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Entre histoire et quête d’identité

Le voyage intime de Tatiana Zinga Botao.

Rose Chedid | Le Délit

Nzinga est une œuvre théâtrale unique, à la croisée des continents, des histoires et des récits. Pendant une heure et demie, Tatiana Zinga Botao nous emmène avec elle dans un voyage alliant émotion, humour, et réflexion, le tout habilement tissé dans une sorte d’autobiographie théâtrale.

Née au Congo et ayant grandi à Bruxelles avant de s’installer au Québec, ce n’est que tard dans sa vie que l’artiste découvre l’existence de son homonyme historique, la reine Nzinga du Congo, ayant vécu au 17e siècle. Plus qu’un simple nom partagé, Nzinga, cette figure qui a marqué l’histoire par sa résistance contre les colonisateurs portugais, devient une source d’inspiration. La pièce rend ainsi hommage à cette reine emblématique, tout en tissant des similitudes subtiles avec l’histoire personnelle de Tatiana. On en apprend beaucoup sur l’histoire du Congo et sur le passé colonial du pays. Mais on comprend aussi au fur et à mesure de la pièce l’importance de connaître ses origines afin de mieux se connaître soi-même. La pièce nous invite ainsi à nous questionner sur notre identité et nos origines. « D’où viens-tu ? », « Et avant cela ? », « Et encore avant ? » interpelle l’artiste.

Si au départ j’ai pu avoir des préjugés sur le fait que la pièce ne mette en scène qu’une seule personne, mes doutes se sont vite envolés. Tatiana n’est pas simplement une actrice, mais aussi une conteuse passionnée et engagée qui nous offre bien plus qu’un simple « one woman show ». Car si l’artiste raconte en effet son histoire personnelle, elle le fait avec une énergie vibrante et nous marque par sa prestance sur scène. Elle passe de la danse au chant, tout en ponctuant son spectacle de nombreuses interactions dynamiques avec avec la salle. Zinga en vient même à distribuer quelques coupes de champagne à une partie de son public.

« La pièce nous invite ainsi à nous questionner sur notre identité et nos origines »

Malgré une mise en scène très dépouillée et minimaliste, avec pour simple décor du sable et un grand drap au sol, l’artiste parvient parfaitement à créer une atmosphère intime et puissante. Très rapidement, cette dernière arrive à faire éprouver une véritable palette d’émotions à son public. Du sentimental au rire, de la compassion à la culpabilité, Zinga démontre son talent en naviguant habilement entre des discours solennels et des interactions légères.Ce qui m’a également plu est la facilité de l’artiste à jouer avec les registres linguistiques, en employant un français international pour son récit, le québécois au moment des interactions avec le public, en passant par le congolais pour nous rapporter ses expériences personnelles. Tatiana Zinga Botao mélange ainsi les langues pour immerger toujours davantage le public dans les différentes facettes de son histoire.

En fin de compte, bien plus qu’une autobiographie, Nzinga est une pièce au croisement des genres, entre passé et présent. C’est un hommage à la puissance des femmes, et à la recherche d’autonomie et d’affirmation de soi dans un monde complexe. La pièce nous rappelle surtout que chaque histoire personnelle est une épopée en soi. 


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