Archives des Mode - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/artsculture/mode-artsculture/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 01 Apr 2025 21:57:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 En photos : plonger dans l’univers de la mode mcgilloise https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/en-photos-plonger-dans-lunivers-de-la-mode-mcgilloise/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58110 Le campus fourmille d’influences stylistiques : Unveil SS25 en est la parfaite incarnation.

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McGill n’est pas une école de mode, mais sa culture vestimentaire est un miroir fascinant des influences qui y cohabitent. Que ce soit dans les couloirs du campus, dans une salle de conférence sur la politique internationale, ou dans la queue du café Gerts, un éventail de styles se déploie, parmi lesquels s’entremêlent minimalisme européen, streetwear nord-américain et touches vintage montréalaises soigneusement choisies.

Certaines initiatives sur le campus permettent à cette créativité de s’exprimer pleinement : le vendredi 28 mars dernier, le défilé Unveil SS25 du club mcgillois P[H]ASSION a pris place au Bain Mathieu. Ancienne piscine publique, ce lieu s’est mué en un espace événementiel dans les années 90 grâce à l’initiative de la Société pour Promouvoir les Arts Gigantesques (S.P.A.G.).

Hasard ou symbole, la piscine apparaît ici comme une métaphore parfaite de la mode universitaire : un espace où certains plongent tête première, tandis que d’autres, apprennent doucement à flotter. Sous les néons du Bain Mathieu, les mannequins avancent avec une aisance feinte, dissimulant sous leur posture assurée l’adrénaline d’un instant qui, pour la plupart, frôle l’inédit.

Shayé
Shayé
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Lia Valente
Lia Valente

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Angie Larocque : l’unique designer québécoise à la Semaine de la mode de Paris https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/angie-larocque-lunique-designer-quebecoise-a-la-semaine-de-la-mode-de-paris/ Wed, 22 Jan 2025 21:18:29 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56983 La créatrice nous invite dans les coulisses de son parcours et de son saut à l’étranger.

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La session de mode masculine pour la saison Automne/Hiver 2025–2026 de la Semaine de la mode parisienne a débuté hier, le 21 janvier, promettant de nouvelles collections de marques haute couture à couper le souffle. Si des noms emblématiques comme Louis Vuitton ou Jacquemus marquent cet événement jusqu’au 26 janvier 2025, une nouveauté se prépare pour la Semaine de la mode féminine prévue au mois de mars prochain : Angie Larocque, avec sa marque éponyme, sera la seule québécoise à dévoiler une collection sur cet illustre podium de la mode internationale.

Certains ont pu la voir dans les films Un monde à l’envers (2012) ou Un homme à la mer (2018) avec Eva Longoria, car Larocque est avant tout une personnalité québécoise aux multiples talents. Actrice, danseuse, coiffeuse, designer et entrepreneure, elle fait ses débuts dans la mode en 2022, en présentant sa première collection à l’événement de mode montréalais Festival M.A.D (Mode – Arts – Divertissement). Rapidement, son travail gagne en reconnaissance : l’une de ses créations a été portée par la chanteuse Véda lors du Gala de l’ADISQ en novembre dernier, et ses collections ont été mises en valeur lors des dernières Semaines de la mode de Montréal. Le 8 mars 2025, elle franchira une étape majeure en présentant ses créations dans le cadre enchanteur de la Galerie Bourbon, ancienne résidence de la famille royale d’Espagne.

Le Délit a rencontré Angie pour parler de son évolution artistique, des origines de sa marque et de ses attentes face à la Semaine de la mode de Paris.

Le Délit (LD) : Vous avez eu un parcours très diversifié, allant du ballet classique au cinéma, et maintenant à la mode. Pouvez-vous nous parler de vos débuts artistiques?

Angie Larocque (AL) : Oui! J’ai commencé le ballet classique à l’âge de trois ans en Gaspésie, que j’ai pratiqué jusqu’à mes 20 ans, un peu par intermittence. À l’école, j’étais toujours impliquée dans les arts, le théâtre et surtout l’improvisation. J’ai aussi étudié à l’école artistique FACE à Montréal, où la créativité était très présente. Bref, l’art a toujours fait partie de moi. Plus tard, le cinéma est arrivé par hasard. Une amie m’a appelée pour une audition de figuration dans un film avec une coproduction franco-américaine. À l’époque, je travaillais dans un salon de coiffure, car je suis aussi une coiffeuse diplômée. On m’avait dit : « Si tu n’as pas de nouvelles dans une semaine, ça veut dire que tu n’es pas prise. » Je n’ai pas été rappelée tout de suite, mais un mois plus tard, en plein milieu d’un rendez-vous avec une cliente, j’ai reçu un appel. On m’a offert un troisième rôle pour Un monde à l’envers (2012) et demandé si je pouvais aller aux essayages le jour même. Ce fut mon premier crédit ACTRA (Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists), et tout a déboulé à partir de là.

« La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits »

Angie Larocque, designer québécoise

LD : Comment votre expérience d’actrice influence-t-elle votre travail de designer?

AL : Cela m’a appris à prêter attention aux détails et à être à l’écoute de la vision artistique globale. Sur les plateaux, j’étais coiffeuse avant d’être actrice, donc je comprends les deux côtés. Aujourd’hui, en tant que designer, j’ai un contrôle total sur ma vision, et c’est aussi exaltant!

LD : En 2022, vous lancez votre propre marque de vêtements, Angie Larocque. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce grand saut dans le design de mode?

AL : Tout a réellement commencé en 2017. Je voulais créer ma propre marque, car j’achetais beaucoup de produits locaux et écoresponsables pour mon fils. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas les concevoir moi-même? » J’ai donc lancé une marque de vêtements pour enfants appelée Biggie Smalls : des grands vêtements pour des petites personnes [rires]. Durant la pandémie, j’ai mis ce projet de côté pour me concentrer sur de nouvelles compétences. J’ai suivi des cours à l’École des entrepreneurs du Québec pour apprendre la stratégie, le marketing et la comptabilité. C’est là que j’ai décidé de me tourner vers la création de lingerie avec une collection nommée « Les Aguicheuses », présentée au Festival M.A.D. À travers cette expérience, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait vraiment, c’était de créer des robes, et Angie Larocque est née.

JF GALIPEAU Evoto

En ce moment, je veux me diriger vers la haute couture. Ma dernière collection, d’ailleurs, intitulée « Rosa Nera », s’inspire de l’élégance des mariages italiens traditionnels qu’on peut voir dans le film Le Parrain (1972) par exemple. Les robes sont très couvrantes, avec beaucoup de dentelles, mais restent très sensuelles. C’est important pour moi, la féminité, la sensualité ; mettre en valeur le corps de la femme. Lors de mon premier défilé au Festival M.A.D., par exemple, j’ai voulu montrer des corps variés, de la taille Petit à 3X. L’une des mannequins taille plus m’a écrit une lettre bouleversante expliquant comment cette expérience avait changé sa perception d’elle-même. À ce moment-là, je me suis dit : « Je suis vraiment à la bonne place. Si je peux faire une différence chez les femmes à ce niveau-là, pourquoi pas? »

LD : Présenter une collection à Paris, à la Galerie Bourbon, est un événement majeur. Comment gérez-vous la pression et la fierté d’être la seule designer québécoise?

AL : C’est un mélange des deux. La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits. À la Gaspésienne, je suis prête à impressionner tout le monde!

LD : Vous avez récemment lancé une campagne de financement. Pouvez-vous nous en parler?

AL : Oui, c’est une campagne pour soutenir les frais de production de ma collection à Paris. Tout le monde peut contribuer, que ce soit par des dons ou en partageant l’information. Chaque geste compte et m’aide à représenter le Québec sur cette grande scène!

LD : Pour finir, quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans les industries créatives?

