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Radio spirale, la poursuite de la résistance

Le jeudi 29 septembre 2011, à la galerie de l’UQAM, ont eu lieu la cérémonie d’inauguration et la présentation du nouveau site internet de Radio Spirale, radiospirale​.org.

Crédit Photo: Raphaëlle Poirier

Radio Spirale est une vitrine littéraire unique au Québec qui réunit notamment des galeries d’Art, des centres de recherche universitaires, des éditeurs et des libraires, et présentant des émissions sur l’actualité culturelle, des entrevues avec des écrivains, des tables rondes, des conférences, etc. Quelques jours avant l’événement, Le Délit s’est entretenu avec le directeur de la revue Spirale et du site de Radio Spirale, Patrick Poirier.

Crédit Photo : Raphaëlle Poirier

Le Délit : Pouvez-nous nous expliquer comment est née l’idée d’une plateforme comme radiospirale​.org en 2006 ? Et pourquoi avoir décidé de reconstruire le site Internet en 2011 ?
Patrick Poirier :
À l’origine, en 2006, le site Internet se voulait une extension de la revue Spirale, une occasion pour elle d’emprunter de nouvelles avenues et d’élargir son espace public. En 2011, il est devenu évident que le site Internet nécessitait une rénovation, pour plusieurs raisons. Il fallait séparer le site Internet du magazine, en faire une entité à part, pour lui accorder sa propre importance symbolique. Il y avait également des problèmes plus concrets à régler : l’apparence du site d’origine laissait à désirer, sa technologie devait être mise à jour, des besoins pressants devaient être comblés (comme la possibilité d’héberger des vidéos, un flux RSS, des réseaux sociaux, etc.).

LD : Quelles sont les nouveautés du site ? Que peut-on y trouver à présent ?
PP :
La liste complète des outils technologiques du site est longue : on y retrouve des vidéos, des listes d’écoute, des infolettres, et tout ce que l’on y trouvait avant, des conférences, des entrevues d’écrivains, etc. Cependant, la mise à jour la plus importante est l’indexation des métadonnées du site à d’autres moteurs de recherche, grâce au travail du laboratoire NT2 de l’UQAM. Cela veut dire que les données du site ont plus de chances d’apparaître dans des recherches menées sur des sites comme Google, ce qui lui permettra d’atteindre un plus grand rayonnement dans la sphère publique.

LD : Quel public vise le site Internet de Radio Spirale ? Un public général ou plus précisément universitaire ?
PP :
C’est une erreur de croire que notre site ne peut qu’intéresser des érudits ou des universitaires. Pour le dire simplement, il s’adresse à toute personne qui s’intéresse à la culture. Il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat pour apprécier une entrevue avec une poétesse québécoise ou une table ronde sur l’Art contemporain ! D’ailleurs, l’un des objectifs du site est d’opérer le transfert des connaissances de nos partenaires, comme le CRILCQ (Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoise), vers le grand public.

LD : Qu’est-ce qui distingue votre site d’autres vitrines culturelles (web ou autres)?
PP : C’est la nature de notre regroupement qui fait notre différence : nous sommes un collectif qui rassemble une variété inédite de partenaires très différents les uns des autres. Notre site est un espace qui permet une palette de contenu culturel sans égal au Québec (bien que ce contenu soit surtout littéraire, mais pas seulement). Aussi pouvons-nous nous vanter d’offrir du contenu de haute qualité : par exemple, il n’y a pas beaucoup d’autres plateformes qui offrent des entrevues aussi longues et approfondies.

LD : Pouvez-vous nous parler des projets à venir du site ?
PP : Cela dépend de l’implication des partenaires. Puisque le site fonctionne avec un budget très serré, des bénévoles et du temps investi par les partenaires, tout dépend d’eux. Tout est possible dans l’avenir, mais il ne faut pas mettre la barre trop haut et trop rapidement pour nos partenaires, de peur de les décourager, de leur en demander trop. Donc, pour le moment, il est impossible de dire quels seront nos prochains projets ; l’avenir nous le dira.

LD : Pour finir, la présentation du site mentionne qu’il se veut un lieu de « résistance culturelle ». À quoi veut « résister » le site de Radio Spirale ?
PP : Le site se veut un espace où peut exister une forme de résistance à la culture du divertissement qui sévit actuellement. Il n’y a plus de place pour la culture dite « élitiste » dans l’espace public : elle a été marginalisée. Radio Spirale veut lutter contre cette disparition d’un lieu de liberté de parole, qui se situerait hors des contraintes financières que l’on connaît et de l’industrie culturelle telle qu’on la rencontre maintenant. L’idée n’est pas de remplacer la culture de divertissement par la culture d’élite : il s’agit de reconnaître un déséquilibre, que la place d’une autre culture disparaît, que son contenu devient difficile d’accès pour le grand public. Le site se veut donc le lieu d’un discours critique, une véritable « radio culturelle », plurielle et intellectuelle, et veut montrer qu’une telle chose est encore possible.


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