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Spectacle romantique et alchimie poétique

La Dame aux Camélias aux Grands Ballets de Montréal.

Jade Lê | Le Délit

Du 19 au 28 octobre, à la Salle Wilfrid-Pelletier, la compagnie des Grands Ballets présente une adaptation néoclassique du roman La Dame Aux Camélias d’Alexandre Dumas par le chorégraphe Peter Quanz.

Une adaptation envoûtante

Peter Quanz revisite un classique de la littérature française, mettant en scène la bourgeoisie parisienne du 19e siècle, où
se joue un amour impossible entre Marguerite Gautier et son amant Armand Duval. Leur relation épistolaire et sensuelle forme le récit parfait pour un ballet sentimental. Peter Qanz décide même de reprendre certains extraits du roman, lus à voix haute durant la représentation, permettant au public de suivre plus aisément l’histoire, et le sensibilisant à la plume soignée de Dumas. Ce ballet en deux actes est organisé au fil de quatre tableaux : L’Amour, Le Sacrifice, L’Abîme et Le Trépas. Durant ces trois premiers, lors de la représentation du 21 octobre, Marguerite a été interprêtée respectivement par Rachele Buriassi, Anya Nesvitaylo, et Maude Sabourin, et Armand Duval par Esnel Ramos, Roddy Doble, et Raphaël Bouchard.

Lors du Trépas, les trois couples partagent la scène. Les pas de deux s’enchaînent : la sensualité paraît alors que les danseurs ne cessent de s’enlacer et de s’embrasser en douceur. Le public est transporté dans cette relation interdite et ardente, qui finit tragiquement par la mort de Marguerite.

Un amour passionnel

Les costumes, conçus par Anne Armit, reflètent l’élégance et la pureté d’une histoire où l’amour l’emporte sur les rôles et les classes sociales. Les femmes portent de longs tutus romantiques, flottants et envoûtants, aux tons clairs et pastels : l’univers est doux et lumineux. Au sommet du délicat chignon de Marguerite y est déposée une fleur de camélia, symbolisant la beauté éphémère et fragile. Celle-ci reflète le caractère de la jeune fille, qui est décrite comme innocente malgré ses multiples passions, ainsi qu’un amour qui, tout comme la fleur, ne dure qu’un court instant. Les hommes sont quant à eux vêtus de costumes noirs et de vestes, typiques du 19e siècle.

« Les costumes, conçus par Anne Armit, reflètent l’élégance et la pureté d’une histoire où l’amour l’emporte sur les rôles et les classes sociales »

Le créateur des décors, Michael Gianfrancesco, est lui aussi parvenu à transmettre l’esthétisme parisien, à travers des pièces minimalistes, telles qu’un divan en velours et un ensemble de jardin. Ces décors simples permettent aux danseurs d’être au centre de l’attention, tout en les complimentant parfaitement. Pour le dernier tableau, de longs voiles blancs créent un jeu de transparence, pur et délicat, alors que des feuilles de papier, symbolisant les lettres reçues par Armand, tombent doucement du ciel, dans un ensemble doux et poétique.

Surprises et révélations dramatiques

Le public est placé devant un spectacle sensible, non seulement de la part des danseurs, des costumes et des décors, mais aussi grâce à la musique. En effet, un ballet ne serait rien sans son orchestre. Dina Gilbert dirige l’Orchestre des Grands Ballets, qui interprète différents compositeurs tels que Carl Maria Von Weber, Lili Boulanger, Fanny Mendelssohn et Clara Schumann : des œuvres douces et lyriques. L’intensité augmente brusquement à certains moments clés du spectacle, comme lorsque Marguerite, rongée par la maladie, tombe au sol, et aussi lorsque Monsieur Duval, père d’Alexandre, s’interpose entre les deux amants et implore Marguerite de renoncer à cet amour scandaleux. D’une façon inattendue, ce ballet fait aussi preuve d’humour. Gaston, domestique, enchaîne les chutes sur scène et interrompt le couple à plusieurs reprises. Quelle était la surprise du public lorsque, juste avant l’entracte, les seins de Marguerite ont été révélés, la jeune femme littéralement mise à nu. C’est sous un tonnerre d’applaudissements et sous le regard admirateur des spectateurs que s’est terminée cette magnifique représentation.

Grâce au code de réduction communiqué par Alegria Contemporary Ballet Company (club de danse de McGill), les étudiants ont eu accès à des billets pour seulement 25$. Le Délit invite tous ses lecteurs à les suivre sur Instagram, pour bénéficier de futures promotions (@alegriacontemporaryballet). Vous pouvez également retrouver la programmation de la compagnie sur leur site internet.


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