AL : Ne pas avoir peur. La peur est souvent ce qui nous empêche de continuer. Ce n’est pas facile – même aujourd’hui, il m’arrive de douter. Mais être opportuniste, persévérer et croire en soi, c’est essentiel. C’est en surmontant ces moments de peur qu’on avance.

Avec sa présence à la Semaine de la mode de Paris, Angie Larocque ouvre de nouvelles portes pour les talents d’ici. Ne manquez pas de suivre cette étoile montante alors qu’elle illuminera la capitale de la mode le 8 mars prochain!

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Haute couture et art sous les projecteurs du Four Seasons https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/haute-couture-et-art-sous-les-projecteurs-du-four-seasons/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56028 Marie Saint Pierre nous dévoile le Beau Monde québécois.

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La soirée du mercredi 18 septembre dernier, au Four Seasons de Montréal, restera gravée dans les mémoires comme l’un des événements phares de la Semaine de la Mode de Montréal 2024. La Maison Marie Saint Pierre nous a dévoilé en exclusivité sa collection de l’hiver 2025, après avoir marqué les esprits avec un panel exclusif, réunissant quatre femmes emblématiques du monde des Arts et de la Mode montréalaise. Organisé par la légendaire designer Marie Saint Pierre et animé par l’icône Varda Étienne, cet événement a permis de mettre en lumière des femmes influentes et inspirantes, en partageant leurs parcours, leurs défis et leur vision de l’avenir dans des domaines où la parité reste un enjeu.

Le panel débuta avec la présentation des invitées, toutes revêtues de créations de la Maison Marie Saint Pierre. Sur la scène, de gauche à droite : Catherine St-Laurent, actrice primée pour ses rôles dans Tu dors Nicole (2014) et District 31 (2016–2022) ; Erika Del Vecchio, commissaire d’art contemporain, ainsi que directrice de projets spéciaux ; Caroline Codsi, fondatrice de l’organisme à but non lucratif La Gouvernance au Féminin et femme d’affaires canadienne d’origine libanaise ; et enfin, Marie Saint Pierre elle-même, considérée par plusieurs comme la plus grande designer québécoise, et la première créatrice de mode à avoir été admise à l’Académie des arts du Canada.

La présence d’un corps féminin aussi prospère peut faire rêver toute femme aspirant à une carrière similaire, mais ce n’est pas tout ce qui brille qui est fait d’or : leurs discussions ont tourné autour de l’égalité des genres dans l’industrie de la mode, une question essentielle dans un domaine majoritairement féminin, mais souvent dirigé par des hommes. Pourquoi, s’interrogeait-on, l’industrie de vêtements de couture, bien que portée par des femmes, est-elle si peu égalitaire à son sommet? Erika Del Vecchio a également partagé sa frustration face au manque de représentation féminine dans l’art et les expositions, où la féminité est présentée comme une expérience singulière, contrairement à leurs homologues masculins.

Marie Saint Pierre, fidèle à son engagement social, a souligné l’importance de la solidarité féminine dans le monde des affaires et a rappelé son initiative Opération Sous Zéro, un projet destiné à fournir des vêtements chauds à des milliers d’enfants. La designer s’est exprimée avec passion sur la nécessité de créer un environnement plus inclusif et accessible aux femmes créatrices et entrepreneures.

Entre les conversations du panel et le défilé tant attendu, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec Varda Étienne en aparté. Autrice, femme d’affaires, comédienne et animatrice d’origine haïtienne, Varda est une figure incontournable de l’industrie du spectacle québécois depuis des décennies. Elle m’a confié que la confiance en soi est une qualité essentielle pour les femmes évoluant dans les milieux artistiques et de la mode. « Si tu n’as pas cette confiance, le monde te dévorera », a‑telle déclaré avec son franc-parler habituel. La soirée s’est poursuivie avec la présentation de la nouvelle collection hiver 2025 de la Maison, un mélange harmonieux de coupes classiques et atypiques. Les mannequins, en majorité des influenceuses québécoises, ont défilé sous des lumières tamisées et sur une bande sonore électrisante, mêlant house et techno. Lysandre Nadeau, influenceuse et animatrice du podcast Sexe Oral, a ouvert le bal, vêtue d’une robe ample en toile blanche, tandis que Naadei Lyonnais, ancienne participante d’OD Chez Nous (2020) et animatrice de L’île de l’amour (2021- 2022), a clôturé le défilé du haut de ses 5’10’’ dans un complet noir ajusté.

Entre ces deux figures publiques, d’autres personnalités comme la chanteuse Clodelle Lemay et la créatrice de contenu Gabrielle Marion, autrice trans reconnue pour la démocratisation de la transidentité au Québec, ont apporté une touche personnelle à chaque tenue. Le défilé a incarné l’essence même de la Maison : des pièces aux lignes nettes, intemporelles, mais toujours avec cette touche de modernité et d’audace.

Alors que la Semaine de la Mode de Montréal touche à sa fin, cet événement marque une nouvelle étape dans l’évolution de la mode québécoise menée par des femmes visionnaires.

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Grand plongeon dans la mode https://www.delitfrancais.com/2023/10/18/grand-plongeon-dans-la-mode/ Wed, 18 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52826 Circle of Fashion organise un défilé au Parc olympique.

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La fashion week est de retour, mais cette fois, le défilé de McGill débarque au bord d’une piscine olympique. Le 30 septembre, Circle of Fashion, le club de mode au sein de l’Université McGill à Montréal, s’est donné le défi de réaliser un défilé de mode au Centre sportif de Montréal. Manon Fillon-Ashida, qui a fondé le club l’année dernière, s’est inspirée du styliste français Jacquemus, qui avait lui-même réalisé son second défilé, intitulé Automne-Hiver 2013–2014, autour d’un bassin. L’équipe s’y est prise à l’avance, et après avoir contacté une grande quantité de piscines à Montréal, il a fallu quelques semaines pour recevoir une réponse positive et commencer l’organisation. L’équipe s’est chargée de trouver les créateurs de mode, le lieu de réception, et la manière d’animer l’événement. Le comité Circle of Fashion est constitué de passionnés de mode, qui aiment partager leur créativité au sein d’une communauté, en personne comme en ligne. Leur travail prend plusieurs formes. Les membres du comité écrivent des articles publiés sur leur site Internet et sur leur page Instagram. De plus, ils organisent des événements, tels que des ventes de vêtements ou des ateliers, afin de développer, par exemple, des compétences en photographie.

Il est temps de se jeter à l’eau

En avril dernier, Circle of Fashion présentait son tout premier défilé de mode, dans un musée. L’équipe a tenu à perpétuer cette tradition de choisir des endroits insolites pour son deuxième défilé. Le complexe sportif du Parc olympique de Montréal a ouvert ses portes à onze créateurs provenant de plusieurs universités et de divers milieux. Certains ont déjà fait de la mode et du design leur métier, tandis que pour d’autres, ce fut leur première expérience. Les bras chargés de morceaux de tissus, de rubans, et de chaussures, les créateurs conservaient une bonne humeur et les sourires étaient au rendez-vous. Les mannequins étaient principale- ment des étudiants de McGill. Il n’était donc pas nécessaire de faire partie du club, ni d’avoir de l’expérience pour participer, cela ne demandait que de la motivation et de l’enthousiasme.


