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Rap et bêtes mystiques avec Radio Radio

Après le retour de Radio Radio du Festival de musique émergente de Rouyn-Noranda où ils ont mis le feu aux planches, Le Délit a rencontré les membres du coloré trio des Maritimes.

Le Délit (LD): Comment s’est passée votre fin de semaine au FME ? Si je ne me trompe pas, vous n’y étiez pas l’année dernière.

Radio Radio (RR): Ça s’est bien passé. L’année passée, on n’avait pas pu s’y rendre question de temps, de timing.

LD : Radio Radio n’existe que depuis 2007 et vous en êtes déjà à travailler sur votre deuxième album. Vos affaires vont bien !

RR : Ouais, on a fait une semaine dans le fond des bois au mois de juin en Nouvelle-Écosse, dans le chalet de ma grand-mère. On avait procédé de la même manière pour l’autre album. On a écrit toutes les tounes et puis là, on enregistre la semaine prochaine. On entre en studio dimanche (NDLR : le 13 septembre).

LD : Comment s’est passée votre tournée dans l’Ouest à l’été 2008 ? Est-ce que ça a été concluant ?

RR : C’était une tournée canadienne pour le 400e de Québec. C’était l’fun, on s’est rendus à Whitehorse, avec les bisons et les chevaux sauvages. C’était une belle expérience de route, mais beaucoup de travail. C’était parfois difficile ; on jouait à des temps bizarres comme 2h de l’après-midi. Des fois il y avait du monde, d’autres fois, y’avait juste le booker, le représentant de la francophonie de la Saskatchewan et deux autres personnes dans la salle.

LD : À quoi peut-on s’attendre pour le deuxième album de Radio Radio ? Avez-vous continué dans la lignée du premier ?

RR : Le premier album, c’était un pittbull, le deuxième album c’est un tigre blanc, le troisième album, ce sera un unicorn. On est en transition : de bêtes physiques, violentes et méchantes à des bêtes mystiques qui volent. Si on parle de salades, le premier album est une salade césar, le deuxième une salade grecque et le troisième sera des sprouts. Si on parle de souliers, le premier c’est un basketball shoe, le deuxième un deckshoe et le troisième nu-pied. Si on parle de véhicules, le premier est un gros sportscar, non, une Lotus, le deuxième un sailboat et le troisième un tapis flottant.

LD : Donc, dans la logique des choses, le 3e album volera ?

RR : Ouais, comme les bouddhas là, tu vois ? Connais-tu Ramdas ? Il y a une quote dans son livre qui dit : « He wore leather on his feet, covered the whole world with leather ». C’est pas l’fun ça.

LD : Pour composer vos chansons, vous fonctionnez comment ?

RR : Les trois autour du piano pis on se touche. Si on ne se touche pas, ça marche pas. En autant qu’on se touche. Pas se toucher sexuellement, juste se réconforter dans notre chaleur. L’idée c’est de prendre un couch pour deux personnes et on s’assoit trois dedans. Si c’est un sleeping bag pour deux, on se met trois. Si c’est un elevator pour x nombre de personnes, on se met plus.

LD : Alors vous faisiez quoi quand vous étiez quatre ? (NDLR : Timo a quitté la formation l’été dernier.)

RR : On avait des conflits d’intérêt.

LD : En quoi ça change la dynamique d’être maintenant trois ?

RR : Je pense qu’on se connaît mieux nous trois qu’on se connaissait à quatre. Il y avait une tendance homophobe dans le groupe, on n’aimait pas ça. Maintenant qu’elle n’est plus là, on est homophile. D’homophobe à homophile, ça te ferait un beau titre d’article, ça.

LD : Comme vous êtes natifs des Maritimes, est-ce que vous passez pas mal de votre temps à voyager entre les provinces ?

