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Hymne à la bouffe d’ici

Un aperçu des aliments de région et des mets québécois d’Antan.

Stu Doré | Le Délit

Ah, notre Québec national, maison mère de la fameuse frite-sauce et du redouté fromage couic-couic. Est-ce qu’on la prononce « pout-ine » ou « pout-eene » ? La prenez-vous râpée ou en grain, ou bien alors italienne, galvaude, ou traditionnellement classique ? Bien, ce n’est sûrement pas nécessaire de devoir présenter à nouveau ce fameux mets que l’on connaît si bien ici en territoire canadien-français. Parce que la poutine, ça nous connaît assez bien les gens d’ici, ça, je me le permets de le dire tout haut et tout fier ! 

Sans lui enlever ses éloges et lauriers bien mérités par contre, il n’en reste que la poutine n’est qu’un des nombreux mets et aliments variés que notre province a à offrir. C’est ainsi un peu malheureux que tant de bons aliments, repas et produits soient enterrés en dessous du piédestal où notre compétitive poutine se tient constamment. Beaucoup, bien que simples, rappellent un autre temps, 50 voire 70 ans en arrière, lorsque, pour bien des familles du Québec, la famille c’était la vie, et la vie c’était la campagne, la ferme et le dur labeur et la tranche de pain de fesse avec du beurre accompagné de p’tit lard. 

Cette nourriture est un héritage culturel, et bien qu’il soit important, beaucoup l’oublient, que ce soit par perte générationnelle, par manque d’intérêt (il serait possible de théoriser là-dessus durant des heures, j’en suis sûr…) ou peut-être par un intérêt plus marqué envers d’autres cuisines. Ce mini-guide ne sert pas à convaincre les lecteurs d’essayer tous ces produits ou recettes, mais agit plus comme un bref guide sur les recettes et produits d’antan québécois. 

« la famille c’était la vie, et la vie c’était la campagne, la ferme et le dur labeur et la
tranche de pain de fesse avec du beurre accompagné de p’tit lard »

Langues de porc dans le vinaigre : Les langues de porc dans le vinaigre sont habituellement vendues dans des pots en vitre, soit petits ou grands, et on les retrouve dans la majorité des supermarchés de la province. Elles sont considérées comme une nourriture de taverne, mais sont aussi bonnes en tant que collations qu’en dîner. Les rincer peut enlever une majorité du vinaigre et ainsi les rendre plus faciles à essayer pour les débutants. Personnellement, elles sont une des sources de protéines que je préfère. 

Têtes de violon/Crosses de fougères : Les têtes de violon sont les jeunes pousses des fougères qui sortent lors des printemps au Québec ! Leur nom provient de leur forme en spirale qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la tête de l’instrument à cordes. Le goût est similaire à une asperge et il est très important de les faire bouillir environ 15 minutes dans l’eau salée afin d’éviter l’intoxication. Toujours choisir celles qui sont enroulées solidement en leur centre et couper les bouts bruns avant de les faire cuire. Il est possible de les acheter ou de les cueillir dans les bois de mars à mai ! 

Retailles d’hosties : Les retailles d’hosties sont, comme elles se nomment, des retailles d’hosties de messe ! Elles sont habituellement vendues en sacs rectangulaires plats et souvent prisées par les personnes plus âgées, en raison d’un goût plutôt neutre et d’une texture qui fond en bouche. Elles ne sont pas mauvaises, juste quelque chose que les grand-mères de 70 ans et plus adorent grignoter tout en papotant de la nouvelle coupe de Lisette Leduc un mardi après-midi. 

Grands-pères aux framboises : Les gens lisant ceci savent peut-être ce que sont les grands-pères au sirop d’érable, puisque beaucoup fréquentent la cabane à sucre durant nos froids printemps, mais il existe une variante qui bat des records dans mon cœur, qui est celle aux framboises. Cette version est faite à partir d’un sirop de framboises sauvages (et oui, cueillies du fin fond du bois en plus, un long travail ardu!) et de pâte cuite dans le sirop. C’est un régal du septième ciel et un classique des recettes de campagne. 

Tarte au suif : Une tarte faite de gras de porc, de sucre brun et de beaucoup, beaucoup, beaucoup de recherche. Peu de gens font encore ce plat, mais il est possible de trouver quelques recettes en ligne… 

Il existe une vaste librairie culturelle de la cuisine québécoise, il faut cependant des intéressés pour garder la flamme de cet héritage allumée. Comme les goûts, le Québec change, mais notre histoire, on s’en souvient !


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