Un pied devant l’autre et le regard droit


Le défilé était ouvert au public, aux passionnés de mode comme aux curieux. Les invités ont pris place sur des bancs autour du bassin. Chaque tenue, de la tête aux pieds, a été créée et pensée par les stylistes eux-mêmes, qui ont soigneusement sélectionné leurs mannequins des semaines auparavant. Pendant une heure et quart, le spectacle nous a fait voyager à travers les saisons et les époques. Maison Préfontaine a opté pour les chapeaux de cowboy, Rose Poer Clothing pour les vestes polaires colorées (afin de se préparer aux temps froids) et My Sweet Sweven nous a fait découvrir l’élégance des jupes tricotées. La créatrice Manon Fillon-Ashida a même fait attention aux détails en assortissant ses modèles avec des chaussettes orange et des chaussures noires pour toutes! En d’autres termes, il y en avait pour tous les goûts. La soirée fut un réel succès, notamment grâce aux DJ qui ont rythmé le défilé et aux photographes qui ont immortalisé le moment. Vous pouvez d’ailleurs retrouver les photos sur le compte Instagram de Circle of Fashion. Tour à tour, les stylistes ont présenté leurs créations, accompagnées d’une liste de lecture qu’ils avaient eux-mêmes choisis, plongeant les spectateurs dans leur univers. L’originalité du spectacle se trouvait donc dans la diversité des pièces. Mais alors, parmi toutes ces créations, peut-on entrevoir quelle sera la prochaine tendance mode? Selon ce qu’on a vu au défilé, les inspirations seront des chandails de toutes les couleurs, des ensembles, des chemises et des pantalons transparents pour tous les styles, avec beaucoup d’accessoires dans les cheveux ou sur la tête!

Le défilé ne s’est pas terminé avec les mannequins à l’eau, mais plutôt sous une pluie d’applaudissements félicitant le travail fourni par Circle of Fashion et les créateurs pour mettre sur pied ce projet. S’il fallait décrire en deux mots l’événement, ce serait créativité et plaisir. Bien que le prochain défilé ne soit pas encore planifié, restez aux aguets pour ne pas le rater!

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Réinventer la mode chez les étudiants https://www.delitfrancais.com/2023/03/22/reinventer-la-mode-chez-les-etudiants/ Wed, 22 Mar 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51422 Une entrevue avec l’association étudiante Dsign Lab McGill.

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Cette semaine, Le Délit a conversé avec deux membres de l’association étudiante mcgilloise @dsignlabmcgill pour en savoir plus sur le monde de la mode à l’Université McGill. Créée il y a deux ans, cette association compte plus de 60 membres aujourd’hui et espère pouvoir s’agrandir dans les semestres à venir.

Le Délit (LD) : Dans les grandes lignes, comment présenteriez-vous votre club? Quels sont ses objectifs?

Dsign Lab McGill (DLM) : Je dirais que le DsignLab est destiné à être un espace de collaboration et de rassemblement pour les personnes qui travaillent dans différents domaines de la création artistique. Nous comptons trois piliers. Il y a la photographie, la mode et les arts visuels. L’année prochaine, nous allons mettre en place un laboratoire de design bimensuel, où nous bloquerons un espace de studio pendant trois heures. L’idée est de susciter des collaborations en dehors du DsignLab. Ainsi, si quelqu’un réalise un projet de mode, crée une robe, par exemple, il suscitera peut-être l’intérêt de quelqu’un qui s’intéresse à la photographie, et ils pourront alors faire ensemble une séance de photos pour un éditorial de mode. Ou peut-être qu’une personne impliquée dans l’art aimera la robe et que nous ferons une conception visuelle dessus. L’idée principale est donc de créer une communauté créative à McGill, car beaucoup de gens ont constaté en arrivant ici qu’ils avaient perdu leurs liens avec le monde de l’art. Nous voulons donc raviver cette passion et créer un espace interactif.

LD : Quels sont les axes directifs de votre club?

DLM : Je pense que la chose la plus importante à noter à propos de notre club, c’est qu’il est orienté vers le développement durable. Je pense que c’est l’une des principales composantes de nos projets récents, car la mode est aujourd’hui une activité qui n’est pas durable, malheureusement. Nous essayons donc de motiver la nouvelle génération et la communauté mcgilloise à aller en friperie, à acheter des vêtements réutilisés, à les reconvertir au lieu de les jeter, à apprendre à les réparer et à faire ces choses qui vont prolonger la vie de leurs articles au lieu de passer immédiatement à l’achat de quelque chose de neuf sur le présentoir. La semaine dernière, nous avons mis en place un programme très prometteur. Il s’agissait d’un événement où les étudiants pouvaient apporter leurs vêtements endommagés, avec de petits trous ou des déchirures, et notre équipe les réparait pour un prix très bas par rapport à la majorité des services couturiers de Montréal. Si on a fait ce service de réparation, c’était pour sauver des habits de la décharge.

« Nous essayons donc de motiver la nouvelle génération et la communauté mcgilloise à aller en friperie, à acheter des vêtements réutilisés, à les reconvertir au lieu de les jeter »

LD : D’après vous, quel est l’impact de votre club sur les étudiants? Comment le mesurez-vous?

DLM : Je pense que nous avons un impact considérable sur le monde de la mode étudiante, en tout cas à McGill. Notre défilé de mode fait parler les gens après coup. Beaucoup de personnes sont venues me voir et m’ont dit que la prochaine fois qu’ils iraient au centre commercial, ils allaient mieux réfléchir à ce qu’ils achèteraient parce que le spectacle les avait touchés et qu’ils voulaient être plus soucieux avec leurs achats. Et je pense que cela est dû en grande partie à l’artiste qui est venu. Il s’appelle Jan Van Esch, et c’est un artiste en résidence à McGill, qui a réalisé une pièce sur la surconsommation de la fast fashion. Il a entendu parler de notre projet, a demandé à en faire partie et nous lui avons demandé de faire la finale. Dans son œuvre, il portait sur lui environ 120 articles d’habillement, cela correspond à la moyenne de ce qu’un habitant de l’Amérique du Nord conserve en même temps dans sa garde-robe. Lorsque l’on voit tout ce matériel entassé sur un individu, on se demande s’il est vraiment nécessaire d’en avoir autant. Nous avons collaboré avec une boutique appelée effe, qui travaille avec de nombreux créateurs locaux. Nous avons également contacté deux friperies du boulevard Saint-Laurent, l’une d’entre elles étant également un refuge pour femmes, appelé La Maison du Chaînon, et l’autre étant SnobShop. Ces deux magasins correspondent tout à fait à notre vision du développement durable. En plus de la reconversion d’habits, le propriétaire de SnobShop crée ses propres vêtements, les coud à partir de vieux matériaux recyclés, et propose des vêtements qui tiennent compte de toutes les tailles. Le Chaînon, quant à lui, propose une gamme de vêtements différents à des prix très abordables. Nous voulions nous assurer que nous avions des marques accessibles à tous, sans discrimination socio-économique.

Laura Tobon | Le Délit

LD : Quels pas prenez-vous vers l’inclusivité? Votre club abrite-t-il une diversité de corps, d’ethnies et de genres?

DLM : D’après moi, l’espace de la mode propose un spectre d’expression du genre plus large et il est possible
de sortir de la binarité. L’une des choses vraiment géniales est la capacité de briser les stéréotypes de genre à travers la mode, à travers l’art visuel. C’est l’endroit idéal pour contourner ce que nous supposons être les binaires de genre et pour expérimenter l’expression en dehors de ce qui a été considéré comme la norme. Il est vraiment formidable de voir beaucoup de membres de notre club prendre des risques et s’exprimer d’une manière qui leur est propre et qui n’est pas conforme à ce que le monde leur a imposé. Lors de notre dernier défilé, nous n’avons pas demandé de mesures aux mannequins au moment de l’audition, mais seulement après leur sélection, pour que nous puissions leur trouver les vêtements à la taille adéquate. Nous avons essayé de varier les apparences. Je pense donc que le simple fait d’avoir une variété de mannequins sur le plateau est déjà un pas en avant vers l’inclusivité et la démocratisation de la mode.

« L’espace de la mode propose un spectre d’expression du genre plus large, il offre la possibilité de sortir de la binarité »

LD : Avec quelles marques et magasins avez-vous collaboré?

