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Manger, travailler et dormir dans la même chambre ?

Les nouvelles mesures sanitaires dans les résidences mcgilloises amènent les étudiant·e·s à questionner leur situation. 

Alexandre Gontier | Le Délit

Le 4 janvier dernier, à la suite de la hausse exponentielle des cas de COVID-19 au Québec face au variant Omicron, les McGillois·es en résidence universitaire ont reçu une liste de nouvelles restrictions. Plusieurs doivent composer avec la panoplie de mesures sanitaires et décider de retourner à Montréal ou de rester au foyer familial.

Le communiqué explique que les salles à manger sont ouvertes uniquement pour les repas à emporter et que les restaurants sont temporairement fermés, une restriction qui fait écho aux mesures sanitaires annoncées par le gouvernement Legault le 31 décembre. Pendant le couvre-feu, de 22h à 5h, les étudiant·e·s ne sont pas autorisé·e·s à se réunir. La mise en vigueur du couvre-feu ne permet aux résident·e·s de quitter leur chambre que pour pratiquer des activités essentielles. Par ailleurs, les étudiant·e·s ne sont autorisé·e·s à accueillir dans leur chambre qu’un·e seul·e invité·e de leur résidence à la fois, la venue de visiteur·se·s extérieur·e·s étant interdite. 

Dans un autre communiqué envoyé le 4 janvier, le Service de logement étudiant et d’hôtellerie clarifie que ce ne seront que les étudiant·e·s avec des chambres simples qui auront le droit d’accueillir un·e invité·e interne. Quant à ceux·lles avec des chambres doubles (partagées), il·elle·s ne sont pas autorisé·e·s à recevoir quiconque. Les salles communes et d’exercice sont aussi fermées. Avec les cours en mode synchrone, la vie en résidence oblige les étudiant·e·s à rester dans leurs chambres, entraînant des conséquences néfastes sur leur santé mentale et physique. En effet, selon un sondage publié par l’Union étudiante du Québec en février 2021, 81% des universitaires vivaient avec de la détresse psychologique, et de ce nombre, la moitié estimait que leur état commençait à décliner pendant la session d’automne lorsque les cours se tenaient à distance. 

McGill ne prend pas les restrictions dans les résidences à la légère. L’année dernière, l’Université avait expulsé un groupe d’une dizaine de résident·e·s en violation des mesures sanitaires en vigueur, qui prohibaient les rassemblements privés dans les chambres. McGill leur avait donné quelques heures pour plier bagage et pour trouver un autre logement.

→ Voir aussi : McGill expulse des étudiant·e·s de leurs résidences avec moins de 24h de préavis

« Le manque de communication de la part de l’Université rend la situation ridicule » 

Sonia, résidente à Molson Hall 

Pour Marie, étudiante en première année, son retour en résidence s’explique par son envie de retrouver ses ami·e·s : « Je pense que c’est une assez bonne raison pour retourner [à Montréal]», confie-t-elle.

Elle ajoute qu’en résidence, elle a moins de distractions et qu’un retour sur le campus lui permet d’avoir accès aux commodités, telles que la bibliothèque. 

Pour d’autres, l’enjeu réside dans la disponibilité des troisièmes doses au Québec et dans le sentiment d’insécurité face au variant : « Si je retourne sans ma troisième dose, je ne sais pas combien de temps je vais devoir attendre pour la recevoir, tandis qu’à Toronto, j’ai déjà un rendez-vous », commente Abbe, une résidente du Royal Victoria College (RVC). En effet, au Québec, les doses additionnelles ne seront disponibles que le 17 janvier pour les personnes âgées de 18 ans et plus. En Ontario, ce groupe d’âge est éligible pour prendre un rendez-vous depuis le 20 décembre. 

Les mesures dans d’autres provinces étant moins contraignantes qu’au Québec, certain·e·s étudiant·e·s optent pour le fait de rester au foyer familial. Sonia, une résidente de première année à Molson Hall, exprime sa frustration vis-à-vis de la situation : « Non seulement ça représente une énorme perte financière, avec aucun système mis en place par l’Université pour nous rendre notre argent si on décide de rester à la maison, mais les restrictions sont aussi énormément nuisibles à la santé mentale des étudiants. » Pour Sonia, « le manque de communication de la part de l’Université rend la situation ridicule » et ajoute au climat d’incertitudes des étudiant·e·s, qui ne savent pas « à quoi s’attendre, à quoi va ressembler la vie en résidence avec ces restrictions ».


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