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Déclarations d’amour

Clément Veysset | Le Délit

Soif d’ambroisie

mon visage plongé
entre deux moelleux oreillers,
mon être respire ta présence


Profondeur, douceur rafraîchissante


des nuits agitées accompagnées
de brouillards déprimants, l’eau
à qui j’envie d’avoir eu ton corps


Complètement enfoui dans sa matière


pensées et schémas fatals,
mon style d’écriture me paraît méconnaissable,
tandis que j’observe naturellement tes pétales


De loin, les gouttes de nectar les colorent


plante tentante, je suis une abeille
tournant autour de ton champ,
volant avec hésitation de haut en bas


Craignant de sucer tes larmes d’ambroisie


et de me retrouver incapable de supporter
un pollen immortel, un papillon étouffant
dans le ventre, une superficialité


Et éventuellement, la chaleur diminue


je pleure l’océan simple d’esprit,
aux saisons qui passent
et aux fleurs les plus proches,


Empreintes des fragrances que tu déposes

- Ilias Lahlou

Hélix

Nue, elle serait,
de la manière la plus complète
frottant son dos et hanches
sur mes draps blancs en lin
tandis qu’elle les imprègne
de ses vers rimés


Zieutant amoureusement
un pot de fleur sur le chevet
où les jasmins fleurissent
pour libérer dans l’hélix percé
de ses oreilles des mouvements
et un fourmillement de sous-entendus


une poésie sans but, parfois même creuse
tente de dépeindre les désirs persistants,
emplis d’excitation et d’anxiété à la fois,
le sang coule sans cesse en moi


et remplit massivement mon cerveau droit
alors que son goût visuel entre dans mes veines
une muse, vivifiante à elle seule,
dont les images adoucissent mon ton
et je me vois la caresser,
les doigts autour du lobe de ses oreilles

- Ilias Lahlou

Spleen hivernal

De toute part assiégée par le blizzard,
Je cherche mon chemin au hasard.
En proie aux flèches de l’obscurité meurtrière,
Oh, qu’elle semble lointaine la Ville Lumière !


Pas après pas, jour après jour
Impossible d’oublier cette divine nuit d’amour.
Comment empêcher, dans le brouillard de janvier,
Que s’échappe la promesse d’une idylle partagée ?


Seule une année-lumière nous sépare de la foule en liesse
Mais à quand la prochaine caresse ?
Et voilà que les douze coups de minuit ont sonné ;
Oh, que j’aurais aimé posséder le don d’ubiquité !


Comme un cadeau céleste, je te laisse m’enlacer
À présent, c’est certain : j’ai tout inventé.
Et voilà que le carrosse s’est transformé,
Une telle félicité, longtemps je l’ai espérée.


Entre tes doigts, mes cheveux se délectent avec délice
Depuis le pays de l’orignal, des frissons parcourent encore mon clitoris
Il me tarde de recevoir ce baiser
Et si tout n’était qu’un songe d’une nuit d’été ?


Oh, impitoyable tempête des souvenirs
Qui sans le génie de Klapisch aura su me faire périr
Toi, qui chaque nuit attise mes insomnies
Dans cet hiver rude où nous consume la nostalgie.


Oui, attendre il me le faut
Car à l’aube du printemps nouveau,
Résonnera le timbre de ta voix
Et à l’oreille nue me chuchotera : non, tu ne rêves pas !

- Adèle Doat

Elle

Sur les pavés du vieux quartier,
humides et luisants,
ce mardi matin d’automne.
Te voici te voila
revenant de loin,
que tu te faufiles entre les colombages.
Accompagnée de ton parfum,
de ta brise jouant avec les odeurs des commerces
voisins
Emmitouflée dans ton épais manteau de douceur
et de ce sentiment d’insouciance :
tu danses.
À la torpeur d’un rayon de soleil,
à l’aube d’une vie innocente,
s’élançant à la tombée de l’asphalte :
tournoyante, vacillante,
d’une chaleur lente,
tu te tords.
Voici qu’un halo de lumière
se perd dans le fond de tes mèches
que le soleil réverbère.

-Jade Lê


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