DLM : Cette année, nous l’avons fait soit gratuitement, soit grâce à des commanditaires. Le défilé de mode que nous avons organisé au premier semestre a été en partie financé par Écosystème Jeunesse Canada (ÉJC). Nous avons obtenu tous les vêtements grâce à des partenariats. Nous avons donc passé des journées entières à nous rendre dans différents magasins de seconde main et à présenter le projet du défilé de mode : « Pourriez-vous nous prêter quelques pièces qui vous reviendront? Et nous vous ferons de la publicité, nous dirons à tout le monde le nom de votre magasin. C’est donc mutuellement bénéfique. »

LD : En travaillant au sein d’une association de mode étudiante, votre perspective
sur la mode a‑t-elle changé? En somme, pouvez-vous donner une définition de la mode?

DLM : Je pense que le plus intéressant avec la mode, c’est qu’elle est difficile à définir en elle-même. Il y a des choses qui sont incluses dans le monde de la mode et que les gens ne considèrent pas nécessairement comme de la mode. Par exemple, d’une certaine manière, le maquillage peut aussi être une forme d’expression de la mode qui ne se limite pas à l’habillement. La mode est un moyen d’exprimer ce que l’on ressent à l’intérieur, à l’extérieur, c’est de l’art à porter, ou même, pourrait-on dire, c’est une façon de parler sans mots. La spécificité de la mode, c’est sa capacité à exprimer des émotions, des valeurs, des désirs, des passions d’une manière qui n’exige pas nécessairement le caractère explicite d’autres formes d’art.



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Tannés du cuir: tuer pour se vêtir https://www.delitfrancais.com/2021/03/29/tannes-du-cuir-tuer-pour-se-vetir/ Tue, 30 Mar 2021 04:16:53 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=43400 Réflexion sur l'utilisation du cuir et de la fourrure en mode.

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Nos ancêtres aussi, un jour, ont eu froid. L’histoire du vêtement a débuté à ce moment-là, il y a quelques dizaines de milliers d’années. Les hommes primitifs devaient donc s’habiller chaudement avec ce qu’ils avaient, les animaux étaient leur seul moyen de survivre dans les climats extrêmes. Ils commencèrent à chasser, plus seulement pour s’alimenter, mais pour se couvrir. Une fois la bête tuée et vidée, ils la portaient telle quelle ou en l’attachant avec les tendons récupérés. Ces effets vestimentaires en fourrure ou en cuir (la seule différence étant la présence de poils sur la peau ou non) n’étaient presque pas transformés, ce qui réduisait considérablement leur durée d‘utilisation. Vite tannés de voir leurs habits se putréfier, les homos sapiens découvrirent qu’il fallait tanner le cuir, c’est-à-dire l’exposer à des produits et le traiter pour qu’il devienne imperméable. Au début, des végétaux en décomposition servaient à tanner, substitués plus tard par les sels. C’est de là que vient le « je suis tanné» québécois. Avant d’être prononcé par François Legault à chaque point de presse sur le coronavirus, on sous-entendait, en utilisant cette expression, qu’on avait le corps travaillé, fatigué comme si on avait la peau qui se faisait tanner.

Cependant, les liens entre la fourrure et le Québec ne se réduisent pas à cette particularité linguistique. En effet, à partir du 17e siècle et pendant plus de 250 ans, la traite des fourrures a permis aux Européens d’obtenir des peaux de castors. Cette traite est l’industrie principale de la Nouvelle-France et représente un enjeu indicatif pour la colonisation du Canada. Les Français, alors seuls acteurs de ce commerce, utilisent une partie des bénéfices pour envoyer des colons français au Canada, qui s’installent partout d’Est en Ouest. Les Britanniques arrivent ensuite et rivalisent dans l’industrie en créant la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) en 1670. Des tensions émergent de cette concurrence et provoquent les guerres iroquoises qui se terminent en 1701. Au même moment, la demande européenne pour la fourrure décline et on arrête le commerce du cuir. Plus tard, les points de ravitaillement de cuir, les «postes de traite», sont transformés en magasins de détail, tels que La Baie d’Hudson à Montréal (1886).

«Symboliquement, dans la littérature, porter la peau d’un animal tout entier permet au héros de protéger son esprit. La peau animale revêtue permet à l’âme du héros de rester dans son enveloppe»

Poils et peaux en littérature

Bien que marquants dans l’histoire du Canada, la fourrure et le cuir, leur savoir-faire et leurs utilisations ne sont délimités ni par le temps, ni par les territoires; ils sont partout, depuis toujours. Leurs connotations dans l’imaginaire collectif, les contes et les mythes sont nombreuses. On pense d’emblée à Peau d’Âne de Perrault incarnée au cinéma par Catherine Deneuve. Dans l’œuvre, un roi souhaite épouser sa fille, Peau d’âne. Le texte est le récit de cette dernière, qui lutte contre le désir œdipien qu’elle partage secrètement. Dans cette lutte pour ne pas se marier avec son père, elle décide de lui demander une multitude de faveurs jusqu’à lui ordonner de tuer l’âne dont les crottins sont en or permettent au roi de maintenir sa richesse. Le roi fait tuer l’âne à la surprise de sa fille, qui portera la peau de l’animal sur son dos.

Symboliquement, dans la littérature, porter la peau d’un animal tout entier permet au héros de protéger son esprit. La peau animale revêtue permet à l’âme du héros de rester dans son enveloppe. Un tel habit est donc porté quand le corps humain n’est plus capable de contenir l’âme. Les pulsions d’inceste de la princesse l’agitent tellement qu’elle est à la limite de perdre le contrôle de sa vie en succombant à ce désir. On oublie souvent que la peau d’âne qu’elle porte est sale et puante. Lorsque qu’elle l’adopte, la princesse se couvre spontanément le visage de boue. Ce comportement matérialise le sentiment de la jeune fille, salie par un tabou refoulé: le ça freudien qui prend le contrôle de son moi. On comprend par ce changement vestimentaire la crainte du personnage éponyme d’être souillée à jamais si son surmoi ne peut taire le ça pour redonner à la princesse le contrôle de son moi. Elle ne retirera la fourrure que lorsque son âme ne sera plus menacée.

Plus tard, dans la littérature européenne du 19e siècle, l’écrivain Leopold von Sacher-Masoch justifiera, sans le savoir, la nécessité de former le mot «masochisme» à partir de son nom. Presque tous ses romans consacrent à la fourrure une place majeure. La peau animale est une obsession de l’auteur et un thème récurrent de ses ouvrages. Elle rappelle, selon lui, la préhistoire, quand nos ancêtres encore recouverts de poils exprimaient leurs rapports naturels de domination et de bestialité. Dans son autofiction célèbre, La Vénus à la Fourrure, il écrit le fantasme d’un homme qui recherche dans le personnage féminin principal, un caractère sauvage et surtout de la virilité. Masoch exprime en filigrane son fantasme le plus intense: se déguiser en animal et se faire chasser. Dans un autre de ses romans, Loup et Louve, on suit l’histoire de deux amants qui envisagent de coudre l’homme du couple dans une peau de loup pour qu’il se comporte comme un loup, jusqu’à sa chasse. Comme lui, ses personnages ont le masochisme dans la peau.

«Sexuellement, le cuir traduit les rapports dominant-dominé intrinsèques aux animaux et prend une place considérable dans le BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadisme et masochisme), empreint d’intensité et de bestialité»

Histoire de machisme

On peut voir des similitudes avec la «culture cuir» de la communauté gaie qui fait du cuir son essence. Elle commence à se définir dans les années 1950 au sein de l’univers homosexuel. La leather subculture dérive de la motorcycle culture à laquelle se rattachent les bikers qui sont essentiellement des hommes cisgenres, conducteurs de motocyclettes en quête de liberté et qui cherchent à s’échapper du quotidien. Ils sont reconnaissables par leurs vestes et leur bottes serrées en cuir (et parfois un pantalon en cuir). Le matériau n’est pas choisi au hasard; sa résistance permet de réduire l’impact du choc en cas d’accident. Ce style s’est infiltré et a évolué dans l’univers gai. C’est une appropriation vestimentaire inattendue et a priori paradoxale. Lorsque que l’on se penche dessus de plus près, on comprend que c’est une façon de sublimer l’homophobie internalisée vécue par beaucoup de gais. Parallèlement, ils s’approprient l’apparence intouchable d’un archétype macho, le biker. Sexuellement, le cuir traduit les rapports dominant-dominé intrinsèques aux animaux et prend une place considérable dans le BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadisme et masochisme), empreint d’intensité et de bestialité.

