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Sur la planche

Avec FLIP, Lomepal propose un rap agile, poétique et malicieux.

Raegular

(Re)découvert avec son dernier album solo FLIP, l’artiste parisien a pourtant commencé la musique en 2011 avec l’EP 20 mesures. Comme le fil d’Ariane qui l’a conduit au rap il y a six ans et qui donne son nom à FLIP, la passion de Lomepal pour le skate marque en filigrane son univers artistique. Le disque est inauguré par l’enregistrement d’une chute, et les échos des planches qui roulent rythment le son instrumental  Skit Skate. Le rappeur mise sur la cadence des phrases et l’intelligence des mots, qu’il enchaîne avec une facilité déconcertante. A l’image du skateur à la recherche de la figure maîtrisée, il jongle avec les figures sonores, s’amuse des références de son époque, et propose un rap agile, poétique et malicieux.

Un artiste complet 

Dans Ray Liotta, Malaise ou 70, l’artiste est aux prises avec des sentiments qu’il tente de décortiquer. Il joue avec l’universalité des émotions humaines et tend la main à une audience qui parvient aisément à se retrouver dans ses mots. Son rap reflète la vision d’un nouveau poète qui n’hésite pas à critiquer les injustices absurdes auxquelles on finit pourtant par s’habituer : « la misère ça impressionne moins qu’un salto / ça les ennuie comme le goût de l’eau plate » (Ray Liotta).

Cette façon habile de mettre des mots justes sur un vécu simple est soulignée par une  ironie et un goût de l’esthétique visuelle qui font de Lomepal un artiste complet. Inspiré par l’expérience de Milgram, le clip hypnotique de Palpal expose les dangers de l’appât du gain et du culte du divertissement à tout prix. Après visionnage, on a dans la bouche la saveur douce-amère que laissent les épisodes de la série dystopique Black Mirror.

Une plume sincère et des histoires vraies 

Le processus de création artistique de Lomepal semble prendre racine en grande partie dans son histoire personnelle, sur laquelle il revient avec subtilité et discernement.  L’artiste débute l’écriture de Bécane avant la fin de la relation que le morceau illustre, anticipant le manque de l’être aimé avant même de le ressentir. Enfin, le récit familial bouleversant  Sur le sol apporte une touche de vulnérabilité et clôture l’album avec intensité. Entre les lignes de FLIP se lisent tout à la fois cynisme, clairvoyance, douceur, et une certaine forme de violence. Lomepal tente avec persévérance de combattre sa tendance à l’égocentrisme et à l’obsession. La musique est alors un moyen d’apprendre à s’effacer, de résister et de trouver un équilibre face à l’adversité des relations humaines.


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