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L’acte émotionnel du vote

Présentation à McGill d’une étude sur les attitudes liées au vote.

Quelles émotions sont présentes lorsqu’un citoyen va voter, et quels sentiments sont associés au geste du vote ? C’est ce à quoi Michael Bruter et Sarah Harrison ont répondu le vendredi 25 octobre à McGill, en présentant leurs recherches sur « l’acte émotionnel du vote ». La conférence s’est déroulée dans le bâtiment Thomson House dans le cadre d’un dîner organisé par l’université.

Michael Bruter, très renommé dans sa filière, est professeur en sciences politiques à la London School of Economics and Political Science et dirige le centre ECREP, un centre de recherche sur la psychologie électorale. Sarah Harrison est chercheure en psychologie électorale à la London School of Economics and Political Science également, et co-collaboratrice principale au centre ECREP.

Les deux intervenants sont venus exposer les premiers résultats de leur projet « Dans la tête d’un électeur », qui a pour but de comparer vingt pays à travers une panoplie de méthodes afin d’établir ce qui définit le choix d’un citoyen au moment de voter.

Cette étude s’intéresse à la mémoire électorale des citoyens : de quoi se souviennent les électeurs des élections précédentes, de quelles élections ils se souviennent et comment ces souvenirs peuvent affecter leur participation électorale future ainsi que leurs choix de vote.

 

Psychologie du vote

La présentation a également abordé l’impact des arrangements électoraux sur le vote. Les sondages montrent que 35% des citoyens changent leur choix de vote dans les deux semaines avant l’élection.

La psychologie électorale se base sur quatre facteurs : les niveaux d’émotion, d’excitation, de fierté et d’inquiétude ressentis par les citoyens au moment de l’élection. Selon les conditions du vote, ces critères varient et modulent les choix des électeurs.

L’étude de Michael Bruter et Sarah Harrison analyse aussi le concept « d’ergonomie électorale », et l’idée que la manière dont le vote est organisé a une incidence sur le résultat. L’exemple concret abordé est celui du vote en ligne. L’étude montre que ce procédé génère généralement moins de joie, d’excitation et de fierté que le vote en bureau. Le vote en ligne créerait aussi plus d’inquiétude chez les électeurs. On s’aperçoit également que le vote en ligne résulte en moyenne à 30% de votes en plus pour les partis d’extrême droite.

Un autre facteur à prendre en compte est le type de bureau de vote mis à la disposition des électeurs. Des cabines avec rideau « à la française » aux machines automatiques américaines, le temps de réflexion au moment du vote varie d’une minute pour le système français à vingt secondes pour le système américain. Michael Bruter explique que cette variation peut avoir un impact fort sur le choix final de l’électeur.

Lors de la présentation Sarah Harrison a cherché à mettre en avant l’importance de sensibiliser les gouvernements aux résultats de ces recherches. En effet, ils n’ont généralement pas conscience de tous les éléments, en apparence des détails insignifiants, mais qui influencent le vote des citoyens, et, donc, le processus démocratique sur lequel sont basées nos sociétés.


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