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Au service des étudiant·e·s

Madeline Wilson présente sa vision d’un milieu universitaire plus collaboratif.

Courtoisie de l’AÉUM

Le Délit rencontre Madeline Wilson, vice-présidente aux affaires universitaires de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Elle nous parle de sa vision pour l’année à venir : une augmentation de représentation étudiante, le désinvestissement du fonds de dotation de McGill et des ressources éducatives plus accessibles, entre autres.

Le Délit (LD) : Quelles sont les grandes lignes de vos responsabilités en tant que VP aux affaires universitaires ?

Madeline Wilson (MW) : Je dirais que ma responsabilité la plus importante est mon travail avec l’administration de McGill. À cette fin, je siège au Sénat (de McGill, ndlr) et sur certains de ses sous-comités. Je gère également les Sénateur·rice·s étudiant·e·s – 13 des 111 sièges du Sénat de McGill sont réservés à des étudiant·e·s de premier cycle, alors j’aide à coordonner leur travail et leurs projets, ce qui implique aussi la gestion de recherches sur des campagnes de mobilisation à l’échelle de l’université. De plus, je suis responsable du nouveau comité du fonds d’aménagement des bibliothèques. Nous avons un·e commissaire au fonds d’aménagement des bibliothèques qui travaille à allouer l’argent à des projets qui améliorent les bibliothèques pour les étudiant·e·s, comme par exemple l’accès 24 heures par jour durant la période d’examens.  Je gère aussi les nouveaux·elles commissaires à l’équité qui sont en charge de l’implantation de la politique d’équité et du comité d’équité. Je travaille également dans le domaine des droits étudiants et des projets académiques – nous sommes en ce moment en plein milieu de notre campagne Know your Rights (Connaissez vos droits, ndlr), qui a pour but d’éduquer les étudiant·e·s au sujet de leurs droits à McGill. 

LD : Un petit retour sur le comité d’équité : quelles sont ses responsabilités et quel y est votre rôle ?

MW : Le comité d’équité a un rôle en trois parties. Il se charge de l’organisation d’événements par rapport à l’équité, donc l’an dernier il y a eu des conférencier·ière·s invité·e·s, et ils·elles ont organisé un dîner pour les étudiant·e·s qui travaillent au sein d’initiatives concernant l’équité sur le campus, afin que ceux·celles-ci puissent se rencontrer et forger des liens. Le comité se charge également de formations d’équité pour les conseiller·ière·s, sénateur·rice·s ainsi que les clubs – cette année, pour la première fois, nous offrons une formation obligatoire. 

Finalement, le comité gère les politiques d’équité. Cela signifie que si un·e membre de l’AÉUM aurait une plainte à porter ou une divulgation à faire sous la politique d’équité, le comité tiendrait une rencontre avec ce·tte membre et se chargerait du processus d’enquête ou de résolution.

LD : Qu’espérez-vous accomplir durant l’année à venir ?

MW : Plusieurs choses, j’espère. J’aimerais voir l’Université repenser la façon dont elle se gouverne. À mon avis, la gouvernance universitaire est une entité très intéressante, parce qu’elle est si nébuleuse et inaccessible du point de vue étudiant. Oui, les étudiant·e·s sont obligé·e·s de siéger à certains niveaux (de gouvernance, ndlr), mais la façon dont l’administration consulte la population étudiante dans le cadre de l’élaboration de politiques est souvent très performative – ils·elles demandent l’avis des étudiant·e·s parce qu’il le faut et non pas parce qu’ils·elles veulent des réponses honnêtes qui vont contribuer à l’amélioration de notre communauté.

