisme et antisémitisme : « Si les gens se promènent avec une kippa, ils se feront traiter de noms qui font référence à ce qui se passe en Israël. Si je dis que je suis Israélien, les gens me diront par exemple que je suis un colonisateur. Ces gens qui ne savent pas qui je suis m’attribuent toutes ces choses, simplement à cause de mes origines.» Au sujet du rassemblement, Matthew* nous a déclaré : « J’étais très heureux, car notre objectif n’était pas de prendre position sur ce qui se passait au Moyen-Orient. L’objectif du rassemblement était de faire en sorte que les étudiants juifs n’aient pas peur. Nos messages portaient sur la paix. » 

*Prénom fictif


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