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Dans la tête d’une écolo

Réflexions personnelles quotidiennes et prise de liberté.

Clément Veysset

7h30 : mon réveil sonne. Il annonce le début d’une nouvelle journée sur cette planète où nombreux sont ceux
qui mènent un rythme de vie effréné. Dans la rue, tout le monde se presse pour se rendre à son lieu de travail, à l’école… Sur la route, voilà déjà les klaxons qui s’emballent à l’heure de pointe, produisant un véritable tintamarre de si bon matin. Et si nous ralentissions un peu la cadence, et réclamions le silence ? Serait-ce possible d’obtenir une trêve de quelques instants pour aller à contre-courant d’une société dont chaque atome aspire à toujours plus ?

Bienvenue dans la tête d’une écolo en herbe, qui, loin de prétendre mener une vie vertueuse, cherche du mieux qu’elle peut à vivre plus simplement. Laissez-moi vous permettre de naviguer le long du fil tortueux de mes pensées. Surtout ne cherchez pas de structure logique à cet article : il n’y en a pas. Après tout, s’affranchir des règles, c’est la première étape pour repenser tout un système. Et puis, qui a le pouvoir de contrôler ses pensées ?

En me promenant dans la rue, je prends le temps d’observer l’environnement qui m’entoure : les débris de la dernière neige d’un hiver exceptionnellement chaud, les poubelles pleines à craquer qui débordent de déchets, au
point où elles se mettent à les cracher sur les trottoirs et la chaussée, les fumées grises des pots d’échappement des voitures qui grondent d’impatience, reflétant la frustration de leurs conducteurs ; mais aussi le chant des oiseaux qui virevoltent au-dessus des habitations, ou encore une brise d’air frais qui fait frémir les narines et nous fait nous sentir vivant.

On imagine souvent que les écologistes sont des personnes tourmentées dans leur quotidien, qu’ils vivent une vie de moine et font des sacrifices tous les jours. Mais plutôt que de parler de sacrifices, ce sont des changements d’habitude. Il existe des substituts à tout, et ils ne sont pas moins attrayants. C’est même souvent plus facile d’être écolo pour les prises de décision du quotidien, en suivant la doctrine de toujours faire le choix le plus éco-responsable. Et puis, il y a moins de rangement à faire quand on n’accumule pas plein de babioles au fond des placards !

« Être responsable implique un devoir d’agir pour répondre au problème auquel on fait face, tout en partageant une part de culpabilité »

Avez-vous déjà entendu parler du concept suédois de lagom ? Il provient d’une tradition viking qui consiste à se passer autour d’une table une chope de bière, qui contient « juste la quantité suffisante pour que chacun puisse en avoir un peu ». Il signifie : « Ni trop, ni trop peu. » Le penseur grec Épicure suggérait déjà dans l’Antiquité qu’il fallait se contenter de peu pour être heureux. Quels beaux principes sur lesquels fonder une nouvelle ère écologique ! Ce serait vous mentir, que de ne pas avouer ressentir à certains moment de la culpabilité, voire parfois même de l’éco-anxiété – ce sentiment d’appréhension causé par la menace environnementale. Vous souvenez-vous de ce jour de février où il faisait si chaud que tous les montréalais flânaient en t‑shirts dans la rue ? J’en ai encore la chair de poule. Pourtant, après y avoir beaucoup réfléchi, j’ai compris que la culpabilité est un sentiment qu’il est nécessaire de dépasser. Culpabiliser, c’est s’appitoyer sur son sort, et rester passif face à un sentiment d’impuissance, car on se sent confronté à un problème bien plus grand que soi. Il faut plutôt se sentir responsable, car être responsable implique un devoir d’agir pour répondre au problème auquel on fait face, tout en partageant une part de culpabilité. Ce n’est que trop facile de dire que l’on ne peut rien faire parce que c’est le système qui va mal. Puisqu’on y participe, nous avons une responsabilité collective de faire bouger les choses.

J’espère avoir réussi à vous offrir un espace tranquille, pour que vous puissiez, comme moi, vous questionner, laisser vagabonder votre esprit le temps d’un article, et peut-être vous avoir convaincu qu’il n’est jamais trop tard pour passer à l’action.


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