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D’ombre et de lumière

Les récentes propositions sculpturales de Marie-France Brière et de Bruno Santerre prennent le contrôle du Centre d’exposition Circa.

Marie-France Brière et Bruno Santerre, les deux artistes occupant actuellement le Centre d’exposition Circa, partagent de nombreux points. Les deux ont flirté avec l’Italie, lieu d’inspiration et de création ; ils ont à leur actif plusieurs oeuvres d’intégration à l’architecture à travers la province (une création de Brière, Ondes, est d’ailleurs installée au pavillon de musique Schulich). Au-delà de ces similarités, on peut constater une tendance à l’expérimentation couplée à une économie de moyens. 

Dans la salle principale, l’exposition Habiter dans la bouche des formes peut s’envisager comme la suite naturelle de l’exposition Les bouches d’ombre, présentée à la galerie B‑312 à l’automne 2005. Si l’on peut dénoter une familiarité dans les matériaux (marbre, feutre, bois travaillé…), ces quatre sculptures sont uniques par la manière dont elles prennent le contrôle de l’espace d’exposition plutôt que de rester contre les murs. 

Les oeuvres de Brière s’abordent comme un survol à la fois historique et critique des idées et du fonctionnement de la sculpture. Les matériaux anciens et nouveaux, nobles et banals, s’agencent en toutes sortes de contrastes. Comme les créations minimalistes, les sculptures s’envisagent pour elles-mêmes ; contrairement à celles-ci, elles ne nient pas quelques traces de figuration. Malgré leur aspect monolithique, elles captivent par leur processus de construction, qui paraît parfois défier la gravité. 

À l’instar des adeptes de l’art conceptuel, l’artiste se plaît à prendre une idée pour la développer en plusieurs facettes. Dans Laboratoire-Échantillon, par exemple, la mosaïque de matériaux et de grilles métalliques compose dans son ombrage un ensemble de quadrillés de dimensions variables, qui s’entrecroisent dans un dialogue ingénieux. Néanmoins, cette exploration conceptuelle ne se fait jamais au détriment de la présence de l’artiste, qui continue à s’affirmer dans le travail matériel, dans le découpage des formes et dans l’entrecroisement des fils métalliques. 

Cette exposition comporte également une dimension sonore, réalisée en collaboration avec Thierry Gauthier. Quelques casques d’écoute sont placés à la disposition des visiteurs à l’entrée. Aidé par une ambiance enveloppante, l’aspect littéraire de la démarche artistique de Marie-France Brière prend vie. Le texte, présentant diverses interactions et références aux oeuvres, reste difficile à classer, entre le dialogue fiévreux et la poésie déconstructive. Toutefois, il est dommage que le visiteur ne puisse pas combiner son écoute à une observation rapprochée des oeuvres. 

Dans la petite salle, l’exposition Dans la lumière de l’atelier (nuages et ombres blanches), de Bruno Santerre, pourrait presque être qualifiée d’autosuffisante tant chaque oeuvre répond à une autre. À partir de quelques objets simples, Santerre explore les tensions entre la figuration du visible et les subtilités de la perception visuelle (ombre, lumières, réflexions). L’intérêt de la visite découle de la possibilité qu’a le spectateur, après avoir identifié les liens entre les différentes oeuvres, de venir troubler ce dispositif en jouant à son tour avec la lumière du lieu d’exposition.

Marie-France Brière et Bruno Santerre
Où : 372, Sainte-Catherine Ouest #444
Quand : Jusqu’au 17 novembre
Combien : Gratuit


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