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La fleur au fusil

Allons enfants

Sautons joyeusement de l’âne au coq ! J’étais Suisse il y a deux semaines ? Eh bien me voilà Français, pour les besoins de l’arène. « Oh, je sais. Aujourd’hui, la fleur au fusil, la Marseillaise, la Wacht am Rhein… Oui. Mais demain (…) cet homme-là, qui est parti en chantant, il ne sera plus qu’un pauvre type. » (Roger Martin du Gard, Les Thibault).

D’après vous, qu’est-ce qui a cloché avec l’Action Démocratique du Québec ? (Vous vous souvenez quand-même ? Le parti de Mario Dumont, celui qui s’est pris une sacrée déculottée en décembre dernier?)

Moi je sais, moi je sais ! C’est la faute à Mario. Enfin pas vraiment de sa faute à lui –le pauvre a fait ce qu’il a pu –mais la faute à son visage. Ou encore, (restons corrects) aux stéréotypes liés à son image. Trop jeune, trop belle, trop lisse, trop blanche… Il y avait quelque chose avec sa gueule qui ne nous revenait pas,  va savoir pourquoi. Résultat ? En un p’tit tour de scrutin, nous avons expédié Mario sur les pas de David Fortin. Et un « rejet » de plus (ou de moins)!

Si, si, je vous jure, il semble que ce soit ça la politique désormais : une histoire de mains et de vilains, de clichés et de gamins. Un jeu d’enfant !

Pour l’étudiant parti en chantant, ce sont des lendemains qui déchantent cruellement. Je me sens comme un pauvre type, n’ayant plus qu’à rendre les armes.

Jugez vous-mêmes : d’après John Antonakis et Olaf Olgas, de l’Université de Lausanne en Suisse, les enfants seraient aussi compétents que leurs aînés spécialistes des sciences politiques lorsque vient le temps de prédire les résultats d’une élection. La preuve, étalée dans Science, est que 681 enfants âgés de cinq à treize ans, à qui les deux chercheurs ont demandé de choisir leur « capitaine de bateau » préféré parmi les photos de cinquante-sept paires de candidats en lice pour les élections législatives de 2002 en France, ont « naïvement » désigné le candidat élu dans 64 p. cent des cas. Le même test, conduit cette fois auprès de 684 étudiants universitaires en leur demandant de choisir le candidat paraissant le plus « compétent », a donné 60 p. cent de pronostics gagnants !

Conclusion : en politique, l’image vaut mille discours. Un prof de McGill votera presque toujours pour la même personne qu’un gamin de cinq ans qui n’y comprend rien. À quand le droit de vote aux enfants ?

« Tremblez, tyrans ! (…) Vos projets parricides vont enfin recevoir leur prix. Tout est soldat pour vous combattre. S’ils tombent, nos jeunes héros, la terre en produit de nouveaux contre vous tous prêts à se battre. » (La Marseillaise)

Oh oui tremblez donc, tyrans ! Devant nos bataillons de nourrissons…


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