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Le Délit est entre vos mains

Jusqu’au 17 novembre, chaque étudiant de l’Université est appelé à se prononcer au sujet de l’existence de la Société de Publication du Daily (SPD). Il s’agit de voter pour l’interruption ou le maintien de l’allocation semestrielle de 6 dollars par étudiant à la SPD (et 3.35 dollars pour les étudiants des cycles supérieurs), qui finance le Délit et le McGill Daily. Le référendum représente l’occasion de donner sa voix pour empêcher que d’autres ne s’éteignent. Vous avez entre vos mains l’avenir de deux des trois journaux du campus. Ce référendum, dont l’issue sera cruciale pour le destin de notre journal, nous donne l’occasion de réfléchir à notre identité et à notre place à McGill. 

Un Délit dans l’ombre

Il suffit de demander à un étudiant peu au fait de l’actualité journalistique étudiante s’il connaît le Délit pour se rendre compte que ce dernier est souvent considéré comme le parent pauvre du McGill Daily. « Oh, the French Daily !», répondra sûrement votre interlocuteur. Toujours dans l’ombre de notre grand frère anglophone, dépendant de lui au point de lui avoir emprunté son nom. Quant à ceux qui reconnaissent notre indépendance, nombreux limitent le Délit à sa noble mission de défense de la francophonie sur le campus. 

Vraiment ? Sommes-nous réduits à n’être qu’uniquement des défenseurs ardents de la francophonie ? Notre existence sur le campus ne se justifie-t-elle que par le combat, certes louable, pour préserver la langue de Molière, Maalouf, Senghor, Glissant et Xingjian ? S’il est indéniable que la langue française dans une université québécoise anglophone se doit d’être célébrée et défendue, limiter la portée d’un journal à son outil d’expression semble réducteur. La langue est importante, le message qu’elle porte l’est encore plus. Dans nos pages, le français est le moyen et non la fin : nous utilisons le français pour être journalistes, et non le journalisme pour parler français.

L’actualité récente a confirmé l’incompréhension de certains étudiants quant à notre travail. Dans le cadre des débats autour du référendum, de nombreux partisans du camp du Non, fermement remontés contre la ligne éditoriale du McGill Daily, ont suggéré que notre confrère nous utilisait comme un « bouclier » afin de parer aux critiques. Le Délit ne serait qu’un simple pantin, publication fantoche dont le seul objet serait de protéger son confrère. 

La francophonie, oui, mais aussi… 

Le Délit ne peut pourtant pas se résumer à cette image de béquille francophone du Daily. Nous avons des idées, des âmes, des plumes. Nous mettons toute notre énergie à favoriser le débat d’idées sur le campus, à faire découvrir le journalisme aux étudiants francophones, à leur permettre de s’exprimer dans la langue avec laquelle ils ont le plus d’aisance. Nous faisons office de lien entre la communauté québécoise et McGill, entre McGill et Montréal, où le français est essentiel pour comprendre l’actualité culturelle et politique. Nous permettons aux étudiants francophones venus d’ailleurs de mieux comprendre la ville qui les entoure et les événements qui l’animent. 

Le Délit, c’est aussi une action collective, rassemblant des centaines d’étudiants impliqués dans sa création hebdomadaire. À défaut d’avoir un programme d’art visuel à McGill, nos pages Culture mettent en lumière le travail des artistes mcgillois. À défaut d’une formation en journalisme, nos sections Actualités, Société et Innovations donnent aux reporters en herbe un premier contact avec les défis du métier. 

Le Délit, c’est un journal indépendant de l’administration mcgilloise, qui fait office de contre-pouvoir de l’AÉUM, dont les faits et gestes sont décryptés avec attention par nos journalistes d’actualités. Ce sont des enquêtes sur des sujets qui nous touchent tous, de l’usage des drogues de performance à l’expérience des étudiantes travailleuses du sexe. Un espace où chaque étudiant peut exprimer librement son opinion et prendre part, à son échelle, aux débats d’idées qui forment le paysage intellectuel contemporain. Libéraux et conservateurs, marxistes et capitalistes, indépendantistes et fédéralistes, le Délit peut se vanter d’avoir su offrir un espace d’expression à chacun. Prônant l’échange des idées et des bons mots, avide de désaccords, ce n’est pas uniquement notre langue qui justifie notre existence, c’est aussi l’apport de notre ligne éditoriale au paysage journalistique mcgillois. 

Exister pour évoluer 

La SPD unit le Délit et le McGill Daily, le français à l’anglais. Nos divergences éditoriales font notre force et reflètent la complexité des problématiques et des sensibilités mcgilloises. C’est cette diversité qui fonde notre importance sur le campus et la nécessité d’un vote Oui. Nous reconnaissons cependant nos erreurs occasionnelles, qui font partie du parcours d’apprentissage des étudiants que nous sommes. Nous sommes ouverts aux changements que certains proposent, souvent de manière constructive, parfois sur la base d’approximations et, malheureusement, de fausses informations. Nos assemblées générales sont ouvertes aux propositions de refonte de nos procédures et de nos modes de financement. À ceux qui voudraient voter Non au référendum d’existence en signe d’opposition à certaines de nos positions, nous voudrions rappeler qu’il faut exister pour progresser, exister pour changer, que ce soit de contenu ou de ligne éditoriale. Nous voudrions également rappeler que le journalisme est essentiel à la démocratie et à la liberté d’expression. À son échelle, le journalisme étudiant joue un rôle similaire au sein du microcosme sociétal qu’est l’université.

C’est pour ces raisons que nous vous appelons à voter Oui. Pour que vive le journalisme étudiant, mais également pour lui permettre de remplir sa vocation, celle de représenter le corps estudiantin dans toute sa diversité et d’offrir une plateforme aux voix qui le composent.


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