Aller au contenu

Le septet émotionnel d’Amir Obè

Chaque semaine, Marine laisse vibrer les notes d’un·e nouvel·le artiste.

Courtoisie de Amir Obè

Né à Brooklyn en 1989, Amir Obeid grandit à Détroit (Michigan) dans une famille multiculturelle où la fibre artistique est de mise. La carrière musicale du rappeur-chanteur-parolier-producteur débute en 2009. À l’époque, sous le nom de Phreshy Duzit, il publie ses productions sur la plateforme MySpace. La compile Detrooklyn parue en 2014, des collaborations avec Drake et PARTYNEXTDOOR, et deux EPs (Happening in the Grey Area en 2015 et Won’t Find Love in the Hills en 2016) plus tard, Amir Obè revient avec l’album NØNĘ ØF THĘ ÇLØÇKŚ WØRK.

Aparté introspectif

Croquis organique sur carré quadrillé, la pochette de l’album sorti chez Def Jam Recordings en mars 2017 intrigue et semble indéchiffrable. Le projet, plus dense en émotions que les précédents, est une conversation à cœur ouvert en sept titres. Obè propose des morceaux épurés où le sens de la mélodie et la signature vocale brute, appuyée par un léger écho, priment. L’ambiance est à l’introspection. Le rappeur conçoit ses morceaux comme des histoires. Dans un style indéniablement marqué par la patte artistique de Drake, Obè évoque désillusions amoureuses et promesses brisées sur une trame instrumentale qui se réinvente à chaque titre.

L’exception Wish You Well

Comme une parenthèse joyeusement entraînante dans un projet qu’Obè définit lui-même comme sombre et chargé en émotions, le morceau Wish You Well détonne. Le rappeur évoque avec ironie son rapport aux autres après avoir accédé à la célébrité et interpelle ses concurrents à qui il souhaite tout de même le plein succès. L’instrumentale, composée essentiellement d’une base base rythmique et une mélodie au synthé, est simple mais plus qu’efficace. Avec un clip volontairement obscur et mystérieux, Obè joue sur le décalage et laisse son audience libre d’interpréter la juxtaposition des images, des mots et du son.

Nostalgie affichée

L’album reste ostensiblement nostalgique. Avec les titres Yellow Lights, Free, Naturally ou Enemies, Obè ne verse pas dans l’egotrip classique et se livre en toute sincérité. L’artiste prend la pleine mesure de ses erreurs passées : « Je suis responsable de la douleur mon amour / Je suis responsable ce n’est plus le même amour / Je suis responsable de la jalousie / Je suis responsable de tes ennemis » (traduit de l’anglais, ndlr). Sa voix résonne, le flow est fluide, les mélodies sont justes, la sensibilité est là. On accroche dès la première écoute.

Imprégné d’authenticité et d’émotions, l’album NØNĘ ØF THĘ ÇLØÇKŚ WØRK est une petite pépite de créativité dangereusement addictive dans la vaste mine du hip hop américain actuel.


Articles en lien