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C’était 391 ?

LE PROJET DE LOI PRIVÉ C‑391, INTRODUIT en mai 2009 par la députée fédérale conservatrice Candice Hoeppner, propose de cesser l’enregistrement des armes d’épaule au registre canadien des armes à feu.

LE PROJET DE LOI PRIVÉ C‑391, INTRODUIT en mai 2009 par la députée fédérale conservatrice Candice Hoeppner, propose de cesser l’enregistrement des armes d’épaule au registre canadien des armes à feu. Le vote se tiendra mercredi et, aux dires de Carl Boisvert, attaché de presse du Bloc Québécois, « aucun député du bloc n’est récalcitrant et les Libéraux vont voter contre. Tout dépendra du nombre de députés libéraux qui se présenteront en chambre lors du vote. » La position du Nouveau Parti Démocratique n’est toujours pas déterminée et le sort du projet de loi est incertain.

Le registre des armes équivaut-il au contrôle de leur utilisation ? L’Association des chefs de police canadiens a récemment pris position : « Nous croyons que l’élimination du système national canadien d’enregistrement des carabines et des fusils de chasse et de délivrance de permis diminuera la sécurité au pays. » Dans son rapport, la Gendarmerie Royale du Canada note que le registre des armes à feu d’épaule contribue à la sécurité des policiers et « aide les policiers à retracer les armes et à lutter contre leur circulation illégale ». Gabriel Tordjman, le deuxième vice président de l’Association des professeurs de Dawson, en entrevue avec Le Délit, explique que le rapport favorable de la GRC a été un facteur déterminant dans leur rejet total de la proposition du Premier ministre. Pour lui, cela relève du « bon sens que de croire en l’efficacité du registre et en sa capacité de réduire le nombre de morts dues aux armes d’épaule ». Il soutient que les « moyens d’attribution de licence, les réglementations sur la santé mentale et les constantes mises à jour peuvent en effet faire une différence. »

Pourtant, l’argument soutenant que le registre n’a pu empêcher les fusillades de Concordia en 1992 et de Dawson en 2006, résonne en sourdine. Le discours public sur le registre encensé par les nouvelles quotidiennes qui vont s’éteindre d’ici peu, après le vote de cette semaine, est confus et, comme notent certaines critiques, déformé par la désinformation. Pour certains, il semble instinctif de rejeter la proposition du premier ministre canadien sur une base économique. M. Tordjman pense que l’évaluation des coûts et des bénéfices est superflue parce qu’évidente : quand le registre a été établi, « les coûts étaient assez élevés, mais tout le monde est d’accord pour dire qu’ils ont grandement diminué depuis. » D’autres en font un débat social, faisant de la dichotomie rural/urbain leur char d’assaut. La décision de Jack Layton, chef du NPD, de ne pas donner de consigne sur le vote du projet de loi C‑391, donne au débat des couleurs partisanes. 

C’est l’idéologie du Parti conservateur qui est sur la ligne de mire pour le représentant des professeurs de Dawson : « L’idéologie conservatrice est traditionnellement associée à un respect de l’appareil légal. Mais en ce moment ils sont tellement occupés à discréditer les arguments avancés par les forces de l’ordre qu’ils contredisent les principes fondamentaux de leur propre parti. »

Pour Montréal cependant, ce projet de loi privé est une flèche en plein cœur. Ou plutôt le couteau qui remue la plaie de vieilles blessures depuis Polytechnique, et plus récemment, comme en témoigne le discours de Mme De Souza, Dawson. Même si les étudiants de l’année 2010 ne comptent pas parmi ceux qui ont été en contact direct avec la fusillade, ils se sont mobilisés pour adopter une position claire sur la question et ont organisé un voyage à Ottawa pour faire pression sur leur député. Les professeurs, eux, sont là pour rester et « essaient de retirer quelque chose de positif de la tragédie, sans être aveuglés par l’idéologie politique ». 


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