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L’activisme étudiant pour les réfugié·e·s à McGill

Portrait du programme d’Entraide Universitaire Mondiale du Canada (EUMC).

Fleur Burnham

Le Canada est le huitième pays au monde avec le plus grand ratio d’immigrant·e·s au sein de sa population. Plus d’un quart des personnes résidant au Canada actuellement ont eu par le passé un statut d’immigrant·e ou de résident·e permanent. L’Université McGill n’est pas exemptée de ce phénomène puisqu’elle compte plus de 12 000 étudiant·e·s internationaux, soit 30% de sa population étudiante. Au sein de cette population, certain·e·s sont des réfugié·e·s ayant eu l’opportunité de venir étudier à McGill à travers le programme de l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC).

L’EUMC est une association canadienne à but non lucratif qui a pour mission d’améliorer les opportunités éducatives, économiques et professionnelles offertes aux jeunes dans plus de quinze pays d’Asie, d’Afrique et des Amériques. Concrètement, son mandat consiste à améliorer l’accès à l’éducation, aux opportunités de travail et aux formations professionnelles pour les jeunes issus de pays en conflit, en leur offrant des opportunités d’étudier au Canada. L’association a aussi pour mandat de solliciter les jeunes résidant au Canada à s’impliquer dans leur communauté.

L’EUMC est composée de plus de 86 comités locaux présents dans différentes universités et cégeps, dont un à l’Université McGill. Ces comités locaux organisent des ateliers de sensibilisation aux problèmes d’éducation des réfugié·e·s et d’autres événements destinés à l’intégration des étudiant·e·s à McGill.

« Actuellement, le comité local de WUSC à McGill peut soutenir financièrement sept nouveaux·elles étudiant·e·s réfugié·e·s grâce aux fonds alloués chaque semestre par les étudiant·e·s de l’Université »

Programme d’étudiant·e·s réfugié·e·s

L’une des initiatives principales de l’association est son programme d’étudiants réfugiés (PÉR). Ce programme a été établi en 1978 en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour réfugiés (UNHCR), le ministère de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté du Canada (IRCC) et l’Organisation Internationale pour la Migration (IOM). Jusqu’à aujourd’hui, le projet a permis la venue de plus de 2200 étudiant·e·s réfugié·e·s au Canada afin de leur permettre d’y étudier et d’accéder à des opportunités professionnelles. Annuellement, le programme accueille plus de 150 étudiant·e·s réfugié·e·s réparti·e·s dans plus de 100 universités et cégeps canadiens. L’initiative de PÉR est de « combiner la réinstallation avec des possibilités d’enseignement supérieur ». Ainsi, les étudiant·e·s ayant un statut de réfugié·e·s sont choisi·e·s par l’intermédiaire d’un long processus de sélection et sont ensuite accueilli·e·s dans une université canadienne équipé·e·s d’une bourse couvrant la majorité de leurs frais de scolarité et de logement pendant cinq ans.

L’EUMC à McGill

Le comité local de McGill s’occupe de mettre en place le programme PÉR à l’université, c’est-à-dire tout ce qui a trait à la sélection des candidat·e·s, leur arrivée au Canada et leur intégration jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Le programme PÉR est entièrement financé « par un prélèvement de 4 $ auprès de tou·te·s les étudiant·e·s de McGill chaque semestre, sur la base d’un référendum étudiant, et les fonds accumulés sont administrés afin d’offrir des services des bourses et de l’aide financière aux étudiant·e·s ». Actuellement, le comité local de l’EUMC à McGill peut soutenir financièrement sept nouveaux·elles étudiant·e·s réfugié·e·s grâce aux fonds alloués chaque semestre par les étudiant·e·s de l’Université.

Portrait d’un étudiant boursier

Afin d’en connaître plus sur leur impact réel de l’association EUMC et de son programme PÉR, Le Délit s’est entretenu avec Behnam Yosufi, étudiant boursier de deuxième année en génie logiciel à McGill. Behnam, d’origine afghane, nous explique que le processus d’admission au programme est extrêmement compétitif : « Il y avait 4500 jeunes réfugiés issus de l’Afghanistan qui ont candidaté dans la même année que moi et à la fin, nous étions deux à être sélectionnés pour aller étudier à McGill. (tdlr) » L’étudiant explique qu’il était souvent incertain quant à l’état d’avancement de sa candidature en raison de ses conditions de vie, plus ou moins optimales : « On devait effectuer des examens de compréhension d’anglais en ligne, mais nos maisons ne sont pas insonorisées, le Wi-Fi s’éteint, les gens font beaucoup de bruit. Ça m’est arrivé d’être accusé de plagiat, car ils ont entendu quelqu’un parler dans une autre chambre, et ont supposé que je trichais ». À la suite de ce laborieux processus de huit mois, Behnam, comme 50 autres étudiant·e·s boursier·ère·s afghan·e·s, s’est envolé pour le Canada afin d’y commencer ses études en génie logiciel à McGill. Il nous explique que dès son arrivée à l’aéroport, il y avait quatre jeunes qui l’attendaient avec des pancartes et des chandails bleus, une image à l’effigie de l’EUMC et sa nature accueillante. « Dès que je suis sorti de l’aéroport je les ai vus, ils m’ont emmené manger et m’ont ensuite déposé à ma résidence étudiante. Le lendemain matin, ils sont revenus me voir et m’ont tenu compagnie. » Ce groupe de support a été un élément marquant de son expérience et son intégration à McGill.

« Grâce à leur portée impressionnante sur le campus mcgillois et dans le reste du pays, le comité local de McGill s’est vu décerner le prix du comité de l’année le samedi 10 février dernier, au congrès annuel de l’EUMC »

Intégration à McGill

Behnam raconte que ses débuts à l’université ont été très difficiles, dû au changement de système éducatif, au choc culturel et la rigueur des cours. Malgré cet ajustement massif, l’étudiant renchérit que l’EUMC McGill l’a équipé de tout ce dont il avait besoin pour réussir : un support moral et éducatif. Se caractérisant comme une personne de nature introvertie, Behnam fait part de sa grande difficulté à s’ouvrir aux autres et à partager ses défis, mais il explique que la communauté de l’EUMC lui a réellement permis de s’exprimer ouvertement et sans jugement : « Encore aujourd’hui, il sont comme une famille pour moi, une famille sur laquelle je peux compter. Ils ne me jugent pas et me supportent constamment. » Après plus d’un an et demi à Montréal, Behnam est maintenant un membre impliqué du comité local de l’EUMC dans lequel il occupe le poste de vice-président des événements. Il nous explique son intérêt pour ce nouveau rôle : « La mission du comité est d’intégrer les étudiant·e·s boursiers et j’ai adoré cette initiative et les événements organisés, donc je me suis poussé à entreprendre ce rôle. »

Futures ambitions

Lorsqu’on l’interroge sur ses aspirations futures, Behnam se dit très heureux d’avoir eu la chance d’être boursier au sein du programme, mais considère aussi la chance qu’il a d’être résident permanent au Canada, une opportunité offerte à tout·e·s les boursier·ère·s. Il compte s’épanouir à McGill, finir ses études en ingénierie logicielle et entreprendre une carrière professionnelle au Canada.

Grâce à sa portée impressionnante sur le campus mcgillois et dans le reste du pays, le comité local de McGill s’est vu décerner le prix du comité de l’année le samedi 10 février dernier, au congrès annuel de l’EUMC.


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