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Un compte de fées

Il était une fois, dans un passé lointain, un homme à qui on avait donné le pouvoir de donner une légitimité divine au règne de n’importe quel roi ou reine à travers le monde. En effet, écrit comme cela, on pourrait croire que c’est le début d’un conte de fées. En réalité, c’est l’histoire du Pape, et de son empire religieux qui, grâce à la popularité de sa religion, put tenir en laisse tous les rois d’Europe. D’un simple geste, il faisait tomber des gouvernements, bâtir des bâtiments monumentaux sans jamais payer ses ouvriers et, en échange d’une petite offrande, pouvait pardonner n’importe quel crime.

N’est-il pas fou de penser à ce genre de gouvernement dans un contexte moderne ? Je prendrai les mots de Nietzsche pour dire qu’aujourd’hui, Dieu est mort—ou plutôt, il se bat pour survivre dans la même arène qu’une multitude d’autres philosophies et de personnages. On le voit dans son coin – vêtu de la même manière que Zeus à sa droite – s’enguirlander avec Darwin tandis que derrière eux le Père Noël et la fée des dents rigolent.On ne prie plus, l’Église et la croix ont été transformées en ordinateur blanc et en pomme croquée lumineuse. Nous avons nos nouveaux héros aux fins tragiques ; des Steve Jobs, des James Dean et des Bob Marley, qu’on apprécie pour leurs talents plutôt que pour leurs miracles. On n’attend plus une colombe de Dieu, on attend le prochain tweet de notre idole préféré. Les deux se valent bien. Mais pendant que la Bible perd ses lecteurs aussi rapidement que le Toronto Sun perd les siens, la Torah se tient bien droite, le Coran est sur la défense et Bouddha voit une renaissance dans les salles de yoga californiennes.

On peut alors se demander où est parti le pouvoir laissé derrière par ce Dieu déchu. C’est sûr, pour ce qui est du dévouement divin du peuple, il est tourné aujourd’hui vers des équipes de sports diverses – souvent nulles d’ailleurs – tandis que les fanatiques se concentrent sur des célébrités « musicales » devenues succès publicitaires. Que ce soit l’ancien fanatisme pour le Pape ou le fanatisme idolâtre pour Justin Bieber, ils ont en commun une chose bien concrète et évidente : l’argent. Voilà donc peut-être où est parti le pouvoir de Dieu. Si le peuple n’a pas changé sur une chose, c’est sur son adoration du brillant, de l’or, du joyau et du fric.

Pour conclure sur les mots d’un hippie né bien avant son temps, il faut rendre à César ce qui est à César, l’argent n’appartient pas à Dieu mais appartient aux banques. Et elles ont beau paraître vilaines, ce sont bien les banques qui prêtent au Père Noel et font les comptes de fées.


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