Si vous entrez dans le Centre universitaire de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) entre 12h30 et 14h30, vous y verrez une longue file d’étudiants munis de leur contenant. La raison de leur attente : un petit kiosque, encadré par deux grands panneaux affichant les mots « FREE DAILY LUNCHES » (dîners quotidiens gratuits, (tdlr), derrière lequel s’affaire un employé du traiteur Bon Appétit.
Ce nouveau programme de repas quotidiens gratuits proposé par l’AÉUM a pour but de remplacer Midnight Kitchen (MK). Au début d’octobre, l’AÉUM a décidé, unilatéralement et sans préavis, de « réorganiser le service » de MK , évoquant une mauvaise gestion des fonds et la qualité jugée médiocre du service offert. L’AÉUM a tout d’abord affirmé une volonté de « bonifier le programme [de MK] » en l’intégrant « aux départements à temps plein de l’AÉUM ». Toutefois, l’association étudiante, conjointement avec l’Association étudiante de la Faculté des arts (AÉFA), a décidé de sous-traiter ces services à l’entreprise de traiteur montréalaise Bon Appétit, afin d’assurer une continuité du service dans l’attente d’une solution plus durable. Le président de l’AÉUM, Dymetri Taylor, explique qu’il ne s’agit que d’une mesure temporaire : « Le recours au traiteur se poursuivra uniquement jusqu’à la fin du semestre. » « C’est afin de garantir que les étudiants aient accès à un service de dîner cinq jours sur cinq. À partir de janvier, le service de restauration reviendra sous la responsabilité directe de l’AÉUM. », assure-t-il.
En effet, le programme connaît un succès croissant auprès des étudiants. Beaucoup en ont entendu parler via les réseaux sociaux, dénotant les efforts déployés par l’AÉUM pour rendre l’initiative visible et accessible. En plus de la campagne numérique, des affiches promouvant le service de dîner sont observables sur pratiquement chaque tableau d’affichage du campus.
Parmi la dizaine de personnes interrogées par Le Délit pendant leur attente devant le kiosque du Centre universitaire, aucun n’avait déjà fréquenté MK. Lorsqu’on lui pose la question, Mia Valderrama-Lopez, étudiante à McGill, a l’air confuse. « Midnight Kitchen ? Non, je n’en ai pas entendu parler », répond-elle, « Je suis l’AÉUM sur Instagram et c’est comme ça que j’ai découvert le service de dîners ».
Le budget 2024 de MK allouait 25 000 $ (soit 7,41 %) de son budget à la nourriture, pour un à deux repas par semaine. Le nouveau service, dont le budget est porté à 36 000 $, permet désormais de fournir des repas cinq jours sur cinq. Bien que cela marque une progression en termes de régularité des repas proposés aux étudiants, il ne faut pas perdre de vue les limitations liées aux moyens matériels et humains rencontrées par MK. Ces dernières éclairent la situation. MK a dénoncé le comportement de l’AÉUM sur ses réseaux sociaux.
Elisha-Grace King, étudiante mcgilloise et ancienne habituée de MK ces dernières années, partage son ressenti : « J’étais très impressionnée que l’AÉUM soit capable de mettre en place un projet aussi grand en si peu de temps, et j’espère – au nom de tous les étudiants – que cela reste un succès.» Elle nuance toutefois : « MK était important, non seulement pour leur service de repas, mais aussi pour la communauté en général, notamment dans les milieux de justice sociale et dans le quartier de Milton-Parc. Peu importe l’ampleur du nouveau programme de l’AÉUM », ajoute-t-elle, « je crois qu’il ne pourra jamais remplacer complètement MK. »


