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Couillard remplace les chandelles

Le gouvernement québécois remanié pour un « nouvel élan ».

Mahaut Engérant

Jeudi dernier, le premier ministre québécois Philippe Couillard a annoncé la nouvelle liste de ses 28 ministres.

Ce changement intervient tout d’abord en période de mi-mandat, Couillard ayant succédé à Pauline Marois en 2014 pour un mandat de quatre ans. Il s’agit du second remaniement depuis 2014. La cérémonie, qui a eu lieu le 28 janvier, laissait présager un changement assez important car elle avait été organisée dans le « Salon rouge », la salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale.  Au total, 14 ministres ont été remplacés ou ont vu leurs responsabilités modifiées.

Parmi ces changements, les plus notoires sont sans doute celui de Dominique Anglade, qui prend les rênes du ministère de l’Économie en remplaçant Jacques Daoust, et celui de Pierre Moreau qui succède à l’éphémère François Blais au poste de ministre de l’Éducation (voir p.7).

Mahaut Engérant

« Une nouvelle phase » 

Couillard affirme donc sa volonté de redonner du souffle au gouvernement québécois. Il a d’ailleurs mentionné en commentaire à la presse cette volonté de repartir de l’avant en entamant « une nouvelle phase de [son] gouvernement ». L’équipe dont il disposait jusque-là présentait quelques failles de communication et l’image de certains ministres en souffrait, plus particulièrement celle de François Blais, héritier malheureux de la démission d’Yves Bolduc en février 2015.

Si cette volonté d’un « nouvel élan » en mi-mandat n’est ni une nouveauté politique, ni un geste à qualifier de pure manœuvre, il convient de la placer dans un cadre plus large. Il est envisageable de considérer ce remaniement comme le début d’un travail d’image de longue haleine du Parti Libéral du Québec, ayant alors comme but la réélection en 2018. Entre autres, Couillard suit l’exemple de Justin Trudeau en introduisant « plus de femmes [et] de jeunes » — d’après son discours de jeudi — dans un Conseil des ministres qui n’atteint pas encore la parité (12 femmes et 16 hommes). Notons que Jean Charest avait, lui, atteint la parité en 2007 et 2008. Ceci dit, on n’est jamais à l’abri d’un remaniement supplémentaire, comme va le dicton : jamais deux sans trois.

L’introduction, par ailleurs, de Pierre Moreau à l’Éducation sert de pause afin de relâcher la pression exercée sur le gouvernement dans ce secteur. Après les coupes budgétaires, les manifestations, et autres démonstrations de force, les enseignants ainsi que les universités sont anxieux de découvrir le prochain budget du gouvernement qui sera dévoilé en mars. Jusque là, nous pouvons nous attendre à quelques autres mouvements plus discrets qui tâcheront de faire retrouver à l’Éducation des jours meilleurs.

Plus généralement, le gouvernement Couillard doit savoir que le remaniement ne suffira à l’opinion publique que s’il est accompagné d’un budget plus souple en faveur des services publics. Ceux-ci sont largement touchés par la volonté rigoureuse de Couillard qui réaffirmait jeudi encore sa volonté d’atteindre le déficit zéro.

Le Parti Québécois (PQ) — l’opposition officielle à l’Assemblée nationale — a pour sa part exprimé ses doutes sur le remaniement. Bernard Drainville, le chef de l’opposition à Québec a lui-même réaffirmé la position du PQ : soudé derrière PKP (Pierre-Karl Péladeau, ndlr) et voulant un plus fort stimulus de l’économie. 


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