Les peaux de bêtes ne sont pas que le prolongement visible du vice, des tabous et des plaisirs charnels extrêmes. Elles peuvent même symboliser le contraire. L’hermine blanche est signe de pureté. Selon une légende, Anne de Bretagne vit un jour une hermine poursuivie par des chiens; arrivée devant une flaque d’eau et de boue, elle a refusé de la traverser pour ne pas se salir. Plutôt mourir que de se souiller, comme l’affirme ce proverbe breton. Surprise par son comportement, la jeune femme a décidé de faire de ce constat son précepte de vie et elle adopta l’hermine pour emblème. Cela fait écho à Léonard de Vinci qui vers 1490 réalisa le portrait La Dame à l’hermine, révolution de l’iconographie de la Renaissance italienne. Pour la première fois, le peintre a exprimé en peinture la psychologie du modèle en montrant toutes les techniques les plus difficiles de la peinture dans un même tableau. Le chemin de l’hermine continue et traverse la monarchie française. Elle est associée à la richesse et à la réussite sociale. Les rois sont représentés vêtus d’un épais manteau d’hermine blanche, brodé de fleurs de lys. Cette pièce vestimentaire investit celui qui la porte des pouvoirs royaux et de la majesté.

«Et si la fourrure est vraiment végane, elle est synthétisée, presque toujours, à partir de micro-plastiques, un processus qui requiert énormément d’eau, d’énergie et de produits chimiques. Par conséquent, ces pseudos solutions sont loin d’être vertes; elles évitent cependant aux animaux de vivre dans les conditions abominables des élevages et de mourir cruellement»

Si ces matières sont omniprésentes dans la culture, les discussions à leur sujet sont infinies. La préoccupation éthique reliée aux peaux d’animaux est essentielle. C’est un débat controversé, qu’elles soient portées comme un trophée de chasse pour s’affirmer ou rachetées en brocante, tout le monde sait qu’utiliser la fourrure et le cuir pour se vêtir n’est objectivement pas moral. Cependant, personne ne s’entend quant à la démarche à adopter pour pallier au problème. Les débats qui soulèvent la question et que l’on a tous entendus, au moins, manquent souvent de sincérité. On veut tous paraître le plus vert possible pour ne pas être pointé du doigt. Souvent ces doigts sont ceux de personnes qui se pensent irréprochables parce qu’elles ne portent que des vestes en fourrure végane… Sauf qu’elles ignorent que, pour de nombreuses enseignes, ces arguments accrocheurs sont mensongers. La production de vraie fourrure restant moins couteuse, il est facile de cacher au consommateur l’origine animale d’un textile. Et si la fourrure est vraiment végane, elle est synthétisée, presque toujours, à partir de micro-plastiques, un processus qui requiert énormément d’eau, d’énergie et de produits chimiques. Par conséquent ces pseudos solutions sont loin d’être vertes; elles évitent cependant aux animaux de vivre dans les conditions abominables des élevages et de mourir cruellement. Pour avoir un rapport plus éthique avec la mode, il faudrait peut-être privilégier la qualité pour que le vêtement soit le plus durable possible. Si la fourrure évoquée plus haut n’est ni animale, ni en micro-plastiques, c’est qu’elle est faite de matière végétale, ou à partir de champignons. Là aussi, on pourrait remettre en question sa légitimité parce qu’il y a assez de vêtements sur la planète, alors pourquoi en faire plus quand on devrait upcycle ou recycler? Il n’y a plus de place dans les décharges depuis bien longtemps, on continue de brûler tout le cuir invendu et on remplit les poubelles de fourrures en plastiques…

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Diversifier la mode locale pour mieux s’identifier https://www.delitfrancais.com/2021/02/23/diversifier-la-mode-locale-pour-mieux-sidentifier/ Tue, 23 Feb 2021 13:35:31 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=42330 Entrevue avec Mike He, cofondateur de la marque de mode Sage.

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Sage est une marque de streetwear fondée en 2017 par Victoria Kwok, Rulin Nie, Mike He et Yu Tong Liu, quatre étudiant·e·s montréalais·es. La marque est née d’un désir de promouvoir la culture populaire asiatique à Montréal en plus de rendre hommage à l’héritage culturel des Asiatiques de la métropole. Le Délit a rencontré Mike He, l’un des quatre fondateurs et fondatrices de Sage, afin de discuter de leur prochaine collection.

Le Délit (LD): Votre dernière collection était accompagnée d’une galerie virtuelle interactive coréalisée avec Underdog, une plateforme qui promeut le multiculturalisme artistique local. Avez-vous un projet similaire pour votre prochaine collection?

Mike He (MH): Non (rires, ndlr). Sage est axée sur la création et sur l’innovation; nous essayons de rendre chaque collection unique. Notre prochaine collection explorera l’univers du KTV [karaoké télévisé en salle privée]. Notre équipe technique prépare présentement un système de karaoké interactif qui sera lancé sur notre site Internet en même temps que la nouvelle collection.

«Notre équipe technique prépare présentement un système de karaoké interactif qui sera lancé sur notre site Internet en même temps que la nouvelle collection»

Lorsque les gens accèderont à la plateforme, une liste de chansons chinoises, japonaises et anglophones leur sera présentée. Ensuite, ils devront choisir une chanson et la chanter! Des points leur seront accordés à chaque fois qu’ils atteindront les bonnes notes ou chanteront les bonnes paroles. Un palmarès des meilleures performances sera présenté à la fin de l’expérience.

LD: Pourquoi avoir choisi d’explorer le karaoké?

MH: Nous avons fondé Sage parce que la mode locale ne reflétait pas vraiment notre héritage culturel. Le KTV était une partie intrinsèque de nos vies avant la pandémie et nous voulions rendre hommage à cette activité pilier de la culture populaire asiatique.

La nouvelle collection centrée autour du karaoké s’intitulera Sage and Friends Have a Good Time at KTV et mettra en vedette nos artistes préféré·e·s du KTV; Teresa Teng, les Backstreet Boys, Jay Chou, etc. Je n’ai pas encore la date exacte du lancement puisque nous sommes en plein processus de production, mais la collection devrait être dévoilée en février!

LD:  À quoi ressembleront les vêtements de votre nouvelle collection?

MH: Il y aura beaucoup de chandails et de kangourous. Pour cette collection, nous avons mis l’accent sur les textures et les tissus; nous voulions travailler avec des tissus durables aux textures originales. Plusieurs vêtements seront très doux, d’autres, assez épais et certains morceaux auront aussi une agréable rigidité.

«Pour nous, le plus important n’est pas de mettre de l’avant les quatre lettres de Sage, mais bien d’utiliser notre plateforme pour explorer des thèmes qui reflètent notre héritage asiatique; que ce soit Sun Wukong cet été ou le KTV cet hiver»

LD: Comment se déroule le processus de production d’une collection Sage?

