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Soulagement de conscience

La deuxième Semaine annuelle de sensibilisation Autochtone est en cours à McGill du 24 au 28 septembre. De nombreux événements auront lieu à divers endroits sur le campus et aux environs des terrains de l’université.

Hera Chan

Sans questionner la bonne foi de McGill dans l’organisation de l’événement, il me semble toutefois hypocrite. Une semaine de sensibilisation au fait que les 51 autres semaines de l’année nous nous fichons du peuple autochtone. Une semaine pour soulager nos consciences et nous sentir mieux dans notre peau en nous disant qu’on a fait quelque chose de bien.
Wakkoyolha, coordonateur de Water for Justice, ne partage pas mon pessimisme. Vendredi dernier lors du pow-wow sur le campus inférieur, il m’expliquait que ce qui est vraiment important pour lui c’est l’unification de tous les étudiants et des quatre nations. « Ce qui est important aujourd’hui c’est d’aider nos frères et sœurs avec des problèmes de drogues et d’alcool ». « Nous ne voulons pas nous battre ; nous voulons simplement une unification ».
Il n’en est pas moins que peu de jeunes autochtones reviendront sur le campus universitaire en tant qu’étudiants. Selon une étude de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), le parcours des jeunes autochtones « est marqué par une faible performance scolaire, le redoublement, la fréquentation de classes spéciales et, finalement, le décrochage ».
Dans Premières nations ? Seconds regards, Jean-Luc Migué, économiste Canadien, résume bien la situation actuelle : « la société [Autochtone] vit dans une pauvreté abjecte ; elle souffre de pathologies sociales et physiques dramatiques. Le taux de tuberculose dans les réserves s’élève à cinq fois la moyenne nationale. Près de la moitié des [Autochtones] tirent leur principale source de revenu de l’État canadien. Le taux de suicide chez les jeunes s’inscrit près du somment mondial pour un groupe culturel particulier. La proportion des familles monoparentales atteint des sommets jamais approchés dans le reste de la société. Le taux de criminalité dépasse tout ce qu’on observe ailleurs. L’état de santé général est alarmant. L’espérance de vie s’inscrit à une fraction du niveau de la population générale. L’alcoolisme y est un problème généralisé et le chômage atteint 30%».
Les causes de ces difficultés sont maintes et remontent à l’arrivée des colonies européennes – elles vont des droit limités dans les réserves jusqu’à la dépendance envers le gouvernement Canadien, en passant par une sous-représentation politique.
Cependant, une amélioration par rapport à l’année dernière semblerait être l’implication du corps étudiant dans l’organisation de l’événement. Le vicaire du Bureau de l’Équité Sociale et de l’Éducation sur la diversité de McGill (SEDE) rapportait au McGill Reporter que « cette année, les trois associations d’étudiants autochtones sur le campus – l’Alliance des étudiants autochtones ; l’Association des étudiants autochtones en droit ; et KANATA – ont tous mis sur pied un événement qui leur est propre ». De plus, le Groupe d’étude de la principale sur la diversité, l’excellence et l’engagement communautaire de McGill dit viser « à augmenter le nombre d’étudiants autochtones qualifiés admis à McGill ».
En gros, j’espère que vous serez sensibilisés aux conditions difficiles dans lesquelles vit le peuple autochtone ; et on s’en reparlera dans 51 semaines.


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