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La politique municipale au féminin

Panel sur la participation des femmes aux prochaines élections municipales.

Alexandre Gontier | Le Délit

Les élections municipales auront lieu le 7 novembre prochain. Au dernier scrutin de 2017, une proportion de 32,4% des postes ont été remportés par des femmes. Pour en inspirer davantage à occuper le rôle d’élue municipale, la Fédération québécoise des municipalités et le Comité femmes et politique municipale ont organisé le 1er septembre dernier une table ronde sur le leadership au féminin. L’événement était l’occasion d’engager une discussion sur les freins et les défis inhérents à la participation des femmes en politique. 

Animée par la journaliste féministe Judith Lussier, la table ronde rassemblait un panel de femmes d’influence, qui ont partagé leurs réflexions sur la place des femmes en politique, en plus de témoigner de leur propre implication et expériences. Un message d’ouverture a d’abord été présenté par Mme Isabelle Charest, ministre responsable de la Condition féminine, ainsi que par Mme Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation. Toutes deux impliquées au niveau provincial, elles se sont dites convaincues que voir plus de femmes en politique représente un atout non seulement pour les femmes, mais pour l’étendue de la population. « Une meilleure représentativité de la population engendre des décisions qui se collent davantage aux défis et besoins des individus. C’est le principe de la démocratie : il faut une représentation juste et claire de la population », a affirmé Mme Charest. 

« La beauté de la démocratie, c’est que tout le monde peut s’impliquer. Tout le monde peut faire la différence, il n’y a pas de candidat·e parfait·e »

Chantale Lavoie

Valoriser le leadership

Selon la conférencière Cloé Caron, une des limites inhérentes à la participation féminine en politique est l’idée reçue que les femmes, au contraire des hommes, doivent « tout » faire. Ces hautes attentes pousseraient les femmes à vouloir et à devoir, parfois malgré elles, tout prendre en charge. Cette norme culturelle limiterait donc les femmes dans l’expression de leur leadership, car en plus de s’en mettre énormément sur les épaules, les femmes auraient tendance à vouloir exceller dans tout ce qu’elles entreprennent. Ce désir de perfection serait un frein significatif à l’expression du leadership féminin, selon Mme Caron. Parmi la centaine de femmes présentes lors de la table ronde, 31% d’entre elles se limiteraient dans leur implication par peur de ne pas être suffisamment qualifiées, 20% croiraient ne pas en faire assez, puis 15% craindraient ne pas être appréciées par leurs semblables.

« Souvent, comme femme, on regarde ce qu’on n’a pas plutôt que ce qu’on a. On attend un diplôme plutôt que de vraiment considérer nos compétences », a affirmé Marie-Claude Barrette, invitée comme panéliste. D’après l’animatrice et personnalité publique, les femmes devraient se faire davantage confiance et plonger en politique, car avant toute forme de diplôme, il faut des convictions. 

D’après la panéliste Pauline D’Amboise, secrétaire générale et vice-présidente au sein du Mouvement Desjardins, il n’existe pas de leadership typiquement féminin ou typiquement masculin. Il y a plutôt, selon elle, des perceptions, des attentes et des idées reçues qui créent des barrières dans l’implication féminine ou masculine. Mme D’Amboise invite donc les femmes à prendre davantage leur place et à s’affirmer en tant que leaders. « La clé, c’est qu’il y ait de l’hétérogénéité. Il y a autant de types de leadership que de types d’individus », a souligné Pauline d’Amboise. 

Des freins à surmonter

De nombreux freins et obstacles attendent les femmes qui veulent s’impliquer, a affirmé la préfète de la MRC de La Matapédia, Chantale Lavoie. Cependant, ayant été à de nombreuses reprises la cible de critiques depuis son élection en 2009, l’important selon Mme Lavoie est de savoir s’auto-réfléchir et faire fi des critiques non constructives. « La critique fait partie de la politique quotidiennement. La divergence d’opinion, il faut l’utiliser pour avancer », a‑t-elle défendu.

Le poids de ces critiques fait pourtant des ravages importants, s’est indignée Marie-Claude Barrette.  Tout au long de sa carrière, Mme Barrette a vu de nombreuses élues quitter la politique parce qu’elles trouvaient trop acerbes les commentaires déferlant sur les réseaux sociaux. Dans bien des cas, ces critiques ne concernaient pas leurs engagements politiques, mais plutôt des aspects complètement hors sujet, comme l’apparence physique. « On est en train d’aseptiser le droit de parole des femmes par le fait d’individus qui créent la zizanie sur les réseaux sociaux. On ne peut pas se permettre de perdre des femmes en politique », s’est désolée Mme Barrette. 

« Quand les femmes décident de s’impliquer en politique, elles sont énormément engagées dans leur leadership. Elles sont extrêmement travaillantes »

Marie-Claude Barrette

Diversité et modes de pensée

Si la participation des femmes en politique municipale est largement inférieure à celle des hommes, la participation des femmes non blanches est d’autant plus marginale. La composition de la table ronde en était effectivement un exemple, a noté l’animatrice Judith Lussier, forcée d’admettre que les invitées du panel étaient issues de milieux socioculturels considérablement homogènes. Selon Pauline D’Amboise, l’implication municipale de toutes et de tous est toutefois souhaitable pour couvrir l’ensemble des besoins de la population, mais aussi pour amener de nouveaux modes de pensée. « Les jeunes, par exemple, nous permettent d’apporter de nouvelles solutions à la question environnementale, et de redéfinir les priorités. La politique doit être le miroir des besoins réels et actualisés », a renchéri la femme d’affaires.

La période de dépôt des candidatures des élections municipales a lieu du 17 septembre au 1er octobre 2021. Pour plus d’informations, visitez www​.electionsmunicipales​.gouv​.qc​.ca.


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