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L’Été où je suis devenue accro à une série

Comment The Summer I Turned Pretty a réussi à captiver les écrans et les esprits.

Lara Cevasco | Le Délit

Mercredi soir, comme tous les mercredis depuis maintenant neuf semaines, mes colocataires et moi étions affalées sur le canapé, prêtes à savourer l’épisode final de la série qui nous a fait frémir tout l’été : The Summer I Turned Pretty (ou L’été où je suis devenue jolie en français). Après une très longue attente, le suspens était à son comble : l’héroïne allait-elle finir avec son premier amour, après avoir rompu ses fiançailles avec le frère de ce dernier, ou ne choisir personne, et avancer seule en tant que femme ?

Lola Tung, dans le rôle d’Isabel Conklin, surnommée « Belly », est une jeune femme américaine prise dans un triangle amoureux avec les deux fils de la meilleure amie de sa mère. Adaptée de la trilogie de la romancière Jenny Han – également créatrice de la série télévisée – l’histoire se déroule sur trois saisons. La vie de son héroïne y est racontée : du passage de l’adolescence à l’âge adulte, du secondaire à la vie universitaire, en passant par les premiers amours, les amitiés durables, ainsi que le deuil. Tout l’été, la promotion de la série a enflammé les médias, et particulièrement les réseaux sociaux. Lorsque j’ai découvert la trilogie il y a maintenant plusieurs années, l’histoire ne me paraissait pas bien différente du reste des (médiocres) fictions romantiques que je lisais à l’époque. Alors pourquoi, cinq ans plus tard, je me retrouve scotchée devant mon écran, fascinée par les personnages, leurs décisions et leurs histoires ?

Je semble avoir trouvé deux réponses à ma question. La première repose sur la stratégie de communication particulièrement remarquable de la série. Diffusée sur la plateforme Prime Video – qui s’est démarquée de son concurrent Netflix en arborant le programme comme vitrine depuis juillet – L’été où je suis devenue jolie a vu sa popularité grimper rapidement. Des magazines, tels que Vogue, ont vite saisi l’enjeu. Certains éditeurs de la revue analysent l’impact de la série sur notre vision de l’amour, du deuil, et du passage à l’âge adulte, tandis que d’autres publient les « 62 pensées que j’ai eues en regardant la finale [de la série] (tdlr) ». Sur TikTok, de multiples géants, tels que la National Basketball League (NBL) et diverses équipes de la National Football League, reprennent des références et des codes de la série pour attirer un public plus vaste, et les inclure dans la promotion de leurs contenus.

Cela nous amène donc à la deuxième réponse à ma question, qui est tout simplement qu’au moment où je regarde ces épisodes, je n’ai plus 16 ans, mais 21 ans. La réussite du programme se montre dans la facilité avec laquelle on arrive, nous, jeunes adultes, à s’identifier au récit. On retrouve ainsi une certaine prouesse de Jenny Han dans l’élaboration des scènes, qui a réussi à capter l’essence d’une jeunesse authentique : les dialogues, bien que parfois maladroits, les jeux de regard et les hésitations, les voix qui se cassent, et surtout, des physiques naturels, éloignés des standards idéalisés, particulièrement chez les personnages féminins. Accompagné d’une bande-son pertinente, au revers nostalgique et ponctué de clins d’œil à notre génération, notamment avec des chansons de Taylor Swift, chaque épisode de la série se consomme avec légèreté, excitation, et nous donne un sourire en coin.

Pour ceux qui ne l’ont pas encore regardé, je ne vous dévoilerai pas ce que l’on apprend dans l’épisode final de L’Été où je suis devenue jolie. Ceci dit, je partagerai volontiers ce qui m’a traversé l’esprit en éteignant la télévision. À 21 ans, comme Belly, comme moi, comme vous, on a le luxe du temps : celui d’essayer, d’échouer, de se tromper, et de recommencer. Pour moi, ce n’a pas été pas l’été où je suis devenue jolie, mais plutôt l’été où j’ai remis certains choix en question, l’été où l’idée de grandir m’a fait peur, l’été où j’ai appris de mes erreurs ; finalement, c’est l’été où j’ai compris que terminer l’université, ce n’est pas la fin du monde, c’est plutôt l’amorce de ce qui est à venir.

Les trois saisons de L’été où je suis devenue jolie sont disponibles sur Prime Video, moyennant un abonnement.


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