MH: Nous commençons toujours par choisir un thème. Pour nous, le plus important n’est pas de mettre de l’avant les quatre lettres de Sage, mais bien d’utiliser notre plateforme pour explorer des thèmes qui reflètent notre héritage asiatique; que ce soit Sun Wukong cet été ou le KTV cet hiver. Nous dessinons ensuite des esquisses en lien avec le thème, puis nous choisissons celles que nous allons imprimer. Malheureusement, pour une compagnie de notre niveau, il est extrêmement difficile de fabriquer nos vêtements au Canada. Cependant, la conception de toutes les collections se fait localement et nous avons notre propre machine de presse à chaud et tout le matériel nécessaire pour effectuer des impressions sérigraphiques. Nous imprimons donc nous-mêmes nos collections à Montréal. Produire nos vêtements de façon entièrement locale est l’une de nos aspirations futures.

LD: Pourquoi avoir choisi d’explorer le style vestimentaire de la mode de rue street fashion»)?

MH: C’est un peu plus par contrainte que par choix (rires, ndlr). Toute l’équipe de Sage a évidemment un grand intérêt pour le streetwear, mais c’est aussi un style plus accessible. Par ses modèles relativement simples, tels que les chandails, les kangourous et les sacs canevas, le streetwear nous permet une plus grande liberté artistique puisque nous pouvons nous concentrer davantage sur la conception d’illustrations graphiques.

David Truong | Le Délit

LD: Trois des quatre fondateurs et fondatrices de Sage, Victoria Kwok, Rulin Nie et toi, êtes des étudiant·e·s mcgillois·es. Votre parcours à McGill a‑t-il influencé votre vision de la compagnie?

MH: Nos majeures ont beaucoup aidé. Rulin, par exemple, étudie en finances à Desautels et ses cours l’ont énormément outillé; il s’occupe de la planification budgétaire et de la rédaction des relevés bancaires de Sage. Victoria étudie en économie à la Faculté des arts, mais elle est plus responsable des illustrations graphiques. Elle est extrêmement talentueuse; plus de 60% de nos illustrations graphiques sont créées par Victoria. De mon côté, ma majeure en marketing m’aide beaucoup à analyser nos stratégies de promotion. Sage nous permet aussi d’acquérir de nouvelles connaissances qui nous aident, à leur tour, dans nos cours de gestion.    

LD: Selon toi, quel est le statut de la mode de rue au sein de la communauté asiatique montréalaise?

MH: Je dirais que le streetwear touche principalement deux groupes. D’un côté, il y a les étudiant·e·s asiatiques internationaux·ales, qui suivent davantage la mode de rue d’Asie, plus axée sur un intérêt pour les marques de haute couture. Ensuite, il y a les jeunes adultes asiatiques qui vivent à Montréal depuis longtemps ou encore qui y sont né·e·s. Beaucoup d’Asiatiques montréalais·es aiment aussi porter des vêtements des grandes marques, mais je trouve que nous sommes de plus en plus conscientisé·e·s par le message véhiculé par nos vêtements; les marques locales, écologiques ou encore associées à certaines causes sociales sont de plus en plus populaires.

La nouvelle collection Sage sera disponible sur leur site Internet ce mois-ci.

Vous pouvez également suivre la page Instagram de la compagnie et vous initier à la conception graphique à l’aide de leur terrain de jeu virtuel.

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Calendrier culturel https://www.delitfrancais.com/2021/01/12/calendrier-culturel-8/ Tue, 12 Jan 2021 14:06:47 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=40302 Quelques événements culturels auxquels vous pouvez assister dans le confort de votre salon.

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La section Culture vous propose ces cinq événements artistiques et vous invite à encourager la culture dans cette période difficile. Les événements seront disponibles entre janvier et mars sur vos plateformes numériques préférées.

Danse : Tangente.
Musique: Igloofest.
Théâtre: La Licorne.
Documentaire: Tënk.
Exposition: Musée McCord.

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Lagerfeld et Saint-Laurent https://www.delitfrancais.com/2020/01/21/lagerfeld-et-saint-laurent/ Tue, 21 Jan 2020 16:09:01 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35379 Retour sur la vie des couturiers qui ont changé le monde de la mode.

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Tout a commencé par un croquis. Un manteau de cheviotte couleur jonquille descendant jusqu’en dessous du genou, largement échancré sur les épaules et ouvert en V dans le dos. C’est avec cette tenue à la fois classique et osée que Karl Lagerfeld, alors âgé de 21 ans, remporte le 1er prix du Concours du Secrétariat International de la Laine, dans la catégorie « manteaux ». C’est par ces quelques traits fins que le jeune Karl, alors inconnu du grand public, se retrouve propulsé dans le monde de la mode parisienne. À ce même concours a participé un certain Yves Saint-Laurent. Ces deux légendes de la mode se retrouvent en 1954 sur le même podium, Saint-Laurent ayant gagné le 1er prix dans la catégorie « robe de soirée ». Les deux amis, inséparables à l’époque, vont révolutionner le monde de la haute couture.

Les prestigieuses maisons

Karl Lagerfeld est engagé comme apprenti chez Balmain, et Christian Dior prend Yves Saint-Laurent sous son aile. La maison Dior est alors à l’époque beaucoup plus désirable et en vogue, Balmain cultivant une clientèle plus conservatrice et moins glamour. En 1959, Karl Lagerfeld gravit les échelons jusqu’à être nommé directeur artistique de la maison Patou. Deux ans plus tôt, le couturier Christian Dior est foudroyé par une crise cardiaque. Yves Saint-Laurent est alors nommé directeur artistique de la prestigieuse maison de couture. Les deux hommes se talonnent, mais Saint-Laurent prend de l’avance. À la tête de Dior, Saint-Laurent présente sa première collection intitulée Trapèzes, où les robes ajustées à la poitrine faisant disparaitre la taille en s’évasant autour du corps, et ce jusqu’aux genoux font sensation. Yves Saint-Laurent fait revivre « l’esprit Dior » tout en gardant les codes de la maison. De son côté, Lagerfeld s’attèle chez Patou sans pour autant connaître un succès aussi important que celui de son ami rival. Le jeune couturier y apprend le métier, à un tel point qu’il est capable de dessiner en quelques minutes un croquis parfait annoté de tous les détails techniques nécessaires aux couturières et aux premières d’atelier. Saint-Laurent connaît le succès ; Karl Lagerfeld, lui, s’y prépare.

Mondrian & Tailleur Chanel

Pierre Bergé pousse Yves Saint-Laurent à fonder sa propre maison, dont la première collection voit le jour en 1962. En passant des célèbres robes Mondrian à la collection Hommages de 1990, Saint-Laurent marque les esprits. De son côté Karl Lagerfeld entre chez Chanel en 1983 en tant que directeur artistique. Malgré la renommée de la maison, Chanel connaît d’importants soucis financiers. En retravaillant l’emblématique tailleur Chanel et en utilisant majoritairement du noir et blanc tout en remettant au goût du jour la mini-jupe et le jeans, Karl Lagerfeld réalise l’impossible et fait de la marque Chanel un incontournable du luxe. Lagerfeld est maintenant présent partout. Il travaille pour Fendi & Chloé et crée sa propre marque de vêtements : Karl Lagerfeld. Il enchaîne les collaborations tout en perpétuant les fameux défilés Chanel au Grand Palais à Paris, tous plus surréalistes les uns que les autres. Alors que l’un ne s’arrête jamais de travailler, l’autre prend sa retraite en 2002. À 71 ans, Yves Saint-Laurent s’éteint le 1er juin 2008 à la suite d’un cancer du cerveau.

Karl Lagerfeld ôte ses lunettes noires et défait son catogan blanc le 19 février 2019. À 85 ans, il décède des suites d’un cancer de la prostate. Il aura marqué pendant plus de 60 ans le monde de la mode et de la haute-couture.

Erratum : Cet article affirmait dans sa version originale qu’Yves Saint-Laurent et Karl Lagerfeld avaient tous deux remporté le premier prix de la catégorie « manteaux » ex-aequo en 1954. Karl Lagerfeld et Yves Saint-Laurent ont tous les deux été récompensés, dans deux catégories distinctes. Nous nous excusons pour toute confusion que cela aurait pu engendrer.

