Des dizaines de milliers de spectateurs, le ciel bourdonnant d’hélicoptères ; Montréal est devenue, le temps d’une course, la capitale mondiale du cyclisme. Ce dimanche 14 septembre s’est tenu le Grand Prix Cycliste de Montréal : cinq heures de course et 17 boucles autour du Mont–Royal, pour un total de 209 kilomètres et 4 500 mètres de dénivelé. À l’affiche, des grands noms du cyclisme, tels que Tadej Pogačar, Wout van Aert ou encore le français Julian Alaphilippe, vainqueur de l’étape ayant eu lieu à Québec deux jours auparavant.
Le départ est donné à 10h30, les coureurs s’embarquent alors dans des heures de course effrénée. Ce parcours présente un profil redoutable, avec notamment la côte Camillien-Houde (1,8 km à 8%) et celle de Polytechnique (780 m à 6% avec des passages à 11%). Un terrain taillé pour les « punchers », ces coureurs explosifs capables de répéter des attaques violentes dans de courtes montées raides tout en tenant la distance. C’est logiquement le slovène Pogačar, tenant du titre du Tour de France, qui est érigé en favori avant la course.
Un climat tendu en bord de route
Alors que tout semble réuni pour offrir un spectacle mémorable aux spectateurs et téléspectateurs, un étrange climat plane sur cet évènement. En effet, une des 23 équipes participant à cette étape divise fortement : Israel-Premier Tech. Durant tout le long de la course, des centaines de drapeaux palestiniens ont fendu les airs, soutenus par les chants incessants des manifestants. Le Délit s’est entretenu avec une des manifestantes, Lillah, Montréalaise de confession juive, arborant une pancarte avec inscrit « Jews with Palestine ». Interrogée sur ses motivations, Lillah déclare : « L’équipe Israel-Premier Tech est complice du génocide en cours à Gaza. » Elle dénonce notamment la proximité du milliardaire et président de l’équipe, Sylvan Adams, et du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
L’activiste estime que l’équipe fait du « sports washing », pratique visant à restaurer l’image d’Israël à travers le sport. Elle souligne également le fait que l’Union cycliste internationale ne se soit pas opposée à la participation de l’équipe à ses compétitions, alors que la Russie a par exemple été bannie en tant que nation des Jeux olympiques de Paris en raison de la guerre en Ukraine. Lillah conclut : « On ne laissera pas Israel-Premier Tech utiliser les routes montréalaises pour faire la promotion d’un génocide. » Différents collectifs ont demandé aux autorités municipales d’exclure l’équipe qui, cédant aux importantes pressions, s’est renommée « IPT » le 11 septembre.
Une sécurité renforcée après la Vuelta annulée
Une tension palpable était observable entre manifestants et forces de l’ordre, empêchant tout militant de se rapprocher des barrières de la course. Un dispositif important à été déployé pour faire face au risque de débordements : drones, brigades équestres, forte présence policière… Cette pression sur la sécurité de l’événement s’explique par les perturbations survenues lors de la dernière étape de la Vuelta à Madrid, annulée suite à l’envahissement du tracé par des centaines de militants propalestiniens.
Jeanne, spectatrice, confie son ambivalence : « Je comprends les causes de cette manifestation, mais cela gâche un peu la fête, j’espère qu’il n’y aura pas de débordements. » La course a pu être menée à son terme sans entrave de la part des manifestants, Tadej Pogačar a offert la victoire à son coéquipier Brandon McNulty au bout de 5h14 d’effort. Le slovène, fort de 16 succès cette année a laissé passer McNulty devant lui, marquant le premier succès de sa carrière. Cette victoire est la 85e de l’équipe UAE Team Emirates cette saison, confirmant la domination écrasante de la formation émiratie sur le peloton mondial.