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Une « affaire de conscience »

Un professeur démissionne parce que McGill refuse de désinvestir son fonds de dotation.

Iyad Kaghad | Le Délit

La semaine dernière, Gregory Mikkelson, professeur à l’École d’environnement et au Département de philosophie de l’Université McGill, annonçait qu’il avait quitté son poste à la suite de la décision de l’Université de ne pas désinvestir son fonds de dotation des énergies fossiles. Mikkelson indiquait dans une entrevue avec CBC qu’il s’agissait d’une « affaire de conscience » et qu’il jugeait que demeurer dans son poste serait immoral.

Des mesures insuffisantes

La démission du professeur Mikkelson s’est produite dans la foulée de la publication, en décembre dernier, du rapport du Comité de recommandations en matière de responsabilité sociale (CAMSR), un sous-comité du Conseil des gouverneurs, qui rejetait pour la troisième fois le désinvestissement. Le rapport, qui a été approuvé le 5 décembre 2019 par le Conseil des gouverneurs, proposait une réduction de « l’intensité carbone » du portfolio de l’Université mais indiquait « [qu’un] désinvestissement absolu du secteur des énergies fossiles n’est pas recommandable ». Pour Mikkelson, ce n’est pas assez : « Le désinvestissement, ça fonctionne » disait-il lors d’un entretien avec la CBC, « ça crée une pression politique pour que les gouvernements fassent la bonne chose. »

Une personne clé

Dans une publication sur son compte Instagram, le groupe Divest McGill, qui milite pour le désinvestissement des énergies fossiles, remerciait le professeur Mikkelson pour son travail au sein du mouvement depuis plusieurs années, ajoutant que « la démission de Mikkelson est une perte pour McGill. Nous sommes outré·e·s de voir qu’un professeur ait quitté son poste parce que McGill ne pouvait pas prendre une position morale de base contre l’industrie des carburants fossiles ». Mikkelson a en effet joué un rôle important dans le mouvement pro-désinvestissement sur le campus. En 2018, il a présenté une motion de recommandation du désinvestissement au Sénat de McGill. C’est à la suite de l’adoption de cette motion que le Conseil des gouverneurs a mandaté CAMSR d’examiner la question du désinvestissement pour la troisième fois.

Un long combat

Ce rejet du désinvestissement par CAMSR marquait la troisième fois que le comité se prononçait ainsi. Il a rejeté cette action une première fois en mai 2012, et de nouveau en 2016, où leur rapport indiquait que « L’impact positif des compagnies d’énergies fossiles compense ou l’emporte sur leur impact nuisible en ce moment ». Dans un communiqué de presse publié le 5 décembre, Divest McGill insistait qu’ « il est grand temps que McGill rejoigne ce mouvement [le désinvestissement] afin de dénoncer l’impact des compagnies d’énergies fossiles et de réclamer un avenir durable ».


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