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Enquêter sur l’empreinte carbone mcgilloise révèle la complexité des enjeux

Mahaut Engérant

Nous publions cette semaine la première enquête de fond de l’année : l’empreinte carbone de McGill, pages 8 à 10. Dans sa volonté d’améliorer et d’approfondir la couverture des problématiques écologiques à McGill et autour, Le Délit a enquêté sur l’empreinte carbone mcgilloise pendant plus d’un mois. La complexité du sujet et l’immense difficulté d’apporter à nos questions des réponses satisfaisantes nous sont parues évidentes. En effet, l’empreinte carbone n’est qu’un seul enjeu parmi tant d’autres : la consommation d’eau, de métaux rares, la gestion des déchets, etc. 

Nous sommes obligé·e·s de reconnaître que les efforts de transparence de la Gestion des services d’utilité et de l’énergie, publiant annuellement un inventaire détaillé des émissions de GES, sont sincères. La volonté d’informer la communauté mcgilloise et montréalaise semble présente, et ce au-delà des obligations légales. Malgré toute la bonne volonté dont peut faire preuve le Bureau du développement durable, le fait demeure que les émissions mcgilloises sont supérieures à la moyenne québécoise. 

Ainsi, un constat demeure : la vision de McGill ne diffère pas de celle de n’importe quelle entreprise. On vise la transition énergétique et la « carboneutralité » pour 2040. Autant ces mesures peuvent susciter les sentiments d’espoir chez les technophiles, elles ne visent, finalement, qu’à bien faire à l’intérieur d’un système creusant sa propre tombe. Il devient d’autant plus clair que notre université, ou plutôt que les universités sont aux prises (ou complices?) du système totalisant capitaliste dans lequel nous vivons. Par ailleurs, comment ne pas sourciller face au Comité de responsabilité sociale de McGill présidé par une ancienne cadre de Petro-Canada ? Quel genre de message cela envoie-t-il à la communauté mcgilloise ? 

Toutefois, s’il serait facile et malhonnête d’accuser McGill d’être responsable de tous les maux modernes, nous nous réservons le droit, en tant que simples étudiant·e·s, d’émettre quelques suggestions afin de voir notre université continuer le chemin entamé quant à la sensibilisation aux enjeux climatiques et aux solutions concrètes tout en évitant l’écoblanchiement :

  • Une nouvelle évaluation sur les habitudes de transport quotidien des étudiant·e·s et employé·e·s, possiblement en coordination avec les instances publiques et autres universités montréalaises pour encourager le partage de données et la compréhension de l’évolution des habitudes de trafic urbain. 
  • Puisque l’enquête montre qu’une lourde part de l’empreinte carbone de l’Université provient des transports aériens – financés et non – des corps étudiants et professoraux, nous exhortons chacun·e à penser à deux fois à la nécessité de ces voyages. Privilégier les télé-conférences lorsque possible, même si nous sommes conscients que beaucoup de membre de l’académia sont soumis au publish or perish.
  • Il nous semble impératif de participer à l’effort de Divest McGill pour appeler l’Université à désinvestir des énergies fossiles, par exemple en rejoignant le rassemblement hebdomadaire du groupe tous les vendredis sur les marches du bâtiment des Arts. 
  • Il semble enfin désirable d’encourager la recherche universitaire sur les différents mouvements de décroissance. Au Québec, l’on peut penser au Professeur Yves-Marie Abraham au HEC. L’on ne peut que souhaiter voir McGill participer à transformer Montréal en éminent centre sur la décroissance. 

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