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Contre une guerre en Iran

Les étudiants de McGill se préparent à une éventuelle guerre.

Mercredi le 3 octobre, un teach-in sur le campus de McGill a donné le coup d’envoi pour une mobilisation contre la guerre en Iran.  Assis en rond, à côté des kiosques bruyants de l’association Right to Play, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées à l’Intersection Y afin de discuter d’une nécessité de se mobiliser contre une éventuelle guerre en Iran.

Sur la page Facebook de l’événement, on pouvait lire que le but de cette rencontre était « de créer un espace de dialogue au sujet des liens entre l’université et les industries de la guerre ; de discussion au sujet de la présente escalade jusqu’à la guerre contre l’Iran ; et de réflexion sur l’histoire, le présent et le futur de la mobilisation contre la guerre dans le mouvement étudiant québécois ».

Le haut-parleur passait de mains en mains afin que quelques courts textes thématiques sur le sujet soient lus.

Mona Luxion, une des organisatrices de l’événement, explique qu’il est important de sensibiliser les étudiants de McGill afin de pouvoir les mobiliser si une guerre en Iran était déclenchée.

En 2003, une mobilisation importante avait eu lieu au Québec contre la guerre en Irak, et l’événement du 3 octobre cherche à recréer une éventuelle mobilisation à McGill.

Au-delà du nucléaire

La liste des raisons qui pourraient mener vers une guerre en Iran est longue. Mona Luxion explique que la cause d’une potentielle guerre en Iran ne se limite pas à la possession iranienne de l’arme nucléaire, mais que d’autres facteurs sont impliqués.

« D’une part, c’est une guerre économique. Il y a toutes sortes d’intérêts des firmes de sécurité privées qui sont en Irak et en Afghanistan maintenant. Au fur et à mesure que les occupations américaines de ces deux pays-là diminuent, ces firmes pseudo-militaires veulent peut-être trouver un nouvel endroit où se placer. C’est aussi la géopolitique Israël-Iran qui vient jouer beaucoup et qui n’a pas nécessairement grand-chose à voir avec les armes nucléaires, mais plutôt avec le désir d’Israël d’imposer son pouvoir dans la région. Il y a également beaucoup de pétrole dans la région et l’Iran contrôle certaines des lignes de passage des bateaux pétroliers. Avoir un gouvernement sympathique en Iran pourrait aider à contrôler le marché international du pétrole », énonce Mona Luxion.

Selon Brendan Steven, président de l’association conservatrice de l’Université McGill, la raison majeure qui pourrait inciter un conflit entre l’Iran et la communauté internationale est le fait que ce pays, gouverné par Mahmoud Ahmadinejad, ne peut posséder l’arme nucléaire. Il explique aussi que le régime iranien est actuellement illégitime pour diverses raisons : trafic d’armes avec le régime de Bachar el-Assad en Syrie, soutien matériel au Hezbollah (considéré comme un groupe militant terroriste par le Canada), violation des droits humains concernant particulièrement les femmes et les homosexuels, développement de l’arme nucléaire à des fins militaires, et non-respect de l’avis du conseil de sécurité de l’ONU de cesser ses activités nucléaires. Selon Brendan Steven, « l’Iran est la seule grande menace pour la stabilité de la paix mondiale en ce moment ».

Les élections américaines, moment décisif ?

Selon Mona Luxion, ce sera au cours du mois de novembre, alors que les États-Unis auront élu leur nouveau président, que le sort d’une éventuelle guerre en Iran se décidera.

« Si Obama est réélu, il a le mandat dès début novembre pour faire ce qu’il veut, tandis que si Romney est élu, il y a une période entre le début du mois de novembre et la fin du mois de janvier où ce sera toujours Obama qui sera président mais Romney qui est élu, et donc il y aura une marge de manœuvre pour une mobilisation qui pourra peut-être changer le cours des choses. »

Mona Luxion dit d’ailleurs qu’il est important que les étudiants de McGill soient informés des enjeux maintenant afin qu’il y ait déjà une conscience et un plan d’action au mois de novembre.

Brendan Steven soutient que Romney semble tenir un discours plus dur envers l’Iran qu’Obama, mais que les deux partis possèdent une opinion similaire sur le sujet.

Le Canada en mode sécurité

Les relations diplomatiques américaines avec l’Iran n’existent plus depuis les années 1970. Comme on l’apprenait au début septembre, le Canada a lui aussi terminé ses relations avec l’Iran en fermant ses ambassades canadiennes là-bas et en renvoyant du Canada les diplomates iraniens présents.

Monsieur Steven de Conservative McGill explique que cette décision du Canada ne veut pas nécessairement dire que le pays soutiendrait une guerre en Iran. Selon lui, cette décision reposait plutôt sur la sécurité menacée des diplomates qui se trouvaient en Iran. Il croit que cette action du gouvernement canadien était une bonne idée, car les actions actuelles en Iran « ne sont simplement pas acceptables ».
Il explique que pour le moment, il n’y pas lieu de dire qu’une guerre en Iran se dessine à l’horizon puisque les sanctions qui y sont actuellement appliquées calmeraient les ardeurs de ce pays cherchant à se munir de l’arme nucléaire. Selon lui, tant et aussi longtemps que l’Iran se pliera aux pressions de la communauté internationale, aucune guerre ne sera déclenchée. Il croit d’ailleurs que le sujet n’est même pas sur la table. « Une guerre en Iran est vraiment la dernière option, mais il doit être clair qu’un Iran nucléaire n’est pas non plus une option », précise Monsieur Steven.

L’implication de McGill

Mona Luxion explique que le groupe derrière la mobilisation contre la guerre en Iran s’intéressera au cours du mois d’octobre au rôle que McGill joue dans ce conflit. En effet, l’université produirait des armes thermobariques et le groupe de mobilisation aimerait faire de la recherche sur ce qui se fait d’un point de vue militaire à McGill.

Le groupe aimerait aussi établir des liens avec l’activité militaire de l’université et les décisions militaires canadiennes et américaines.
Le groupe Demilitarize McGill avait déjà fait de la recherche à ce sujet auparavant afin de s’assurer que McGill mène des recherches « transparentes et éthiques ». Mona Luxion explique que le groupe de mobilisation aimerait reprendre leurs recherches afin de les approfondir.

D’autres événements de sensibilisation auront lieu au cours du mois d’octobre au sujet d’une potentielle guerre en Iran.


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