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Penser la mode durable https://www.delitfrancais.com/2019/04/03/penser-la-mode-durable/ https://www.delitfrancais.com/2019/04/03/penser-la-mode-durable/#respond Wed, 03 Apr 2019 17:32:20 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=33858 Le Délit a rencontré, Raphaëlle Bonin, fondatrice de Station Service.

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En ce doux matin de printemps, j’ai eu la chance de rencontrer Raphaëlle Bonin, pour parler de mode durable, de la création à Montréal, et de lait de soja.

Entre location et achat durable

Fondé en 2016, Station Service est, à l’origine, un service de location de vêtements. Les client.e.s peuvent louer un haut, une robe ou une combinaison pour « une petite soirée entre ami.e.s, une présentation dans un milieu corporatif, un mariage, ou un gala », bref, toutes sortes d’occasions. C’est aussi un moyen d’essayer « des styles que tu veux tester, une couleur que t’oses pas porter ». Cette idée, qui peut sembler étonnante, s’inscrit dans une nouvelle approche de la mode : la mode durable. Raphaëlle, qui vient des mondes du théâtre et du cinéma, a été sensibilisée à cette question en voyant le documentaire The True Cost d’Andrew Morgan sur le coût social et écologique de la « fast fashion ». Représenté par des multinationales telles que H&M et Zara, ce type de mode est synonyme de surproduction de vêtements de faible qualité et très peu dispendieux, produits par des ouvriers sous-payés et ayant un impact direct sur la planète. Alors à HEC Montréal, dans un cours de création d’entreprise, Raphaëlle commence à monter son projet, à réaliser une étude de marché. « J’ai interviewé une soixantaine de femmes de différents horizons pour voir quels étaient leurs besoins, leurs problématiques liées à la mode et à l’environnement » C’est sous forme d’un site Internet et d’un petit atelier dans le Mile End que Station Service voit le jour en octobre 2017. « On avait un espace où les clientes pouvaient venir sur rendez-vous seulement, avec une cabine d’essayage, un rack de vêtements. » Face au succès, Raphaëlle et son équipe ouvrent un magasin ayant pignon sur rue pendant le printemps 2018. Situé au 72 rue Rachel Est, la boutique est devenue un lieu d’essayage, de location, mais aussi d’achats de vêtements, de bijoux et d’accessoires. Avec son parquet ancien et ses murs en briques, c’est un lieu chaleureux pour discuter et être conseillé.e. Un tel magasin était important pour Raphaëlle : «Selon moi, il est important de pouvoir toucher la matière et pouvoir essayer les vêtements.»

Mais ce magasin permet aussi à l’équipe de Station Service de sensibiliser sa clientèle aux enjeux environnementaux. Raphaëlle et ses collaboratrices ne prétendent pas éduquer le consommateur. L’idée est de pouvoir bâtir « une relation, un échange, des réflexions ». Cette remise en question de l’industrie fait partie de l’essence du projet : « Malheureusement, je n’embaucherai jamais quelqu’un qui n’a aucune idée de ce qu’est la fast fashion et qui ne voudrait pas en savoir plus, parce que c’est trop au  cœur de l’entreprise. »
Les vêtements proposés sont tous issus de créateurs montréalais et sont fabriqués à Montréal. Pour ses marques, le choix des matières est primordial, puisqu’il assure la durabilité du produit, ce qui est impératif pour Raphaëlle : « Il faut que ça dure plus de six mois, au moins trois ou quatre ans dans une garde-robe. Ce sont des pièces d’investissements. » Mais c’est aussi une production éthique, en cycle court, avec des salaires adéquats. Cette proximité  avec les créateurs est centrale à l’expérience proposé par Station Service : « S’il y a un problème avec une pièce, tu me le ramènes, je parle au fournisseur, ce n’est pas comme dans un grand magasin où tu n’as aucune idée de ce qui se passe. »

La sélection des vêtements, à la fois pour l’achat et la location, part donc de plusieurs critères. La durabilité du vêtement, la provenance des textiles utilisés, qui ne vont pas systématiquement de pair :  «  On cherche vraiment pour notre sélection des pièces qui vont durer dans le temps. On veut idéalement du coton bio, mais c’est pas tout. C’est pas parce que c’est tout est bio que tout est réglé. » Mais il est aussi primordial pour Raphaëlle de proposer une exhaustivité pour ses clientes :  « On cherche une variété dans les styles, pour plusieurs types de morphologies. L’idée c’est que nos clientes ne se fient pas aux étiquettes de tailles. » Mais Station Service étant une petite structure, la sélection doit être rigoureuse, car elle ne peut  se permettre d’entreposer trop d’invendus. « Mais c’est aussi dans l’optique « slow fashion », donc on commande au fur et à mesure que les clientes en ont besoin. » Avoir moins de stock, c’est donc aussi combattre la surproduction, et la surconsommation. C’est aussi pourquoi Station Service ne fait des soldes que deux fois par an ; proposant des vêtements durables, « ça serait contradictoire de vouloir s’en débarrasser ». Pour un magasin prônant la location et la consommation raisonnée, il serait illogique de vouloir pousser à la consommation.

Aujourd’hui, le modèle économique de Station Service repose autant sur la location que sur l’achat. Le magasin ne prétend pas remplacer l’achat de vêtements par la location. « Parce que les gens vont pas arrêter d’acheter des vêtements, ta paire de pantalons que tu portes à tous les jours, tu la veux à toi, tu veux la garder longtemps. » Même combat pour un gros manteau d’hiver, ou des sous-vêtements. Le but de la location est de se battre contre ce phénomène  trop commun : « Je l’ai dans la garde-robe je l’ai porté qu’une fois ». La location permet donc d’éviter de gaspiller des vêtements, tout en pouvant expérimenter avec différentes coupes et matières. Et il est toujours possible d’acheter un vêtement loué, « si on tombe vraiment en amour avec ».

N’ayant aucune formation dans le monde de la mode, Raphaëlle Bonin avait plusieurs appréhensions, ne se sentant pas non plus comme la plus fashion. L’écoute et l’intérêt des designers l’ont toutefois motivée, une fois arrivée sur la scène locale. Elle a  dû s’y faire une place, en composant avec le sexisme, malheureusement très présent dans l’entrepreneuriat : « Des fois, c’est comme de prouver aux autres que je peux être ambitieuse et aussi vouloir une famille, mais pourquoi je ne réussirais pas? »

La localité au centre du projet

Originaire de Montréal, s’installer ici semblait évident. « C’est une ville que j’aime, c’est une ville très créative, avec plein de jeunes créateurs qui veulent se lancer. » La promotion de la localité et d’un cycle court de production, inscrits au cœur du projet, sont également possibles grâce à l’existence d’une communauté de créateurs et créatrices déjà établie. Si une autre boutique doit s’ouvrir à l’étranger, « l’idée serait tout le temps d’avoir une grande majorité de créateurs locaux de cette ville là ».

Mais pour l’instant, Raphaëlle veut développer sa boutique, faire grandir son projet. Son équipe s’agrandit, et leurs missions se diversifient, avec la réalisation d’une série de vidéos sur la mode locale en collaboration avec La Chaîne TV. Son quartier est important pour elle, avec plusieurs enseignes qu’elle recommande chaudement : le café Edmond, le Bar Suzanne, le restaurant japonais Noren, le Darling. Mais c’est aussi des créateurs, comme Maguire, une entreprise de chaussures faites au Québec, ou Eliza Faulkner, une créatrice canadienne installée à Montréal. C’est la mode et la création canadienne qui l’inspirent, les vêtements étant pour elle des plus importants : « Parfois les gens me disent “Toi en fait tu travailles juste dans la guenille“ . Non non, je travaille pas dans la guenille, t’as pas compris là. C’est de l’art, c’est des créations. »

Vous pouvez retrouver l’univers de Station Service ici.

