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Médecine traditionnelle autochtone

Valoriser et réconcilier la médecine traditionnelle dans le système de santé canadien.

Tout au long de la semaine dernière s’est déroulée la Semaine des Premières Nations sur le campus de McGill. Le vendredi 27 septembre, Simon Brascoupé, professeur d’études autochtones à l’Université Carleton, a donné une conférence sur la santé des Premières Nations. Il a traité de sujets tels que la relation entre la santé traditionnelle et moderne des autochtones et a parlé de comment incorporer la guérison dite « naturelle » dans notre système de santé actuel canadien.

 

Des chiffres alarmants

Les problèmes de santé au sein des communautés autochtones sont une réalité bien connue au Canada. Si les médias continuent de transmettre une image négative du sujet, le professeur Brascoupé souligne le fait que les chiffres « racontent une histoire, mais ne racontent pas toute l›histoire ». Par exemple, le taux de cancer du poumon au sein des communautés inuits est le plus élevé au monde. La mortalité infantile des nourrissons inuits est 3,6 fois plus élevée que celle des autres enfants canadiens. Le diabète de type 2 touche 17,2 % des Premières Nations dans les réserves, comparativement à 5 % pour le reste de la population non-autochtone. À ces chiffres déjà élevés s’ajoutent des problèmes d’accès à l’eau potable, ou encore l’augmentation continue du taux de personnes atteintes du VIH, d’obésité ou de maladies cardiovasculaires. Plus encore, les taux élevés d’alcoolisme et l’usage de drogues sont à l’origine de désordres psychologiques et sociaux. Ces problèmes ne sont évidemment pas uniquement liés qu’à une question de santé, et renvoient à des problèmes socio-économiques tels que l’isolation, le peu d’accès aux services de santé, l’insécurité alimentaire, la pauvreté, et la surpopulation dans les réserves qui favorise la transmission de maladies.

L’histoire unique des Premières Nations, marquée par la colonisation, la migration forcée, la perte de leur langue et de leur culture, ainsi que la déconnexion à leur terre explique aussi pourquoi cette minorité est si touchée par de tels problèmes.

 

Retourner à la médecine traditionnelle 

Le professeur Brascoupé souligne le rapport paradoxal à la santé : la médecine moderne est vue comme plus efficace malgré le fait qu’elle soit récente, alors que la médecine traditionnelle est moins prise au sérieux bien que perpétrée depuis des générations. Lors d’un sondage auprès des Premières Nations, 80 % ont répondu « oui » à la question suivante : « Pensez vous qu›un retour à la médecine traditionnelle est une bonne idée pour promouvoir le bien-être de la communauté ? » Ceci illustre la volonté croissante de retourner aux méthodes ancestrales. La médecine traditionnelle présente par ailleurs de nombreux avantages. En plus de participer à la conservation de l’héritage culturel des Premières Nations, elle est considérablement moins chère, plus naturelle et donc moins toxique que la médecine moderne. Interrogé par Le Délit, le professeur Brascoupé témoigne du fait que le retour à la médecine traditionnelle permet aussi d’accroître la reconnaissance de l’identité autochtone en revalorisant leurs coutumes et savoirs traditionnels.

 

Des difficultés encore présentes

Actuellement, de plus en plus d’efforts sont faits pour incorporer la médecine traditionnelle dans le système de santé canadien. L’Institut de recherche en santé du Canada a fondé une équipe de recherche qui travaille avec des guérisseurs autochtones pour étudier des remèdes au diabète. Malgré ces tentatives d’incorporation, la médecine traditionnelle doit faire face à de nombreuses difficultés. L’héritage se perd avec la disparition des guérisseurs, dont le nombre diminue avec les générations. Plus encore, cette médecine est menacée par la disparition des ressources naturelles et le changement climatique, qui réduit l’accès aux plantes et aux remèdes utilisés traditionnellement. D’après le professeur Brascoupé, la médecine aborigène souffre d’abord d’un manque de reconnaissance de la part du gouvernement, et ensuite d’un manque de sensibilisation auprès de la population. Il souligne cependant le travail positif de l’Université McGill, qu’il considère comme leader mondial de la recherche médicale inspirée de la médecine traditionnelle contre le diabète de type 2.

 

 

 

 

 


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