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La fleur au fusil

Suisse et Ô Bama

On est tellement bien au Délit que j’ai choisi d’y faire mon coming out : je suis Suisse. Voilà c’est dit, ouf ! (Presque) plus de secrets entre nous.
D’après vous, qui a dit : « Dans une dispute avec les Américains, peu importe qui a tort ou raison – nous perdons » ? Marcel Rohner, ancien patron de l’Union des Banques Suisses (UBS), contraint à la démission le 26 février après avoir reconnu les pratiques illégales de son groupe aux États-Unis ? Ou encore Hans-Rudolph Merz, président de la Confédération, qui s’est « couché » aux pieds d’Ô Bama en révélant les noms de 300 clients d’UBS alors même que le sacro-saint « secret bancaire » le lui interdisait ? Ben non, désolé de vous décevoir : ce n’était « que » Stephen Harper, au cours d’un rare moment de lucidité (et accessoirement, dans une entrevue accordée au réseau CBC peu après la visite de Mister Congeniality). Mais revenons-en à nos moutons.

Appâtée par le gain, UBS n’a pas hésité, entre 2000 et 2007, à créer plus de 900 sociétés-écrans et à dépêcher plusieurs dizaines de conseillers chaque année aux États-Unis dans le seul but d’aider ses clients à contourner le fisc : normal qu’elle se prenne aujourd’hui une gamelle, non ? Ce qui l’est moins, c’est l’attitude peureuse des autorités politiques helvétiques, qui n’ont pas réfléchi avant de se détrousser sous la menace du « canon » américain. Qui a dit que les Suisses étaient longs à la détente ? De vrais bâtards, voilà tout. En bonne compagnie dans leurs paradis.

Si l’on en croit un autre Stephen canadien, un certain Jarislowsky, 83 ans et milliardaire : « On a vécu comme des chiens qui pouvaient manger autant qu’ils le voulaient. Un chien va manger tout ce qui est devant lui, même si ça le rend malade. On a fait exactement la même chose ». Interrogé par La Presse du 21 février sur la crise financière (qu’il fut un des seuls à voir venir dès 2002), notre papi flingueur a également confié : « La nature humaine carbure à la peur et à l’appât du gain. Et c’est l’alternance de ces deux émotions qui explique les cycles économiques. » Avant d’ajouter, malicieux : « Ça m’étonne qu’on n’enseigne pas la nature humaine dans les écoles. Si elle ne change pas, ça serait pourtant facile. »

Finalement, vous serez heureux d’apprendre qu’au Québec, il est de bon ton d’attendre plus de 48 heures sur une civière avant de se voir offrir un lit. C’est ainsi : on ne rigole pas avec les us (un petit Suisse vous parle) et coutumes. À propos de la médecine de corridor, le ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, manie d’ailleurs une drôle de langue : « On ne prend aucun engagement. Et c’est peut-être la solution. Tous ceux qui ont pris des engagements ont été incapables de les tenir. » Sa philosophie ? « Ne jamais se frustrer, ne jamais se fâcher et ne jamais chercher de coupable ». Ça me démange : si le Docteur n’avait pas fait ses preuves en désengorgement AVANT de faire le saut en politique, je l’aurais volontiers épinglé…


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