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Le loup-garou du campus

Gouvernement cherche consortium pour hôpital mcgillois

Depuis des années, un projet immobilier fait régulièrement la une des journaux montréalais. Le projet des deux « méga-hôpitaux » de l’Université de Montréal et de McGill offre une suite de rebondissements largement rapportés par les médias. Ces hôpitaux sont presque devenus des légendes, tant on en parle sans que personne n’en ai encore vu la première pierre malgré les millions déjà dépensés.

Des débats interminables sur l’emplacement, le mode de financement ou le choix des consortiums chargés de la construction et de l’entretien jalonnent la fastidieuse progression de ces titans. Il est vrai que le futur centre universitaire de santé McGill (CUSM) avance plus vite que le projet de centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Mais notre belle université est encore loin d’accueillir le premier patient dans son nouvel hôpital.

Le gouvernement provincial a opté pour un partenariat public-privé (PPP) pour la construction du CUSM et du centre de recherche du CHUM. L’idée est que des consortiums privés investissent la plupart du capital nécessaire à la construction, en échange d’un contrat d’entretien et de gestion des bâtiments pour trente ans. Le PPP est sensé faire porter par les consortiums le risque que les travaux dépassent le budget prévu, soulageant ainsi le gouvernement de cette incertitude. Divers scandales entachent pourtant le choix du PPP.

Le plus important remonte à novembre 2009 : le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, avait trouvé l’analyse de l’agence des PPP irréaliste. L’agence, chargée de déterminer si le PPP est effectivement moins coûteux, aurait surévalué le risque d’une augmentation des frais de construction. Cela donnait au PPP l’apparence d’une alternative préférable au financement habituel. L’agence des PPP suscitant donc des suspicions après ce scandale, un nouvel organisme, Infrastructures Québec, décidera à l’avenir du mode de financement et supervisera les grands projets d’infrastructure du gouvernement.

Malgré tout, Québec n’a pas l’intention de remettre en cause le choix du PPP pour le CUSM. Il faut dire que du simple fait de l’inflation, chaque jour de discussion supplémentaire coûte 100 000$, d’après Arthur Porter, directeur exécutif du CUSM. Il reste donc au gouvernement à déterminer quels consortiums se verront accorder le contrat de PPP.

Le budget prévu par le gouvernement était à l’origine de 1,13 milliard de dollars, mais toutes les offres reçues étaient supérieures à ce montant. Le mandat avait été promis au consortium de SNCLavalin, Verreault et Pomerleau, malgré un prix dépassant de 300 millions l’objectif. Cependant, une entreprise espagnole a menacé le gouvernement de poursuites, estimant avoir été injustement éliminée.

Québec a alors fait marche arrière et a annoncé, le 13 janvier dernier, que toutes les offres étaient trop coûteuses. Le gouvernement s’est alors laissé soixante jours pour déterminer à nouveau la meilleure offre. Il ne faut cependant pas y voir un geste fort du gouvernement face aux prix des consortiums. En effet, le 30 janvier, Québec a décidé d’élever l’objectif de 1,13 milliard à 1,343 milliard, désormais très proche de l’offre initialement acceptée.

Une fois le contrat de PPP signé, les travaux devraient théoriquement pouvoir commencer. Il ne reste plus qu’à espérer que la construction soit plus paisible que les négociations. 


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