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Des partielles déterminantes

Chaque semaine, Le Délit analyse un aspect de la politique québécoise.

Béatrice Malleret | Le Délit

Après avoir laissé plusieurs mois ces circonscriptions vacantes, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a déclenché des élections dans Outremont (Québec), York-Simcoe (Ontario) et Burnaby-Sud (Colombie-Britannique).

Si à l’habitude ce genre d’évènement passe sous le radar, à moins d’un an des élections générales, les résultats de ces trois courses risquent d’être largement relayés et analysés par les grands médias : ces trois circonscriptions sont autant de baromètres des tendances électorales qui auront un impact sur le scrutin du 21 octobre. York-Simcoe, en premier lieu, est un bastion du parti conservateur, qui a obtenu plus de 50% des voix dans les trois dernières élections. Si le gagnant de ce vote n’a que très peu de chances de faire surprise, les résultats devraient donner une bonne idée de la popularité du Parti Populaire du Canada (PPC), un nouveau parti de droite fondé par l’ancien ministre et député beauceron Maxime Bernier. Même si ce parti, qui tente d’aller chercher des électeurs plus à droite que le parti conservateur, n’est pour le moment que très marginal, à cause de la division du vote, qu’il obtienne même seulement quelques points de pourcentage du vote en octobre pourraient fortement nuire au parti conservateur. Si le candidat du Parti Populaire ne parvient pas à s’illustrer dans York-Simcoe, un comté rural au nord de Toronto représentant une cible pour le parti, les troupes d’Andrew Scheer pourront respirer un peu. 

Ressac orange

La circonscription d’Outremont, détenue depuis 2007 par l’ancien chef néo-démocrate Thomas Mulcair, représente probablement un baromètre encore plus significatif. À l’époque, ce ministre démissionnaire du gouvernement de Jean Charest avait créé la surprise en l’emportant contre le candidat libéral, dont le parti avait occupé la circonscription presque sans interruption auparavant. C’est en partie cette victoire inespérée qui avait donné de la crédibilité aux aspirations québécoises du NPD et qui avait pavé la voie à la fameuse vague orange de 2011, lorsque 58 députés néo-démocrates québécois avaient rejoint Thomas Mulcair à la Chambre des communes, propulsant le NPD à l’opposition officielle. Cette fois-ci, la circonscription est fortement convoitée par le parti libéral, où la candidate Rachel Bendayan fait activement campagne depuis déjà plusieurs mois. Pour le NPD, qui a déjà perdu la majeure partie de ses sièges québécois aux dernières élections et qui est actuellement au plus bas dans les intentions de vote au Québec, une défaite dans le bastion de leur ancien chef serait un véritable choc. Pour le moment, les sondages menés par Radio-Canada semblent pointer vers une victoire facile des libéraux.

Le chant du Singh ?

Malgré tout, ce sera probablement vers l’ouest que regarderont les militants néo-démocrates le 25 février. La circonscription vancouvéroise de Burnaby-Sud, laissée vacante par le nouveau maire de la ville, est convoitée par Jagmeet Singh, le chef du NPD, qui cherche à entrer aux communes avant l’élection. Les néo-démocrates ont d’ailleurs accusé le premier ministre d’avoir repoussé les élections partielles le plus tard possible afin d’empêcher son rival de siéger en chambre. Or, les sondages annoncent une course très serrée dans cette circonscription. Dans le cas où Singh ne réussirait pas à gagner, il serait fort probable qu’il soit obligé de démissionner : de nombreux membres de son parti lui reprochent en effet de ne pas avoir réussi à se faire connaitre et apprécier des électeurs, notamment au Québec où le parti risque de perdre tous ses sièges : le Toronto Star rapporte même qu’un mouvement de contestation du chef a pris forme dans les rangs du parti. S’il advenait que Singh perde son élection partielle, il sera difficile pour le parti de passer à travers une course à la direction sans se discréditer un peu. 


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