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La rose au fusil

Zaynê Akyol retrace le parcours des combattantes du PKK.

Office Nationale du Film

Gulîstan, terre de roses, réalisé par Zaynê Akyol, était présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) les 16 et 17 novembre. Pour son premier long-métrage, la réalisatrice a choisi de se pencher sur le quotidien des combattantes des guérillas kurdes affiliées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Vivant entre les montagnes et le désert kurdes, ces jeunes femmes ont fait le choix de quitter leurs familles pour rejoindre les forces du PKK et combattre l’État islamique (EI). Akyol livre un portrait sensible de ces femmes, de leurs entraînements, de leurs rêves et de leurs luttes.
Lors de la projection du documentaire, la réalisatrice expliquait s’être particulièrement intéressée au PKK en raison de l’importance du féminisme au sein du mouvement. À l’origine de ce projet, il y a le souhait de longue date de la réalisatrice de retracer le parcours de ces femmes-soldats et de comprendre les raisons de leur enrôlement dans les guérillas kurdes. Durant son enfance, Zaynê Akyol a en effet connu une jeune femme, Gulîstan, ayant fait le choix de tout quitter pour rejoindre le PKK. Zaynê Akyol a voulu reconstituer son parcours et celui de celles qui ont suivi le même chemin idéologique. Hasard du calendrier, la réalisatrice n’a pu entamer son projet qu’en 2014, alors que le groupe faisait face à l’EI. Amenée à redéfinir le sujet de son film, la cinéaste s’est ainsi penchée sur la place du PKK et de ces combattantes dans ce conflit international. Outre la lutte du PKK contre l’État islamique, le documentaire aborde également la lutte du mouvement contre les puissances nationales qui l’entourent.
Le film s’émancipe ainsi du format traditionnel des films de guerre en adoptant une approche résolument intimiste. Si la menace d’une attaque est toujours sous-jacente, la tension de la guerre s’efface au cours du film. Le documentaire adopte un rythme lent, ponctué par les témoignages de ces protagonistes. La cadence du film permet une immersion totale dans la vie des soldates que la caméra d’Akyol suit inlassablement. On découvre avec étonnement la vie de ces femmes qui donnent des noms à leurs armes entre deux confidences. Zaynê Akyol parvient à capturer ces moments d’intimité avec talent, magnifiés par une photographie éblouissante.
Portrait sensible de femmes peu ordinaires, Gulîstan, terre de roses est un film marquant. À travers le regard de sa caméra, la lutte des actrices du PKK se dévoile sous un nouveau jour. On ne peut qu’attendre avec impatience le prochain documentaire de Zaynê Akyol, dont le tournage devrait avoir lieu prochainement à Raqqa.


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