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Dire des vérités simples

Orelsan signe son grand retour solo avec La Fête est finie.

Béatrice Malleret | Le Délit

En quatorze titres détonants et une poignée de collaborations composites, l’artiste renoue avec un registre dans lequel on le connaît bien : des punchlines ciselées, des instrus soignées signées Skread (Matthieu Le Carpentier) et un usage calibré de l’autotune. On se délecte notamment de l’ironie cynique du titre assassin et déjà culte Défaite de famille, conclu majestueusement par “Mamie je t’aime, à l’année prochaine”. À plusieurs reprises à travers l’album, le rappeur à la mèche grisonnante évoque avec justesse son rapport à son identité d’artiste et l’impact de la célébrité dans sa vie quotidienne.

Avec ce nouveau disque, le rappeur caennais relève habilement le pari obsédant du renouvellement artistique. On est agréablement surpris​.es par l’exercice de style Bonne meuf ou les sonorités cloud rap de La lumière. Le son Paradis, déclaration d’amour sans sinuosité à la femme qui partage sa vie depuis sept ans, sample subtil de Pastime Paradise de Stevie Wonder, achève de souligner une rupture nette avec quelques-uns des anciens fantômes du rappeur.

 Une prose introspective aux accents optimistes

L’album écrit en un an et demi amorce une introspection lucide, témoignage d’un homme Bloqué(s) entre ses angoisses passées et la pression toujours plus intense d’un avenir face auquel il se jure de ne pas craquer. La plume du rappeur transpose des vérités simples, et l’album repose sur la tension latente entre passé, présent, et futur. Illustré par un Orelsan placide coincé contre la vitre d’un métro bondé, sabre japonais au dos, ce nouveau disque offre une plongée dans les tourments intérieurs d’un trentenaire en perpétuel décalage. Le titre Tout va bien, laïus faussement naïf, traduit adroitement la détresse désabusée d’une génération qui peine à trouver sa place dans un monde dont elle commence tout juste à saisir les règles.

La fête est finie est finalement un jet cathartique, une autocritique profonde qui n’empêche pas le caennais de rappeler son attachement au milieu dans lequel il a grandi, notamment dans Ma ville et La pluie (en featuring avec Stromae). Moins noir mais non moins intense que les précédents, ce nouvel album laisse poindre à l’horizon une volonté de meilleur. Le titre Notes pour trop tard, discours bienveillant teinté de regrets, conclut le disque sur une touche d’espoir. Comme un reflet du chemin parcouru, Orelsan semble avoir trouvé la réponse à une grande partie de ses névroses. Le seul remède, c’est le temps.

 


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