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Recettes d’enfance de l’équipe

Comment les goûts ravivent nos souvenirs d’enfance.

Toscane Ralaimongo | Le Délit

Chacun a ses recettes et ses souvenirs qui remontent à la surface lorsqu’on pense à un certain plat. L’équipe du Délit a accepté de partager avec vous quelques-unes des recettes de son enfance.

Héloïse – Clafoutis aux cerises

Tous les étés je pars en vacances chez mes grands-parents en Normandie. Les vacances sont toujours merveilleuses. En plus d’habiter près de la mer, mes grands-parents ont un jardin – un grand jardin, avec un cerisier au bord de la terrasse. Marcher dehors devient une épreuve si l’on ne veut pas finir avec des fruits plein les chaussures. Ces cerises, des bigarreau Napoléon, grosses, aux couleurs dégradées entre jaunes et roses, sont légèrement amères, juste assez pour être encore meilleures cuites que crues.

S’il y a une recette qui symbolise cette période, c’est le clafoutis que ma grand-mère fait avec ces cerises.

Battre 1 gros œuf et 1 tasse à café sucre jusqu’à obtenir un mélange jaune pâle. Ajouter au fur et à mesure 1 tasse de farine, 1 cuillère de levure et enfin 1 petite tasse de lait. Beurrer et fariner le moule. Ajouter les cerises encore noyautées – pour le goût – puis verser la pâte par-dessus. Ajouter une noisette de beurre sur le dessus. Enfourner ! Cuire en chaleur tournante à 180 °C (355 °F) pendant environ 30 minutes. Vérifier avec un couteau la consistance du gâteau avant de le retirer du four. Laisser refroidir (ou pas, pour les gourmands et impatients), et déguster !

Stu – Tarte Tatin à Mumu

Ingrédients : 8 pommes pelées, tranchées et évidées, 3 c. à s. de beurre non salé, un tiers de tasse de sucre blanc, un fond de pâte à tarte feuilletée, du jus de citron, 1 jaune d’œuf battu.

Préparation : Trancher les pommes pelées et évidées en sections d’un centimètre et les faire revenir dans un poêlon à basse température avec le beurre, le sucre et le jus de citron. Faire caraméliser les pommes jusqu’à ce qu’elles soient tendres, mais pas molles, et de couleur rousse. Retirer du feu. Utiliser un plat à tarte en verre allant au four d’environ 10 à 12 pouces et, en spirale, y déposer les tranches de pomme, comme une rose. Mettre la pâte au-dessus et enfourner.

Antoine – Sandwich au Nutella

Ma nonna Angela, la meilleure cuisinière du monde (du moins, du haut de mes huit ans), serait déçue de savoir que mon souvenir culinaire le plus mémorable est un simple sandwich au Nutella. Au moins, son sandwich au Nutella, qu’elle me préparait systématiquement. Dans mon jeune temps, je passais chaque journée pédagogique chez elle, à m’occuper de son jardin et écouter des cassettes VHS sur sa télévision des années 80.

La recette ? Simple, mais il vous faut les bons ingrédients. Nutella importé acheté au marché italien (de préférence, chez Berchicci) dans un pot en verre et pain blanc Villagio – les tranches du milieu. Très important, sinon, c’est quelconque. Vous pouvez couper les croûtes, mais c’est optionnel… j’ai appris à les aimer. Surtout : ne pas griller le pain. C’est crucial.

Maintenant, je n’ai plus de nonna, mais je garde un souvenir indélébile de cette collation de l’après-midi, que je me prépare encore plusieurs fois par semaine. Une bouchée, et il me paraît la voir s’affairer dans la maison, me jetant un regard affectueux de marraine dont elle seule avait le secret.

Valentin – Légumes farcis

Marseille, 17 h, au téléphone : « Mamie, on peut venir manger ce soir ? » On ne prévient pas toujours très en avance. Trois heures après, pourtant, nous sommes à table, mes sœurs, notre grand-mère, et moi, face à un plat de légumes farcis, si rapidement cuisiné et qui n’en finit pas. Des tomates, des courgettes, des poivrons vidés de leur chair, remplacée par une base de riz et par une délicieuse farce de viande.

Une recette de famille, vieille comme le monde, qui fait un peu partie de nous.

Marius – Quiche lorraine

Pendant mon enfance au Gabon, ma mère passait chaque matin à préparer une lunch box pour mes frères et moi. L’odeur du fromage fondu qui parfumait les couloirs de ma maison m’a beaucoup marqué, et je revois le sourire sur le visage de ma mère à chaque fois que je refais cette recette !

Ingrédients : pâte brisée, 250 g de lardons, 4 œufs, 20 cl lait, 20 cl de crème fraîche, beaucoup d’emmental, paprika, muscade, sel et poivre.

Préparation : Prendre une fourchette et faire des petits trous dans la pâte brisée. Faire revenir le lard dans une poêle jusqu’à ce qu’il soit bien croustillant. Dans un bol, fouetter les oeufs, le lait, la crème fraîche, le poivre, la muscade, le sel, et le paprika. Placer les lardons sur la pâte. Verser le mélange par-dessus et râper l’emmental sur le tout. Mettre au four à 180 °C pendant 30 à 35 minutes.

Eugénie – Riz au lait

Le riz au lait de ma grand-mère est une recette qui me fera toujours penser à mon enfance. J’ai habité dans plusieurs pays quand j’étais plus jeune (Chine, Japon), et je ne voyais pas souvent ma famille éloignée, qui vivait au Canada. Rien ne me faisait sentir à la maison comme les visites annuelles de ma grand-mère, qui me préparait toujours son riz au lait que j’adorais. J’ai découvert quelques années après sa mort que la recette est intitulée « riz au lait d’Eugénie » dans son cahier de recettes, que ma mère m’a photocopié quand je suis partie à l’université. Maintenant vous pouvez en profiter vous aussi.

