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Valeska Grisebach et la banalité de l’amour

Dans le cadre de 8 X L’Allemagne, et de l’événement « L’Allemagne au féminin », le Goethe-Institut Montréal organise chaque semaine des projections de films réalisés par de jeunes allemandes au cours de ces dix dernières années.

« L’Allemagne au féminin : la nouvelle génération de réalisatrices allemandes » est consacré à la tendance féminine du cinéma allemand contemporain. Les réalisatrices, dont les films ont été primés et encensés par le public et la critique (à l’échelle nationale et au-delà) sont en effet nombreuses. Ces films, réalistes et naturels, mettent en scène des gens ordinaires, particulièrement des femmes et des jeunes. La première projection de cet événement a eu lieu jeudi dernier. Le film Longing (Sehnsucht) réalisé par Valeska Grisebach [dont le nom vous est peut-être familier pour le succès de Be my Star (Mein Stern)] met en scène Markus (Andreas Müller) et Ella (Ilka Welz), un couple dont le bonheur conjugal s’effondre suite à un étrange faux pas de Markus. 

Afin de filmer cette très simple et presque banale histoire d’amour, Valeska Grisebach a choisi de porter une attention marquée à la banalité du quotidien, et ce notamment à travers de longues scènes sans action, mettant en valeur la lenteur et la simplicité de la vie de ces personnages tourmentés par leur désir. Longing est, en effet, fait de souffles, de silences et de longs regards. Le tout est entrecoupé de nombreuses scènes d’amour, plus ou moins suggestives. Ces inévitables longueurs pourront décourager les impatients amateurs de films d’action, mais séduiront inconditionnellement les adeptes du cinéma des frères Dardenne. L’interprétation des comédiens, qui ne sont pas des professionnels, est à souligner. Ilka Welz est magistrale dans le rôle de la femme éperdue d’amour et de désir tandis qu’Andreas Müller est bouleversant de sincérité dans son interprétation d’un homme tiraillé par ses passions et ses peurs. 

Ce qui paraît relativement étonnant, et peut-être réducteur, c’est de considérer, comme l’ont fait de nombreux critiques (ainsi que cet événement indéniablement intitulé « L’Allemagne au féminin »), que Longing est avant tout un film de femme. Il semble au contraire que la réussite de la réalisation de Valeska Grisebach soit l’universalité de son regard, sa capacité à filmer aussi bien l’homme que la femme dans une histoire d’amour qui dépasse un regard féminin, mais touche bel et bien à l’universel. C’est justement ce qui fait qu’il sera à même de toucher femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, Allemands et étrangers.

Le Goethe-Institut Montréal prend la relève de 8 X l’Allemagne avec une foule d’activités dont des conférences, un rallye « Montréallemand », une exposition Tatort – Lieu du crime et une série de projections cinématographiques. 


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