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Les échos du premier débat

Au fil de la campagne.

Jérémie Casavant-Dubois

Le mercredi 11 mars dernier a eu lieu le premier débat de la course à la chefferie du Parti Québécois, qui a pris place à Trois-Rivières. Les cinq candidats se sont affrontés dans une joute verbale sur thème du développement économique devant plus de 600 militants. Ce premier débat aura eu ses hauts et ses bas.

Débat sans débats

Sans surprise, Pierre-Karl Péladeau a été la cible de plusieurs attaques bien préparées de la part de tous ses adversaires. Ce dernier a réussi à détourner les attaques en donnant des réponses vagues ; lorsque questionné par son opposant  Pierre Céré sur l’utilisation de paradis fiscaux par Québecor, l’actionnaire de contrôle de l’entreprise s’est contenté d’esquiver en remettant en cause la pertinence de la question. Après le débat, PKP a déclaré que Québecor avait une filiale au Delaware afin de faciliter les échanges commerciaux avec les États-Unis. 

Le format du débat ne favorisait pas les échanges entre candidats puisqu’il empêchait  de forcer un candidat à répondre à une question. Cela a, entre autres, permis à PKP d’esquiver les questions embêtantes. Au lieu d’avoir un sujet plus large pour discuter, les candidats répondaient aux questions des militants par l’entremise de Gilles Gougeon. Il n’y avait pas assez de place pour des affrontements entre candidats ; on avait parfois l’impression que ceux-ci répondaient chacun leur tour à une question, sans que ce soit réellement un débat.

Séduire par un Québec souverain ?

Le débat a pris place au Cégep de Trois-Rivières devant une salle conquise d’avance. Pour le public, ce fut sans aucun doute un délice de voir cinq candidats parler aussi vigoureusement d’indépendance et attaquer le Canada aussi férocement. Tous les prétendants à la succession de Pauline Marois ont réaffirmé leur désir d’indépendance, un peu comme pour rassurer les militants. Toutefois, cela pourrait être dangereux car certains échanges étaient très loin des préoccupations actuelles des Québécoises et Québécois. Par exemple, la première question portait sur le développement économique d’un Québec souverain. Cela intéresse plusieurs militants péquistes et pourrait séduire quelques autres brebis égarées de Québec Solidaire, mais la question référendaire n’est pas sur la table pour l’instant. Le prochain chef aura avant toute chose le rôle de chef de l’opposition officielle pour les trois prochaines années. De plus, en ce moment, tous les yeux de la société sont rivés sur l’économie du Québec et les mesures de rigueur imposées par le gouvernement libéral de Philippe Couillard.

Ottawa a le dos large

Un point sur lequel tous les candidats se sont entendus fut sur qui rejeter la faute. À entendre les candidats, tout est la faute du Canada. La balance économique déficitaire du Québec est la faute du pétrole de l’Alberta qui a surévalué le dollar canadien au fil des ans. Pas assez d’argent dans les coffres de l’État ? C’est parce que Québec a envoyé 46 milliards de dollars à Ottawa en 2013. Sauf que le Québec a reçu pour 62 milliards de dollars de services et biens pour la même année (Rapport de l’Institut de la statistique du Québec 2014). Le Québec recevra 9,5 milliards de dollars d’Ottawa en paiement de péréquation pour 2015–2016, ce qui sera une somme record. Mais ce n’est pas si grave car « la péréquation, je l’emmerde », comme a si gracieusement déclaré Pierre Céré. 

Pierre Céré, Bernard Drainville, Alexandre Cloutier, Pierre-Karl Péladeau et Martine Ouellet se sont donné rendez-vous à Sherbrooke le 29 mars prochain pour le deuxième débat de la course à la chefferie. D’ici là, les candidats chercheront à reprendre leur élan dans cette course qui est très calme depuis le départ de Jean-François Lisée.


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