RR : Surtout au Québec et en Ontario. On ira bientôt au Manitoba, on est ben contents, ça fait six ans qu’on essaie d’y aller. On va visiter un ami de mon père qui a une corne de narwhal. Une vraie là, ça a comme neuf pieds de long. Juste pour dire, on fait pas juste parler, y’a vraiment des gens out there avec des cornes de narwhal. Les gens nous demandent ce qui nous inspire : le rap américain, le rap québécois. Non, c’est les choses banales qui n’ont pas vraiment d’importance comme les cornes de narwhal.

LD : Et comme les jacuzzis ?

RR : Le jacuzzi, c’était plus une métaphore. C’est d’une chanson de R. Kelly. Pour t’inspirer et pour faire ton album, il faut que tu fasses tout sauf travailler sur ton album. Le meilleur musicien que j’ai vu de l’année était au parc, c’était un rocker avec son bike : « Fucking music, I never wanna play music again. You don’t need this fucking shit. Fucking guitar, fucking bullshit.» Là il commence à casser sa guitare, la tire dans la fontaine. Pour moi, c’était une des meilleures performances que j’ai vues dans longtemps. C’est un bon show.

C’est vraiment ça l’esprit de la musique ; c’est pas les instruments, c’est l’âme de créer quelque chose. C’est comme le golf ; une balle, un bâton et un joueur. T’as pas besoin d’un court de golf. Pareil pour la musique ; il y a ton âme puis t’as une idée et ça donne une création. So, même un vrai musicien n’a pas besoin d’un instrument.

C’est comme le slam. T’as un gars qui fait son affaire ; pas besoin de musique. Il crée sur le fait, sur son inspiration ; que ce soit les sons de la ville, de la rue. On crée quelque chose à partir de rien.

LD : On cherche toujours à catégoriser le travail des artistes. Comment percevez-vous votre travail par rapport à ce qui se fait sur la scène montréalaise ?

RR : Josélito Michaud. La danse contemporaine aussi. En essayant, on crée et on fait.

LD : Et pourquoi Josélito Michaud ?

RR : Parce qu’il a une aura incroyable. Je l’ai rencontré une fois au St-Hubert, pis je savais pas qui c’était, je venais juste d’arriver au Québec. Je trouvais qu’il avait une belle aura, alors je lui ai dit : « Excusez-moi monsieur, qui est-ce que vous êtes ? Vous avez une belle aura. » Il m’a dit : « Je suis Josélito Michaud. » On a parlé quelques secondes et j’ai appris par la suite qui c’était. Juste à partir de là, j’ai vraiment aimé l’homme.

LD : Comme votre deuxième album est presque prêt, pourquoi nous faites-vous attendre jusqu’en 2010 ?

RR : Ben il nous reste l’enregistrement, mais on ne veut pas le presser trop. C’est comme une bonne soupe, si la soupe a eu le temps d’absorber tous les jus, toutes les saveurs qu’il y a dedans, là c’est bon. Il faut attendre que ça prenne le goût. Ça revient à ce qu’on disait : le pitbull n’attend pas, il attaque. Le white tiger, lui, se lèche, baille, se gratte l’oreille, fait semblant de dormir, puis là il attaque. C’est le plus docile des chats, il fait croire qu’il n’est pas là, il prend son temps. C’est l’approche qu’on a eue pour le deuxième album.

LD : Vous avez une tournée prévue à la sortie de l’album ?

RR : On espère, sinon, ça va aller mal. Entre temps, on va au Manitoba et on fait quelque chose à Pop Montréal. On va aussi mettre des singles sur MySpace. Et on fait dire que c’est possiblement, probablement une ode à un de nos musiciens préférés, Kenny G. Il n’y a pas de saxophone dans la chanson, mais c’est une ode à son esprit. On a fait appel à une chanteuse de grande renommée de l’Abitibi-Témiscamingue, elle s’appelle Whitney Lafleur. C’est vraiment une chanson de Kenny G. featuring Whitney Lafleur. Rien que le nom, tu sais que t’aimes ça.


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