Une demi-tasse de riz, 750 ml de lait, 50 g de sucre et une gousse de vanille. Amener le tout à ébullition, puis baisser le feu pour que le lait frémisse doucement, à découvert. Cuire environ 40 minutes en brassant de temps en temps, jusqu’à ce que le liquide soit presque absorbé.

Juliette – Carrés magiques

J’ai passé plusieurs étés de mon enfance dans un camp de vacances où l’on cuisinait le meilleur dessert du monde : les « carrés magiques ».

Biscuits Graham, pépites de chocolat, ingrédient secret. Mélanger le tout dans un chaudron au-dessus du feu. Accompagner d’une légende.

Matthieu – Douceurs françaises

Ayant passé la majorité de ma vie à l’étranger (Beyrouth, Abu Dhabi, Washington), les produits français, dans lesquels j’ai été bercé, furent souvent difficiles d’accès.

Lorsque je revenais, durant les grandes vacances d’été, un tour de France s’imposait pour rendre visite à ma famille dispersée aux quatre coins de l’Hexagone. Dans ce périple, le passage chez mes grands-parents maternels faisait – et fait toujours – partie de mes étapes préférées. Un immense jardin rempli d’orchidées colorées, un potager cultivé passionnément par mon grand-père, et une tranquillité absolue, contrastant avec mon quotidien.

Ma grand-mère savait que j’avais été privé de douceurs françaises pendant près d’un an, alors, dès mon arrivée, un plateau de fromages gigantesque accompagné de toutes sortes de charcuteries m’attendait systématiquement le premier soir. Un assortiment simple, mais si savoureux compte tenu de l’amour avec lequel il a avait été réalisé.

Enfin, mon grand-père m’emmenait à la cueillette des mûres, ces baies délicieuses poussant sur des ronces épineuses. Activité périlleuse, mais dont le jeu valait la chandelle. Il confectionnait ensuite, avec le plus grand soin, de délicieuses confitures maison. Mûres, groseilles, fraises, rhubarbe, tout finissait en confiture ! Ces plats simples, préparés avec tendresse et empreints de souvenirs, sont mes madeleines de Proust.

Layla – Les biscuits de Mamie

J’ai eu la chance de grandir près de ma grand-mère maternelle. Je passais presque chaque dimanche chez elle avec mes frères et sœurs, mes parents et mes tantes. Chaque semaine, pour accompagner notre café, ma grand-mère nous préparait des gâteaux, allant des sucreries algériennes au gâteau à la vanille recouvert de Nutella. Mais une recette très simple reste mon coup de cœur : des biscuits à la vanille. Un souvenir d’enfance que je continue de retrouver en cuisine aujourd’hui.

Ingrédients : 4 à 5 œufs, sucre (légèrement moins que le volume des œufs), huile (moitié de la quantité des œufs), 1 c. à s. bien remplie de levure chimique, une demie c. à s. d’extrait de vanille, le zeste d’un citron, farine (quantité suffisante pour obtenir une pâte), moules à biscuits.

Préparation : Dans un grand bol, battre les œufs avec le sucre jusqu’à ce que le mélange soit homogène. Ajouter l’huile et mélanger. Incorporer la levure chimique et la vanille. Ajouter un peu de farine pour commencer, puis le zeste de citron. Mélanger le tout. Ajouter progressivement de la farine jusqu’à obtenir une pâte souple, mais non collante. Former des biscuits à l’aide des moules et les disposer sur une plaque. Cuire au four préchauffé à 180°C pendant 40 minutes, jusqu’à ce que le dessus soit doré.

Jiayuan – Soupe de nouilles

Il m’est difficile de dire quelle saveur me rappelle le plus l’enfance, moi qui ai passé les sept premières années de ma vie à Guangzhou, une ville où j’avais accès à tout. Mais les choses devenaient tout de même plus compliquées lorsque je tombais malade : je perdais l’appétit au moindre symptôme. Trop chaud, trop froid, trop dur, trop mou : aucune nourriture ne passait par ma bouche. Heureusement, ma mère avait une solution pour me nourrir malgré tout : une soupe de nouilles aux tomates et aux œufs. Rien d’extraordinaire en termes d’aliments, encore moins en termes de difficulté, mais la recette fonctionne toujours, même à ce jour. Lorsque l’eau bout, ajouter les tomates coupées, puis une poignée de nouilles. Laisser cuire trois à cinq minutes. Pendant ce temps, battre les œufs pour les verser ensuite dans la casserole, puis ajouter un peu de sel. Quand les nouilles sont cuites, servir dans un bol et ajouter quelques gouttes d’huile de sésame.

Toscane – Krouchtikis

À l’approche des fêtes de fin d’année, quand l’odeur de sucre vanillé envahit la cuisine, il n’y a pas de doute : ma grand-mère, d’origine polonaise, entame son rituel annuel – la confection de krouchtikis. Tablier noué autour de la taille, manches retroussées, elle s’affaire. Et même avec toute la douceur du monde, le processus est militaire. Mélanger farine, œufs, sucre, levure, beurre fondu. Pétrir, puis fraiser. Étaler la pâte au rouleau et la couper en losanges. En fendre le centre et y passer une extrémité pour former un nœud. Faire frire. Rouler dans le sucre (l’œuvre de ma cousine). Déguster, tièdes (mon œuvre à moi). Elle transmet volontiers sa recette – quantités exactes, temps précis. Pourtant, personne n’en fait d’aussi bons. Je la soupçonne d’ajouter un ingrédient secret. Ou peut-être est-ce le goût de sa passion pour la cuisine à partager.


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