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De Saint Laurent à Céline https://www.delitfrancais.com/2018/10/16/de-saint-laurent-a-celine/ https://www.delitfrancais.com/2018/10/16/de-saint-laurent-a-celine/#respond Tue, 16 Oct 2018 13:42:43 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=32028 Slimane nous montre de la pire façon que la mode a changé depuis 2016.

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C’était un retour très attendu pour Slimane. Début 2016 : après trois ans à changer et à renouveler l’image de la griffe Yves Saint Laurent, le créateur Hedi Slimane, qui avait déjà inventé la silhouette masculine des années 2000 lors de son passage à Dior Homme de 2000 à 2007, est remercié par le groupe de luxe Kering et remplacé par Anthony Vaccarello. Il se retire alors pour pratiquer la photographie et gagne un procès intenté à ses anciens employeurs pour rupture abusive de contrat.

Janvier 2017: LVMH annonce que Hedi Slimane remplacera Phoebe Philo à la tête de la création de la maison Céline. Son premier défilé a lieu à Paris, fin septembre 2018, pour la collection de l’été à venir.

Un style passé de mode

Celle-ci rend hommage à la nuit parisienne, dans le style typique de Hedi Slimane. Dans une ambiance rock se succèdent des mannequins habillé·e·s de pantalons très fins, de robes très courtes, de bombers sans volume, un style près du corps qui a fait la renommée de Slimane il y a bientôt vingt ans. Mais là où en 2000, puis en 2013, la critique criait au génie, la réception est ici toute autre.

Depuis le début des années 2010, ce style a été récupéré par des marques de prêt-à-porter de semi-luxe, telles The Kooples ou Zadig & Voltaire, qui proposent cette esthétique rock à des prix bien inférieurs au prêt-à-porter de luxe. Saint Laurent, qui a perpétué cette esthétique sous la direction d’Anthony Vaccarello, y a apporté une touche plus sophistiquée, jouant avec les volumes, les matières et donnant une impression de réelle couture. D’autres, comme Alexandre Vauthier ou Balmain, reprennent aussi l’approche rétro années 1980, la couture acérée ou les épaules très carrées qui avaient été introduites dans les dernières collections de Hedi Slimane chez Saint Laurent. En comparaison, les créations pour Céline paraissent dépassées, peu ambitieuses et sombres.

Celine SS19

Un défilé qui dérange

Cette collection, surtout, est un grand pas en arrière par rapport à la mode elle-même. Céline, ici, présente pour la première fois des pièces pour homme. Après une campagne de promotion très alléchante montrant des mannequins androgynes, nous pouvions espérer trouver des mélanges de vestiaires, un jeu sur le masculin et le féminin, que le prêt-à-porter féminin exhibe depuis déjà trois ou quatre saisons. Très majoritairement chez Céline, les hommes portent des costumes-pantalons dans des tons noir ou bleu marine, et les femmes portent des robes très courtes, dont les couleurs, vives ou argentées, tranchent avec le noir du défilé.

De plus, depuis la débâcle médiatique du créateur russe Gosha Rubchinski l’hiver dernier, critiqué pour ne présenter que des mannequins blancs, les castings des défilés ont pris l’habitude de représenter de plus en plus de mannequins non blancs. Il n’est plus normal, dans une collection présentée en 2018, qu’il faille attendre trente passages pour voir un mannequin non blanc.

Enfin, le cri d’alarme d’une part de l’industrie de la mode face à la fragilité des mannequins et au danger que représentent des modèles à peine sorti·e·s de l’enfance et aux mensurations inférieures à une taille 34 française pour les consommateur·trice·s de mode contemporaine, a porté récemment ses fruits. Les mouvements de body positivity, représentant aussi une tendance de la deuxième moitié de notre décennie, ont provoqué des défilés joyeux, avec des mannequins aux corps différents des normes déraisonnées de la profession. Hedi Slimane réinstaure les joues creusées, les jambes arachnéennes et les tailles si fines qu’un mètre de tissu suffit à confectionner une robe fourreau volumineuse. Le tout rend les seize minutes du spectacle difficiles à supporter, et un vrai malaise s’installe face à ce qui se déroule sous nos yeux.

Merci Hedi

Ainsi, Hedi Slimane a fait un retour très remarqué dans la mode, mais pour les mauvaises raisons. Les ventes de la collection détermineront sûrement sa place à la tête de Céline, qui a investi énormément d’argent dans le nom d’un génie de la mode. Pour nous autres, cette capsule temporelle de tous les travers de la mode est un parfait rappel du chemin qui a été parcouru pour changer une industrie en crise, et encourage à faire encore évoluer notre vision, pour que dans deux ans, grâce au boycott et aux autres changements d’habitudes vestimentaires, l’industrie devienne encore plus inclusive et éthique.

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Balenciaga, maître de la couture https://www.delitfrancais.com/2018/09/25/balenciaga-maitre-de-la-couture/ Tue, 25 Sep 2018 14:07:32 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31754 Le musée McCord célèbre l’œuvre du couturier.

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L’exposition est organisée en deux parties: la première se concentre sur la vie et le travail du créateur espagnol, la seconde sur l’héritage de son œuvre.

Un sculpteur de tissus

Cristóbal Balenciaga a révolutionné la mode occidentale des années 1950 et 1960: il a introduit la manche trois-quarts et l’encolure qui dégage le cou. Le couturier espagnol est un virtuose des tissus: on observe un équilibre parfait entre les formes et les textures des créations exposées. Si les matériaux constituaient la principale source d’inspiration du couturier, Cristóbal Balenciaga se nourrissait aussi de l’atmosphère sociale de son temps. La femme occidentale du XXème siècle travaille et recherche une tenue élégante dans laquelle être libre de ses mouvements. Balenciaga a ainsi créé des robes et tailleurs haute-couture qui associent utilité et esthétisme au travers d’une coupe intemporelle. Il a réinventé la silhouette féminine par les formes sculpturales du vêtement, qui entourent le corps de la femme sans l’oppresser. Les créations sont à la fois d’une grande sobriété par leur coupe et d’une extrême richesse par les matériaux et tissus utilisés. Chaque pièce exposée constitue une preuve irréfutable de la légitimité que peut avoir la mode à être qualifiée d’art.

Cristóbal Balenciaga connut un succès immédiat. Ses collections ont ainsi pu être exportées à l’étranger, notamment au Québec, pour le plus grand plaisir de certaines montréalaises. D’ailleurs, une partie de l’exposition retrace l’accueil des collections auprès de la clientèle québécoise.

Victoria and Albert Museum, Londres

Le créateur de la mode moderne

Si le grand public est familier avec le travail de Gabrielle Chanel ou de Christian Dior, l’héritage de Balenciaga reste quant à lui largement méconnu comparativement à la dimension de son œuvre. Son aversion pour la publicité et les conversations mondaines ont empêché la pérennité d’une notoriété populaire. La deuxième partie de l’exposition s’attelle donc à mettre en valeur l’héritage de l’artiste espagnol. Les visiteurs peuvent y admirer les plus belles créations inspirées du travail de Balenciaga. S’y retrouvent les plus grands noms de la mode contemporaine: Oscar de la Renta, Hubert de Givenchy, ou encore Yohji Yamamoto. Nous sommes saisis par l’ampleur de l’influence du couturier espagnol sur le monde artistique. Gabrielle Chanel le désigna comme le seul véritable couturier moderne, étant l’unique artiste capable de confectionner une robe depuis son dessin jusqu’à sa création matérielle. Christian Dior le considérait comme le « maître des couturiers ». Hubert de Givenchy applaudissait son génie: « une seule couture au milieu du dos et la ligne était si pure, si claire, c’était la simplicité dans toute sa perfection ».

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