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Le référendum de l’AÉUM en perspective

Les gagnants et les perdants témoignent.

Toscane Ralaimongo | Le Délit

Chaque semestre, l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) organise un référendum sur les frais facultatifs inclus dans les droits de scolarité des étudiants. Ces frais, souvent modestes, soutiennent des services essentiels : la vie associative, la santé physique et mentale ou encore l’accessibilité pour les étudiants atteints d’un handicap. Du 27 octobre au 7 novembre, les étudiants ont été invités à se prononcer sur sept propositions, allant du renouvellement de fonds de soutien financier à la création de nouveaux frais, comme celui destiné aux soins d’affirmation de genre. 19,1 % des étudiants ont voté dans le cadre de ce référendum. 

Seules les deux propositions visant à augmenter des frais existants – les frais des services étudiants et ceux de l’Association des étudiants musulmans (MSA) – ont été rejetées par la communauté étudiante. Pour comprendre ce que ces résultats signifient au-delà des chiffres, Le Délit s’est entretenu avec deux groupes directement concernés par le référendum : l’Union des patient·e·s trans (TPU) et la MSA. 

Une victoire pour les soins d’affirmation de genre 

« Les soins d’affirmation de genre sauvent des vies, les transforment et les améliorent (tdlr) », souligne Rachel, administrateur·ice de système à la TPU. Pourtant, leur couverture médicale était loin d’être acquise il y a encore quelques jours. La question des soins d’affirmation de genre a été approuvée avec un écart très serré – 51,1 % votes pour, et 48,9 % votes contre. 

Pour la TPU, il s’agit d’une victoire majeure, obtenue après « près d’un an d’efforts » et de désaccords avec l’AÉUM. « Lorsque le conseil d’administration de l’AÉUM a supprimé les soins d’affirmation de genre en décembre 2024, il n’a consulté ni averti personne. La TPU et d’autres organisations du campus ont dû se démener pour remédier à la situation, afin que les étudiants puissent continuer à accéder aux soins de santé sans s’endetter de manière significative », explique Rachel. 

Si la formulation de la question référendaire – « une majorité de votes négatifs […] limitera considérablement la capacité des étudiants 2SLGBTQ+ à accéder aux soins de santé essentiels » a pu en étonner certains, Rachel estime que cette affirmation est « entièrement exacte ». « Il s’agit de soins de santé qui permettent aux gens de mener une vie heureuse, épanouie et digne, et qui font souvent la différence entre la vie et la mort », ajoute le membre de la TPU. 

La couverture des soins d’affirmation de genre débutera à l’hiver 2026, grâce aux contributions facultatives de 10,05 $ pour tous les étudiants au baccalauréat. 

La MSA face à des défis croissants 

Pour la MSA, le résultat du référendum a été une grande déception. « Chaque année, nous poussons les limites de ce que nous pouvons accomplir pour les étudiants sur le campus – en particulier au cours des vingt-quatre derniers mois », explique Hamza Alfarrash, président de l’association. En raison d’un vote négatif majoritaire à 52,4 %, la MSA se dit « confrontée à des défis importants pour maintenir son niveau d’activité. Nous pourrions être contraints de réduire ou de restreindre des services essentiels à notre communauté, pour lesquels il n’existe aucune alternative adéquate sur le campus ».

Alfarrash insiste que l’association est parfaitement transparente sur ses finances, et que le manque est bien réel : « Nos valeurs religieuses nous obligent à garantir une transparence totale et à veiller à ce que chaque dollar soit dépensé de manière responsable et réinvesti dans notre communauté. »

Le référendum de l’AÉUM met en évidence le faible intérêt de la communauté étudiante – seuls 19,1 % des étudiants ont voté – ainsi qu’une solidarité inégale sur le campus. Si certaines initiatives ont obtenu gain de cause, d’autres devront désormais composer avec des ressources limitées.


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