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STM : les étudiants paient le prix fort

Les McGillois en périphérie particulièrement touchés par la grève.

Toscane Ralaimongo | Le Délit

Depuis le 22 septembre, et pour deux semaines, les déplacements des Montréalais seront fortement perturbés par la grève des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM). Jusqu’au 5 octobre, bus et métros ne circuleront que quelques heures par jour les lundis, mercredis et vendredis. Une situation qui bouleverse la vie de nombreux usagers, en particulier celle des étudiants qui dépendent du transport collectif pour aller en cours. 

Les employés de la STM réclament de meilleures conditions salariales et s’opposent à des changements d’horaires jugés contraignants, alors que l’employeur propose une hausse salariale de 12,5 % sur cinq ans. La direction affirme que les demandes syndicales dépassent ses capacités financières d’environ 300 millions de dollars, étant actuellement de 470 millions pour les services d’entretien, et prévient qu’y répondre impliquerait de couper 10 % du service de bus. 

Des horaires intenables 

Pour Stu, illustrateur au Délit, la grève cause un bouleversement complet de son quotidien. Habitant Mirabel, il lui faut près de deux heures de trajet pour se rendre à McGill. Stu est entièrement dépendant des transports en commun. Les perturbations sur le réseau de transport l’obligent alors à faire des choix difficiles : « Je dois parfois faire une croix sur des journées de cours. Le trajet est trop long, trop coûteux et épuise toute mon énergie. » À défaut de transport fiable, la voiture devient le dernier recours ; une solution plus chère, moins écologique et entravée par les 44 chantiers de la région métropolitaine de Montréal. 

« Dire aux gens de marcher ou de prendre un vélo, ce n’est pas ancré dans la réalité de ceux qui viennent de loin »

Stu se dit pourtant favorable aux revendications salariales des employés de la STM : « En tant que salarié, je comprends. Ces gens ont droit à de bonnes conditions de travail. » En revanche, l’étudiant pointe du doigt la déconnexion des institutions vis-à-vis des réalités étudiantes : « Dire aux gens de marcher ou de prendre un vélo, ce n’est pas ancré dans la réalité de ceux qui viennent de loin. » 

Il regrette également le « manque d’accommodations de McGill », qui, à l’aube des examens de mi-session, n’a toujours pas mis en place de mesures pour assurer la tenue de cours en ligne. Cette absence de solutions nourrit un sentiment d’abandon selon Stu, qui subit comme beaucoup d’étudiants la grève et ses conséquences sans ne rien pouvoir y faire. 

Des alternatives inégales 

Bixi Montréal, surfant sur sa vague de succès suivant la dernière grève de la STM en juin dernier, a bonifié son offre : 11 stations dépôt supervisées par du personnel et un meilleur rééquilibrage des vélos. Les services d’autopartage Communauto et Leo ont aussi ajusté leur service et offert des rabais. Mais pour ceux qui habitent en périphérie, ces options sont impraticables. Malgré sa frustration, Stu se veut conciliant avec les grévistes. Il explique : « Il ne faut pas mettre la frustration des citoyens sur le dos des travailleurs. » Il dénonce des problèmes qui « viennent d’en haut » et appelle citoyens, étudiants et ouvriers à se « tenir les coudes » pour faire face à cette épreuve.


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