C’est intéressant parce que la plupart de nos entités sont gouvernées par une majorité de professeur·e·s et administrateur·ice·s, mais en réalité, la communauté mcgilloise est composée d’une grande majorité d’étudiant·e·s. Je crois donc que nous devons encourager McGill à repenser la façon dont les voix et les initiatives de différents groupes sont priorisées sur le campus. À mon avis, cela commence avec un changement de culture des comités, donc il faut s’assurer que les membres soient conscient·e·s des dynamiques de pouvoir qui y sont intrinsèques. Idéalement, il y aurait plus de représentation étudiante – l’un de mes projets que je trouve très important est la parité étudiante au sein de comités qui gèrent des politiques concernant les étudiant·e·s. Je milite très fermement pour le désinvestissement (le retrait des placements de McGill dans les compagnies de carburants fossiles, ndlr), alors nous travaillons avec Divest McGill et LPSU (La Planète s’invite à l’Université, ndlr), qui est un groupe environnemental à l’échelle provinciale, pour donner un coup de main à cette campagne. Je veux aussi travailler à la révision de la politique sur les violences sexuelles, faire connaître aux étudiant·e·s  leurs droits, et également les connaissances des professeur·e·s au sujet des droits étudiants.  J’espère faire de la liste d’attente le format d’inscription par défaut pour tous les cours, ce qui est un projet sur lequel j’ai travaillé dans la Faculté des arts dans le cadre de mes rôles précédents, mais que j’aimerais étendre à toutes les facultés.  La sensibilité financière est aussi un enjeu très important pour moi – je souhaite travailler avec des professeur·e·s afin de remplacer les manuels de cours par des ressources gratuites en ligne.

« L’un de mes projets que je trouve très important est la parité étudiante au sein de comités qui gèrent des politiques concernant les étudiant·e·s »

LD : L’année dernière, vous avez siégé au Sénat de McGill en tant que représentante de la Faculté des arts. Comment votre poste actuel diffère-t-il de celui-là, et est-ce que siéger comme sénatrice vous a été utile en termes de préparation ?

MW : Siéger en tant que sénatrice a été très utile afin de me préparer à mon nouveau rôle. Cela m’a donné l’opportunité d’apprendre comment fonctionne l’Université, ce qui peut être, comme je l’ai déjà mentionné, très nébuleux pour beaucoup d’étudiant·e·s. La principale différence entre ce poste et celui que je détiens maintenant est qu’en tant que sénatrice représentant la Faculté des arts, je faisais partie d’un groupe géré par l’AÉUM, tandis que maintenant je suis celle qui gère le groupe. C’est intéressant parce qu’en ayant précédemment occupé le poste de sénatrice je sais quelles parties de la structure (fournie par l’AÉUM, ndlr) me limitaient, donc en étant maintenant « en charge », de cette structure, cela va nous permettre d’avoir un caucus sénatorial beaucoup plus collaboratif.

LD : Travailler en politique étudiante peut parfois être épuisant – qu’est-ce qui vous garde motivée ?

MW : Ce sont les petites interactions avec les gens qui égayent ma journée. C’est aussi de savoir que les petites choses que je fais font réellement une différence. Je crois qu’au sein de la politique étudiante il y a beaucoup d’espaces qui sont très masculins, très toxiques, où la modération du ton (tone policing en anglais, ndlr) est très évidente, alors je crois qu’en tant que femme en politique étudiante il est nécessaire d’avoir un réseau de soutien.

« Ce sont les petites interactions avec les gens qui égayent ma journée. C’est aussi de savoir que les petites choses que je fais font réellement une différence »

Je ne veux pas dire que je fais ceci toute seule – en tant que membre de l’exécutif et aussi au sein de mon portfolio, j’ai toute une équipe avec moi qui me soutient et qui m’aide. C’est cliché à dire, mais je ne pourrais rien faire sans eux·elles.

LD : Quelle est la chose que vous souhaitez le plus voir se réaliser à McGill dans la prochaine année ?

MW : De façon très concrète, j’aimerais voir McGill désinvestir (son fonds de dotation des compagnies de carburants fossiles, ndlr). De façon plus nébuleuse, j’aimerais que l’administration traite mieux les étudiant·e·s, pour que ceux·celles-ci se sentent davantage écouté·e·s.


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