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Semi-mensonges et demi vérités

L’adaptation du film Fanny et Alexandre présentée au Théâtre Denise-Pelletier.

Gunther Gamper

​Cette pièce, mise en scène par Félix-Antoine Boutin et Sophie Cadieux, tente un exercice difficile : transposer le scénario d’un film au théâtre. Ce défi devient d’autant plus grand lorsque le film original, d’Ingmar Bergman, intègre lui-même du théâtre. Les frontières du réel et de la fiction deviennent encore plus floues. Le·a spectateur·rice est alors plongé·e, pendant une heure et quarante-cinq minutes, dans une incompréhension grandissante.

L’œuvre Fanny et Alexandre raconte l’histoire d’un drame familial vu au travers des yeux d’un jeune garçon. À la mort de son père, la mère d’Alexandre se remarie avec un pasteur austère et Alexandre se voit dans l’obligation de se soumettre à son autorité. Pour fuir la difficulté de cette nouvelle réalité, il vit dans un monde parallèle à moitié inventé et à moitié inspiré du réel. Cet angle de vue singulier permet de s’interroger sur le sens de la vie, de la temporalité et du réel.

L’œuvre se veut également ouvertement une critique de la religion. Adoptant une philosophie existentialiste, Ingmar Bergman compare habilement le « faux » du théâtre et la foi est sans borne de la religion.

Un bon film, une bonne pièce ?

Le film Fanny et Alexandre n’a plus à convaincre personne : c’est un chef‑d’œuvre du cinéma. Pourrait-on en dire autant de son adaptation au théâtre ? Je n’en suis pas convaincue. Même si l’exercice de déconstruction de l’œuvre faite par les deux metteur·se·s en scène est fort intéressant, le résultat est confus et décousu. Puisqu’au théâtre, il y a une limite dans les changements de décor et dans les sauts temporels possibles, l’imaginaire et le réel se confondent et rendent le tout peu compréhensible. Cependant, l’utilisation de la musique ainsi que certains éléments de décors et de costumes créent de belles scènes. Le·a spectateur·rice passe par une palette d’émotions durant la représentation.

Les comédien·ne·s étaient également tous très bon·ne·s. Rosalie Daoust, dans le rôle de Fanny, la petite sœur d’Alexandre, m’a particulièrement convaincue dans son rôle de jeune fille. Je dois par contre souligner un bémol quant au niveau de langue des comédien·ne·s qui n’était pas toujours constant et manquait de cohérence.

Malgré tout, la pièce Fanny et Alexandre est très agréable à aller voir. Si jamais vous êtes des amateur·rice·s d’Ingmar Bergman, il est certain qu’il s’agit d’une sortie culturelle intéressante. Il est encore possible de se procurer des billets jusqu’au 23 février, pour une soirée divertissante… et déroutante ! 


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